14 08 12 Congo News – Kambinga donne -1 à Matata Ponyo

Germain Kambinga : "…Si le MLC n'a pas un candidat à ce poste là, moi je n'ai
jamais caché ma sympathie pour Vital Kamerhe…"

 


Comment jugez-vous les 100
jours du gouvernement Matata ?


Les cents jours du
gouvernement Matata confirment les appréhensions du MLC. Lorsqu'il venait
présenter ce qu'il appelait un programme, et qui pour nous, n'était qu'une
litanie de verbiages présentée à l'auguste Assemblée avec la simple conviction
que la majorité automatique, sur laquelle il compte, 'aurait, de toutes les
façons adoptée, le MLC avait parlé de la chronique d'un échec annoncé,
Aujourd'hui, nous sommes au grand regret, parce que nous sommes fils de ce pays,
de constater que nous avions raison.


Sur quels faits, vous
basez-vous ?


Deux faits justifient
cela. Premièrement, il y a un constat à faire d'abord sur le Premier ministre
lui-même. Après trois mois, nous constatons qu'effectivement, il y a eu une
erreur fondamentale de casting. Ce n'est as la personne idoine. Matata n'a pas
le profil pour aborder la problématique de la gestion, ou, si vous voulez, de la
direction de la RD-Congo en ce moment précis de l'histoire. Sur le plan
politique il y a un blocage total. Les députés, la classe politique, d'une
manière générale, ne lui reconnaissent aucune légitimité pour jouer ce rôle.
N'oublions pas que nous sommes dans un régime semi-parlementaire dans lequel,
normalement, le Premier ministre doit être le chef de la majorité, puisque le
chef de i'Etat ne répond pas devant le parlement. Est-ce que Matata Ponyo est le
patron de la majorité? Est-ce qu'il a été reconnu comme tel? Est-ce qu'il lui
est permis d'avoir cette magistrature morale nécessaire au rassemblement de
points de vue contradictoires.


Quelles conséquences en
tirez-vous ?


A cet égard, le Premier
ministre comme chef de la majorité doit être la personne qui garantit deux
choses essentielles. Premièrement assurer la contradiction dans les intérêts,
dans les visions, mais le tout se faisant ou se jouant dans un cadre
institutionnel bien établi. Comme il est incapable de jouer ce rôle-là au sein
de sa propre majorité, il se fait qu'il' n'est pas possible de savoir
aujourd'hui où est-ce que nous allons. Pire encore si nous prenons en compte les
contradictions dans l'ensemble de l'espace public avec l'opposition …


Est-ce que vous ne
trouvez pas que la guerre de l'Est est une raison pour l'exonérer un peu
?


Voilà pourquoi nous
parlons d'un problème de casting. Je peux même aller plus loin et dire que si
Muzito à 0/20, Matata est à moins 1. Le déficit de légitimité politique au sein
de sa majorité déjà entraîne une absence de magistrature morale nécessaire pour
être écouté de l'opposition. Le camouflet que Matata à la suite de la
convocation de la classe politique la démontre à suffisance. Sur le plan même de
la direction de l'Etat, Matata n'est pas dans la prospective. Au lieu de définir
des axes stratégiques pour l'avenir du pays, il perpétue une gestion très
familiale qui est de la responsabilité de l'administration. On n'a pas vu des
ouvertures ou des perspectives offertes, ou des inaugurations des chantiers des
réformes, des chantiers intellectuels, des chantiers moraux ou des chantiers
même en termes d'infrastructure ou des chantiers des reformes économiques
fondamentales qui auraient pu s'opérer pendant ces trois derniers mois. La seule
chose qui a été mise sur la table c'est l'accès à la TVA. Une mauvaise
reforme.

Pourquoi la jugez-vous de mauvaise, parce qu'en faite, cette
TVA rentre dans certaines contraintes qui nous imposent aujourd'hui l'adhésion à
l'OHADA?

