01.10.12 Le Potentiel – Cinq questions Malisi Malisawa Paluku (*)

1. Un mini-sommet vient de se tenir à New York sur la RDC et la région de Grands Lacs africains. Le président a prononcé un discours à la tribune des Nations unies. Quelle leçon en avez-vous attiré ?

Si je tiens compte des articles 41 et 42 de la Constitution qui stipule, je cite « les pouvoirs publics ont une obligation d’assurer une protection aux enfants en situation difficile et de déférer devant la justice les auteurs et les complices des actes de violence à l’égard des enfants. Les pouvoirs publics ont l’obligation de protéger la jeunesse contre toute atteinte à sa santé, à son éducation et à son développement intégral ». Fin de citation. J'insiste beaucoup sur ces deux articles parce que je ne comprends pas le président n’a pas cité et condamné ceux-là qui font que les enfants et la jeunesse du Nord-Kivu soient abandonnés au vent, restent à la maison et déplacés sans possibilité d’aller à l’école.

Au regard de cet alinéa, je dirais que la déclaration de l’Autorité morale de la Majorité présidentielle a été complaisante vu qu’elle a semblé libérer les agresseurs. Elle a semblé démentir la thèse de l’agression dont le pays est victime de la part du régime de Kigali (Rwanda) pour son soutien avéré au Mouvement du 23 mars (M23). L’autorité morale de la Majorité n’a pas prononcé un discours de fermeté, qui prouve que l’Etat congolais est victime d’une agression par les voisins. Il a plutôt insisté sur des ambitions égoïstes, communautaristes comme si ce sont ces situations qui seraient à la base de la guerre qui sévit dans l’Est du pays ; celle qui est en train de nuire, de faire du mal au développement et à l’épanouissement de la jeunesse du Nord-Kivu. Je suis simplement déçu par ce discours complaisant, qui manque de patriotisme.

2. Qu’attendre donc de ce mini-sommet, surtout que l’UA a déjà innocenté le Rwanda de toute implication dans le drame du Nord-Kivu ?

Les résultats de New York. Mais que voulez-vous que je vous dise alors nous sommes désolés par cette attitude de l’UA qui se montre favorable à l’endroit de l’agresseur de la RDC, allant jusqu’à demander qu’il y ait négociation avec l’agresseur. Or, négocier avec son agresseur équivaut à lui faire trop d’honneur. Aux Nations unies, à partir du discours de celui de qui j’attendais une fermeté, une condamnation, un signe de passion pour le pays et tout ceci n’est pas arrivé, je présume déjà que ces assises ne produiront qu’un avorton.

3. Que faire au plan interne pour faire avancer la cause nationale ? Et comment l’Opposition entend-elle se déterminer face à cela ?

Effectivement, nous devons continuer à dénoncer la complaisance qui entoure la gestion de la question de guerre au Kivu. Je regrette que le président de la République ait raté cette occasion de tenir un discours ferme à l’endroit de l’agresseur. Ce manque de passion pour celui qui disait toujours qu’il fallait avoir la passion pour ce pays est inexplicable. Car quand il parle d’une cohésion qui était en train d’être établie et qui serait détruite par des ambitions communautaristes et égoïstes, je me dis que l’Autorité morale de la Majorité a administré une gifle aux communautés véritablement originaires du Nord-Kivu. Quant au deuxième volet de votre question, il existe une motion orientée vers certaines têtes des organes et institutions du pays. Avec le dernier développement de l’actualité, l’Opposition va encore se montrer très dynamique en prouvant qu’elle est réellement la composante qui exprime les aspirations de la population

4. A quand la désignation du porte-parole de l’Opposition et dites-nous comment se fait la gestion des ambitions au moment où des voix discordantes se font entendre parmi les membres ?

La désignation du porte-parole de l’Opposition est imminente, ce n’est pas un discours démagogique, car nous venons de recevoir les amendements du règlement intérieur de l’Opposition en provenance du Sénat. Ce qui prouve que nous réalisons du chemin dans la démarche qui aboutira à la désignation du porte-parole de l’Opposition. Cela prend du temps parce que nous voulons produire un travail de qualité.

La gestion des ambitions, c’est une question de convention. Notre souci premier est le bien-être de la population qui a fait de nous de missionnaires, de représentants, de porte-voix. Il y a un groupe parlementaire de l’Opposition dont le chef spirituel sera désigné comme porte-parole et qui sera soutenu par toute l’opposition. Il va collaborer avec d’autres membres qui émaneront des autres groupes parlementaires. Donc, le porte-parole travaillera en collèges, il y aura partage du service, du travail. Ce ne sera pas l’image d’un pouvoir qu’on gagne et qu’on veut gérer seul, mais un pouvoir qu’on va assumer parce qu’il sera non seulement au profit de l’Opposition mais aussi et surtout de la population.

5. Un projet de loi du gouvernement se penche sur la restructuration de la CENI et surtout sur la répartition des responsabilités entre forces politiques et sociales en présence. Votre commentaire.

C’est bon que cela soit ainsi. Nous l’avons longtemps souhaité, chaque fois que nous nous sommes retrouvés en face de l’équipe a dirigé la CENI. Nous ne cessions de réclamer sa retructuration parce qu’elle a commis beaucoup d’irrégularités et entorses qui méritent d’être sanctionnées ou corrigées. Nous avons reçu le texte dans lequel le gouvernement propose, au lieu de 7 membres, que le bureau de la CENI en compte 11. Et nous allons nous entendre sur le choix de postes, mais déjà nous sommes heureux que des postes aient été attribués à la Société civile, ce que nous avons toujours souhaité. Nous pensons qu’avec cette restructuration, cette fois-ci, l’organe va éviter de tomber dans les erreurs qu’il venait de commettre lors du double scrutin de novembre 2011.

(*) Député national, élu de Butembo

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