29.02.12 L'Observateur – Politique monétaire en RDC : Le CPM maintient le taux directeur à 20 % et la réserve obligatoire à 7%
Les membres du Comité de Politique Monétaire (CPM) se sont retrouvés ce lundi 27 février au siège de la Banque Centrale du Congo (BCC), sous la présidence du gouverneur, Jean-Claude Masangu. Il a été notamment question de l'analyse de la conjoncture économique arrêté au 24 févier et des perspectives. De cette réunion, il ressort que le taux d'inflation a connu une embellie, le marché de change a été stable, la marge de positivité du Billet de trésorerie (BTR) s'est améliorée suite à la baisse de l'inflation. Fort de ce constat, le CPM a décidé de maintenir inchangé le dispositif en place de politique monétaire ; à savoir : le taux directeur de la BCC à 20 % et le coefficient de réserve obligatoire à 7 %.
Dans le point de presse qui a suivi cette réunion, le gouverneur de la BCC, Jean-Claude Masangu a expliqué notamment la raison de la petite surchauffe observée au cours du week-end du 17 février sur le marché parallèle. Selon lui, cette surchauffe est consécutive à une spéculation. Par rapport à l'installation de nouvelles institutions (rentrée de l'Assemblée nationale), il y a eu une opinion qui a cru que l'argent était sorti et cela a alimenté la spéculation sur le marché parallèle de change ". " Ce n'était pas le cas, l'argent n'est pas sorti… C'est de la spéculation. La BCC suit cela de près. Les fondamentaux de l'économie ne sont pas bouleversés". Et de renchérir que la BCC observe la situation dans les zones minières, en raison du différentiel de taux de change observé entre le reste du pays et les provinces minières.
Se voulant plus précis, J-C Masangu a expliqué qu'au Katanga le taux de change du FC est plus bas que celui pratiqué à Kinshasa. Toutefois, dira-t-il, l'objectif de la BCC est de tendre vers un équilibre et d'avoir moins de volatilité du taux de change. La BCC va observer et trancher pour que cette volatilité soit la plus faible possible. Par rapport aux taux indicatif et parallèle, l'écart actuel est de 1,5 %. Mais l'objectif de la BCC pour cet écart est d'avoir 1 %, afin que les opérateurs économiques puissent opérer dans tous les segments du marché de change. " Nous travaillons pour cela", a précisé J-C Masangu.
A propos de l'encours de BTR qui a atteint 160 milliards de FC et les conséquences éventuelles sur le plan de trésorerie de la BCC, le gouverneur de la BCC a souligné que l'objectif de la BCC à travers les souscriptions de BTR est d'avoir une stabilité des prix. Au début de cette année, il y a eu un taux d'inflation très élevé. Mais à fin février, le taux cumulé est de 4,36 %. " Toutes choses restant égales par ailleurs, il est possible de terminer l'année 2012 avec un taux d'inflation à un chiffre ", rassure Masangu. Dans tous les cas, celui-ci fait savoir qu'il y a un coût à payer. " Est-ce plus élevé pour la BCC et son plan de trésorerie ? Oui. Il est important aussi de regarder vers ce côté. Il y a stabilité. Pour le coût du BTR, il faut envisager comment le réduire. Par exemple, en mars il y aura une ponction de liquidité excédentaire par le Trésor. Les opérateurs économiques et les banques qui ont souscrit les BTR vont ponctionner la liquidité pour payer l'Etat ( NDLR: échéance fiscale de mars pour impôt sur les bénéfices et profits de l'exercice 2011). Ce sera une ponction de liquidité par l'Etat en lieu et place de a BCC ".
En ce qui concerne le Baromètre de l'économie congolaise publiée chaque mois par la BCC, J-C Masangu a souligné que c'est un outil important pour la BCC, le gouvernement et les opérateurs économiques. Cette enquête mensuelle d'opinions réalisée auprès de chefs d'entreprises permet de saisir le niveau de confiance que les opérateurs économiques font à l'activité économique. Ainsi, il était important de voir comment l'organisation des élections présidentielle et législatives pouvait avoir un impact sur l'économie nationale. A en croire Masangu, en décembre 2011 et janvier dernier, il y a eu moins de confiance en l'avenir chez les opérateurs économiques. En février 2012, il constate avec plaisir le regain de confiance dans tous les secteurs de l'activité économique. En plus, les institutions élues s'installent. Sur le plan international, il se réjouit de la publication du rapport de la Banque mondiale qui prévoit des perspectives de baisse des prix mondiaux en raison du fléchissement de la demande dû au ralentissement de l'économie mondiale, du repli attendu du prix du pétrole brut et des prévisions très favorables des disponibilités alimentaires.
