13.12.12 L'Observateur – Le chef de centre de la Regideso Boma : « Notre mission est de donner à la population l’eau de bonne qualité »

Dans une interview à l’Observateur, il a fait l’état de lieu de son nouveau poste d’attache, présenté les perspectives d’avenir et effleuré la loi récemment votée au Sénat relative à la gestion des ressources du secteur de l’eau en République Démocratique du Congo. Suivez :

L’OBSERVATEUR

Monsieur le chef de Centre, depuis belle lurette vous dirigez la Regideso / Boma. Quel état de lieu en faites-vous ?

CHEF DE CENTRE

Merci au chef de l’Etat qui a donné à la population de Boma, une nouvelle usine de traitement d’eau de 20.000 m3 /j. A ce jour, nous sommes à 15.000 m3/j. Il reste encore 5.000 m3. Comme les machines ne peuvent pas fonctionner à temps plein, on a besoin d’un espace pour permettre à l’usine de respirer. Toutefois, nous visons d’aller jusqu’à 18.000 m3 voire 19.000 m3/j.

Boma est un vieux réseau en tant que première capitale de la République Démocratique du Congo où le réseau est vétuste et cela, il y a des conduites qui sont utilisées jusqu’aujourd’hui et qui demandent beaucoup de gymnastique.

Cela exige du personnel une expertise capable de réparer certaines fuites à cause desquelles, nous avons souhaité que la nouvelle usine soit accompagnée de la réhabilitation du centre – ville d’abord parce que c’est là qu’il y a le gros d’activités commerciales à Boma

Les tuyaux sont tellement vétustes qu’il y a parfois carence d’eau et nous avons souhaité que les 1.000 abonnés du centre –ville soient réhabilités dans le projet en vue de rendre rentable notre exploitation.

Quand nous sommes arrivés à Boma, sur 100 m3 produits le centre ne vendait que 46 m3. C’était donc un rendement presque de 46 %. Nous avons obtenu le soutien des étudiants de l’UKV qui ont fait le ratissage qui nous a permis d’améliorer le rendement qui peut atteindre aujourd’hui 64%.

Mais, notre objectif est d’arriver à 70 % parce que dans la gestion du secteur de l’eau, il ne manque pas de fuites, nous voulons dire que les 30 % peuvent aller dans les pertes mais les 70 % doivent être vendus. L’effort que nous déployons c’est d’abord les 70 % que la haute direction nous a assignés comme objectif.

Nous avons trouvé beaucoup d’abonnés à Boma : 6.000 au total. Desquels, 4.000 ont de l’eau et 2.000 n’en ont pas parce que parmi eux, il y en a qui étaient coupés, d’autres n’ont pas l’eau à la suite de la vétusté des tuyaux et ils s’approvisionnent chez les voisins. Depuis que nous sommes là, nous avons récupéré plus de 300 abonnés et les efforts continuent.

L’OBSERVATEUR

Dans quelle partie de la ville vos efforts sont le plus déployés et à quelles conditions ?

CHEF DE CENTRE

Avec nos moyens locaux, nous avons déjà réhabilité les avenues Kasaï et leurs voisines. Au Camp Militaire Fort Tshinka de la Force Navale, nous avons posé 1.000 mètres de tuyaux et l’eau coule à flot aujourd’hui.

Nous sommes au quartier Clinique Croix Rouge qui a bénéficié des travaux de réhabilitation évalués à Fc 3.500.000 sur Fonds propres. Là aussi les abonnés ont retrouvé le sourire parce que l’eau coule.

Nos efforts se produisent sur d’autres sites où l’intervention de la Regideso s’avère utile. C’est le cas de l’avenue Kongolo très incessamment, les quartiers Makulungulu, Ferme, Bon pasteur etc…

L’OBSERVATEUR

Apparemment les résultats sont perceptibles sur terrain. Ne craignez-vous pas que ces vieux tuyaux viennent annihiler vos efforts ?

CHEF DE CENTRE

A notre arrivée à Boma, nous avons trouvé beaucoup de fuites. Avec tous les collaborateurs, nous nous sommes assignés l’objectif « FUITE ZERO ». C’est-à-dire se battre pour minimiser la quantité malgré la vétusté du réseau. Pour y parvenir, nous demandons toujours à nos Agents d’intervenir le plus rapidement possible.

