07 08 12 CongoNews – Interview de Saïo Lisanga, l’Homme qui à dit non à la rencontre du palais de la nation

Vous
avez été invité à la concertation du Palais de la nation mais vous avez décliné
l’offre. Pourquoi ?


Nous avons voulu d’abord,
qu’on nous invite comme Forces acquises au changement. Nous devrions être
informés à temps pour réunir le groupe et lever l’option de l’opportunité de la
présence des Forces acquises au changement à ce rendez-vous. Nous devrions en
plus de cela avoir une idée sur l’ordre du jour de ces assises. Nous ne devons
pas aller échanger ou palabrer avec les institutions de la République sans
maitriser au préalable l’objet des discussions. Et, aussi, il fallait nous
inviter dans le respect.

 

Ces éléments que vous
évoquez n’ont pas été remplis ?

 

Non,
parce que nous avons été contacté par téléphone. Il fallait qu’on nous écrive
officiellement en indiquant l’ordre du jour.


Qui
vous a appelé. Est-ce le président de la République lui-même ?


C’est
une dame, qui se faisait passer tantôt pour conseillère à la présidence de la
République, tantôt pour collaborateur du ministre Lambert Mende. Qu’à cela ne
tienne, nous voulons comprendre, c’est quoi, ce groupe consultatif.


Vous ne
trouvez pas que vous vous mettez en minorité, parce que le MLC et l’USC étaient
présents avec Thomas Luhaka et Christian Badibangi ?


Quand
nous parlons opposition, nous devons tenir compte des groupes parlementaires. A
ce niveau, nous avons l’Udps-Fac, le MLC, l’UNC, l’Union des démocrates et
libéraux, tous avec leurs alliés. Si les deux personnalités politiques que vous
évoquez se sont présentées au nom de leurs forces politiques, tant mieux. Mais,
nous les FAC, nous ne pouvons pas accepter de répondre à une invitation pour
laquelle nous ne connaissons pas la raison.


Vu
l’urgence, la guerre à l’Est, ça ne demandait pas un certain dépassement de soi
en mettant de côté toutes ces conditions que vous évoquez ?


Oui,
mais nous n’avons pas que la guerre. Nous avons d’abord un sérieux problème de
légitimité du pouvoir dans notre pays. Si certains parlent de la guerre, nous ne
pouvons pas jeter dans les oubliettes la crise de légitimité au sommet de
l’Etat. Il y a aussi les préalables pour la tenue du prochain sommet de la
Francophonie. Tous ces dossiers réunis nous poussent, nous de la classe
politique de la RD.Congo aux concertations politiques afin de trouver une
solution à la crise. Nous devons dialoguer pour dégager des solutions, pas
seulement dans un seul secteur, mais dialoguer et résoudre les problèmes de
manière générale. La majorité qui gère par défi aujourd’hui, doit ensemble avec
l’opposition se mettre autour d’une table pour trouver des pistes de sortie de
crise. Nous avons toujours réclamé un dialogue, un dialogue élargi aux forces de
la société civile. C’est le pouvoir qui rejette le dialogue ou cherche à
l’organiser dans une logique de débauchage. Dans les concertations du groupe
consultatif, nous avons appris qu’il avait, au total, plus de quatre-vingt cinq
membres. Et, seulement deux personnes ont représenté l’opposition. Comprenez
que, c’est groupe consultatif est constitué à plus de 80% des membres de la
majorité.


Vous
souhaitez que Joseph Kabila propose un ordre du jour auquel, vous l’opposition
allez ajouter vos préoccupations. En ce moment-là, vous pouvez accepter un
dialogue ?


Nous
nous en tenons au dialogue national avec la finalité de décrisper le climat
politique dans notre pays. Le groupe consultatif national ne peut pas répondre à
cette exigence dans son format actuel. Seul le dialogue va nous permettre de
traiter tous les dossiers à la base de la crise politique point par point. La
meilleur formule sera seule de réunir les délégués de la majorité, de
l’opposition et de la société civile tous en face du président de la République.
Le tout, dans une représentation équitable.


Dans ce
cas, vous accepteriez que le M23 soit associé ?


Si
c’est pour mettre définitivement fin à la guerre, pourquoi le M23 ne sera-t-il
pas présent. Cependant, il ne faut donc pas que nous nous réunissons sous le
format du groupe consultatif national convoqué le week-end dernier. Il faut par
exemple constituer des équipes des délégués en groupe de quinze par
représentation. Quinze pour la majorité, quinze pour l’opposition et dix pour la
société civile. S’il faut maintenir le format du palais de la nation samedi, en
tout cas, je vous affirme que les Forces acquises au changement ne sentiront
nullement concernées.


Donc,
vous ne voulez pas vous impliquer dans le groupe consultatif qui est mis en
place ?


Nous ne
sommes pas représentés. Je ne suis pas au courant de ce que pensent les autres
forces de l’opposition, mais quant aux FAC, nous ne sommes pas impliquées dans
ce qui s’est passé le samedi.


Ce
qu’on vous reproche, vous, ce que vous manquez les initiatives. Maintenant que
Kabila a fait un pas, vous ne savez pas vous retrouver vous entant qu’opposition
pour parler d’une seule voix ?


Vous
avez vu qu’à l’arrivée de la ministre française de la Francophonie, les
opposants ont parlé d’une seule voix. Ceux qui prétextent la division de
l’opposition cherchent à geler la désignation du porte-parole de l’opposition.
Malgré toutes ces manœuvres, nous allons finir par désigner notre porte-parole.
L’opposition a toujours cherché à rencontrer le président de la République.
Mais, elle n’a pas reçu une suite favorable de la part du chef de
l’Etat.


Vous
voulez dire que Kabila est animé de mauvaise foi ?


Nous
constatons que jusqu’à ce jour, le rendez-vous entre le président de la
République et l’opposition n’a jamais eu lieu. Nous constatons par contre qu’au
lieu de s’attaquer à l’essentiel, on s’adonne à régler les à peu-près. Cette
même situation, nous la vivons au sein de l’armée avec des termes comme mixage
et brassage au lieu de former une armée républicaine et responsable.
Aujourd’hui, si le président de la République décide de rencontrer l’opposition
dans son ensemble, je vous assure que celle-ci sera présente avec toutes ses
revendications. Mais, chercher à faire impliquer les gens dans des discussions
d’une manière isolée, sans leurs donner le temps de consulter leur base, ce
n’est pas résoudre un problème.



 

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