29.09.11 Direct CD – RDC: Le FMI exige l’audit des contrats signés par la Sodimico et la Gecamines

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À Washington, la délégation congolaise n’a pas pu obtenir du FMI la conclusion de la 4ème revue du PEG 2. C’est en octobre 2011 que le FMI promet de se pencher sur le sujet. A condition que la RDC apporte des explications sur les contrats signés récemment par la Sodimico et la Gecamines. Malgré la bonne tenue du cadre macro-économique, une nouvelle épée de Damoclès est donc suspendue sur le PEG 2.

Comme en 2009, soit quelques mois avant la signature en décembre de la même année du second programme économique du gouvernement (PEG 2), le Fonds monétaire international vient de brandir, depuis son siège de Washington, une menace sur ce programme. Pour lui, la conclusion de la 4ème revue du PEG 2 est conditionnée par la publication des contrats signés récemment par la Sodimico et la Gécamines.

C’est ce qu’a indiqué en substances le ministre des Finances, Matata Ponyo Mapon, dans un entretien, depuis Washington, à Top Congo Fm.

Invité du journal, Matata Ponyo Mapon, a, tout en restant optimiste pour la suite des discussions avec le FMI et la Banque mondiale, espéré que le dossier RDC pourrait passer au Conseil d’administration du FMI en octobre prochain sous réserves, a-t-il dit, de la publication par le gouvernement des contrats signés récemment par la Société de développement minier et industriel du Congo (Sodimico) et la Générale des carrières et des mines (Gecamines).

De toutes les façons, il ne pouvait pas en être autrement. Pour autant qu’après le passage du 24 au 3 septembre 2011 à Kinshasa d’une mission du FMI pour dresser un bilan des progrès enregistrés par les autorités et débattre avec elles des politiques économiques dans le cadre de la 4ème revue du PEG 2, le FMI avait laissé planer un doute sur la conclusion imminente de cette revue.

Dans la déclaration de fin de mission rendue par Robert York, chef de mission en RDC, les services du FMI ont indiqué, certes dans des termes à peine voilés, qu’ils « seront en mesure d’appuyer l’achèvement de la quatrième revue de l’accord FEC pour autant que les résultats continuent d’être satisfaisants et qu’il soit possible de s’entendre sur les politiques et réformes structurelles pour la période à venir ». Sans en expliquer les raisons, ils ont toutefois rappelé que «la mission a pris note des progrès enregistrés sur un large éventail de réformes structurelles, mais elle a signalé qu’il était nécessaire d’accélérer la marche de certaines mesures pour mettre pleinement en œuvre le programme ».

Finalement Robert York a fini par révéler ce qui pourrait être la raison majeure d’un quelconque report de la conclusion de cette 4ème revue. « Parmi celles-ci (Ndlr : certaines mesures) », de l’avis du FMI, il était « essentiel d’avancer sur le dossier de l’amélioration de la gouvernance et de la transparence dans les industries extractives ».

Décidément à Washington, Matata Ponyo et ses pairs n’ont pas pu fléchir le FMI, malgré des « contacts supplémentaires » entrepris sur place.

De l’avis du FMI, appuyé par la Banque mondiale, la RDC continue toujours à pécher en termes de gouvernance dans le secteur des industries extractives.

Toujours est-il qu’au mois d’octobre prochain, Matata Ponyo Mapon s’est dit convaincu que le rapport de mission de la 4ème revue du PEG 2 pourrait enfin passer au Conseil d’administration du FMI.

Malgré cet optimiste, il y a des questions, et pas de moindres, pour lesquelles la RDC devra apporter des réponses convaincantes. A cet effet, le FMI exige des explications sur les récents contrats signés par la Sodimico et la Gecamines.

