22.03.12 L'Observateur – Gestion des ressources naturelles au GHK

Devant des experts venus du monde entier, des personnalités tant du monde politique qu'économique de la RDC et en présence de Mme Antoinette Sayeh, directrice du Département Afrique du FMI, le ministre congolais des Finances a reconnu que la présence des ressources naturelles suscite des convoitises et a été dans un grand nombre de cas, à l'origine d'évènements de triste mémoire.

L'exemple illustratif est celui de la RDC qui, aux yeux du ministre des Finances à qui est revenu la charge d'ouvrir les travaux de cette conférence internationale, dispose d'énormes potentialités en ressources naturelles, notamment minières, d'hydrocarbures, forestières, énergétiques, agricoles, etc.

Situation pas très brillante

En ce qui concerne particulièrement les ressources minières, le pays regorge d'importantes réserves notamment de cuivre, de cobalt, d'or, d'étain, de coltan, et de zinc, disséminées sur l'ensemble de son territoire. A titre d'illustration, ses réserves de cuivre, estimées à environ 70 millions de tonnes dans la seule ceinture cuprifère du Katanga, classent la RDC en 2ème position d'importance au niveau mondial après le Chili.

" Mais notre pays ne dispose pas d'un bilan de connaissance globale de toutes ces ressources minières. Beaucoup d'autres minéraux demeurent soit inexploités et inexplorés, soit mal connus et exploités principalement de manière artisanale ". Bien plus, a reconnu Matata Ponyo, la contribution des secteurs des ressources naturelles à l'économie et aux recettes publiques demeure relativement faible. Le secteur minier, par exemple, contribue à ce jour pour moins de 30% av PIB et représente en moyenne 10% de recettes publiques. La situation dans les deux autres secteurs n'est pas aussi brillante. Avec une production moyenne respective de 25000 barils/jour et 300 000 m3 de bois par an, la contribution aux recettes publiques n'est pas non plus significative. Il est important de souligner que la RDC n'est pas encore parvenue à convertir ses énormes potentialités en richesses au profit du bien-être de ses habitants.

Ce contraste est tel que depuis la nuit des temps, les hommes se sont posés de façon récurrente la question de savoir si les ressources naturelles constituaient une bénédiction ou une malédiction, tant leur présence a été depuis toujours à l'origine d'évènements négatifs qui ont

"Emaillé le cours de l'histoire des nations et qui ont provoqué des souffrances innommables, la présence des ressources naturelles suscite des convoitises et a été dans un grand nombre de cas, à l'origine d'évènements de triste mémoire. Pour autant, il n'y a, de notre point de vue, principalement de manière artisanale aucune fatalité attachée aux ressources naturelles. L'histoire récente du développement économique et social des dragons du Sud-Est asiatique et des pays émergents de l'Amérique latine met très clairement en évidence certains facteurs essentiels qui ont été à l'origine des progrès enregistrés dans ces pays. En dépit de nombreux arguments scientifiques dans un contexte de foisonnement de la littérature sur une supposée malédiction des ressources naturelles, mon intime conviction demeure qu'il n'existe aucune corrélation entre la dotation d'un pays en ressources naturelles et les désastres de diverses natures y rencontrées", a précisé Matata Ponyo.

Bien au contraire, a-t-il ajouté, les ressources naturelles offrent un atout majeur grâce auxquelles les pays peuvent s'engager sur la voie de la croissance et de la prospérité.

A cet égard, l'expérience, souvent citée en modèle, des pays du Sud-Est asiatique, de certains pays d'Afrique et de l'Amérique latine, prouve à suffisance des cas de succès basés sur une utilisation judicieuse des ressources naturelles, a dit Matata

Pour le ministre congolais des Finances, "la clé de voûte de ces succès stories réside dans la trilogie Leadership-Bonnes politiques-Bonne gouvernance ". C'est pourquoi, il croit fermement que cette conférence internationale sera une occasion " propice pour mener des réflexions approfondies sur la manière d'enraciner dans la majorité des pays à faible revenu, les bonnes pratiques qui ont permis aux autres nations de tirer largement profit de leurs ressources naturelles " afin de construire le développement économique et social de leurs peuples.

Les efforts considérables du FMI

Devant d'éminents délégués et experts internationaux, Mme Antoinette Sayeh, directrice du Département Afrique du FMI, a reconnu que malgré tous les discours apocalyptiques, il apparait de plus en plus clairement que l'extraction des ressources naturelles et l'envolée des cours des produits de base ont favorisé la croissance économique en Afrique subsaharienne au cours de ces dix dernières années.

" En effet, chaque année, hormis 2009 les pays exportateurs des ressources naturelles se sont développés aussi vite ou plus vite que les autres pays de la région. Et cela n'est pas dû au fait que les autres pays avaient de mauvais résultats : au contraire, pendant toute la décennie, les taux de croissance de la région ont été les plus élevés du monde ", a révélé Antoinette Sayeh.

Pour elle, le FMI déploie actuellement des ressources considérables visant à analyser comment négocier au mieux avec les sociétés internationales exploitant les ressources naturelles, notamment pour ce qui est du meilleur régime fiscal à leur appliquer et quel est le niveau approprié du déficit budgétaire des taux… ?

" L'une de principales tâches des responsables économiques est de réduire les effets de la volatilité des cours des ressources naturelles sur l'économie intérieure. Si les gains exceptionnels sont répercutés en totalité sur l'économie, il s'ensuit généralement une poussée d'inflation et une surévaluation du taux de cange réel. Les exportations d'autres produits n'arrivent pas à s'implanter durablement dans l'économie de sorte que celle-ci est vulnérable lorsque les richesses naturelles s'épuisent ", a ajouté le numéro un du Département Afrique du FMI.

Elle a poursuivi que conscients du rôle de bonne gouvernance, beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne riches en ressources naturelles ont amélioré leurs institutions au cours de la décennie écoulée…

Rappelons que la journée d'hier a connu la tenue de quatre sessions dont la première était consacrée au " flux liés aux ressources naturelles et politiques macroéconomiques ", la seconde aux " aspects opérationnels de la politique budgétaire dans les pays riches en ressources naturelles ", thème développé par Matata Ponyo ; la troisième a planché sur " l'investissement public, moteur de la croissance de l'Afrique subsaharienne" et enfin la quatrième session s'est appesantie sur "des exigences plus rigoureuses de gouvernance et de transparence dans la gestion des ressources".

Les travaux se poursuivent aujourd'hui avec le même rythme que celui d'hier.

Au cours de différents exposés, il a été entendu que les pays à faibles revenus dont la RDC, veulent le partage équitable et équilibré des revenus issus de l'extraction des ressources naturelles. En tout cas, c'est le credo de Kinshasa où se tiennent les travaux de cette conférence.

Willy Kilapi

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