Cette réforme est mauvaise puisque mal appliquée. Elle est
bonne, en théorie, parce qu'elle est supposée permettre la multiplication par
deux, par trois, des revenus fiscaux. Mais telle qu'elle a été organisée par le
système Matata, dans l'exécution, il n'y a aucune différence entre le
prélèvement de la TVA et celui de I'ICA. Pour qu'il y ait différence entre les
deux, il faut des reformes précises qui doivent être faites notamment au niveau
de la facturation et de la centralisation des données. Quand vous achetez votre
marchandise chez le commerçant, lorsqu'il vous remet votre facture avec TVA
écrite, au même moment, dans une centrale bien établie, ces données sont
collectées. Là, il y a possibilité de croiser les données, alors qu'en l'état
actuel, nous l'appelons TVA, mais en fait, dans l'application ce n'est que
l'ICA. Résultat, l'augmentation des recettes fiscales de l'Etat ne se fait pas
encore sentir de manière ostensible. Nous en voulons pour preuve, le rabattement
du budget 2012 de Matata de 8 à 7 milliards de dollars au niveau de l'Assemblée
nationale. A l'analyse de l'Assemblée nationale au niveau de la commission
économique et financière dont je suis membre, nous avons constaté que bien des
recettes étaient illusoires. Et en réalité, en  voulant masquer les déficits de
capacité de son gouvernement, ils a maquillé cela en mettant en exergue des
sources extérieures hypothétiques, Nous savons tous pourtant que ces ressources,
depuis près de cinq ans, ne sont jamais mobilisées à plus de 15pc. Les seules
mesures que Matata a prises se limitent au tape à l'oeil. Comme celle qui
consiste à déguerpir les gens sur les artères et le long des chemins de fer


N'était-il pas obligé de
passer par là pour préparer le projet de la restauration du transport urbain
ferroviaire ?


Toute politique publique
doit être consciente, cohérente et finalisée. La conscience c'est avoir la
pleine mesure des conséquences, des actes qu'on pose. La cohérence c'est
l'équilibre entre les objectifs et les moyens. La finalisation c'est la capacité
d'aller jusqu'au bout. Cette mesure ne repose sur aucune conscience
particulière.


Vous dites qu'il faut
casser, c'est très bien. Et toutes ces personnes là, qui vivaient de leurs
petites activités, qu'est-ce vous en faites avec un taux de chômage déjà élevé à
94pc. Toutes ces mères de famille qui éduquent leurs enfants à la place d'un
Etat démissionnaire, tous ces jeunes qui ont trouvé un exutoire à la facilité
des antivaleurs qu'est-ce que nous en faisons? Quelles sont les solutions
alternatives? La conscience, en l'occurrence, à l'heure nous aurions
effectivement amorcé une politique de normalisation du commerce en Rd-Congo,
aurait poussé à prendre à bras le corps le problème de fond, le problème du
secteur informel.


Qu'est-ce que le MLC
aurait fait à la place ?


Considérer qu'à court
terme, il ne leur était pas possible de résoudre le problème de chômage et
d'offrir les alternatives. Donc il fallait exploiter cette capacité
entre…


Comment par exemple ?


A Kinshasa, il y a à
peu près plus de trois cent quartiers. Ouvrir des espaces commerciaux dans ces
tous trois cent quartiers, préalablement. Cela aurait coûté au bas mot 30
millions de dollars américains, et c'est qu'il dépense pour ce projet. Nous
avons la main d'œuvre identifiée dans les quartiers, vous avez des papas Jean,
des papas Paul qui sont des bons charpentiers, des jeunes gens qui sont des bons
maçons. Ne passons par les procédures d'appel d'offre qui, ensuite, se termine
dans l'opacité. Faisons agir les gens au cœur de, la cité. L'idée est d'intégrer
les concernés eux-mêmes dans le processus; ils auront trois mois pour terminer
les ouvrages, et c'est faisable. C'est les hangars, c'est l'espace étable, ça
existe ces endroits dans toutes les communes, dans tous les quartiers de
Kinshasa. Vous les faites en trois mois, et vous avez réalisé deux objectifs.
L'objectif économique qui sera de ramener tous les ambulants et autres marchands
de rue dans ces endroits. L'objectif social qui aura été, pendant un moment, de
remettre les jeunes en activité, et de faire en sorte que les uns et les autres
s'approprient le processus. Si vous voulez, de la normalisation de la vie
socio-économique de l'espace dans lequel ils vivent. Ainsi, l'Etat garde sa
conscience morale de la patrie mère des uns et des autres, consistant à dire,
nous ne vous enlevons pas votre pain de la bouche puisque à contrario, nous
n'avons rien à vous offrir. Nous n'aurions pas commencé par faire semblant de
nettoyer la capitale qui est encore plus sale encore que
jamais.

Comment trouvez des millions de dollars à investir quand la
sécurité à l'Est demande plus dans la gestion ordinaire de l'Etat
?


