EGLISE CATHOLIQUE : UlTIME ESPOIR POUR LES CONGOLAIS ? (Collectif Défis)

L’interdiction de cette manifestation est
une lamentable régression intellectuelle et politique ramenant le Congo ,50 ans
en arrière quand le pouvoir colonial belge, sourd aux légitimes revendications
du peuple congolais et aux puissants mouvements de l’histoire, empêcha monsieur
Joseph Kasa-Vubu- grand vainqueur des élections municipales avec l’Abako en
décembre 1957- de se rendre à la conférence Pan- Africaine  à Accra au Ghana( 8-12 décembre 1958)

Depuis que la volonté populaire est brisée
et que la voix des citoyens est étouffée, le pouvoir amplifie une ignoble
campagne d’insinuations malveillantes où le mensonge le plus éhonté le dispute
avec une flagrante falsification de l’histoire pour discréditer ceux des
ecclésiastiques solidaires de la détresse de leurs ouailles déterminées à faire
respecter la vérité des urnes. Relayée à l’étranger par certains médias proches
des politiques et de puissants groupes économiques soutenant le pouvoir de
Kinshasa, cette campagne de désinformation simplifie à outrance une situation
fort complexe. Seule une analyse -critique, dégagée de l’étreinte d’une
actualité dont la perception est souvent pervertie par une presse congolaise et
étrangère avide du sensationnel, contribuerait à saisir les véritables enjeux
d’une problématique touchant le devenir de tout un peuple qui n’entend pas  tourner la page des dernières élections présidentielle et législatives.
En effet, outrés par les turpitudes d’un pouvoir
arrogant qui a sciemment détourné les ressources publiques pour confisquer
l’expression électorale du 28 novembre 2011, les citoyens congolais ne
s’avouent pas vaincus, malgré le climat de terreur , de précarité
matérielle et de détresse sociale qu’une gestion politique erratique imposent
au pays  

Patriotiquement,
ils se sont préparés à manifester massivement ce jeudi 16 février 2012 dans les
rues de la capitale, Kinshasa, pour exprimer leur ferme détermination à se
réapproprier les résultats électoraux de ce scrutin -présidentiel et législatif
de novembre 2011.Pour les organisateurs, cette marche devait rendre aussi
hommage aux citoyens, sauvagement fauchés par la soldatesque mobutiste le dimanche16 février 1992 lors de la
« Marche d’espoir » exigeant la reprise des travaux de la Conférence Nationale
Souveraine. Une chronique parue à l’époque, dans le quotidien « La Croix  du 13 mars 1992» sous la signature d’Anicet MOBE, chercheur en
sciences sociales et membre de DEFIS proposa une analyse de l’événement que les
lecteurs de Congo Forum pourront lire ici.

Rappelons que la
marche pacifique des chrétiens du 16 février 1992
avait été soigneusement préparée par un comité de
coordination composée de chrétiens : ecclésiastiques et laïcs engagés dans
le processus démocratique. Un groupe de réflexion et d’action citoyenne de
conscientisation « AMOS » animé, notamment par l’abbé José Mpundu
(militant infatigable de la conscience/conscientisation civique, des droits de
l'homme et de la non-violence active, il a obtenu le prix international
"Pax Christi" en 1994) et le professeur Thierry Landu publiait des brochures qui ont été des
matériaux culturels qui ont énormément contribué à aiguiser l’intelligence
-critique des chrétiens et à les mobiliser ce dimanche 16 février 1992.

Aujourd’hui,
20 ans après,il est stupéfiant de constater que le pouvoir actuel reproduit le
même schéma en déployant massivement les forces de répression et leurs
équipements anti-émeute devant les paroisses de Kinshasa afin d’empêcher les
cortèges de fidèles de converger vers l’église Saint-Joseph (commune de
Matonge). Sans la moindre retenue,les policiers ont fait usage de gaz
lacrymogène et ont procédé à des arrestations musclées (prêtres, religieuses,
diacres et autres fidèles…)  ; par ailleurs, le pouvoir n’a pas hésité à
payer des voyous (kulunas) munis d’armes blanches pour s’attaquer aux
assemblées de fidèles.

Il
est vrai que l’Eglise catholique a été un des piliers de l’ordre
colonial ;il est vrai aussi que la religion chrétienne a été
instrumentalisée aux fins de domination coloniale comme l’indiquait clairement
en 1930, le ministre des colonies ,Louis Franck,pourtant libéral et
anti-clérical en Belgique : « la religion chrétienne- catholique
,basée sur l’autorité,peut être capable de changer la mentalité indigène ,de
donner à nos Noirs une conscience nette et intime de leurs devoirs,de leur
inspirer le respect de l’autorité et l’esprit de loyalisme à l’égard de la Belgique. »

Il n’en reste pas moins vrai que les élites
intellectuelles et politiques qui ont façonné le mouvement d’émancipation
politique sont pour la plupart issues des institutions scolaires et culturelles
chrétiennes. Tel est le cas des Groupes de Conscience Africaine- fondé par
l’abbé Joseph Malula en 1951- et de l’Abako- fondé par Nzeza- Landu, ancien
grand séminariste de Lemfu et Mayidi. L’Abako prit une orientation nettement politique sous l’impulsion de Kasa-Vubu,
ancien grand séminariste,lui aussi de Mbata-Kiela et Kabwe.

 De Conscience
Africaine est issu le Mouvement national congolais qui formera avec l’Abako et
le Parti Solidaire Africain- Cléophas Kamitatu ,Antoine Gizenga…anciens
séminaristes de Kinzambi,Mayidi – les composantes essentielles de la majorité
politique lors des élections législatives et provinciales de 1960.

 L’esprit marche dans les ténèbres
quand le passé n’éclaire plus le présent…nous enseigne Tocqueville. Une
intelligente appropriation de notre mémoire historique, dépouillée de mythes,
nous servirait de levier pour exercer lucidement une citoyenneté responsable.  

 

Pour le Collectif des intellectuels congolais DEFIS (France) :

ú Anicet Mobe Chargé de communication de DEFIS

ú Alfred Shango Président de DEFIS

ú Jean Lubiku Miankeba (tél. +33.6.83.68.67.35),  Secrétaire général de DEFIS

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