L’EVOLUTION DES EFFECTIFS FEMININS DANS LES INSTITUTIONS D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE DE KANANGA (Par Thérèse MULUMBA TSHIAME[1])

L’éducation, droit
inaliénable de l’être humain, constitue un moyen essentiel d’atteindre les
objectifs d’égalité des chances  c’est- à-
dire de la parité.   L’éducation reste, on ne le dira jamais
assez, une stratégie majeure pour la participation de la femme  sur la
base des chances égales avec l’homme, à la gestion de la chose publique au plus
haut niveau de responsabilité.

L’école, cette
institution d’enseignement, par le rôle prépondérant que joue l’éducation dans la promotion de l’individu
et des communautés, constitue un passage obligé pour un développement durable
de la RDC.

Nous nous sommes posé la question de savoir si toutes les campagnes de
sensibilisation menées en faveur de  l’éducation de la fille ont eu un impact sur son engagement dans l’enseignement  supérieur
et universitaire.

Rappelons, au passage, que celui-ci a  entre autres pour finalités :

· la formation des cadres
spécialisés dans le domaine des sciences, des techniques appliquées, des arts
et métiers ;

· la formation  d’un personnel enseignant de niveau supérieur,
général et spécialisé.

Nous avons, pour essayer de répondre à cette épineuse interrogation,  analysé les données relatives au recrutement des étudiantes au cours des quatre
dernières années, dans trois institutions d’enseignement supérieur de la ville
de Kananga :

v Université Notre Dame du Kasayi ;

v Université
de Kananga ;

v Institut
Supérieur Pédagogique.

 

Voici
les données récoltées et leur analyse : les effectifs sont répartis par
sexe et par option ou faculté, de 2007 à 2011.

 

L’UNIVERSITE NOTRE DAME DU KASAYI

 

TABLEAU
1 : FACULTE DE DROIT

 

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

135

18

153

82,23

11,77

2008-2009

220

20

240

91,67

8,33

2009-2010

311

36

347

89,63

10,37

2010-2011

372

50

422

88 ,15

11,85

 

Ce tableau présente l’évolution des effectifs féminins durant les
quatre dernières années. On peut constater sur cette période que le nombre d’étudiantes
a presque triplé, même si le % moyen qui s’y rapporte  n’a pas atteint 11 %, il est de 10,58 %,
laissant une majorité écrasante aux étudiants. La parité ayant défrayé la chronique
dans tous les sens, l’écart  aurait dû
diminuer entre les deux groupes ; ce qui n’est pas le cas.

 

 

TABLEAU 2 : SCIENCES BIOMEDICALES

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

579

134

713

81,20

18,79

2008-2009

735

191

926

79,57

20,63

2009-2010

975

244

1219

79,90

20,02

2010-2011

1007

270

1277

78,86

21,14

 

En Sciences Biomédicales,  
les études sont  plus longues et plus
techniques, le % moyen des filles recrutées durant cette période est de 23,61, l’effectif
féminin recruté pour l’année académique en
cours atteint presque le double de celui de la première année. Cependant,
comparé à celui des étudiants de la même faculté,  il ne représente que 1/5.

 

TABLEAU 3 : INFORMATIQUE

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

229

39

268

85,44

14,55

2008-2009

301

144

445

67,64

32,36

2009-2010

418

152

570

73,33

26,67

2010-2011

480

224

704

68,18

31,82

 

Cette faculté présente une évolution plus rassurante car la proportion
des étudiantes atteint 26.35 % et, en quatre années, l’effectif est passé du simple
à plus de quintuple c'est-à-dire, de 39 à 224 étudiantes, alors que celui des
étudiants est passé légèrement à plus du double.

Peut-on croire à un amenuisement progressif de cet écart dans les années
qui suivent ? Dieu seul sait !

Cette branche étant nouvelle et indiquée pour tous les secteurs de la
vie nationale, le rêve de trouver les femmes bien positionnées grâce à elle à
tous les niveaux peut être caressé.

 L’UNIVERSITE DE KANANGA

 

TABLEAU 4 : S.E.G. (SIENCES ECONOMIQUES DE
GESTION)

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

60

15

75

80,00

20,00

2008-2009

62

07

69

80,85

10,14

2009-2010

110

45

155

70,97

29,03

2010-2011

108

48

156

69,23

30,77

 

Les chiffres de ce tableau affichent une progression nette des
effectifs des étudiantes. Ils ont triplé au cours de cette année académique,
alors que le nombre des étudiants inscrits n’a même pas atteint le double à la
même période. Il faut cependant reconnaître qu’avec un % moyen de 22,49, on est
loin du compte.

 

TABLEAU 5 : R.I. (RELATIONS INTERNATIONALES)

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

26

04

30

86,67

13,33

2008-2009

27

06

33

81,82

18,18

2009-2010

30

00

30

100

00

2010-2011

29

02

31

93,55

06,45

 

Les effectifs féminins  présentent dans ce tableau un % moyen de 9,49 du  total. Nous nous sommes posé la question de
savoir si ces études rebutaient les filles mais on constate que même du côté
des garçons, les effectifs ne sont pas plus importants, même s’ils sont
supérieurs à ceux des étudiantes.

