« La Belgique doit assumer ses responsabilités en Afrique centrale » (B.Mampaka )

 Je regrette la timide
réaction de notre Ministre des Affaires étrangères face à la gravité de la
situation qui mérite mieux qu’une simple déclaration d’intention.
La seule intervention de la Belgique dans ce conflit doit-elle se résumer à interdire
les manifestations à Bruxelles, à brimer et à diaboliser les citoyens belges
d’origine congolaise qui réclament à tue-tête l’intervention de
notre gouvernement ? N’oublions pas que la Belgique partage plus de
80 ans de vie commune avec le Congo. Que le conflit congolais est le plus
meurtrier que notre planète ait connu depuis la seconde guerre mondiale avec
plus de 6 millions de morts.

 

 Ce chiffre inconcevable
aurait dû à lui tout seul alarmer la communauté internationale toute entière
depuis longtemps et la Belgique en premier. Cinquante ans après avoir été le
théatre d’épurations ethniques, de déplacements de population, de
massacres attisés entre Lubas et Luluas, Hutus et Tutsis, le Congo, le Rwanda
et le Burundi se trouvent aujourd’hui parmi les zones les plus enflammées
d’Afrique centrale.

 

Face à l’évolution
des relations entre la Belgique et ses anciennes colonies, ne devrions-nous pas
objectivement nous poser certaines questions existentielles ?

 

Pendant que des petits
nationalistes « s’entretuaient » pour le pois-chiche qui se
trouve dans leur assiette, le monde a évolué à toute allure avec
l’arrivée de la technologie de l’information. La géopolitique est
aujourd’hui conditionnée, influencée ou dirigée par le cours du pétrole,
du gaz et d’autres matières premières. Dans un monde globalisé, la
Belgique ne manque-t-elle pas d’une vision sur la scène
internationale ? Faut-il rappeler à nos diplomates des affaires étrangères
que la crédibilité de notre petite royaume sur la scène internationale avant et
après la seconde guerre mondiale était sérieusement renforcée par son
expertise, son influence et la manière de gérer ses relations avec ses
ex-colonies. L’élite belge qui ne trouve dans le drame qui dure depuis le
départ de Mobutu qu’un conflit tribal entre noirs n’aurait-elle pas
perdu la capacité de clairvoyance nécessaire à la défense des intérêts des victimes
innocentes et du peuple belge ?

 

Ce qui me trouble et
m’attriste, c’est de voir que les mêmes schémas traditionnels
coloniaux  se transmettent de père en fils. Il est temps que la diplomatie
belge se fixe des critères d’exigences dans la composition des hauts
fonctionnaires des affaires étrangères afin de se doter d’une capacité
d’analyse exemplaire à l’instar des USA, de la France et de l’Angleterre.
Ne serait-il pas judicieux d’associer et d’impliquer dans les
réflexions de géopolitique internationale l’élite de la diaspora
congolaise, burundaise et rwandaise sur des sujets ou naturellement ils
garantiraient intérêt de la Belgique tout en allégeant les souffrances de leur
pays d’origine ?

 

Pour ne pas abuser de
l’attention des lecteurs de cette note, je me dois de conclure
brutalement en disant qu’il est urgent que le Ministre des affaires
étrangères dépose sur la table du gouvernement une sanction immédiate à la
hauteur de la responsabilité de la Belgique par rapport aux Etats-Unis,
Allemands, Anglais et autres états démocratiques alertés par le drame humain en
cours.

 

Bertin
MAMPAKA

Vice-président
du Parlement bruxellois

Echevin
de la Solidarité internationale de la Ville de Bruxelles

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