30.11.11 L'Observateur – Conférence de Durban sur le climat

A en croire des sources concordantes, à cette conférence COP17, l'Afrique disposera pour la première fois d'un espace dédié qui abritera tous les pays africains pour plaider la cause de l'Afrique, continent qui abrite un des trois bassins forestiers mondiaux qui jouent un rôle majeur pour la régulation du climat. Les pays du bassin du Congo au nombre desquels figure la RDC ont là une tribune pour faire entendre leurs voix et obtenir des retombées pour le service rendu à l'humanité à travers la préservation des écosystèmes du bassin du Congo.

L'espace appelé Pavillon africain à Durban sera " la plaque tournante des événements de l'Afrique et un lieu de réseautage, d'événements spéciaux, de promotion des intérêts du continent et d'échanges sur sa place dans le changement climatique et le développement ". Selon les informations disponibles, les parties à la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique devront échanger pour aboutir à un accord car le Protocole de Kyoto tend vers son terme. Il va falloir lui trouver une succession pour ne pas se retrouver devant un vide. L'Afrique aura ainsi l'occasion à Durban de défendre sa cause sur le dossier du changement climatique, et cela face au monde entier.

Le continent africain compte 54 pays, dont la RDC, et abrite environ 15 pour cent de la population mondiale. L'Afrique n'émet que quatre pour cent des gaz à effet de serre, et de ce fait n'a qu'une responsabilité minimale dans le changement climatique et le réchauffement de la planète. Partie prenante à la conférence de Durban, la Banque Africaine de Développement (BAD) est d'avis que l'Afrique est au bout de la chaîne des conséquences, et reçoit beaucoup plus que sa juste part des effets négatifs du changement climatique, tels que la raréfaction des ressources en eau, les changements climatiques extrêmes, les préjudices à l'agriculture et la pollution en général.

Les intérêts de l'Afrique

" Ces effets indésirables se font sentir encore plus vivement en Afrique, parce qu'elle dépend lourdement de l'agriculture pour sa survie. Mais dans le même temps, elle est privée des ressources requises pour faire face à ces problèmes urgents. Par exemple, au cours des quatre dernières années, l'Afrique n'a reçu que 12 pour cent des fonds mondiaux affectés à la lutte contre les effets négatifs du changement climatique. Ce qui de toute évidence est inacceptable, et l'Afrique plaidera fermement pour avoir une plus grande partie de ces fonds, à la conférence sur le climat prévue à Durban ". C'est notamment sur cette problématique que la Banque régionale africaine va focaliser sa participation pour une meilleure prise en compte des intérêts de l'Afrique.

. C'est à Durban que le reste du monde pourra entendre fort et clair la défense de la cause de l'Afrique dans le changement climatique. A ce niveau, la RDC avec son potentiel forestier peut obtenir des dividendes financiers et autres, en contrepartie des exigences de la Communauté internationale qui tient à la préservation de la forêt africaine dont près de 50 % est détenue par la RDC. A ce propos, le droit de l'Afrique au financement international pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, ainsi que son appel aux pays développés à réduire leurs émissions est fondé sur la justice, l'équité et la morale. Sur ce point précis, l'Afrique a une tribune de choix pour faire entendre sa voix. Bien qu'elle n'émet pas beaucoup de gaz à effets de serre, l'Afrique paie un lourd tribut. Cela appelle des corrections et une contrepartie des Etats pollueurs. Pour la BAD, il y a différents accords internationaux qui étayent la cause de l'Afrique. Il s'agit, entre autres, des décisions prises à Cancun lors de la conférence de l'année dernière sur le changement climatique.

Selon la BAD, l'Afrique attirera également l'attention du monde entier sur les alertes relatives aux risques d'une augmentation des températures dans le monde. " Cette augmentation est comprise entre deux et cinq degrés centigrades, comme l'attestent des analyses scientifiques faites, entre autres, par le Programme des Nations Unies pour l'environnement et l'Institut de Stockholm sur l'environnement. De telles hausses de température auraient des effets catastrophiques sur l'environnement dans le monde entier, et l'Afrique en serait la plus affectée, en raison de sa grande vulnérabilité au changement climatique ", rapporte un communiqué de la BAD.

C'est pourquoi, à travers la BAD, l'Afrique exprime sa profonde inquiétude face à l'insuffisance des engagements pour financer l'atténuation qui ont été souscrits par les parties aux accords tels que les décisions de Cancun.

Le financement de la lutte contre le changement climatique

En conclusion, il y a un appel de l'Afrique à l'action qui s'articule autour de deux enjeux majeurs. L'une est le financement. L'autre urgente nécessité pour le monde développé consiste à réduire considérablement ses émissions, conformément à sa promesse. Sur le financement, l'Afrique, par le biais de la BAD notamment, rappelle l'engagement des pays développés à coopérer pour débloquer 100 milliards de dollars EU par an d'ici 2020 en vue de lutter contre le changement climatique. L'Afrique rappelle à nouveau sa position, à savoir que les pays développés parties à l'Annexe 1 du Protocole de Kyoto devraient fournir un appui financier accru sur la base de contributions d'au moins 1,5 pour cent de leur produit intérieur brut produit annuel.

Au sujet de la réduction des émissions, l'Afrique appelle les pays développés parties au Protocole de Kyoto à honorer leurs engagements.

" En termes réels, cela signifie la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40 pour cent entre 2013 et 2017, par rapport aux niveaux de 1990, et de 95 pour cent d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 1990. L'Afrique souligne également l'importance du Fonds vert pour le climat. Rendre ce Fonds opérationnel sera la marque essentielle du succès de Durban ", soutient le communiqué de la BAD. A tout prendre, alors que le niveau actuel des émissions du continent est extrêmement faible, soit quatre pour cent du total mondial, cette proportion va augmenter à l'avenir. La croissance est inévitable pour que l'Afrique comble ses besoins de développement économique et social, et pour que les populations africaines puissent jouir de meilleures conditions de vie.

Pour mémoire, avec l'appui de la banque mondiale et du PNUD, le forum de Haut niveau sur la forêt et le changement climatique qui s'est tenue en octobre 2011 à Kinshasa, a balisé les perspectives de préservation des écosystèmes forestiers en RDC. Pendant deux jours, les experts congolais et internationaux spécialisés dans le développement durable et l'environnement ont réfléchi aux stratégies à mettre en place pour mieux gérer les ressources naturelles en RD Congo et lutter contre les conséquences du changement climatique.

"Nous allons montrer clairement que la République démocratique du Congo gère de façon consensuelle et durable ses ressources naturelles. Nous allons donner l'image d'un pays structuré qui avance vers le progrès, qui considère qu'il a un rôle majeur à jouer en Afrique et dans le monde, et qui veut aussi assurer à travers des mécanismes novateurs le développement de l'agriculture". Ainsi s'était exprimé le ministre de l'environnement et protection de la nature et tourisme, José Endundo, lors du forum de Kinshasa. Il va falloir que la délégation congolaise continue ce plaidoyer pour la RDC à Durban.

Didier Munsala Buakasa

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