Nos abonnés doivent comprendre que la réparation des fuites est du domaine des interventions techniques. Si à un endroit il y a une fuite, la première chose à faire c’est d’arrêter l’eau. Pourtant, cela est mal perçu par certains abonnés qui se livrent à des actes de vandalisme. Ils se mettent à trouer les tuyaux en amont de la fuite en vue d’avoir de l’eau. C’est le cas des quartiers Km III, cité de la Marine (CVM), camp Onatra (SCTP), etc…

Autres actes de vandalisme, c’est le tripotage des compteurs par certains abonnés dont les pasteurs d’église à cause de la vente de l’eau de la Regideso auprès des tiers. L’activité est très en vogue à Boma.

Les abonnés qui ont des compteurs, les enlèvent et les placent dans le sens opposé pour réduire le volume de consommation. Ils les remettent une semaine avant le contrôle par les agents commerciaux dans le but de créer un manque très important à gagner sur le rendement du réseau.

C’est condamnable par la loi et le fautif doit subir des peines et des D.I. en faveur de la Regideso. Toutefois, les média et les églises sont mis à contribution pour sensibiliser la population sur cette pratique et l’invite à payer ses factures en bonne et du forme.

Nous allons poursuivre la mission que Dieu, l’état congolais et la direction de la Regideso nous ont confiée. C’est de donner une eau de bonne qualité à la population et en quantité suffisante. Si un abonné a de l’eau, c’est notre satisfaction bien que dans ce domaine, il faut beaucoup d’argent.

L’OBSERVATEUR

Quels résultats vos efforts ont-ils récolté à propos des perturbations du courant électrique de la SNEL et l’impayement des factures durant les 14 mois que vous venez de passer à la tête de la Regideso/Boma ?

CHEF DE CENTRE

A propos de la 2ème question, les impayés domestiques représentent aujourd’hui Fc 800 millions de factures entre les mains de plus de 1.600 abonnés, mais, ils sont insolvables et nous les sensibilisons pour cela.

Nous sommes très fiers de l’accompagnement de Madame le Maire dans cet effort de recouvrement. Son implication nous aide énormément.

Elle fournit un effort pour montrer à la population que le prix de l’eau est celui d’un service rendu. L’eau est un produit qui vaut la peine d’être payé.

A propos du courant électrique, nous avons trouvé à notre arrivée à la Regideso/Boma, un groupe électrogène de 150 Kva qui n’alimentait que la Bralima.

Le désagrément de 3 jours sans courant qui a provoqué des cas de noyade à Boma nous a poussé à élargir la desserte à d’autres axes : 2 sur 3. La Bralima, les quartiers Mont Kisundi et le centre-ville seulement.

Pour nous permettre de tourner en autonome, il faut un G E de 500 Kva capable de donner l’eau à toute la population.

Nous comptons l’acquérir du gouvernement qui a promis. Nous sommes en train de frapper à toutes les portes pour avoir un jour un G E de 750 Kva.

La Regideso en tant que société commerciale à l’obligation de payer chaque mois la facture de la SNEL qui s’élève à prés de 30.000$ que nous ne pourrons pas totalement payer, juste des petits acomptes.

Lorsqu’elle coupe, c’est la population qui est pénalisée.

Nous sensibilisons nos abonnés pour payer leurs factures de consommation.

Sans quoi, il nous manquera les moyens exigés et ou ne pourra pas fonctionner.

L’OBSERVATEUR

Comment sont gérées les bornes fontaines érigées et par la Regideso et par le Fonds Social de la RDC ?

CHEF DE CENTRE

Nous en sommes satisfaits. La vente cash de l’eau paie parce que les abonnés payent leurs consommations et nous payons ceux qui font le travail. Le prix de gros sur le prix de vente nous permet de rentrer dans notre prix de revient.

Nous remercions très sincèrement le Fonds Social de la RDC de cet apport des bornes fontaines des quartiers Luki et Seka-Mbote qui fonctionnent très bien. Nous remercions également le Député provincial élu de Boma, Tshiama Muana Bakisi et Mme le Maire pour leur implication dans ce dossier

L’OBSERVATEUR

Que dire de l’eau des forages de fortune et des vendeurs d’eau de sachet ?

CHEF DE CENTRE

Nous faisons un prélèvement journalier. Notre eau est traitée conformément aux normes de l’OMS et contrôlée par l’OCC. Du fait de l’existence du choléra à Boma, nous avons été amenés à faire des analyses sur l’eau des forages de la périphérie de la ville. Elle s’est avérée impropre la consommation humaine.

