Livres : focus sur la lutte du Dr Denis Mukwege
Une conférence-débat s'est tenue le 8 novembre à Wallonie Bruxelles International, sise place Sainctelette, autour de la présentation de « L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du Docteur Mukwege », de Colette Braeckman. Paru le 30 octobre dernier, le nouvel ouvrage de la journaliste belge Colette Braeckman figure dans la « Collection Témoignage » des éditions André Versaille. À lui seul, le titre de l'ouvrage rend déjà témoignage de la noble tâche que menait, il y a encore un mois, au quotidien l'initiateur du réputé hôpital de Panzi. En effet, suite à la tentative d'assassinat dont il avait été victime à son domicile de Bukavu le 25 octobre dernier, le gynécologue congolais séjourne actuellement en Belgique.
La semaine dernière, le médecin-chef de l'hôpital de Panzi indiquait son vif souhait de revenir « le plus tôt possible » au pays à condition que sa sécurité soit assurée. Ce vœu est d'autant plus compréhensible que, comme le relève bien Colette Braeckman dans on ouvrage, le Dr Denis Mukwege porte secours aux femmes de la contrée depuis quinze ans. Il est ainsi journellement occupé à cette« urgence qui dure : vagins détruits et âmes mortes ». Si elle le dit de la manière la plus simple : « Le gynécologue coud et répare. À mains nues, il se bat contre le viol, cette arme de guerre qui mine toute une société », l'on s'imagine cependant toute l'implication que cela comporte. C'est là la description du combat de sa vie qui, du reste, retient l'attention des instances internationales.
L'octroi du prix des droits de l'Homme en France et du prix Roi Baudouin pour le développement 2011 traduisent la considération accordée à cette démarche d'ordre humanitaire. À cette reconnaissance internationale s'ajoute la volonté d'Andris Piebalgs de joindre « un signal fort de soutien à son action formidable ». La pensée du commissaire européen chargé du développement a trouvé un écho auprès de Kristalina Georgieva, sa consœur chargée de l'aide humanitaire. Pour sa part, elle a fait part de la décision de l'Union européenne d'accroître son aide à la RDC, nous renseigne l'AFP.
En 160 pages, « L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo : le combat du docteur Mukweg » plonge le lecteur dans le contexte particulier de travail de cet homme qui a choisi de se battre pour redonner espoir aux femmes. En effet, il est question de « ce Kivu paradisiaque devenu un enfer », souligne-t-on. Par-dessus tout, l'ouvrage « doit sa force aux regards croisés aux deux témoins de premier plan » que sont Colette Braeckman et Denis Mukwege, indique l'éditeur. La journaliste que l'on sait passionnée de la RDC s'arrête « sur les séquences du désastre » à travers « un rappel historique indispensable ». Une fois le décor ainsi planté, « elle nous invite ensuite à démêler les mobiles des seigneurs de la guerre, fait écho à la souffrance des femmes, leur rend hommage… Sa plume ‘‘trahit'' sa colère, son écœurement, sa compassion », nous dit-on. Pourtant, la journaliste qui ne peut s'empêcher d'être des fois « désenchantée et révoltée » n'est« jamais fataliste ». Plus poignant est le discours de Denis Mukwege. Le Dr qui est « au premier plan vit ces horreurs de l'intérieur ». Ces propos sont ceux du médecin, c'est celui-ci qu'on entend parler en premier mais il est impossible de dissocier l'humain de la profession. Aussi, « très vite l'homme, le citoyen s'exprime » à son tour. Et, « ses réflexions complètent à merveille le récit hallucinant de l'auteur », affirme l'éditeur, et le résultat est des plus remarquable. Il en ressort ce qu'il dit être « un ouvrage original et puissant ».
Nioni Masela
Photo 1 : La couverture de « L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo : le combat du docteur Mukwege »
Photo 2 : Dr Denis Mukwege, médecin-chef de l'hôpital de Panzi