LE SENS CONSTITUTIONNEL DE LA PARITE ET L’INTEGRATION DE LA FEMME A L’Institut Supérieur Pédagogique (I.S.P) KANANGA ( NDAYE TSHIMANGA WISHIYE)

C’est pour moi une joie immense et un réel plaisir de prendre la parole
aujourd’hui en vue de vous inviter à réfléchir avec moi à l’occasion de la
clôture du mois de la femme commencé depuis le 8 mars de cette année. Le sujet
que je vais développer ici porte sur « le sens constitutionnel de la
parité et l’intégration de la femme à l’ISP Kananga ». Je reconnais à
juste titre que cette matière est vaste et riche en expériences des uns et des
autres ou des unes et des autres. On ne manquerait nullement de quoi dire.
Cependant, compte tenu du temps nous imparti, j’ai résolu de vous entretenir
autour de trois points principaux qui font l’ossature même de notre
intervention. Il s’agit notamment :

  1. Du sens constitutionnel de la parité,
  2. du mode d’application de la parité à l’I.S.P.
    Kananga ;
  3. et quelques considérations termineront notre
    exposé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PREAMBULE :

 

Les droits de la femme en général, font partie intégrante des droits
humains et des libertés fondamentales des citoyens. Depuis un certain nombre
d’années la question sur la condition de la femme et la situation de l’enfant
se pose avec beaucoup d’acuité et les débats tant dans les familles, les
institutions publiques qu’au niveau des instances de l’Etat sont houleux. Entre autres questions soulevées, nous avons retenu celles-ci :

 Depuis quand l’homme est-il supérieur à la femme ?

 Pourquoi l’homme ne veut-il pas être égal à la femme
devant la loi ?

 Pourquoi tant de discriminations entre l’homme et la
femme alors qu’ils sont tous des êtres humains créés pour vivre et travailler
ensemble ?

 

Dans la société contemporaine, il ne devrait plus exister de
discriminations entre les hommes et les femmes. Tous devraient avoir la même
facilité d’accéder aux mêmes services, aux mêmes fonctions ou poste de travail.

 

Si les coutumes avaient tendance à défavoriser les femmes dans les
sociétés africaines d’antan, les textes légaux d’aujourd’hui essaient de donner
à l’homme ainsi qu’à la femme une égalité de chance. Qu’il s’agisse du service
militaire, de l’aviation, de politique, de la magistrature, de l’enseignement,
du génie civil ou de ménage, la femme se retrouve aujourd’hui partout.

 

C’est pourquoi le Sénat et l’Assemblée Nationale n’ont plus trouvé d’inconvénients
pour voter les clauses sur la
PARITE de la femme et de l’homme dans les instances
politiques. Cela ne signifie pourtant pas que la femme devienne insubordonnée
ou insoumise à son mari. Ils deviennent seulement égaux en droits et dans les
libertés fondamentales.

 

Alors, que prévoit au juste la Constitution de notre pays par rapport à cette
parité ?

 

I. LE SENS CONSTITUTIONNEL DE LA PARITE.

 

Selon la Déclaration
Universelle des Droits de l’homme, tous les êtres humains
naissent libres et égaux en dignité et en droit.

 

De même tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une
égale protection des lois. L’article 12, ainsi que les articles 13 et 14 de notre
Constitution stipulent qu’ « aucun ne peut, en matière d’éducation et
d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une
mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion,
de son origine familiale, de sa condition sociale, de ses réactions, de ses opinions ou de ses convictions
politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu, à une
minorité culturelle ou linguistique. »

 

En effet, les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de
discriminations à l’égard de la femme pour assurer la protection et la
promotion de ses droits. Ils prennent dans tous les domaines (politique,
économique, social et culturel) la pleine participation de la femme au
développement de la nation. Ils prennent des mesures pour lutter contre toute
forme de violences faites à la femme tant dans la vie publique que privée.

 

La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions
nationales, provinciales et locales.
L’Etat garantit la mise en œuvre de la PARITE homme-femme dans lesdites institutions. La
loi fixe les modalités d’application de ces droits.

