30.05.12 L'Observateur – Pour élaborer sa nouvelle Stratégie d’aide- pays pour la RDC

 De cette prestation, il ressort que les consultations sont bel et bien lancées pour se clôturer le 5 juin prochain. La Banque va disposer d’un document avec une vision interne avant début juillet. Après avoir peaufiné le projet de CAS par ses experts, la Banque compte présenter le document final sur le CAS de la RDC à son Conseil d’administration pour approbation vers octobre. Le calendrier pour l’élaboration de la troisième CAS de la RDC depuis 2001, pour les trois prochaines années, est ainsi très serré. La stratégie à élaborer identifie les secteurs où l’aide de la Banque peut contribuer plus à réduire la pauvreté. Au terme de cet exercice avec les Congolais et les partenaires techniques et financiers, la stratégie d’aide-pays produite ne sera pas une œuvre de la seule Banque mondiale.
Les parties prenantes (presse, secteur privé, société civile, provinces, groupes religieux, les universités, les partenaires techniques et financiers, le gouvernement, l’Assemblée Nationale,….) auront apporté chacune sa contribution dans l’élaboration de cette stratégie. A la clôture des consultations, une grande plénière sera organisée à l’Hôtel Memling de Kinshasa par la Banque mondiale pour faire le point et dégager les grandes lignes et leçons apprises. « Ce sera le compte rendu de tout ce que nous aurons entendu ». Ce travail ne sera fait par la Banque seul, celle-ci va associer des professeurs Congolais. L’accent sera focalisé sur les secteurs où la RDC doit faire des efforts pour bien exploiter ses potentialités.
 Le CAS doit contribuer à impulser la révolution de la modernité, pour permettre des progrès au plan économique pour réduire la pauvreté.« La croissance économique est importante pour réduire la pauvreté, mais faut-il encore mieux partager cette croissance. C’est bien de réaliser une croissance moyen de 5,8 % chaque année, mais c’est insignifiant par rapport au taux de croissance démographique de 3 % par an », a défendu le directeur des opérations pour la RDC. Selon lui, au –delà de ce que les consultations vont apporter, la Banque a une stratégie pour l’Afrique qui a comme pilier : la lutte contre la vulnérabilité, la résilience ou la faculté à résister aux chocs par le pays et la population, la gouvernance,…
Lors de ces consultations, un accent sera aussi mis sur les résultats de chaque projet en cours, projet après projet. En prélude aux échanges avec les parties prenantes, Eustache Ouayoro précise, d’ores et déjà, que les ressources financières sont limitées et le pays étant très vaste, la Banque sera très sélective dans le CAS à élaborer, en se basant sur ce qui est important. « Comment faire des choix ? » Le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC répond : « Chaque partie prenante va énoncer ses priorités pour les prochaines trois années. La Banque n’est pas experte en tout. Par rapport aux moyens, elle va se positionner.
La sélectivité de la Banque sera sectorielle et géographique en raison de l’étendue du pays… A terme, les décisions seront prises avec l’aide des autorités ». Nouvelle Stratégie basée sur les pôles de croissance Pourquoi avoir attendu longtemps avant de lancer les consultations pour la nouvelle stratégie, s’ il est vrai que la stratégie antérieure était arrivée à terme avant fin 2011 ? Selon Eustache Ouayoro, la Banque mondiale ne peut pas élaborer sa stratégie dans le vide. Il faut que le gouvernement ait d’abord sa propre stratégie ou DSCRP (Document de stratégie de réduction de la pauvreté).
 « Notre stratégie, c’est d’appuyer la stratégie du gouvernement. Or cette stratégie a été préparée et a été prête en novembre 2011. Quand elle a été prête il y a eu les élections. Et vous avez vu le temps que cela a pris avant d’avoir un gouvernement issu des élections. Maintenant que le gouvernement est en place, nous allons commencer les consultations pour la nouvelle stratégie d’aide-pays ». Par rapport aux stratégies passées sur la RDC, le directeur des opérations estime que les problèmes de la RDC sont déjà connus.
 « Je pense que ce qui est différent aujourd’hui c’est la manière de les aborder et comment la Banque devient plus en plus sélective. Il faut dire que par rapport au passé la RDC sortait des guerres. Tout était à refaire, remettre l’autorité de l’Etat, ..». Aujourd’hui, la nouvelle approche sera de bâtir des pôles de croissance. Ce sont des endroits où l’on peut démarrer une activité qui va entrainer le reste du pays. Cette approche est en phase avec le programme du nouveau gouvernement. Il ya cinq pôles de croissance identifiées. Mais, la Banque va se focaliser sur 2 pôles de croissance proche de Kinshasa, à Kikwit et Matadi et Boma.
Ce sont des endroits où l’on peut faire la différence en mobilisant l’ensemble de nos ressources et en utilisant n l’agriculture. C’est cela l’avantage comparatif de la RDC pour augmenter ses capacités de croissance. Il va être fait en sorte que les paysans et fermiers produisent davantage, avec des effets sur l’agro industrie, la facilitation du commerce transfrontalier et la création des emplois. Avec cette approche de pôles de croissance, ajoute Eustache Ouayoro, la RDC va régler le problème des infrastructures physiques et institutionnelles pour lutter contre la pauvreté et améliorer le climat des affaires pour rendre la vie facile au secteur privé.
Une autre rupture sera l’abandon de l’idée de travailler avec les unités de gestion des projets pour travailler avec les administrations ou ministères afin que l’Etat puisse disposer des capacités sectorielles. Dans la nouvelle stratégie de la Banque, il y a des éléments importants comme : le genre, la lutte contre le changement climatique, la promotion de la gouvernance,…Le rôle des femmes dans la société est une problématique essentielle. Pour mémoire, la Banque mondiale prépare une Stratégie d’aide-pays pour les pays qui contractent des prêts auprès de ses guichets.
La CAS a comme point de départ la vision que le pays a lui-même de son développement comme définie dans son DSCRP ou un dispositif dont le pays assume la paternité. Axée sur les résultats, la CAS est préparée en concertation avec les parties prenantes ci-haut citées. « Elle a pour objet de définir pour l’appui de la banque un programme sélectif qui soit lié à la stratégie de développement du pays et basé sur l’avantage comparatif dont bénéficie la Banque dans le contexte des activités des autres bailleurs de fonds ». La CAS est un document adapté aux besoins et au contexte du pays.
 Elle se focalise sur les priorités de développement identifiées par le Groupe de la Banque, ainsi que le niveau et le type d’aide que celui-ci entend fournir sur une période de trois ans. L’élaboration des CAS donne lieu à un processus participatif. Avant l’adoption de la stratégie, ses éléments clés font l’objet d’échanges de vues avec les instances gouvernementales et, pour assurer la participation la plus large possible, un processus de concertation avec le public ( société civile, secteur privé,…) et les autorités , est également mis sur pied. Didier Munsala Buakasa

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