25.02.12 Interview exclusive de Dr. Loseke Tharcice

INTERVIEW EXCLUSIVE. 
Ca va encore chauffer a Kin !
Dr. Tharcisse Loseke repond aux questions de Congonet Radio
sur l'actualite congolaise et surtout sur la poursuite du combat
politique pour la verite des urnes en RDC. A suivre sur Congonet
Radio le 18-02-2012 a partir de 17H00 heure de Kinshasa. Dr.
Loseke est un proche de SEM Etienne Tshisekedi depuis 20 ans. Il
est membre eminent du parti Ecide de Martin Fayulu, le stratege et
excellent depute de Kinshasa. Vous pouvez joindre Dr. Loseke par
SMS ou TEL au numero suivant: +3249..........
http://congonetradio.com/Loseke-20120218.html

Opposition politique congolaise : Eviter l’implosion.

Par Dr. Loseke ___ La décision du président Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président élu de la RD Congo, d’annuler les élections législatives du 28 novembre 2011 et la convocation des nouveaux députés «élus» à la plénière du 17 février 2012 feront certainement la Une des actualités congolaises cette semaine. Cela, en dépit, du deuil qui frappe la famille politique de Joseph Kabila.

Etant donné cette convocation de l’Assemblée nationale des "députés" pour la plupart «nommés et non élus» au moment où : d’une part, la Cour Suprême de justice (CSJ) entame l’examen des requêtes en contestation de 168 circonscriptions sur 169, et d’autre part, le bureau de la CENI est contesté de façon unanime ; le plus grand enjeu sera la présence ou non des députés de l’opposition au sein de cette institution pour laquelle des voix s’élèvent pour dire que sa composition découle de la magie électorale de Ngoy Mulunda et ses collaborateurs de la CENI. Signalons au passage que plus de 340 de ces
«députés élus» sur les 500 déclarés provisoirement "élus" sont contestés au niveau de la CSJ.

Disons tout de suite que nous n’accordons aucun crédit à cette Institution, la CSJ, dont tous les Juges ont été nommés précipitamment par Joseph Kabila pour effectuer le travail que l’on connait. Il n’y aura pas de miracle car la composition de l’Assemblée nationale des "fraudeurs" sera celle voulue par les stratèges de la Majorité présidentielle (MP) de manière à noyer complètement l’opposition. C’est la raison pour laquelle le président Etienne Tshisekedi a rejeté la mise en place de cette caisse de résonance du pouvoir sortant de Joseph Kabila en décrétant l’annulation pure et simple des élections législatives du 28 novembre 2011. C’est une décision de bon sens et mûrement réfléchie.

Décision mûrement réfléchie

Comme d’habitude, le problème qui se pose actuellement est celui de savoir si tout le monde a bien compris le bien-fondé de cette décision que certains qualifient de "solitaire" sans concertation. Pour bien la comprendre, il suffit de relire tous les rapports publiés à ce jour sur les élections du 28 novembre 2011, spécialement la déclaration des évêques de la CENCO qui ont dit: «ce qui se passe présentement au niveau de la compilation des résultats des élections législatives est inacceptable ; c’est une honte pour notre pays». Faut-il être surdoué pour comprendre que cette mascarade est à rejeter. D’aucuns disent que le président Etienne Tshisekedi aurait dû prendre la même décision pour l’élection présidentielle au motif que les deux élections se sont déroulées le même jour et avec les mêmes acteurs. Autant nous sommes d’accord pour dire qu’il y a eu fraude massive et tricherie aux deux élections, autant nous devons nous garder de tirer les conclusions erronées pour des multiples raisons. D’abord, les deux élections ont des spécificités qui ne sont pas comparables notamment le fait qu’à l’élection présidentielle, la circonscription est l’ensemble du territoire congolais et qu’il n’y avait que 11 candidats; tandis qu’aux législatives, il y a 169 circonscriptions avec des particularités politiques et ethno-géographiques. Aussi, l’enjeu pour la présidentielle n’est pas tout à fait le même que pour les législatives.

