08.03.13 L'Observateur – Relance du programme économique formel : Début des discussions entre Kinshasa et le FMI

Attendue depuis des jours, la délégation du Fonds monétaire international (FMI) est arrivée à Kinshasa, depuis le mardi 5 mars 2013 à Kinshasa. Conduite par Norbert Toe, chef de mission, elle vient d'entamer des discussions avec les autorités congolaises dans la perspective de conclure un programme économique. Celui-là qui remplacera le PEG 2 qui a fait flop sous peu. Un round que d'aucuns considèrent de dernière chance pour le gouvernement congolais qui doit sortir l'artillerie lourde face à un bailleur de fonds trop exigeant.

Le chef de mission, Norbert Toe, ne s'est pas empêché, à l'issue de l'audience que le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, a accordée à cette délégation, hier jeudi 7 mars, de préciser que la démarche du FMI consiste à voir le gouvernement congolais donner au Fonds des "informations actualisées" en ce qui concerne les industries extractives. " Le gouvernement congolais s'était engagé d'assurer certaines transparences dans les industries extractives des ressources naturelles. Mais il y a eu du retard dans la communication d'informations relatives à certains contrats. La mission est donc venue pour écouter les autorités congolaises parce que certaines informations qu'elles auront à fournir, permettront de tourner la page ", a précisé Norbert Toe.

En outre, le chef de mission a précisé que la rencontre avec le n°1 congolais, la délégation est venue " rendre compte au Premier ministre de l'arrivée de la mission du Fonds monétaire international. Comme vous le savez très bien, le Premier ministre s'était rendu à Washington en début février, il a rencontré Mme la directrice générale du Fonds. A la suite de cet entretien, il avait été décidé d'envoyer une équipe du Fonds monétaire international pour discuter, actualiser les informations que nous avions. Comme vous le savez, la dernière mission qui est venue ici, je veux dire une forte mission, c'était en juin 2012 et depuis lors beaucoup de choses se sont passées. C'est depuis le mardi 5 mars que cette équipe est là", a-t-il souligné.

Un long processus 

"http://www.lobservateur.cd/images/matata%20et%20toe.jpg"On rappellera qu'après l'arrêt brutal du PEG 2, le gouvernement congolais s'est armé de courage pour la mise en œuvre d'un troisième programme économique à conclure avec le FMI. Sous peu, le Vice-Premier ministre et ministre du Budget, avait annoncé, au sortir d'une réunion de la Troïka stratégique à fin janvier, de l'arrivée d'une équipe du FMI pour entamer des discussions directes avec les autorités congolaises. Une mission de prise de contact avec le nouveau dans la perspective de conclure un nouveau programme formel avec le FMI.

Ainsi, après le flop du PEG, Matata Ponyo et son gouvernement étaient prêts à ouvrir un nouveau cycle de discussions avec le FMI.

Quand Norbert Toe parle d'actualiser les informations, sûrement que le diplomate de Bretton Woods veut voir Kinshasa lever préalablement le verrou qui a fait chavirer le PEG 2. Il s'agit, pour l'essentiel, de garantir la transparence dans le secteur des industries extractives en mettant au pas les entreprises du secteur. Cause essentielle qui a fait chavirer le PEG à la suite de l'intransigeance de la Générale des carrières et des mines (Gécamines), société commerciale détenue entièrement par l'Etat congolais, de répondre à une exigence du FMI en publiant un certain nombre de ses contrats miniers.

Malgré les pressions autant du gouvernement que du FMI, la Gécamines s'est restée campée sur sa position. La sentence du FMI n'a pas tardé à tomber. Par une lettre signée le 30 novembre 2012, par la directrice de son département Afrique et adressée au ministre délégué aux Finances, le FMI va rompre son accord formel avec la RDC, signé le 11 décembre 2009 au titre de Facilité élargie de crédit.

L'on se souviendra qu'en tournée aux USA, au mois de février, notamment à Washington DC, Augustin Matata Ponyo Mapon s'était entretenu avec Christine Lagarde, la directrice générale du FMI. Les performances économiques de la RDC étaient au menu des entretiens entre les deux personnalités. Preuves à l'appui le Premier ministre congolais a séduit le FMI qui n'a pas hésité de reprendre sa coopération avec la RDC

En effet, nonobstant le contexte économique mondial incertain et peu reluisant de l'économie mondiale dans lequel le gouvernement a exécuté le PEG 2 entre 2009 et 2012, la stabilité macroéconomique de la RDC a été consolidée et les bases d'une croissance accélérée ont été davantage posées. La croissance économique a été maintenue à une moyenne de 6,0% sur la période de 2009-2012 contre une réalisation de 5% sur la période précédente de 2001-2008. En 2012, ce taux s'est situé à 7,2%, bien au-delà de la moyenne africaine.

L'inflation a été maîtrisée et ramenée structurellement à un chiffre, niveau cible du programme. Au terme de l'année 2012, le taux d'inflation a été de 2,72% malgré un contexte international marqué par la flambée des prix. La politique budgétaire a été rigoureuse et la gestion budgétaire orthodoxe. Dans ces conditions, un effort accru dans la mobilisation des recettes du cadre budgétaire a été déployée d'un côté, et la gestion rationnelle des dépenses publiques s'est imposée, de l'autre. Au 31 décembre 2012, les recettes mobilisées ont atteint 3 613,1 milliards de francs congolais contre 2 745,3 milliards de FC au 31 décembre 2011, soit un accroissement de 32,0%.

S'agissant des dépenses publiques exécutées, elles ont été chiffrées à 3 274,2 milliards de FC au 31 décembre 2012 contre 2 965,7 milliards de FC au 31 décembre 2011. Il va sans dire que les soldes budgétaires pour l'exercice 2012 ont dégagé une marge de trésorerie positive de 338,9 milliards de FC.

Sur le plan monétaire, la stabilité du franc congolais a été réservée. De 2009 à 2012, le taux de change se situe dans le voisinage de 920 FC/USD. Cela, a reconnu Matata Ponyo lors de sa dernière conférence de presse, "grâce à un bon mariage entre la politique monétaire et la politique budgétaire".

Le FMI ne pouvait pas rester indifférent face à un bilan aussi prometteur pour un pays en guerre.

Willy Kilapi

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