Elle convient à d’autres besoins et non à la boisson car, elle contient des microbes nuisibles à la santé. Nous avons écrit à Mme le Maire à ce propos afin qu’elle sensibilise la population pour des dispositions utiles à prendre.

Quant à l’eau vendue en sachet, elle est de la Regideso. Il n’y a pas de forage à Boma où l’on met l’eau en sachet.

L’OBSERVATEUR

Le Sénat venait de voter une loi sur la gestion des ressources du secteur de l’au en R.D.Congo, notamment la libéralisation du secteur et la fin du monopole de la Regideso. En êtes-vous satisfait ?

CHEF DE CENTRE

Mon expérience dans le secteur de l’eau prouve que ce n’est pas facile. C’est difficile d’avoir des investisseurs qui viendront en R.D.Congo dans le cadre du secteur de l’eau qu’ils vendront à quel prix ?

C’est bien de faire des lois, mais, en tant que syndicaliste, l’application est à bien mûrir. Même la Regideso dans le cadre du contrat de gestion, l’Etat congolais par le COPIREP n’avait pas trouvé de preneurs.

En vertu du faible pouvoir d’achat des Congolais, l’Etat doit aujourd’hui jouer son rôle de régulateur en donnant un tarif rémunérateur si non, l’Entreprise qui est un secteur très sensible où l’eau c’est la vie, va tomber en faillite. C’est pourquoi, l’état a opté avec le PEMU (projet eau en milieu urbain) de la Banque Mondiale à un type de contrat de service avec la Sénégalaise des eaux (SDE).

L’OBSERVATEUR

Quid des effectifs et de la situation sociale des Agents ?

CHEF DE CENTRE

Nous avons en charge pour le centre de Boma : Tshela et Lukula. Sur place à Boma, nous avons 54 agents. Ajouter à cela les membres de famille, nous arrivons à 374 personnes à prendre en charge. En plus de cela, nous utilisons mensuellement plus de 60 tacherons et journaliers. Nous avons aussi la sous-traitance en ce qui concerne le service de gardiennage dans nos sites.

Quant à la situation sociale des agents, ils sont bien placés pour répondre à cette question. Néanmoins, nous n’avons aucun arriéré social. Les salaires sont payés à temps. Les soins médicaux sont garantis. Tous les avantages sont accordés conformément à la convention collective. Retenez que je suis Secrétaire Général de SYNATREG. A ce titre, je dois prêcher par l’exemple pour être une référencé.

L’OBSERVATEUR

Quelles sont vos perspectives ?

CHEF DE CENTRE

Elles sont à placer dans la vision de donner l’eau à la population de la ville de Boma qui est en train de s’étendre. Beaucoup de quartiers manquent de l’eau et cela nous demande beaucoup de moyens.

Avec Mme le Maire, nous avons beaucoup de projets. Elle est à la recherche des bailleurs qui peuvent nous aider et elle frappe à toutes les portes. La Regideso dans son programme y a pensé aussi. Nous espérons que d’ici là, la direction générale mettra à notre disposition des tuyaux pour nous permettre d’élargir et de desservir également d’autres quartiers.

L’OBSERVATEUR

Autre chose à ajouter ?

CHEF DE CENTRE

Merci à Mme le Maire qui ne cesse de nous accompagner dans cette lourde mission de donner de l’eau à la population. Nous demandons à cette même population de continuer à nous faire confiance, nous aider à signaler s’il y a une fuite de même s’il y a un cas de vandalisme.

Quant il y a une facture, il faut payer car, c’est sur base de cela que nous continuerons à rendre service à la population. Nous sommes 24 h /24’ à sa disposition. Nous répondons au téléphone. Notre numéro est connu c’est le 09 98 43 14 12.

Nos abonnés doivent savoir que certaines interventions peuvent traîner un peu parce qu’elles sont d’ordre technique. Toute intervention technique demande des moyens. Ils y a des fuites qui demandent l’intervention de Matadi notre direction provinciale ou de la DG à Kinshasa car, peut-être sur le marché, il n’y a pas de matériel de remplacement.

Nous sommes au service de la population et nous continuons d’exercer la mission que Dieu, l’Etat Congolais et la Regideso nous ont confiée : c’est de donner une eau de bonne qualité à la population et en quantité suffisante…

Propos recueillis par

« Jean-Pierre. L. Babingi »

Copyright © 2012 L'Observateur – RDC.

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