24.02.12 L'Observateur – Diplomatie : Lancinant problème de présentation des lettres de créances au chef de l'Etat
Il n'est un secret pour personne que depuis quelques temps déjà, de nombreuses puissances amies se plaignent du temps, anormalement long, que mettent leurs plénipotentiaires à présenter leurs lettres de créances auprès du chef de l'Etat. Et il est inutile de dire, ici qu'à cause de cela, notre réputation devient de plus en plus mauvaise aux yeux des autres.
La pratique consacrée veut que dès lors que l'agrément a été donné, l'agenda du chef de l'Etat doit aussitôt être adapté en fonction du jour d'arrivée du nouvel ambassadeur.
Ainsi, à moins que je ne m'abuse, il n'y a pas des raisons pour qu'un plénipotentiaire d'une puissance attende des mois avant de présenter ses lettres de créances.
A cette préoccupation tout à fait légitime, le ministre des Affaires étrangères a dit sur radio Okapi que les us et coutumes diplomatiques veulent que les ambassadeurs soient regroupés afin de présenter leurs lettres de créances au même moment. Je cite de mémoire, mais l'idée y est. Cela veut dire en fait qu'un seul ambassadeur doit attendre l'arrivée hypothétique d'autres ambassadeurs pour présenter, avec eux, ses lettres de créances.
Je crois que le ministre a certainement voulu dire autre chose. Parce que ce qu'il a dit sur radio Okapi n'est pas conforme à la vérité des us et coutumes diplomatiques qui prescrivent que le plénipotentiaire présente ses lettres de créances sauf cas de force majeure dans la semaine de son arrivée dans son poste d'affectation.
Il en est ainsi, par exemple, aujourd'hui, de l'ambassadeur de l'Union européenne. Arrivé en Rdc le samedi 7 janvier, le lundi 9 du même mois, il présentait les copies figurées de ses lettres de créances au ministre des affaires étrangères. Pour le faire, il n'a pas eu besoin d'être en compagnie des autres ambassadeurs.
Nous sommes aujourd'hui vendredi 26 février, il n'a pas encore présenté ses lettres de créances auprès du chef de l'tat. Cela l'empêche de travailler, alors que son employeur le paye déjà comme ambassadeur, si c'est son premier poste, dès le jour où il a reçu son agrément.
Il faut, pour l'image du pays, qu'au niveau des affaires étrangères et de la cellule diplomatique du Cabinet du chef de l'Etat, ils parviennent à coordonner leurs efforts afin d'éviter désormais à la République ce genre de comportement qui nous fait passer toujours aux yeux des autres pour un pays aux pratiques diplomatiques atypiques.
Ce que nous faisons, équivaut à donner rendez-vous à quelqu'un à 10 heures, pour le recevoir seulement à 22 heures. Cela s'appelle : manquer du respect à l'égard de son invité.
C'est de la politesse la plus élémentaire que de traiter les représentants des puissances amies avec toute l'attention et toute la courtoisie requises.
Respecter les autres, nous voudra, à notre tour, d'être couverts de leur considération. Dans ce jeu, nous n'avons rien à perdre à faire les choses comme tout le monde.
Mankenda Voka