Nous sommes tous dans ce
pays. Nous savons comment les questions de la guerre de l'Est sont gérées. C'est
Joseph Kabila et ses Généraux qui gèrent cette guerre. Matata n'est pas impliqué
dans le processus, ni dans cette chaîne là. D'ailleurs, il n'en a pas les
capacités, en réalité. Matata aurait dû montrer sa volonté d'en terminer avec
cette guerre en nous présentant un budget dans lequel, la quotité réservée à
l'armée aurait été significative. Son budget ne reflétait pas la nécessité de
résoudre la problématique de la guerre à l'Est. C'est l'Assemblée nationale qui
a fait des réajustements à ce niveau augmenter cette enveloppe. Il y a eu une
visite médiatique à l'Est pour faire bien dans l'image, mais, en pratique,
Matata n'a aucune maîtrise de cette question. C'est d'ailleurs pour ça que
l'opposition dans sa déclaration d'hier a considéré que c'était une perte de
temps d'aller discuter avec lui de ces questions là puisqu'il n'avait pas des
outils, il n'avait pas la maîtrise du sujet. Le garant du territoire national,
celui qui va rassembler le peuple rd-congolais aux termes de l'esprit même de
notre Constitution, c'est le Chef de l'Etat. Donc, Matata ne peut prendre la
guerre comme une excuse.


J'ai comme l'impression
que le grand reproche que vous faites à Matata, c'est de ne pas être un
politicien professionnel…


On n'a pas besoin d'être
politicien professionnel, parce que parler ainsi c'est un peu comme si on
voulait considérer qu'il y avait une séparation à faire entre l'efficacité dans
la gestion d'un Etat et la politique telle que nous la pratiquons en RdCongo.
Les politiciens doivent être les meilleurs experts. Ma conviction personnelle
est la suivante, pour gérer des entreprises privées comme Coca-Cola
international et autres à l'étranger, on a besoin des meilleurs. Alors qu'il
s'agit de la gestion des intérêts privés, combien faudrait- il alors de
compétences supérieures pour gérer un Etat qui ne sert pas des intérêts privés,
mais plutôt des intérêts du plus grand nombre, des intérêts de l'ensemble pour
le présent, mais surtout pour l'avenir.


Donc la compétence doit
être au cœur de la politique. D'où, les reproches qui sont faites à Matata, Ce
n'est pas le fait de ne pas être un politicien professionnel. Mais c'est fou!
Matata est bel et bien un politicien, professionnel. Puisque ça fait des années
qu'il tourne autour des enjeux politiques. Mais ce qu'on lui reproche, c'est de
ne pas être à la hauteur de la tâche qui lui a été confiée, et surtout de ne pas
donner les signaux attendus pour un nouveau départ. Gouverner, ce n'est pas des
déclinaisons froides de théorie de gestion, mais c'est offrir des perspectives,
donner un rêve à un peuple, le rassembler autour d'une vision, et mettre la
République débout. Et ça c'est possible. C'est pourquoi en démocratie on parle
de 100 jours. C'est le temps nécessaire suffisant pour que les uns et autres se
fassent une opinion. Matata s'est enfermé, si vous voulez, dans un narcissisme
dont la justification lui seul la connaît, et, aujourd'hui, il est entrain
d'échouer et, nous espérons que, très rapidement, cette erreur de casting sera
corrigée.


Parlons un peu du MLC.
Vous sentez-vous un peu orphelin avec l'absence de Jean Pierre Bemba ?