Soulignons, en outre, que le mode de compilation n’était pas la même pour les deux élections. Comme tout le monde le sait, la compilation définitive pour la présidentielle a été effectuée au niveau du Bureau de la CENI où, comme l’a déclaré les observateurs de l’Union Européenne, les témoins des candidats à la Présidence n’étaient pas acceptés ; alors que pour les législatives, la compilation se fait, selon la loi électorale, au niveau des CLCR. Selon la même loi, la proclamation des résultats provisoires des législatives aurait dû se faire aux mêmes endroits des compilations, ce qui n’a pas été le cas.

Aux législatives, on a connu beaucoup d’interférences du Bureau de la CENI. A plusieurs endroits, les noms des élus étaient connus avant même de connaître leurs scores. Les chiffres ont été manipulés, falsifiés et adaptés en fonction des choix des "élus" souhaités par le Bureau de la CENI dont chaque membre, selon les rumeurs, avait un quota.

Ceci nous permet de comprendre que le modus operandi de la fraude ou tricherie était différent selon le type du scrutin. Il est plus facile de compter des voix de 11 candidats à la Présidence sur base de 169 PV authentiques des CLCR plutôt que des législatives où le cafouillage avait permis les «nominations» des "députés" non régulièrement élus. C’est la raison pour laquelle le président Tshisekedi estime qu’il faut d’abord réclamer "la vérité des urnes" avant d’envisager un second tour de l’élection présidentielle qui est, en fait, l’équivalent d’une annulation de l’élection présidentielle. La sommation des différentes preuves (PV authentiques) détenues par certains partis politiques de l’opposition, l’Eglise catholique, les observateurs nationaux de la Société civile, les observateurs internationaux et certains organismes, sera suffisante pour aboutir à la vérité des urnes. Contrairement aux PV falsifiés par la CENI, beaucoup de PV authentiques détenus par l’opposition sont gardés en lieu sûr.

La politique de la chaise vide

Beaucoup d’arguments aussi variés qu’intéressés sont avancés par les partisans de la thèse de participation à cette Assemblée nationale à dominance MP. Parmi ceux-ci, nous entendons dire qu’il ne faut pas pratiquer la politique de la chaise vide parce que "nos députés" peuvent arracher certaines décisions à l’occurrence dans la composition du Bureau de la future CENI. Nous nous posons la question de savoir par quel mécanisme démocratique on pourrait arracher ces décisions dès lors qu’avec près de 400 "députés", sans compter les traitres de l’opposition, la MP parviendra à étouffer complètement les quelques députés de l’opposition dont la CENI est fière de brandir à l’opinion internationale que l’opposition serait bien représentée à l’Assemblée nationale. Habitués à narguer l’opposition avec des complicités au sein même de l’opposition, les députés de la MP ne feront aucun cadeau à celle-ci. Ne soyons pas naïfs. Au cours de la dernière législature, nous avons connu une soi-disant opposition parlementaire. Quelles sont les lois importantes que ces députés de l’opposition ont-ils adopté avec l’aide de la majorité de l’époque? Les prises des paroles ressemblaient plus à des défoulements qu’à des propositions constructives dont les députés de la majorité ne tenaient absolument pas compte. Même pour la composition du Bureau de la CENI, l’opposition s’est fait rouler dans la farine. Plus grave des choix des personnes opérées pour cette institution a été néfaste pour Monsieur Etienne Tshisekedi, en tant que challenger de Kabila. Ces partis et groupes parlementaires de l’ex-opposition parlementaire n’ont jamais jugé bon, ni de demander la démission des ces personnes qu’ils ont désignées à la CENI, ni de nous rendre des comptes sur les comportements complices de ces personnes et surtout pas la moindre réprobation de leur part vis-à-vis de toutes ces attitudes complices qui ont mis en danger tout un peuple avec des massacres dans les rangs des contestataires. Dans notre pays, la notion de l’opposition a perdu tout son sens à tel point que l’on ne sait plus à qui on s’oppose. Dans une opposition plurielle comme la nôtre, l’éthique et le bon sens n’existent plus.

