19.05.12 Le Potentiel – Cinq questions à Willy PELENDA

1.Hier enseignant, aujourd’hui député national. Avez-vous un agenda particulier pour cette nouvelle fonction ?

J’ai été formé comme enseignant, et j’ai exercé avec bonheur cette fonction. Aujourd’hui, devenu député national, il faut dire que l’enseignement m’a servi de tremplin pour la nouvelle fonction. C’est dans l’ordre naturel des choses. Cependant, le mandat de député national ne coupe pas fatalement le cordon ombilical, d’autant plus que dans l’une comme dans l’autre fonction je suis au service de la population. C’est peut-être la manière de servir qui change. Député, mon rôle désormais est de défendre les intérêts de la population qui m’a donné mandat de la représenter au sein de l’Assemblée nationale. Une population qui vit dans la misère, la maladie, l’injustice, le chômage, la peur, la faim … et qui se recrute parmi les habitants de Lukunga, qui est ma base, et se dissémine sur tout le territoire national.

2.Le système éducatif congolais va mal. Quel serait, selon vous, les priorités du gouvernement dans ce secteur ?

L’enseignement congolais est au rabais. Cela n’est un secret pour personne. Et, les causes sont multiples et diverses. Cependant, si l’on veut administrer une thérapie qui puisse guérir ce mal, qualifions-le ainsi, le gouvernement devrait travailler en synergie avec tous les partenaires éducatifs pour trouver une solution efficace et durable. Et en priorité, il doit penser à l’amélioration des conditions de travail des formateurs, à la suppression de la prise en charge des enseignants par les parents. Les ingénieurs, les médecins, les avocats, et tous les intellectuels dont le pays a utilement besoin sont les fruits de l’enseignement. Cela tient donc de la gageure, car la formation des ressources humaines est un facteur essentiel pour le développement d’un pays.

3.Le programme du gouvernement a été approuvé par la Majorité, mais rejeté par l’Opposition. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

C’est l’expression même de la démocratie. Mais, quand on voit de près les critiques de l’Opposition contre le programme gouvernemental, elles se rapportent en gros sur l’absence de chiffres et de chronogramme. Le programme en soi dans ses différentes articulations politique, économique, sociale, ne pose pas problème. Et c’est là que réside la différence dans la méthodologie. A la Majorité, nous disons que l’on ne peut pas rejeter un programme gouvernemental qui permet de booster l’économie du pays et donne à celui-ci plus de chance de devenir un pays émergent. J’espère que lors de la présentation du budget le Premier ministre viendra avec des chiffres pour étancher la soif de l’Opposition. Néanmoins, il faut dire que l’Opposition dans notre pays ne joue pas le rôle qui est le sien. Au lieu de ramener la Majorité sur les rails en cas de dérapage, elle se fourvoie dans des contrevérités et des artifices pour discréditer le pouvoir en place auprès de la population.

4.Pensez-vous que le programme du gouvernement serait en mal face à l’impératif de la sécurité dans l’Est du pays, notamment au Kivu ?

Pas du tout. Le problème de la sécurité dans le Kivu et dans toute autre province préoccupe au plus haut point le chef de l’Etat, d’autant plus que la sécurité constitue un préalable dans la matérialisation de la Révolution de la modernité dont il est le géniteur. Aussi, la partie orientale est devenue le ventre mou de la République, où les multinationales et certains pays voisins font main basse sur les richesses minières, avec la complicité des groupes armés locaux et étrangers. Mais je crois qu’avec le pragmatisme et les qualités d’homme d’Etat que l’on reconnaît au président Joseph Kabila, le Kivu, en proie à l’insécurité, est en train d’être pacifié et la population vaque paisiblement à ses activités. Quant au volet social du programme gouvernemental, il ne serait pas mis en mal, parce qu’il s’agit de la volonté affirmée du chef de l’Etat, laquelle est portée à bout de bras par la Majorité présidentielle. Donc, nous, les députés de la Majorité, mettrons toutes les batteries en marche pour soutenir ce programme afin d’aider le gouvernement à réussir sa mission.

5.La population accuse souvent les députés de couper le pont avec la base, d’obéir au mot d’ordre de la plate-forme plutôt que de se préoccuper de leur misère. Est-ce que cela serait aussi cas ?

Non, c’est mal penser de réfléchir en ces termes. Il faut dire qu’un député est l’émanation du peuple dont il a reçu mandat de le représenter ou de défendre ses intérêts. Il vit dans la population délégante, recueille ses desiderata pour les transmettre au pouvoir public qui doit trouver des solutions appropriées. Mais si les députés adhèrent à des plates-formes, c’est pour le besoin de l’efficacité. L’union fait la force, dit-on. Mais le vrai problème, c’est le crédit confiance. Lorsqu’on délègue le pouvoir, il faut avoir confiance en la personne et accepter de faire des concessions. Quelle que soit son appartenance politique, le député travaille pour le bien-être de la population. C’est au niveau de la vision politique que demeure la différence entre députés de la Majorité et de l’Opposition. Trahir l’idylle avec la base, c’est ne voir plus loin que le bout de son nez. Quant à ma base, je promets que je serai toujours à ses côtés, à son écoute permanente ; et je me mettrai à travailler, à la limite de mes moyens, à la commission ou en plénière, à l’amélioration de ses conditions de vie.

(*) Député national

Propos recueillis par Pie Roger Iloko

 © Le Potentiel 2005

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