Résolument ! Résolument !
Vous savez la politique en Afrique, et dans nos sociétés Bantous, d'une manière
générale, elle est incarnée. C'est vrai chez nous, mais je crois que c'est vrai
aussi généralement à l'étranger, et même dans les civilisations démocratiques
plus évoluées que la nôtre, pare ce que diriger une nation, comme disait le
général De Gaul, c'est une rencontre mystérieuse entre un homme, un peuple et
son histoire. Et cette rencontre mystérieuse, elle a eu lieu, pour notre part,
et nous en sommes convaincus, entre Bemba et le peuple rdcongolais en 2006.
C'est une histoire d'amour qui a été abrégée par les soubresauts de l'histoire.
Nous avons fait face à une forte adversité. Donc oui, nous sommes nostalgiques;
oui nous sommes orphelins; oui nous souffrons de l'absence du sénateur Jean
Pierre Bemba, mais oui, et deux fois oui, nous espérons en son retour, parce que
nous sommes convaincus que ce lien invisible, mais tellement solide, qui lie la
vision qu'il avait, lui le personnage politique et le peuple rdcongolais, est un
lien qui, demain, si Dieu est avec nous, nous permettra de diriger ce pays et
d'offrir des véritables perspectives. Les conséquences, vous les avez vécues
comme nous, entant qu'analyste politique, toutes les difficultés auxquelles le
MLC a dû faire face. Lorsque l'espoir s'éloigne, ne reste autour du temple que
les véritables templiers, ceux qui ont vocation à rester là jusqu'à la fin.
C'est la raison de différents départs. Notre rôle à nous, ce petit groupe,
finalement resté fidèle à cette vision, à cette espérance, c'est de continuer à
professer les perspectives meilleures. C'est de nous battre face à une adversité
très difficile, et toujours faire entendre notre voix pour rappeler au peuple
qu'ensemble nous avions un rêve, qu'ensemble nous avons un chemin, qu'ensemble
nous pouvons encore y arriver. Le MLC, je crois, a perdu énormément, mais a
surtout fait la fierté de cette nation; parce que, très peu de partis
politiques, dans l'environnement rdcongolais, auraient pu survivre à cinq ans
d'absence de son leader, à l'effritement progressif, des perspectives, mais
rester finalement, tout de même, solide autour de sa vision.


Mais on dit que son procès
pourrait prendre encore deux à trois ans …


En réalité il ne reste
plus qu'une seule phase. C'est l'audition des témoins à décharge. Ceux de Jean
Pierre Bemba. Ça devrait prendre huit mois. Grosso modo, et à partir de huit
mois, il faudrait compter peut être deux à trois mois, maximum, pour les
premières délibérations, à savoir les résultats des juges en première instance
en tout cas. Donc ce n'est pas trois ans. D'ici un an, au maximum, le MLC et
tous ceux qui espèrent en son leader, devraient avoir des réponses précises
quant à la suite de l'avenir politique du sénateur Jean Pierre
Bemba.

On a l'impression que l'absence de Bemba a créée des sérieux
problèmes de leadership chez vous. Un matin Kabila convoque les opposants au
palais de la nation, Thomas Luhaka répond; son second Jean Lucien Bussa, fait
des déclarations sur les médias pour dire que les structures officielles du
parti n'ont pas été saisies. Qu'est-ce qui se passe au MLC ?


Ma conviction est toute
simple. Il y a un leader au sein de notre parti, c'est le sénateur Jean Pierre
Bemba. Nous sommes ces collaborateurs au sein du comité exécutif national, mais,
il y a un président national actif. Il n'y a pas deux chefs au MLC…


Oui, mais on comprend qu'à
son absence maintenant que le SG prend des engagements, et le SG adjoint dit que
les structures officielles …


C'est pour vous dire qu'en
réalité personne ne peut engager le MLC en dehors de Jean Pierre Bemba qui
reste, jusqu'en 2015, le président actif du MLC. C'est lui qui donne les ordres,
c'est lui qui signe. Donc nous exécutons les décisions du sénateur jean Pierre
Bemba, parce que les statuts sont clairs. C'est lui qui donne la ligne
politique, c'est lui le président national. Maintenant, l'absence physique peut
causer effectivement un certain nombre de difficultés, surtout lorsqu'il y a des
soucis de communication. Il y a eu certainement un souci de communication par
rapport à l'épisode auquel vous faites allusion, où un cadre du MLC est allé
représenter le parti à une rencontre sans que d'autres n'en soient directement
informés, en tout cas de manière formelle. Les uns et les autres n'ayant pas
communiqués, cela a causé une certaine incompréhension. Nous le prenons à notre
compte. Nous devons améliorer la communication au sein du parti. Il y a une
réunion d'harmonisation à ce sujet, pare ce qu'effectivement il ne faut pas
prêter flanc au fouet. Nous avons déjà suffisamment des difficultés comme ça,
pour en rajouter de par nous même. Donc le souhait qui est le nôtre ce
qu'effectivement ce type de contradictions ne soient plus d'actualité. Nous
avons essayé d'harmoniser et nous avons bon espoir que les' circuits de canaux
de communication vont bien fonctionner la prochaine fois.