Certaines personnes avancent des arguments à caractère pécuniaire et humanitaire. Humainement parlant, quand on a dépensé toute une fortune pour battre campagne et se faire élire comme député, il est tout à fait normal que l’on puisse siéger et que par le travail parlementaire, quelle que soit la forme, on puisse être rétribué en conséquence. Nous sommes devant une situation où cette participation, même de bonne foi, équivaut à cautionner un "fait accompli" de la part des bénéficiaires de la fraude et sont à la recherche de la légitimité. La meilleure attitude serait de s’abstenir de siéger. Si on cherche absolument à se faire élire pour des raisons alimentaires ou de confort personnel, il n’est pas nécessaire de lutter dans l’opposition. Nombreux sont ceux qui ont choisi de se faire élire dans les rangs de la MP ou comme indépendants avec l’objectif de trouver un "job" et un salaire confortable chaque mois dans un pays où il y a plus de 90% des chômeurs.

Nous avons connu une certaine époque où l’opposition était "un fond de commerce" c.à.d. qu’il fallait crier fort dans le rang de l’opposition pour se faire débaucher par le pouvoir en place. Le président Tshisekedi en a vu de toutes les couleurs et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va accepter cette forme d’opposition à géométrie variable. Le comportement des certains "opposants" n’a rien de compatible avec la lutte pour le changement car on ne peut vouloir une chose et son contraire. Dans la situation de notre pays, la RD Congo, le succès de cette lutte passera absolument par certaines privations comme l’honneur et le matériel.

Candidats malheureux?

Certains membres de l’opposition feraient véhiculer l’argument selon lequel certaines personnes "non élues" proches du président Tshisekedi le pousseraient à radicaliser sa position. Non seulement cet argument est faux, léger et fallacieux, mais aussi il est destiné à nous opposer les uns aux autres. Il s’agit d’un débat où chacun vient avec ses arguments. Le président Tshisekedi n’a pas eu besoin de ces "candidats malheureux" pour faire l’analyse correcte de la situation et prendre sa décision. L’opinion doit savoir qu’aussi bien dans la Ville de Kinshasa que dans les différentes provinces du pays, certains candidats de l’opposition non déclarés "élus" ont réalisé de très bons scores, contrairement à la "blague" que leur a joué la CENI. On serait même tenté de dire que certaines personnes auraient été ciblées sinon comment comprendre la non élection de certains opposants comme : Valentin Mubake, Jacquemin Shabani, Auguste Mampuya, Tharcisse Loseke, Ingele Ifoto, Jean-Pierre Lisanga, Joseph Olengakoy, et tant d’autres. L’objectif doit demeurer la vérité des urnes pour que notre président accède à son impérium.

Dossiers brûlants

Plutôt que de chercher à siéger dans cette Assemblée nationale et côtoyer les fossoyeurs de notre processus électoral, il y a des dossiers brûlants pour lesquels l’opposition devrait se préoccuper en priorité. C’est notamment: le dossier de la résidence surveillée de notre président de la République, l’affaire Jacques Chalupa et les tentatives d’inculpation du secrétaire général de l’UDPS, Me Jacquemain Shabani.

L’opinion ne comprend plus que notre Président puisse rester séquestré pendant plus de deux mois sans que l’opposition dans son ensemble mette fin d’une manière ou d’une autre à cette situation intolérable. A force de tolérer cette situation, nous risquons de la banaliser avec les conséquences que cela puisse avoir sur la suite des événements. Une campagne faite en Occident n’a pas le même impact qu’en RD Congo.

