04.06.12 Le Potentiel – Cinq questions à Serge Mayamba (*)

1. La désignation du porte-parole de l’Opposition se fait toujours attendre. Qu’en est-il au juste ?

Je suis de ceux qui voient les choses autrement. C’est pour ainsi dire que je ne suis pas d’accord avec ceux qui multiplient des déclarations laissant croire que les violons ne s’accordent pas d’autant plus que les différents regroupements de l’Opposition ne se sont pas encore retrouvés pour discuter de la question. Je crois qu’il n’y a pas discordance dans les déclarations. C’est plutôt la différence de perception. Il faut dire que nous sommes une opposition plurielle. C’est tout à fait normal que les opinions ne puissent être de même nature. Ce qu’il faut plutôt dire, ce que les différents groupes de l’Opposition sont en train de se réunir, mais en petit cercle. Moi je suis du groupe parlementaire UDPS/FAC, et à notre niveau, nous organisons un conclave dont les travaux continuent. C’est à l’issue de cette rencontre que nous allons nous prononcer sur la problématique de la désignation du porte-parole de l’Opposition. Ce qu’il faut encore ajouter, ce qu’on ne doit pas chercher à lier l’Opposition à cette contrainte du temps. Je crois que la loi, même si on a la volonté de l’appliquer, on est aussi appelé à la confronter aux réalités de terrain. Si certaines réalités s’imposent et font à ce que le porte-parole ne soit désigné dans le délai légal, je pense qu’il n’y a pas de problème. Le plus important c’est que l’Opposition finisse par dégager un consensus à ce sujet.

2. Selon vous, comment doit se faire ce choix ?

Je suis de ceux qui pensent qu’au regard de la grandeur de la responsabilité, le porte-parole de l’Opposition doit être cet homme jouissant d’un leadership avéré, d’une expérience éprouvée. C'est-à-dire quelqu’un qui a une connaissance du cadre macro et micro politique du pays. Il doit être un rassembleur. En tout état de cause, le porte-parole de l’Opposition doit être désigné par ses pairs. D’autant plus que lorsque les membres de l’Opposition auront à le désigner, ils le feront sur base des critères objectifs. Donc, c’est beaucoup plus la rationalité qui devra primer sur le choix du porte-parole. Telle est la recommandation que je formule à l’endroit de tous les responsables des partis politiques de l’Opposition.

3. Et si l’on retenait l’ordre d’arrivée des candidats à la présidentielle de 2011 parmi les critères ?

Je pense qu’il s’agit là d’un critère et non d’une condition sine qua non. Donc, quand l’Opposition va se retrouver, il y aura des discussions sur les critères. Et le choix sera fait sur base des critères arrêtés.

4. Si Tshisekedi se désistait, allez-vous soutenir Kamerhe ?

Je voudrais d’abord dire que le leadership du président Tshisekedi est incontestable. Si demain le président national de l’UDPS acceptait un choix qui serait porté sur lui, je serai le plus heureux. Mais, s’il renonce à cela, parce qu’il faut souligner également que le combat du président Tshisekedi tourne autour de son impérium. Nous sommes avec lui dans ce combat. Donc conséquemment, dans l’hypothèse où il refuserait cette proposition, nous allons nous soumettre au choix qui sera opéré par l’Opposition en se fondant sur les critères démocratiques.

5. Que répondriez-vous à ceux qui disent qu’il est trop tôt d’évaluer actuellement le débat politique à l’Assemblée nationale?

C’est vrai dans la mesure où l’Assemblée nationale constitue une école pour les députés qui viennent d’arriver comme nous. Elle constitue également le cadre qui vient conforter notre foi au combat pour la démocratie et le progrès social. Notre présence au Parlement nous permet de nous dire que nous avons à faire avec une majorité qui obéit au mot d’ordre à la place de réfléchir sur les questions importantes de la République. C’est une majorité qui est prête à voter pour une femme, parce qu’elle en a reçu la consigne, même si cette dernière est sur le podium. Par rapport à l’évaluation, je pense qu’il est trop tôt. Mais, nous constatons que les choses vont comme cette Majorité est en train de le vouloir. C’est ici qu’il faut souligner que le rôle de la minorité dans une démocratie au Parlement, est que cette minorité doit se présenter comme le garde-fou des intérêts de la population, l’œil de la population. Nous ne sommes pas là pour faire passer des lois avec une Majorité qui se comporte comme je l’ai dit tantôt. Nous sommes là plutôt pour faire comprendre au peuple la nécessité de faire l’alternance dans les jours à venir.

Propos recueillis par Pitshou Mulumba

(*) Député national

© Le Potentiel 2005

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