12.03.12 Le Potentiel – Gilles Vaubourg : «En 2012, la RDC devrait être la vitrine et le porte-drapeau mondial de la Francophonie»

Je suis en visite de travail. Après les villes de Kisangani, Bunia et Goma, je serai à Bukavu. Dans les deux premières villes de la Province Orientale, j’ai rencontré les autorités, les activistes des universités, les animateurs de l’Alliance française.

Aviez-vous pu constater l’état d’avancement des projets de coopération française dans la région ?

Dans la Province Orientale, Kisangani a la vocation de devenir un pool important dans l’Est, compte tenu des projets de coopération et activités culturelles qui s’y développent. La rencontre des acteurs économiques, ceux de l’université, des artistes et médias a conduit à des réflexions sur l’organisation d’un grand évènement culturel à l’occasion du Sommet mondial de la Francophonie qui se tiendra à Kinshasa et réunira 40 chefs d’Etat et de gouvernement.

J’ai noté avec satisfaction la reprise économique, industrielle au niveau de la brasserie, la téléphonie cellulaire et le secteur bancaire.

A Bunia, j’ai rencontré les responsables des ONG Premières Urgences, Solidarités et SOFEPADI dont les projets en commun touchent à l’appui des populations déplacées, à l’eau et aux violences sexuelles. Nous avons été très attentifs à l’avenir de l’Alliance française et la collaboration avec l’ISP/Bunia.

Le travail de l’ISP/Bunia est impressionnant, de par son ouverture aux nouvelles technologies avec une radio scolaire très intéressante.

Notons que la Coopération française à travers le Sésam contribuera à la formation de 15 000 professeurs de français en 2012.

L’Alliance Française de Goma fonctionne en parent pauvre.

La situation de cette antenne de l’Alliance française de Bukavu est fragile ; elle justifiait à elle seule cette mission. Nous avons réfléchi aux pistes qui permettraient de développer d’abord le cours de français et les activités artistiques. Goma s’ouvre vers le monde. J’ai eu l’immense plaisir de découvrir une librairie de qualité dans la ville, si pas l’une des meilleures du pays. Il y a aussi les activités scéniques, le cinéma. Ce qu’il ne faut pas négliger, le débat d’idées, à l’exemple de Kinshasa et Lubumbashi ; des questions de société que l’on pourrait aussi organiser en Ituri et Bukavu.

A Bukavu, nous développons plusieurs projets de Coopération. Une rencontre prévue avec la COOPI (coopération Italienne) ; la création du Campus numérique avec les trois universités locales figure à l’agenda. Une séance de travail est également prévue avec les responsables de l’Alliance française de Bukavu, l’une des plus développées de la RDC.

L’Est de la RDC s’ouvre davantage vers le monde anglophone, car croit- y trouver plus d’opportunités. Pas d’inquiétudes à ce propos ?

Je me réjouis bien au contraire du développement de la langue anglaise dans l’Est du pays, favorable aux échanges avec les pays voisins. En même temps, l’on constate la nette progression du Français et la forte demande en formation dans les pays comme le Kenya et la Tanzanie. Il y a là une logique d’échange. La connaissance de deux langues internationales est un atout non négligeable pour les jeunes gens ambitieux. La soustraction d’une langue serait une mauvaise chose, pas l’addition. Si l’anglais doit faire son apparition dans l’importation en RDC, c’est très important. Je regrette qu’en France l’on ait tardé d’apprendre d’autres langues.

Pas d’inquiétudes pour cela, au constat de l’évolution de la langue française que ce soit dans l’usage administratif, dans les services, la production culturelle, etc.

Apparemment, la France consent un des budgets les plus importants dans le domaine de la culture, mais n’entreprend pas assez d’initiatives depuis quelques années pour maintenir la langue de communication dans l’un des pays les plus francisés de la planète.

La RDC est un important pays francophone, partenaire de la France .2012 sera l’année de la Francophonie dans le pays, la coopération très attentive à consolider des projets initiés par les partenaires congolais, premiers acteurs de la culture française. A cet égard, je crois à la vertu des synergies entre quatre grands cercles d’influence, notamment le monde intellectuel des universités et de l’éducation ; la création artistique et littéraire ; les médias alliés essentiels de la Francophonie ; les opérateurs économiques sans lesquels il n’y aura jamais la véritable émergence d’une industrie culturelle. Ainsi, l’avenir des Alliances françaises, comme celui de la culture, implique que ces quatre cercles apprennent à travailler ensemble.

La feuille de route de l’action culturelle, à l’exemple de l’Institut Français à Kinshasa et Lubumbashi vise à professionnaliser les artistes et à proposer des spectacles de haut niveau. Cet encouragement concerne le livre, les activités scéniques et le cinéma.

La France coordonne un projet Médias financé par la Suède, la Grande-Bretagne, d’appui en formation d’un grand nombre de médias dans la capitale et dans les provinces. Les radios communautaires bénéficient d’un planning médias de fonctionnement à l’énergie solaire, éolienne, la bête qui tourne, d’un budget de 20 millions d’euros que gère le Sésam. RFI, TV5, France 24, la contribution de ces trois médias au développement de la Francophonie dans le monde n’est plus à démontrer.

En 2012, la RDC devrait être la vitrine et le porte-drapeau mondial de la Francophonie de développement de l’Institut français, des Alliances françaises et notre plan d’approche à l’environnement du français à de nouvelles méthodes pédagogiques devrait rassurer.

Propos recueillis par Robert Sabwe

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