L’affaire Chalupa est une rocambolesque mise en scène du pouvoir en place finissant qui adore ridiculiser les acteurs politiques de l’opposition. Dans cette affaire, nous devons contre-attaquer car le plus grand nombre d’étrangers à la peau noire se trouve dans les rangs de la MP. A titre d’exemple, le ministre sortant de la Défense du gouvernement Kabila et «député élu» de la circonscription de Moba est de nationalité belge prouvée avec toutes les références à l’appui. Qu’attend l’opposition pour dénoncer cela et d’autres étrangers qui sont actuellement aux affaires à Kinshasa dans les rangs de la MP ? François Mitterrand adorait dire à qui voulait l’entendre que la meilleure façon de faire la politique est d’être fréquemment à l’attaque et non à la défensive. Bientôt le «député» de Moba, en tant que doyen d’âge, sera le président du bureau provisoire de leur assemblée nationale. L’occasion sera propice pour relancer ce débat sur la nationalité en dénonçant ce «député» et d’autres qui sont dans la même situation.

Si nous ne réagissons pas vigoureusement, l’affaire du SG de l’UDPS Me Shabani risque d’être un précédent que nos adversaires politiques n’hésiteront à utiliser pour nous humilier. Le pouvoir en place manipule l’opinion au moyen des médias publics entièrement sous son contrôle pour faire la désinformation en se servant des faits mineurs. L’objectif est de couvrir la torture infligée sauvagement à Me Shabani et surtout l’empêcher de sortir du pays pour des activités politiques à l’extérieur. Si nous ne faisons rien, d’autres acteurs politiques de l’opposition se feront interpeller à l’aéroport de Ndjili pour des raisons diverses.

Validation des mandats

Une certaine opinion pense qu’il serait mieux que les «députés» de l’opposition fassent valider leurs mandats et, par la suite, refuser de siéger en guise de protestation au hold-up électoral. Cette position quoique séduisante à cause de l’immunité parlementaire qu’elle confère à nos «honorables députés», demeure un piège car elle est une façon déguisée d’entériner ce forfait électoral.

Comme beaucoup d’entre nous le pensons, la meilleure stratégie serait le dédoublement de l’Assemblée nationale. Il est possible de compléter le nombre des députés élus de l’opposition avec d’autres cooptés dans les circonscriptions non représentées et siéger en dehors du Palais du Peuple. Si cela fonctionne bien, ce sera la meilleure pression à l’endroit des imposteurs.

Au stade actuel de la lutte politique pour le changement, il n’est pas permis de faire de cadeau à l’adversaire. La décision du président Tshisekedi d’annuler les élections législatives du 28 novembre 2011 et d’inviter les députés de l’UDPS à ne pas siéger dans cette assemblée nationale découle de cette logique. Au-delà de nos intérêts divergents, c’est l’unité derrière notre Président qui nous conduira à la victoire finale qui pointe à l’horizon.

La majorité d’acteurs politiques de l’opposition vivent dans la précarité mais ce n’est certainement pas une raison de faiblir. Ceux qui sont en face de nous sont surtout guidés dans leurs démarches politiques par le souci de préserver leurs privilèges. Il n’y a rien à envier en eux. Qui aurait imaginé que le concepteur, le planificateur et surtout l’organisateur, bref le cerveau, d’une fraude électorale sans précédent en Afrique pouvait connaitre une mort tragique dans un accident d’avion?

Evitons l’implosion de l’opposition en restant solidaire avec la décision de notre président de la République. Nous devons encourager le président Tshisekedi à engager un débat avec les acteurs politiques de l’opposition qui partagent la même vision que lui sur des problèmes aussi délicat que celui évoqué dans cette libre opinion. En revanche, la versatilité de certains acteurs à un moment aussi délicat que celui que nous vivons aujourd’hui, risque de nous être fatale.

Les propos de cette réflexion engagent personnellement son auteur et non le parti politique ou le regroupement politique auquel il appartient au sein de l’opposition.

Tharcisse Loseke Nembalemba, MD, PhD
© Congoindépendant 2003-2012

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