10.10.11 CINQ QUESTIONS : Thomas Luhaka Losendjola, Député national, Sg du MLC

1. A cinquante jours de la présidentielle et des législatives du 28 novembre 2011, quel est l’état d’esprit qui règne au sein du Mouvement de libération du Congo (MLC)?

L’état d’esprit est bon. Toutefois, à quelques jours des élections, le mouvement de libération du Congo est affecté par deux handicaps. Le premier, c’est la défection de certains camarades que les cinq dernières années passées dans l’Opposition politique ont découragés. C’est ainsi qu’ils sont allés rejoindre, dans les rangs du pouvoir, ceux des camarades qui avaient quitté notre parti lors des élections de 2006, à la recherche du bien-être matériel. Le second, c’est la longue absence au pays du sénateur Jean-Pierre Bemba, président national du MLC, détenu par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Aujourd’hui, le MLC, qui a célébré le 30 septembre 2011 le 13ème anniversaire de son existence, se porte bien. Quant au président Jean-Pierre Bemba, sa santé est bonne et son moral n’est pas affecté, parce qu’il est un combattant.

2. Les membres du MLC ne sont-ils pas déçus par la défection de certains cadres ?

Nous devons faire une bonne analyse de cette transhumance politique. En 2006, beaucoup de cadres avaient quitté le MLC pour aller vers le président Joseph Kabila. Nous, nous sommes restés des opposants politiques. En 2011, le même phénomène se reproduit. Je peux vous citer le cas d’un député qui, élu sur la liste du MLC en 2006 à l’Equateur, se retrouve aujourd’hui candidat sur la liste du PPRD, membre de la Majorité présidentielle. Fort heureusement, toutes ces défections n’ont pas perturbé le MLC. J’en veux pour preuve le nombre croissant de candidats à la députation nationale. En 2006, le MLC avait aligné environ 300 candidats députés pour 500 sièges à l’Assemblée nationale. En 2011, ils sont près de 375.

3. Au congrès de juillet 2011, le MLC a désigné Jean-Pierre Bemba en qualité de candidat à la présidentielle. Son absence n’est-elle pas un handicap pour le parti ?

L’absence du président Jean-Pierre Bemba nous affecte. Toutefois, le MLC a prouvé qu’il est une institution, une réalité, une force politique, une carte incontournable sur la scène politique de la RDC. Autant Jean-Pierre Bemba a fait le plein du stade Tata Raphaël en 2006 à la veille du 2ème tour de la présidentielle, autant le MLC entre mai et juillet 2011 a drainé des dizaines de milliers de militants au terrain municipal de Masina, au stade municipal de Bandalungwa et à Delvaux/Ngaliema. C’est la preuve que la sympathie populaire demeure intacte. Au congrès, le MLC a pris deux décisions : 1) désignation du candidat Jean-Pierre Bemba, 2) pleins pouvoirs au Collège des fondateurs pour négocier des alliances avec d’autres partis de l’Opposition, au cas où la CPI n’accordait pas la libération provisoire à Bemba.

Nous avions bon espoir que la CPI prendrait une décision en notre faveur dans la mesure où son verdict était lié aux garanties sécuritaires que le gouvernement congolais était censé donner pour le retour de Bemba à Kinshasa aux fins de déposer sa candidature. A cet effet, le MLC a écrit à trois reprises au ministère de l’Intérieur pour demander ces garanties sécuritaires. Malheureusement, le gouvernement ne nous a jamais répondu.

4. Où réside la divergence entre l’aile Fatima, pro-Tshisekedi, et celle de Sultani ?

C’est une divergence d’approche. Le MLC, qui ne peut pas aller tout seul aux élections, veut voir avec qui il faut aller. Ce qui me rassure, c’est d’observer que toute l’opposition a pris conscience du fait que notre salut est dans l’unité. La conscience est là mais, le problème, ce sont les méthodes d’approche. En effet, comment arriver à cet objectif d’union pour pouvoir défier le pouvoir en place ? Là, nous avons quelques difficultés.

Quand l’Opposition politique a quitté le Palais du peuple où l’a invitée la CENI pour la signature du Code de bonne conduite, j’ai proposé aux amis de l’Opposition de se retrouver à la paroisse Fatima pour y débattre du processus électoral. Arrivés sur place, certains partis ont sorti de but en blanc la candidature unique de Tshisekedi qui, en séjour à Lubumbashi, avait annoncé sa candidature à la présidentielle. Plus tard au stade des Martyrs à Kinshasa, il a dit trois choses à l’assistance : 1) renforcement de chaque parti de l’Opposition, 2) programme commun, 3) désignation d’un candidat commun. Réunis à Fatima, nos amis de la Dynamique Tshisekedi président ont voulu imposer leur choix à ceux de l’hôtel Sultani qui sont partisans d’un programme commun avant la désignation du candidat commun. Ces derniers leur ont rétorqué : « Comment, avec ce mauvais signal que vous nous envoyez, battre campagne pour Tshisekedi dans nos fiefs électoraux sans qu’on n’ait signé un accord préalable ? ».

5. Pourquoi l’aile Sultani, qui prône la candidature commune, a-t-elle sorti trois candidats, en l’occurrence Vital Kamerhe, Léon Kengo et Oscar Kashala ?

Sultani a voulu laisser s’exprimer les ambitions. Pour éviter la gaffe qui a fait gagner la Majorité présidentielle en 2006, le MLC a fait deux recommandations : 1) se mettre d’accord sur un programme commun, 2) désigner ensuite un candidat commun. Pour l’heure, ma mission de modérateur consiste à parler avec tous les candidats pour les convaincre de la logique d’une candidature commune. Les entretiens en cours entre les candidats de l’Opposition à l’élection présidentielle confortent notre conviction. En parlant, j’ai bon espoir que nous arriverons à l’union.

 

Par Angelo Mobateli

© Le Potentiel 2005

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