09.06.12 Le Potentiel – Lancement des coupures de 1 000, 5 000 et 10 000 Fc : Masangu rassure
Linjection dès le 2 juillet 2012 de nouvelles coupures de franc congolais (1 000, 5 000 et 10 000 Fc) a été commentée en sens divers au sein de lopinion nationale, craignant une résurgence des tensions inflationnistes. Il était donc temps pour la Banque centrale du Congo (BCC), autorité monétaire de la RDC, de calmer le jeu. Cest lexercice auquel sest livré hier vendredi le gouverneur de la BCC, Jean-Claude Masangu Mulongo, devant la presse.
Entouré de son état-major, dont le vice-gouverneur Bondombe, les deux directeurs généraux, Muderwa et Kayembe, ainsi que le directeur de lHôtel des monnaies, Ngonga, le gouverneur Masangu a été plus que « rassurant » devant la presse réunie dans la salle de réunion de lInstitut démission. «Je veux tout faire pour que nous puissions garantir la stabilité du cadre macroéconomique», a-t-il dit, comme pour barrer la route à tous les pêcheurs en eaux troubles qui prédisent déjà des flammées des prix de biens et services à la suite de linjection de ces nouvelles coupures.
Selon lui, tous les scenarii possibles ont été imaginés à la Banque centrale pour éviter que la mise en circulation de ces billets soit porteuse dinflation. Cest notamment, a-t-il indiqué, le temps mis par son institution pour procéder à ces injections, soit sept (7) ans dans la mesure où ces billets ont été imprimés et gardés en sécurité dans les coffres forts de la Banque depuis février 2005.
Le lancement de ces billets est donc, à en croire le gouverneur de la BCC, un processus mûri qui aura franchi toutes les étapes pour tout retournement brusque de la conjoncture, marquée depuis trois ans par une stabilité du cadre macroéconomique.
Pour lessentiel, la rencontre de Masangu avec la presse sest voulue avant tout pédagogique. Aussi, sest-il attardé sur les raisons qui ont milité en faveur de lélargissement de la structure fiduciaire de la monnaie nationale en insistant, notamment sur la nécessité et lopportunité de cet élargissement, la stratégie de lancement de nouveaux billets ainsi que les mesures dencadrement et les avantages attendus de cette restructuration.
Dentrée de jeu, il a fixé lopinion sur les prérogatives dévolues à la BCC telles que définies par la loi n° 005/2002 du 7 mai 2002 relative à sa constitution, à son organisation et son fonctionnement. Il a fait savoir que la mise en circulation de nouvelles coupures au 2 juillet 2012 tient à une logique. Il sagit, note-t-il, de répondre aux besoins de monnaie nationale au sein de léconomie nationale. Dans sa démarche, il a fait remarquer que la BCC névolue pas en solitaire. Car, «cette décision intervient après que linstitut démission a entrepris depuis 2002 plusieurs études sur lopportunité de réformer léventail fiduciaire. Elle intervient aussi après avoir sollicité et obtenu du gouvernement laccord de concrétiser ladite réforme».
Les raisons de la réforme
Plusieurs opportunités ont légitimé cette démarche, a dit Masangu. Cest essentiellement «laggravation de la dollarisation de léconomie à concurrence de 89,0% ; la déformation du processus de détermination des prix des biens et services ; la réduction de léventail fiduciaire de la monnaie nationale, lequel ne compte à ce jour que quatre coupures, à savoir les coupures de 50, 100, 200 et 500 Fc alors quil en comptait 11 en 1998 quatorze ans plus tôt ; laggravation continue du coût de fabrication et de distribution des billets de banque actuellement en circulation ; la réduction de la portée de la politique monétaire, car ne visant quune masse monétaire résiduelle en Franc congolais».
Pour le gouverneur Masangu, il y avait urgence. Et le choix de la période actuelle, marquée par une consolidation de la stabilité macroéconomique, était bien propice pour le lancement dune telle opération. «Lenvironnement macroéconomique est au beau fixe à la faveur des réformes structurelles opérées dans des secteurs clés de léconomie ainsi que du renforcement du cadre de mise en œuvre des politiques budgétaire, monétaire et de change», a-t-il relevé.
En effet, le taux de croissance est entre 5 et 7%. Ce qui accroît la demande de monnaie ainsi que les besoins des agents économiques en billets de banque adaptés pouvant faciliter le dénouement de leurs transactions. Le taux de change est, quant à lui, remarquablement stable autour de CDF 920 — 925 le dollar sur les trois dernières années. Les réserves de change sélèvent à 1 424,0 millions Usd, soit 8,06 semaines dimportation de biens et services à la date du 6 juin 2012. Et enfin, les finances publiques affichent un solde consolidé excédentaire sans précédent. Un autre fait important est lexpansion de lactivité financière ainsi que sa pénétration progressive dans différents coins du territoire national à travers lintroduction de nouveaux produits et services, notamment la monnaie électronique ou Mobile Banking.
Autant des raisons qui, pour le gouverneur Masangu, militaient en faveur du lancement de ces coupures en cette période précise. «Le contexte ci-dessus constitue donc le moment propice pour une mise en circulation des billets à valeurs faciales adaptées», a-t-il alors renchéri.
Stratégie de lancement
Mais, comment la BCC compte sy prendre pour éviter tout effet surprise ? A cet effet, Masangu a décliné la stratégie de lancement de ces nouvelles coupures et les mesures dencadrement prises au niveau de son institution.
La stratégie de lancement consistera, a-t-il révélé, en leur mise en circulation de manière graduelle tout en tenant compte du contexte et des cycles de léconomie congolaise, sans oublier létat psychologique de la population. En début dopération, le volume des billets de banque à émettre sera faible – soit 20 milliards jusquà fin 2012 – et ne touchera que les grandes villes, particulièrement dans les principaux pôles dactivité économique. Ces émissions se feront uniquement à travers les banques commerciales et non aux guichets de la Banque centrale, avec possibilité de poursuivre progressivement vers les autres centres urbains et ruraux, assorties démission de coupures de 50 et 100 Fc.
Limpact de ces nouvelles coupures sur le PEG 2 et la programmation monétaire a été également pris en compte, a rassuré Masangu. Tout repose, a-t-il déclaré, sur les garanties dune parfaite coordination dans la mise en œuvre des politiques budgétaire, monétaire et de change avec pour objectif de «pérenniser la stabilité du cadre macroéconomique, de préserver le pouvoir dachat de la population et de stopper toute forme de spéculation».
Cest par les avantages quoffrent ces nouvelles coupures que le gouverneur Masangu a bouclé sa conférence de presse. Ces avantages se résument notamment à la réhabilitation de la monnaie nationale dans ses trois fonctions traditionnelles (unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges) ; la lutte contre la dollarisation de léconomie nationale par lincitation du public à utiliser le Franc congolais ; la réduction des coûts de production, de stockage, de transport et de distribution des billets de banque que supporte lInstitut démission.
Par Faustin Kuediasala