Le MLC a de l'ambition, on
parle de la candidature de Thomas Luhaka comme porte-parole de l'opposition.
Etes-vous prêt à vous battre pour…

Je crois que le MLC en
tant que structure n'a pas encore levé d'option à ce sujet. Dans notre approche
stratégique, nous attendons d'abord de finaliser avec la question de règlement
intérieur. Ensuite de voir la configuration générale du problème de convocation
ainsi de suite. Et seulement à ce moment le MLC doit statuer. Pour l'instant,
des ambitions se manifestent. C'est légitime. J'ai effectivement eu l'occasion
de suivre Thomas Luhaka qui a manifesté son souhait de se porter candidat. Le
parti comme d'habitude à travers son bureau politique statuera sur la question
pare ce qu'il pourrait être y avoir d'autres candidatures. Nous sommes un parti
démocratique. Et dans cette hypothèse là, lorsque ce moment arrivera, le parti
va statuer sur le sujet. Maintenant, on ne peut pas denier à quelqu'un le droit
d'avoir une ambition politique.


Quel
est le parti dont vous vous ressentez le plus proche? Beaucoup disent que la
plupart des cadres du MLC sont très proches de Vital Kamerhe.

Si
le MLC n'a pas un candidat à ce poste là, moi je n'ai jamais caché ma sympathie
pour Vital Kamerhe. Je crois qu'il faut être objectif. En l'absence d'Etienne
Tshisekedi, le porte-parole pour moi c'est un poste qui doit être incarné par
soit un parti politique fort qui peut faire lever le peuple, soit par un homme
qui peut porter les espoirs pour l'alternance. Si on veut y faire un poste
fonctionnel qui consisterait simplement à servir au décaissement du fameux
budget, nous n'aurons pas fait un grand pas. Voila pourquoi j'ai la conviction
que si le MLC devrait présenter son candidat, je le soutiendrais, mais si le MLC
n'a pas de candidat, en tant qu'acteur politique, je donnerai ma voix sans
hésiter à Vital Kamerhe, J'ai la conviction qu'il pourrait apporter une
contradiction suffisamment forte au président Joseph Kabila et à son camp pour
réveiller les masses et susciter une espérance en terme
d'alternance.


Comment jugez-vous la
situation politique globale du pays? Certains disent que Kabila est presqu'au
bout et qu'il ne sait pas ce qu'il faut faire. Et dans l'entre-temps, vous de
l'opposition vous continuez à refuser la main qu'il vous tend.

J'ai
comme triptyque le dialogue, la tolérance et la paix. Voila ce que devait être
le triptyque de tout dirigeant politique dans une démocratie naissante comme la
nôtre. Le dialogue en démocratie doit être permanent. Dans un pays comme le
nôtre la problématique se pose avec acuité. Parce qu'en réalité en Rd-Congo,
l'antithèse de la démocratie au moment où nous parlons, ce n'est plus un régime
autoritaire, mais c'est la guerre. A considérer cette trilogie, le chef de
l'Etat doit être avant tout un homme de dialogue. Dialogue, avec les acteurs
politiques, mais dialogue aussi avec le peuple.


Le peuple doit l'entendre,
comprendre, savoir où est-ce qu'il mène la nation. Ce n'est pas simplement par
des communications intermédiaires que le peuple identifiera la vision de son
chef. On est au moment où l'exaltation de l'idéal nationaliste, du patriotisme
est plus que jamais essentielle; la fédération des points de vue est plus que
jamais nécessaire, mais pour ça, il faut que le chef dialogue avec son peuple.
Le chef doit dialoguer … engager un dialogue franc avec la classe
politique.


Quand vous dites franc,
quelles en sont les conditions ?


Cela veut dire que
lorsqu'il y a un enjeu majeur, il faut appeler à une fédération des
intelligences, à un rassemblement pour la nation et non pas à des ralliements.
Pour cela, le dialogue doit être franc et bien établi. Pour cela, on ne convoque
pas la classe politique la veille, à minuit pour espérer les autres le lendemain
matin. On prépare, on lance le débat. On dit ce qu'on veut faire. Les uns et les
autres apportent leurs contributions préalables, et lorsque ce dialogue est
ouvert, les uns et les autres savent qu'il n'y a pas d'agenda caché, la
population sait que l'opposition ne va pas trahir ses intérêts, la majorité sait
que l'opposition ne vient pas pour prendre sa place. Et là, on travaille dans la
transparence. Voila pourquoi nous pensons que le dialogue franc qui est
nécessaire en cette période, n'a pas encore été inauguré, mais il n'est pas trop
tard. Le chef de l'Etat a encore toute la latitude d'inaugurer ce double
dialogue avec la classe politique et les forces vives de la nation, mais aussi
et surtout avec son peuple.

H.M. MUKEBAYI NKOSO

 


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