18.09.12 La Prospérité – Samy Badibanga pour une rencontre Hollande-Tshisekedi !
*Longtemps, Samy Badibanga a gardé le silence, à linstar de son mentor, Etienne Tshisekedi, si avare de parole. «Le silence du chef», comme on a coutume de dire à LUDPS. Ce silence, il vient de le rompre avec une interview à Jeune Afrique, le plus grand magazine panafricain basé à Paris, dans son édition 2697 du 16 au 22 septembre 2012. Lentretien a eu lieu au 57, rue dAuteuil, le siège du magazine à Paris. Le président du groupe parlementaire UDPS/FAC a répondu aux questions de lun des interviewers chocs du groupe, le journaliste français Philippe Perdrix.
Pour une première sortie, cest un coup de maître. «Nous retrouvons notre frère comme nous laimons, aimant son pays, perspicace et fidèle à notre idéal de lutte», déclare Fabien Mutomb, le charismatique député de Lubumbashi et président fédéral de lUDPS/Katanga. Dabord, à propos du sommet de la Francophonie, il plaide pour que François Hollande rencontre Etienne Tshisekedi. «Cest le souhait que je formule. Le poids politique dEtienne Tshisekedi est sans commune mesure avec celui des autres leaders de lopposition. Je madresse donc à François Hollande pour quil linvite dans le cadre dun entretien bilatéral», déclare Samy Badibanga.
Toutefois, il fait preuve dune perspicacité intellectuelle pour démêler le refus de lUDPS de la tenue du sommet de la Francophonie à Kinshasa, et la demande dun entretien Hollande-Tshisekedi : «La décision quant à la tenue de ce sommet ne nous appartenait pas. A présent, nous navons pas intérêt à nous mettre en rupture avec les Chefs dEtat qui vont venir». Quant au conflit qui prévaut à lUDPS pour savoir sil faut siéger ou pas dans les institutions, Badibanga précise dabord : «laissez-nous gérer nos problèmes internes». Avant dajouter : «Nous voulons tous la vérité des urnes.
Les uns veulent récupérer la présidence ; je préfère miser sur lopposition parlementaire pour contester les résultats du scrutin de novembre». Au final, M. Badibanga a placé la barre très haut, en réussissant une sortie à linternational ; et conforte ainsi sa classe internationale. Mieux, il fait montre dune présence et dune agilité intellectuelle qui forcent lestime, et que les Congolais vont apprendre à mieux connaître dans les tout prochains jours. Notamment lors des conférences de presse quil va animer lors de la campagne pour le poste de porte-parole de lOpposition.
Chef du premier groupe parlementaire dopposition, il reste confiant en sa victoire : «je pense rassembler une majorité des parlementaires de lopposition. (…) LUDPS est la première formation de lopposition, il est donc normal que ce poste lui revienne», déclare-t-il. Ci-après, lintégralité de linterview de Samy Badibanga à Jeune Afrique. Jeune Afrique : Le sommet de la Francophonie se tiendra à Kinshasa en présence de François Hollande, qui rencontrera Joseph Kabila. Un entretien avec Etienne Tshisekedi est-il prévu ? Samy Badibanga : Cest le souhait que je formule.
Le poids politique dEtienne Tshisekedi est sans commune mesure avec celui des autres leaders de lopposition. Je madresse donc à François Hollande pour quil linvite dans le cadre dun entretien bilatéral. LUDPS était contre ce sommet et demandait sa délocalisation. Aujourdhui, vous lavalisez avec cette rencontre que vous réclamez sans même avertir Tshisekedi ! La décision quant à la tenue de ce sommet ne nous appartenait pas. A présent, nous navons pas intérêt à nous mettre en rupture avec les chefs dEtat qui vont venir. Sur le deuxième point, laissez-nous gérer nos questions internes… A ceci près que la confusion est également de mise quant à la position de lUDPS face au pouvoir.
Les faucons militent pour le boycott des institutions, les modérés siègent à lAssemblée nationale, Tshisekedi reste silencieux… Nous voulons tous la vérité des urnes. Certains veulent récupérer la présidence ; je préfère miser sur lopposition parlementaire pour contester les résultats du scrutin de novembre. Mais il ny a pas de divergences de fond. Tshisekedi est dans son rôle lorsquil dénonce un hold-up électoral. Moi, je mène la bataille au sein des institutions : nous ouvrons plusieurs fronts. Cest stratégique. Mais tout le monde a tourné la page des élections, à défaut davoir reconnu les résultats. Le gouvernement et le Parlement travaillent, François Hollande vient à Kinshasa…
Oui, mais à force de privilégier lordre à la justice, la défiance vis-à-vis de la politique atteint un niveau dangereux. En RD Congo, elle est porteuse de guerres et de conflits. Il suffit de voir ce qui se passe dans lEst du pays. Lélection a été catastrophique et Kabila a un problème de légitimité. Ce serait une erreur de faire comme si la crise nexistait pas. François Hollande a dit que la Francophonie nétait pas seulement une langue, mais aussi des idéaux et des principes démocratiques. Autant le faire savoir ! Concrètement, que demandez-vous ? Un dialogue national…
Avec Joseph Kabila comme président de la République ? Avec Joseph Kabila. Vous multipliez les propositions à titre personnel. Votre candidature pour le poste de porte-parole de lopposition vous donne des ailes. Sauf que vous navez pas le soutien affiché de Tshisekedi… Ce sont tous les parlementaires de lopposition qui doivent choisir leur porte-parole, et je pense rassembler une majorité dentre eux. Le président Tshisekedi a seulement dit que cette affaire ne le concernait pas. Cest son droit le plus strict. Mais lUDPS nest pas divisée. Mieux : elle est la première formation de lopposition. Il est donc normal que ce poste lui revienne. Propos recueillis par Philippe Perdrix
La Pros.