23.01.12 Le Potentiel – Cinq questions à Prince Willy Mishiki (*)
1.Comment appréciez-vous les résultats des législatives nationales du 28 novembre 2011 ?
La CENI a brillamment échoué dans la mission que le peuple congolais et la communauté internationale attendaient delle. Je crois que ce serait un honneur, un motif de dignité et fierté pour le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Daniel Ngoy Mulunda, de démissionner comme on lattend. Les élections organisées nont plus leur raison dêtre, parce quémaillées dirrégularités. Cest donc dans lintérêt des Congolais, davoir des élections qui pourraient les unir et non les diviser. Tel est malheureusement le cas. Pour crédibiliser le processus électoral, la CENI na pas deux ou trois voies à suivre. Elle na quà prendre son courage, parce que lerreur est humaine, en procédant à lannulation de toutes les élections législatives. Ainsi, elle pourra regarder lavenir avec sérénité. Elle peut bien pour minimiser le coût logistique, réorganiser les élections législatives nationales, couplées aux élections législatives provinciales. Au-delà de tergiversations, laissez-moi vous dire que lannulation des élections législatives nationales sera lunique solution pour pouvoir ramener la paix durable et la cohésion nationale. Le faire, et le plus tôt possible, serait dans lintérêt de tout le monde. Pour preuve : vous savez quà lEst du pays, il y a déjà des conflits subséquents aux mauvaises interprétations des résultats publiés par la CENI. A Kinshasa qui ignore que nous vivons sous haute tension…
2. Etienne Tshisekedi continue à se considérer comme président de la République. Quen dites-vous?
Je crois que le président Tshisekedi devrait y aller doucement. Je comprends sa frustration et ses émotions, mais jestime que le dialogue doit toujours être permanent. Je lui demande douvrir une porte de dialogue avec le président Kabila et la classe politique. Je pense que la crise actuelle nest pas un problème individuel entre Tshisekedi et Kabila, mais plutôt un problème de crédibilité intérieure et internationale de la République démocratique du Congo. Cest pourquoi, à ce niveau, je soutiens tout à fait le président Tshisekedi, quand il en appelle à lannulation immédiate des élections législatives nationales. Cela permettrait datténuer la tension qui prévaut actuellement au pays, et ouvrir directement une porte au dialogue. Ce quil faut savoir, cest que la volonté populaire est, à ce jour biaisée. Les populations ne se retrouvent pas avec leurs représentants, quils ont pourtant élu. Cest un problème sérieux parce quon ne peut pas hypothéquer la démocratie. La vérité des urnes, à mon avis, passe par la reprise des élections. Et cest simple. Si moi jai été élu hier, je naurai pas peur parce que mes électeurs vont me réélire à nouveau, sil faut reprendre les opérations pour raison de crédibilité. Lobjectif cest quon arrive à rassembler les Congolais autour dun idéal, qui est la paix et la cohésion nationale.
3. Que dire alors de lélection présidentielle ?
Nous sommes très gênés, nous démocrates de parler de lélection présidentielle, qui a vu linvestiture par la Cour suprême de justice, du président sortant Joseph Kabila. Cest simplement parce que nous ne pouvons pas commenter une décision de justice. Lorsque la Cour suprême, qui est la haute Cour, sest déjà prononcée en ce qui concerne lélection présidentielle, nous estimons quil faut plutôt, à ce jour, chercher à accommoder les choses. Mais remettre en cause une décision de la haute Cour me gêne, et cela risque même de décrédibiliser la justice de notre pays. Certes, elle a ses failles, mais nous ne lavons que cette justice-là.
4. Que dire de lavenir de la RDC ?
Je suis très optimiste parce quil y a la volonté des Congolais. Ils sont déterminés à œuvrer pour la paix et la démocratie. Jespère que nous y arriverons.
5. Que préconise votre parti politique pour cette année 2012 ?
A lUnion nationale des nationalistes (UNANA), nous œuvrons avec détermination en cette année pour que le social du peuple soit réellement pris en compte. Nous ne pouvons pas aujourdhui parler du progrès social et de la démocratie tant que le social na pas encore sa place. Pour terminer, je rappelle tout le monde au calme, surtout que les revendications sont reconnues par notre Constitution. Nous pouvons y aller dans la non-violence. Le peuple congolais ayant tant souffert, nous devons aujourdhui dabord nous préoccuper de son sort, son vécu quotidien.
Propos recueillis par Pitshou Mulumba
(*) Président national de lUnion nationale des nationalistes (UNANA)