Les dossiers qui fâchent

Dans ce chapitre, l’on se rappelle, pour le cas de la Sodimico, que cette entreprise publique, passée depuis le 1er janvier 2011 sous statut d’une société commerciale, avait cédé pour 30 millions Usd ses 30% d’actions dans la Sodefor, société minière créée entre la Sodimico et la firme hongkongaise Fortune, après le retrait par le gouvernement des droits miniers détenus par la canadienne First Quantum Minerals sur la mine de Kishiba à Sakania, alors exploitée par Frontier Sprl.

Quant à la Gecamines, le FMI, poussé vraisemblablement encore par la Banque mondiale, s’intéresse à la série de cessions des parts que cette société commerciale – du reste détenues à 100% par l’Etat congolais – a entrepris depuis quelques mois. La toute dernière transaction en date est du conflit qui l’oppose actuellement au groupe Forrest autour de la CMSK.

Chose curieuse. Dans une dépêche de Reuters, Albert Yuma Mulimbi, président du Conseil d’administration de la Gecamines, a fait savoir que son entreprise se prépare à une seconde revisitation de ses contrats, foulant au pied les conclusions de la revisitation entreprise précédemment par le gouvernement entre 2007 et 2009.

Révisitation bis à la Gecamines

A en croire Reuters, qui cite Albert Yuma, président du Conseil d’administration de la Gecamines, cette entreprise minière va lancer des audits de ses partenariats actuels pour récolter des fonds en vue de financer son nouveau plan de production. Ce plan, prédit en même temps Reuters, pourrait générer des conflits entre la Gécamines et des partenaires tels que Freeport, Glencore ou ENRC sur les montants que ces derniers seront appelés à payer. Déjà, cette entreprise publique, passée depuis le 1er janvier 2011, est en conflit, pour des faits similaires, avec le groupe Forrest, son partenaire dans la Compagnie minière du Sud-Katanga.

« Tous les termes de référence de l’audit seront montrées d’une manière transparente à nos partenaires », a expliqué Yuma, rapporte Reuters. « Nous voulons nous assurer que la GCM reçoit bien tout ce qui lui revient dans l’exécution des contrats, le financement des investissements et la vente de minerais », a-t-il expliqué.

La Gecamines, note Reuters, souhaite investir 690 millions Usd en cinq ans pour moderniser ses équipements et prospecter de nouveaux sites miniers. Selon le président de son Conseil d’administration, toujours cité par Reuters, une partie de cet argent va être levé par l’audit des 30 joint-ventures existantes qui, selon Yuma, ne payent virtuellement rien à la Gecamines. « Je comprends que les partenaires étrangers ont investi et doivent récupérer leurs investissements. C’est vrai mais entre-temps, et au plus cela dure, la Gecamines est à bout de souffle », explique-t-il.

Une offre a été lancée pour trouver une société internationale en charge de l’audit. Sur base de cet audit, les partenaires devront avancer de l’argent sur base de leurs profits estimés afin de soutenir la GCM. Le Gouvernement pourrait reprendre près d’un milliard de dette de la société dont celles dues à d’autres entreprises publiques. La Gecamines renégocierait ensuite ses obligations avec ses créanciers et des banques, a expliqué Yuma.

Sans en préciser les conditions, à Reuters, le président du Conseil d’administration confirme que la Gecamines va continuer à vendre des participations dans ses joint-ventures si elle les considère non-stratégiques.

Se détournant des engagements conclus en mars 2011 avec la Banque mondiale dans le cadre de la matrice de gouvernance dans le secteur des ressources naturelles, Albert Yuma a encore ajouté, selon Reuters, que la Gecamines n’était pas tenue par les règlementations de transparence imposées par la Banque mondiale et le FMI.

Ce qui aurait, rapporte-t-on dans certains milieux spécialisés, irrité la Banque mondiale au point d’imposer son veto à la conclusion de la 4ème revue du PEG 2, exigeant de la RDC des explications sur, entre autres, des contrats conclus récemment par la Sodimico et la Gécamines.

Jusqu’où ira donc le FMI ? Affaire à suivre.

 

©  Direct CD  28/09/2011

 

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