19.04.12 L'Observateur – La RDC perd 208 millions de dollars chaque année, selon la Banque mondiale

Il est rapporté que la RDC perd chaque année 208 millions de dollars US. Ce rapport annonce que l’économie de la RDC affiche une perte de 192 milliards de francs congolais chaque année, environ 208 millions USD, soit 1,6 % du PIB. Cette perte financière est consécutive aux mauvaises conditions de l’assainissement. Dans l’étude sur documents notamment « Impacts économiques d’un mauvais assainissement en Afrique », il est expliqué la situation en détails. Par exemple, la RDC a constaté que la majorité, soit 88 % de ces coûts provient de la mort prématurée de 90 400 Congolais. Cette mort est due notamment à des maladies diarrhéiques, dont 74 300 enfants de moins de 5 ans, avec près de 90 % de ces décès directement liés aux conditions médiocres relatives à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Entre autres, dans cette étude, il est également démontré que 46 millions de Congolais utilisent des latrines insalubres ou partagées. Par contre, l’on y lit que « 6,7 millions de Congolais n’ont accès à aucune latrine et défèquent à ciel ouvert et le quintile le plus pauvre a 27 fois plus de chances de pratiquer la défection en plein air que les plus riches ».

Il ressort de l’étude que les coûts de santé représentent ainsi environ 8 % du total des coûts économiques, tandis que les temps d’accès et les pertes de productivité représentent près de 4 %. « Nous étions déjà conscients depuis un certain temps de l’impact de la médiocrité de l’assainissement sur la santé, mais il s’agit là d’une des premières études permettant de quantifier les coûts annuels en résultant. » a déclaré Yolande Coombes, spécialiste principale eau et assainissement du PEA. Sur les perspectives d’avenir, cet expert de la Banque mondiale est formel : « La République démocratique du Congo ne pourra atteindre une croissance durable sans résoudre le problème de ces coûts. » 

18 pays africains perdent près de 5,5 milliards de dollars/ an 

Selon ce rapport de la Banque mondiale, au-delà de la RDC le manque d’assainissement coûte à 18 pays africains près de 5,5 milliards de dollars par an, soit entre 1 et 2,5 % de leur PIB. « Les 18 pays africains considérés dans cette étude ont une population totale de 554 millions d’habitants, soit plus de la moitié de la population africaine « Ce constat rappelle aux ministres que leurs pays ne pourront pas se développer durablement sans se pencher sur ces coûts. », a indiqué Jaehyang So, responsable du programme Eau et assainissement. L’étude sur documents intitulée indique que « la majorité de ces coûts pour la production est liée aux morts prématurées, y compris d’enfants âgés de moins de cinq ans, causées par les maladies diarrhéiques. Près de 90 % de ces morts sont directement imputables à la mauvaise qualité de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène ».Pour la Banque mondiale, les autres coûts appréciables comprennent, entre autres, les pertes de productivité dues à un mauvais assainissement et les pertes de temps liées à la défécation en plein air.« Les incidences négatives d’un mauvais assainissement susceptibles d’être importantes, mais difficiles et chères à estimer, comprennent les coûts des poussées épidémiques, les pertes de revenus dans le commerce et le tourisme, l’impact sur les ressources en eau de l’évacuation des excréments, et les effets à long terme sur le développement de la petite enfance ». Dans le même sens, il y a aussi les rapports sur les pays africains, préparés dans le cadre de l’initiative Economics of Sanitation Initiative (ESI) lancée dans un premier temps en Asie de l’Est en 2007. Ces rapports ont également conclu que la défécation en plein air représente à elle seule près de 2 milliards de dollars de pertes annuelles dans ces 18 pays. Faute d’autres solutions, plus de 114 millions de personnes défèquent ainsi en plein air dans les 18 pays étudiés. La Banque estime que ce chiffre représente environ la moitié de la population africaine dépourvue de latrines et près de 24 % de la population totale des pays étudiés. L’élimination de la défécation en plein air dans ces pays est une question essentielle. Mais, cela nécessiterait la construction et l’utilisation d’environ 23 millions de toilettes. Il est souligné que la défécation en plein air coûte plus par personne que tout autre problème d’assainissement. « Le temps perdu pour trouver un endroit discret pour déféquer entraîne près de 500 millions de dollars de pertes économiques. Les femmes représentent une proportion considérable de ce coût en raison du temps qu’elles passent à accompagner de jeunes enfants ou des proches malades ou âgés ». Le manque des toilettes coûte très cher aux Africains. A ce propos Jamal Saghir, directeur du département Développement durable dans la région africaine de la Banque mondiale stigmatise la vulnérabilité des plus pauvres. Ceux-ci sont les plus touchés. « L’eau et l’assainissement vont de pair avec la dignité humaine. Notre étude montre que les pauvres sont les plus fortement touchés par le manque d’assainissement ….Ce constat plaide immanquablement en faveur de l’augmentation de l’investissement dans l’assainissement et de la suppression des obstacles à l’amélioration des services d’assainissement. Le moment est venu de s’attaquer sans tarder et une fois pour toutes à cette priorité de développement. » Pour rappel, le programme Eau et assainissement, est administré par la Banque mondiale. C’est le résultat d’un partenariat multi bailleurs créé en 1978 pour assister les pauvres à bénéficier de services d’alimentation en eau et d’assainissement abordables, fiables et durables. Sur la liste des bailleurs de fonds l’on retrouve : l’Australie, l’Autriche, la Banque mondiale, le Canada, le Danemark, les Etats-Unis, la Finlande, la Fondation Bill et Melinda Gates, la France, l’Irlande, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. En ce qui concerne le Groupe de la Banque mondiale, il est le principal bailleur de fonds externe avec un apport de 7,5 milliards de dollars pour l’exercice 2011 dans le domaine de l’alimentation en eau et de l’assainissement, de la gestion des ressources en eau et dans d’autres secteurs liés à l’eau. Au delà de l’apport financier, cette institution multilatérale apporte un appui majeur aux pays clients sous la forme d’analyses et de conseils. Car elle a une expertise et une expérience dans la lutte contre la pauvreté et la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015. Parmi les huit OMD, l’on retrouve notamment : réduire l’extrême faim, assurer l’éducation primaire pour tous, réduire la mortalité infantile, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes,… 

Didier Munsala Buakasa

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