 

A tous les échelons de la fonction publique et dans bien d’autres
services, la loi a prévu des Chefs de bureau, des Chefs de Division et des
Directeurs. Ces derniers devraient protéger la femme et aider à sa promotion et
non ériger des barrières à son émancipation.

 

 

 

 

 

II. DU
MODE D’APPLICATION DE LA PARITE A
L’ISP

 KANANGA.

 

Puisque la loi a prévu que la parité soit appliquée au Parlement, au
Sénat et dans les autres institutions de la République, de même
cette parité devrait être d’application à l’I.S.P. Kananga. Malheureusement,
force est de constater que cela n’est pas le cas. La parité n’est pas et ne
sera peut être pas vite réalisée dans cette institution d’enseignement supérieur
et universitaire, car elle fonctionne dans un environnement qui ne respecte pas
la femme et ne la protège pas.

 

Pour réussir la parité, nous estimons que cela doit commencer par les
inscriptions dans les promotions de recrutement ou premiers graduats de toutes
les filles qui le désirent. Cela suppose qu’il faut encourager les filles à se faire
inscrire nombreuses dans les filières qu’elles ont toujours choisies tout comme
dans celles où elles ne vont pas. Nous
pensons, à notre niveau, que c’est une tâche qui nous incombe à tous. Etat,
parents, professionnels de l’Enseignement … tout le monde devrait encourager
les filles diplômées d’Etat à poursuivre leurs études supérieures et
universitaires plutôt que de les envoyer dans les mariages précoces. Nous attirons
à ce propos, l’attention particulière des enseignants et des hommes en général.
Qu’ils cessent de dire aux filles qu’il y a des options ou des filières faites
pour les hommes et donc difficiles pour les filles. Que les filles à leur tour,
ne se laissent pas distraire par les garçons qui leur disent que les filles
universitaires n’ont pas la chance de mariage. Cet argument est pour les
décourager.

 

En outre, toujours dans la logique de la parité, il serait préférable de
recruter les filles qui ont terminé ailleurs ou à l’I.S.P. au poste
d’assistantes. Combien d’assistantes avons-nous à l’I.S.P. ? Dans toutes les sections, dans tous les
départements, on pourrait estimer le pourcentage d’enseignants hommes à 99 %.
Où sont les femmes ?  Est-ce pour
autant dire qu’il n’y en a pas qui ont distingué ?

 

Dans l’administration, le constat est le même. Les autorités de l’I.S.P.
Kananga ne facilitent pas aux femmes qui le méritent de passer de grades inférieurs
aux grades supérieurs. Pourquoi cette discrimination ? D’après notre
petite enquête, sur 14 Chefs de division que compte notre Institution, il y a
seulement deux (2) femmes ;  et sur
les 10 directeurs, aucune femme. Est-ce pour autant dire qu’il n’y a aucune
femme qui mérite d’accéder à ce grade ?  C’est grave et c’est injuste.

 

III. CONSIDERATIONS ET SUGGESTIONS.

 

Considérant tout ce qui précède, nous considérons que la parité, bien
qu’étant déjà consacrée par la loi suprême de notre pays, n’est pas pratiquée à
l’I.S.P. Kananga. Nous vous en avons donné plus amples arguments. C’est
pourquoi nous ne pouvons nous arrêter à faire ce constat malheureux, mais nous
croyons qu’il nous revient de faire ces quelques suggestions :

 Aux autorités de l’I.S.P. Kananga, nous demandons de
considérer la dignité et les droits de la femme en pratiquant la parité dans
les inscriptions, dans l’octroi des grades sans oublier le recrutement des
assistantes ;

 A l’Etat, et surtout aux autorités de notre province,
nous demandons de vulgariser la loi sur la parité dans toutes les couches de la
population du Kasaï Occidental ainsi que dans tous les services de l’Etat, les
ONGD, les marchés, les villages afin que la femme soit informée sur ce qui lui
revient ;

 A la femme elle-même, nous disons : « Ce
n’est pas en un jour que Paris a été construite ». Il faut se battre dans
la patience doublée de persévérance pour accéder à cette parité tant désirée aujourd’hui.
Si nous ne luttons pas pour nos droits, qui le feront à notre place ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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