TABLEAU 6 : S.P.A.
(SCIENCES POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES)

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

22

00

22

100

0

2008-2009

16

02

18

88,89

11,11

2009-2010

25

08

33

75,76

24,24

2010-2011

39

03

42

92,86

07,14

 

Cette option n’a pas
beaucoup d’étudiants dans l’ensemble, et le % moyen des filles est de 9,87. Une
telle évolution sur quatre  ans n’augure
pas des jours meilleurs pour la représentativité des femmes.

 

TABLEAU 7 : DROIT

 

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

60

10

70

85,71

14,29

2008-2009

73

11

84

86,90

11,10

2009-2010

61

18

79

77,22

22,78

2010-2011

104

46

150

69,33

30,67

Les chiffres présentés par ce tableau montrent une
progression de quatre fois plus  d’étudiantes inscrites en 201O-20011 que la
première année concernée par les données ci-dessus. Le nombre d’étudiants
inscrits n’a même pas atteint le double au cours de ces quatre années. On remarque une diminution de
l’écart entre les deux groupes  concernés passant de 1/6 à presque 1/2 soit en
terme de  % ,16 % et 44 ,23% ,ce
qui représente presque la moitié de l’ effectif des étudiants.

 

INSTITUT SUPERIEUR PEDAGOGIQUE
DE KANANGA

Pour plus de commodité,
les effectifs sont présentés par section au lieu de les ventiler par option.

TABLEAU 8 : LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

286

30

316

90,51

09,49

2008-2009

373

39

412

90,53

09,47

2009-2010

324

37

361

89,75

10,25

2010-2011

358

36

394

90,86

09,14

Le tableau 8  montre qu’il n’y a  pas eu beaucoup évolution en quatre ans dans
les deux groupes. Du coté des étudiants on est passé de 286 à358 étudiants
inscrits, même pas un écart de 100
étudiants de plus sur les deux années
extrêmes. L’effectif des étudiantes n’a pas enregistré 10 étudiantes de
plus au cours de chaque année académique 

 

 

 

 

 

 

TABLEAU 9 : SCIENCES
EXACTES (MATH-INFO, BIOLOGIE, PHYSIQUE …)

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

141

05

146

96,58

08,42

2008-2009

191

09

200

99,50

04,50

2009-2010

282

01

283

99,03

0,97

2010-2011

289

14

303

95,38

04,62

 

Les chiffres à ce niveau tendraient à confirmer l’opinion
selon laquelle les filles ne sont pas
faites pour les sciences exactes. Leur % dans cette section est le plus faible
enregistré sur toutes les données récoltées. Le % moyen de 2,97 sur quatre années
ne pousse vraiment pas à l’optimisme.

Heureusement les 26,35% de l’informatique et les
23,61 des sciences biomédicales
permettent de garder l’espoir dans un avenir meilleur. 

 

TABLEAU 10 : SCIENCES
D’APPUI A L’ENSEIGNEMENT

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

215

20

235

91,49

08,51

2008-2009

406

49

455

82,23

10,77

2009-2010

645

72

717

89,96

10,04

2010-2011

702

97

799

87,86

12,14

 

Les sciences d’appui ont
une allure positive dans les  deux camps,
du coté féminin les effectifs ont presque quintuplé en quatre ans, du coté
masculin ils ont plus que triplé. L’écart dans entre  les deux groupes se présente dans un
rapport de 1 à 7 en défaveur du sexe
féminin.

TABLEAU 11 : SCIENCES ET TECHNIQUES APPLIQUEES (Sciences
Commerciales et Hôtellerie)

SEXE

ANNEE

MASCULIN

FEMININ

TOTAL

%

M

F

2007-2008

347

44

391

88,75

11,25

2008-2009

242

63

305

79,34

20,65

2009-2010

298

78

376

79,26

20,74

2010-2011

359

150

509

70,53

29,47

 

L’écart entre les deux
groupes n’est pas aussi sensible que dans d’autres options analysées ci-haut
pour l’année académique 2010-2011. Le pourcentage moyen des effectifs féminins
sur les quatre ans est de 20,5 %. La progression des effectifs féminins est
plus rapide dans ce groupe que celui des étudiants.

 

CONCLUSION

Au vu de ces données, un
petit espoir peut être nourri quant à la représentativité des femmes dans
l’Enseignement Supérieur et Universitaire  et dans les institutions publiques à tous les
niveaux, surtout que de plus en plus, certaines d’entre elles reviennent aux
études après le mariage. Ceci nous conforte dans l’idée que les études revêtent
une grande importance pour les femmes et pour les hommes ; cependant, ce
qui reste à faire pour la parité et pour l’égalité des chances est énorme.

Que chaque femme, chaque
homme épris de justice, apporte sa pierre à cette bataille, pour que vive un
jour, un Congo développé de façon durable et où règne la paix.



[1]
Chef de Travaux à l’I.S.P./Kananga

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