Pour mémoire, dans la mise en œuvre de la politique monétaire la BCC dispose notamment des instruments ci-après : le taux directeur, le coefficient de réserve obligatoire et le BTR pour augmenter ou resserrer la masse monétaire. Les taux directeurs sont les taux d'intérêt fixés par une Banque centrale d'un pays ou d'une union monétaire, taux auxquels cette Banque centrale accorde des crédits à court terme aux banques commerciales. Un crédit obtenu par une banque commerciale par refinancement avec un taux d'intérêt (taux de refinancement) peu élevé, permettra à cette banque d'accorder à son tour des crédits augmentés certes d'une certaine marge peu onéreux aux entreprises et aux particuliers, ainsi l'activité économique et la croissance s'en trouveront favorisés à travers le crédit accordé. A l'inverse, une hausse des taux directeurs aura pour objectif de limiter la demande de liquidités des banques et ainsi d'éviter une trop forte inflation. Les taux directeurs fixés par les Banques centrales ont aussi une influence sur les taux de change d'une monnaie, la demande pour une monnaie sur le marché des changes et donc la valeur de cette monnaie par rapport aux autres, variant au gré du niveau des taux directeurs.
Par contre, la réserve obligatoire est une réserve financière que les banques et autres établissements financiers doivent déposer auprès de la banque Centrale. Les autorités monétaires peuvent faire varier le montant de réserve obligatoire en fonction de leur volonté de limiter l'expansion du crédit. Elles s'en servent comme un des instruments de leur politique monétaire. Enfin, le Billet de Trésorerie (BTR) est un titre au porteur de courte durée. Il représente pour son détenteur une créance sur la BCC équivalente à la valeur nominale de souscription du titre majorée des intérêts suivant les différentes maturités. Le BTR est un produit financier qui permet ainsi à la BCC de réguler la liquidité et d'opérer des ponctions des surliquidités dans le cadre de la mise en œuvre de la politique monétaire.
Ci-après le communiqué publié par le CPM.
Didier Munsala Buakasa
COMMUNIQUE DE PRESSE
BANQUE CENTRALE DU CONGO
COMITE DE POLITIQUE MONETATRE
Kinshasa, République Démocratique du Congo
Le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo a présidé, mardi 27 février 2017, la deuxième réunion ordinaire du Comité de Politique Monétaire.
Quatre points ont figuré à l'ordre du jour, à savoir :
(i) Examen et adoption du compte rendu de la 1ère réunion ordinaire du 31 janvier 2012 ;
(ii) Analyse de la conjoncture économique au 24 février 2012 et perspectives ;
(iii) Synthèse des notes techniques discutées au cours des réunions de Comité de politique restreint.
(iv) Divers.
Concernant la conjoncture:
Sur le plan international, I'actualité reste dominée par le problème de la dette grecque qui continue à peser sur l'activité dans l'ensemble de la Zone Euro, d'une part, et, d'autre part, par le rapport de Ia Banque mondiale qui prévoient des perspectives à la baisse des prix mondiaux en raison du fléchissement de la demande dû au ralentissement de l'économie mondiale, du repli attendu du prix du pétrole brut et des prévisions très favorables des disponibilités alimentaires au cours de cette année.
Sur le plan national,
II s'observe une relative accalmie sur les principaux marchés.
" Sur le marché des biens et services, le rythme hebdomadaire de formation des prix s'est stabilisé sur un plateau de 0,02-0,03 %. En glissement annuel, le taux d'inflation s'est établi à 16,59 % contre une 17,16 % une semaine plus tôt. Ainsi, le cumul à fin février se chiffre à 4,36 % contre un objectif annuel de 9,9 %. Toute chose restant égale par ailleurs, il est toujours possible d'atteindre l'objectif cible de taux d'inflation à un chiffre.
" Sur le marché des changes, au 24 février, la stabilité se poursuit et ce, en dépit de tendance à la surchauffe liée à la spéculation observée au cours du week-end du 17 février sur le segment parallèle. En effet, à la fin de la semaine passée, le cours indicatif s'est déprécié de 0,53 % par rapport à une semaine plus tôt. Ainsi, le dollar s'est échangé à 920,45 CDF sur le marché interbancaire et à 933,67 CDF sur le parallèle, soit des dépréciations respectives de 1,05 % et de 2,15 % par rapport à fin 2011. L'exécution de certaines dépenses publiques en devises et l'intervention de la Banque centrale au mois de janvier dernier ont contribué à maintenir la stabilité sur ce marché.
" Sur le marché monétaire, la séance des opérations d'adjudication de .BTR du 22 février dernier s'est traduite par une injection de 2,4 milliards de CDF portant ainsi l'encours à 162,6 milliards de CDF contre 115,0 milliards à fin décembre, soit une ponction nette 47,65 milliards de CDF depuis fin décembre 2011.
S'agissant des taux d'intérêt, la marge de positivité du taux directeur s'est améliorée suite au recul de l'inflation en glissement annuel, se fixant à 3,4 points contre 2,8 points une semaine plus tôt. Quant au taux moyen pondéré réel des BTR, il est devenu négatif (-0,8 point), suite au recul de son niveau nominal.
En ce qui concerne, les objectifs de la politique monétaire, ils sont tous demeurés en deçà de leurs cibles mensuelles.
Au regard de tout ce qui précède, le Comité de politique monétaire décide de maintenir inchangé le dispositif actuel, à savoir le coefficient de la réserve obligatoire à 7,0 % et le taux directeur à 20 %.
Quant au marché de change, la Banque centrale observe le comportement de différents opérateurs économiques, essentiellement ceux du secteur minier, en vue de décider sur l'orientation des instruments de la politique de change.
Je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 27 février 2012.
J.-C. MASANGU MULONGO
Président