09.01.12 L'Observateur – Face aux manœuvres dilatoires des opérateurs économiques sur la TVA – Matata Ponyo interpelle Dg de la DGI et de la DGDA
Prenant le taureau par les cornes, le ministre des Finances a rappelé aux directeurs généraux des régies financières à savoir la DGI, DGDA et la DGRAD quil a réunis par deux fois, la semaine passée dans son cabinet de travail, que « la TVA ne doit pas venir augmenter les prix des biens sur le marché. Il y a des opérateurs économiques qui sont des pécheurs en eau trouble et qui veulent toujours profiter de loccasion pour dire voilà le cadeau de fin dannée que le gouvernement de la République nous donne après lélection du Président de la République : cest la hausse des prix », Aussi, a-t-il invité ces responsables des régies à faire preuve de dynamisme et de créativité dans cette phase dexpérimentation de la TVA afin déviter toute augmentation des prix intérieurs.
La DGI et la DGDA, deux régies financières directement impliquées dans les prélèvements via la TVA ont été prévenues par le ministre des Finances. « Nous allons suivre de très près la mise en œuvre de cette réforme. Lintroduction ne devait donc pas être suivie dune augmentation des prix, moins encore dune perte de vitesse dans la mobilisation des recettes au profit du Trésor public. Ces instructions doivent être de stricte application».
Prudence et vigilance
Face à lattitude pas du tout catholique de certains opérateurs économiques, le ministre des Finances a rappelé à ses hôtes que «linstauration de la TVA dans notre pays doit étouffer les différents types de fraudes fiscales. En même temps quelle va inciter lÉtat à favoriser une bonne croissance pour financer ses projets. Ce qui amènera le gouvernement à être « prudent et vigilant », pour que la TVA ne se réduise pas et naboutisse pas à laugmentation du prix, parce que limpôt sur le chiffre daffaires (ICA) est inflationniste et a beaucoup plus un caractère inflationniste».
Il sied de rappeler que lautre avantage est quon poussera les opérateurs économiques à tenir une comptabilité régulière. Ce qui amène la transparence dans la gestion de limpôt et va contribuer à diminuer quelque peu le circuit de léconomie informelle en RDC. Bien plus, lEtat congolais pourra pousser les opérateurs économiques à tenir une comptabilité régulière parce quune partie de la TVA payée peut leur être remboursée. Donc, les opérateurs économiques ont intérêt à signaler lICA quils ont payé et qui devrait être remboursé. Un autre avantage, non de moindres est le fait même que le champ dapplication de la TVA est plus large.
En RDC, la TVA a donc remplacé lICA. Cette nouvelle taxe nest pas incorporée dans le prix de revient, parce que cest le consommateur qui le paye. En acceptant dintroduire cet impôt nouveau, le ministre des Finances a annoncé la mise sur pied dune commission chargée du contrôle de la structure du prix au sein des entreprises pour éviter quelles ne mettent, dans leur prix de revient, le taux de la TVA ; ce qui était commode pour lICA.
La TVA est un impôt indirect sur la dépense. Dans la plupart des pays de lUnion européenne, cet impôt est fixé par lÉtat, et est appliqué à tous les produits vendus (biens et services). La valeur de la taxe est proportionnelle au prix de vente hors taxe. Par exemple : si la TVA est de 20%, le prix toutes taxes comprises (TTC) sera de 20% supérieur au prix hors taxe. Il existe, selon les pays, différents niveaux de TVA, y compris à lintérieur dun même pays.
La collecte de la TVA se fait de manière fractionnée par les entreprises : un acheteur paie ses achats TTC, la TVA incluse est collectée par lentreprise, qui doit la verser à lÉtat. Si cette entreprise achète elle-même dautres produits ou services, elle paye de la TVA dessus. Elle déduit donc cette TVA déjà versée de ce quelle versera à lÉtat. Ce mécanisme sappelle la récupération de la TVA sur les achats. Dans certains cas, si une entreprise paie plus de TVA dans ses achats quelle nen collecte par ses ventes, elle récupère la différence auprès de lÉtat. Elle a été inventée par linspecteur des finances français Maurice Lauré, alors directeur adjoint de la Direction générale des impôts. Son idée convainc les dirigeants politiques par son efficacité : la TVA est levée sur chaque entreprise au fur et à mesure du processus de production. Auparavant, la mise en place dun tel impôt indirect, on parlait de la Taxe sur le chiffre daffaires qui suscitait la méfiance car il avait été pensé seulement comme prélèvement final auprès dun grand nombre de commerçants et détaillants.
Bien que très productive, la TVA pose néanmoins des questions de société. Elle est qualifiée dinjuste pour au moins deux raisons. Les seuls qui la payent sont ceux qui ne peuvent pas la déduire, en pratique il sagit des ménages. Elle ne touche donc quune partie des acteurs économiques dun pays.
On rappelle que le ministre des Finances a instruit les responsables des régies financières de larguer dés équipes sur terrain pour que la population puisse bénéficier de la TVA. Les entreprises de communication, les produits tels que le ciment gris, doivent suivre ou respecter la structure des prix. Quant aux usines de panification, elles vont être exonérées. Une commission du ministère des Finances-DGI-DGDA-DGRAD est déjà à pied dœuvre pour assurer ce suivi sur le terrain.
Signalons que le mauvais calcul et lignorance seraient à la base la spéculation de prix constatée lors de lapplication, depuis lapplication le 1er janvier courant de la TVA. Ce qui a permis au ministre de lEconomie de souligner que la TVA ne doit pas être un alibi pour laugmentation fantaisiste des prix sur le marché. Doù la présence du ministre de lEconomie à la dernière rencontre. Il a ajouté la partie pédagogique et didactique doit être laissée au ministère des Finances. Celle technique sera assurée par le ministère de lEconomie. Il a suggéré la mise sur pied des équipes mixtes ministères des Finances & Economie-DGI-DGDA-DGRAD.
Willy Kilapi