20.10.11 Le Potentiel – Cinq questions à Paul-Augustin Madimba

(*)1. L’environnement universitaire est-il compatible avec l’activisme politique ?

Il se fait malheureusement que la plupart de nos universitaires n’ont pas un emploi sûr. Pour eux, l’activisme au sein de formations politiques est une question d’intérêt et de survie. Aller vers les activités politiques à outrance, c’est aussi une opportunité de positionnement pour un étudiant congolais. Il faut comprendre que cette situation résulte du fait que l’avenir ne leur est pas assuré par les études qu’ils sont en train de faire. La politique en RDC est aussi telle qu’il est très facile d’avoir autour de soi des gens, même si au fond ils ne partagent pas les mêmes idéaux. Le point commun de l’union ainsi comprise, c’est d’abord l’argent, simplement parce qu’on a une population paupérisée. Pour preuve, les politiques, vous le voyez souvent prendre d’assaut les milieux pauvres. Ici à Kinshasa, vous ne le verrez pas dans les quartiers comme Ma Campagne, Mont Fleuri, les quartiers nantis de Gombe. Ils se rendent dans les parties populeuses où généralement les populations sont très pauvres pour promettre des merveilles. Les vicissitudes des études font que l’étudiant, et même son milieu d’études, ne soient exemptés de l’activisme politique. Nous venons de suivre il y a peu les primaires socialistes en France. On n’a pas vu les candidats défiler dans les milieux universitaires. Ce n’est pas pour dire qu’ils manquent d’électeurs parmi les étudiants. Non, c’est plutôt le respect des principes.

2. Comment peut-on éviter cette influence pendant cette période électorale dans notre pays?

C’est difficile j’estime, parce que déjà la majeure partie d’étudiants habitent la cité, contrairement au temps passé où ils habitaient les homes des Universités. Les chambres de homes dont la promiscuité au regard du nombre étonnant d’occupants est notoire, ne servent que de lieu d’hébergement et non d’études comme il fallait. Dans ces conditions, les politiques ont entrepris au vu et su de tout le monde l’implantation de leurs partis ci et là dans ces milieux, passant par la stratégie des points focaux. Eviter l’influence en cette période électorale ne serait pas facile, cependant cette influence est tout simplement déplorable.

3. Les éducateurs sont-ils permis d’influencer le choix des éduqués ?

On peut influencer en qualité de formateur, d’éducateur. Cette influence se résume au profil qu’il faut présenter pour le choix utile. En ce temps justement, les éducateurs doivent clairement relever ces critères, ces profils, pour permettre par exemple à un électeur qui ne l’était pas il y a cinq ans, parce que mineure, de faire le choix judicieux. L’électeur doit être en mesure de comprendre les discours présentés par les candidats pour situer son intérêt direct. Et cela n’est possible que grâce au concours de l’éducateur. C’est cela même l’éducation civique. L’électeur doit comprendre en votant il aliène sa liberté, son pouvoir à la personne votée. C’est cela le vote, c’est la confiance. Malheureusement, la majeure partie de la population ne le comprend pas ainsi.

4. Comment évaluez-vous la notion du civisme dans l’éducation nationale ?

Dans le programme scolaire tout est détaillé. Le problème c’est le moral, le mental, la conviction de l’enseignant qui est appelé à le dispenser. Lui-même déjà clochardisé n’a pas le cœur à l’ouvrage. Conséquence, l’école ne forme plus la conscience comme ce fut le cas il y a quelques années. Un enfant qui apprend dès son jeune âge qu’il faut corrompre pour réussir à l’école, qu’attendre de lui au service de la société à l’avenir. L’école n’est plus cet endroit où les valeurs s’apprennent. C’est pourquoi j’ai toujours formulé le vœu de voir la réhabilitation de la fonction enseignante pour renverser cette tendance. Sinon, construire les écoles, les routes et autres biens seraient bons. Cependant, les usagers faute d’éducation ne sauront les protéger, ni les gérer.

5. Que conclure ?

Nous disons que nous sommes à quelques jours du lancement de la campagne électorale pour les élections prévues le 28 novembre prochain. Nous les espérons paisibles parce le peuple congolais est pacifique. Les leaders, les politiques doivent surtout faire preuve de maturité, dire des choses qui sont vraies, réalisables et vérifiables. C’est comme ça que l’on formera le peuple.

Propos recueillis par Pitshou Mulumba

Curé de la Paroisse Universitaire Notre-Dame de Grâce

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