07 04 13 Le Climat Tempéré Créer une entreprise en trois heures en RDC, le leitmotiv du Délégué Principal du CPCAI, Me Alexis Mangala Ngongo

  Il est désormais possible à
tout investisseur de créer son entreprise en 3 jours et 3
procédures. «  La volonté d’aller de l’avant est là », affirme t
il, la main sur le cœur. Sans plus tarder, nous vous livrons le texte intégral
de l’interview qu’il a accordée à l’équipe du Climat Tempéré dans ses bureaux
juchés au premier étage de l’immeuble Sofide de la commune de la Gombé.

Le Climat Tempéré : Le CPCAI existe depuis le 8
aout 2009. Malgré tous vos efforts, la RDC n’arrive pas à décoller du bas du
tableau des rapports « Doing
Business » de la Banque Mondiale. Comment pouvez-vous expliquer cette
situation ?

Me Mangala : La situation s’explique simplement,
à mon sens, par deux raisons. La première c’est que les
reformes qui devaient être entreprises dans le cadre de l’amélioration du
climat des affaires ont été réalisées avec un retard du à plusieurs raisons,
notamment ce long processus électoral
qu’on a connu. Ensuite il y a également
le fait que l’administration qui doit appliquer les réformes est faible. Parce
que le Cpcai propose des réformes au gouvernement qui, à travers les ministères
sectoriels, les met en place. Mais ce ne sont pas les ministres qui exécutent
les réformes. C’est l’administration qui les met en œuvre et cette administration présente quelques faiblesses importantes. Certaines
décisions prises pour améliorer le climat des affaires et Investissements ne
sont tout simplement pas appliquées soit par ignorance, soit mauvaise foi, parce que toute réforme
bouscule les rentes de situations. Cependant il faut relever que le
gouvernement dirigé par son excellence monsieur Matata Ponyo a fait du climat
des affaires son cheval de bataille. Toutes les réunions qui se tiennent sous
sa présidence ont boosté ces réformes par sa vision et par sa volonté politique.

LCT : Cet état de choses ne serait il pas du à la faiblesse du Cpcai car dans ses
missions, il est prévu un volet plaidoyer que vous ne semblez pas
réussir ?

Me M : Le Cpcai propose des réformes au
gouvernement, mais il n’en assure pas la mise en oeuvre. Ce sont les ministères sectoriels qui mettent
en place ces réformes et les appliquent.
La faiblesse de l’administration n’est pas la faiblesse du Cpcai parce que la
reforme de l’administration est un grand chantier dans notre pays. Un chantier
qui n’est pas encore terminé. Or sans une administration publique forte,
structurée et compétente il est difficile de pouvoir appliquer des réformes
quelconques. Et les pays qui sont en
avance par rapport à nous dans le Doing Business s’appuient sur leurs
administrations réputées performantes efficaces et efficientes. En RDC, le
chantier de la réforme de l’administration est ouvert depuis longtemps. Nous osons croire qu’il va atteindre les
performances envisagées pour permettre au Cpcai de réaliser sa mission.

LCT : Vous avez parlé de certaines
décisions qui sont prises, mais qui ne sont pas appliquées par l’administration. Pourriez vous nous dire lesquelles ?

Me M : Un cas concret à Kisangani, lors de
notre récent passage où il était
étonnant de constater qu’une autorité judiciaire n’était même au courant que
les droits proportionnels imposés dans
l’exécution des jugements étaient ramenés depuis lors de 6 à 3% . Il n’était pas de mauvaise foi mais ignorant
de nouvelles dispositions réglementaires. Il faut sérier. Il y a des décisions qui ne sont pas connues ; il y
a des décisions qui sont appliquées partiellement et y a des décisions qui ne
sont pas du tout appliquées parce que toute réforme bouscule des rentes de
situations. Il faut que l’administration comprenne que l’amélioration du climat
des affaires est une affaire nationale qui permettra la création des emplois,
de la richesse nationale et la croissance dans notre pays.

LCT : Au-delà des difficultés que vous
venez d’énumérer, quels sont les grands défis du Cpcai ?

Me M : Le principal défis pour nous,
est d’améliorer le climat des investissements, parce que actuellement on parle
plus du climat des investissements que du climat des affaires dans notre pays.
Que les investisseurs viennent s’installer, mettent sur pied des projets qui
vont créer des emplois et améliorer le Rating
de la RDC dans le classement Doing
Business et booster notre économie. C’est cela notre défi. Il n’y en a pas deux
ou trois. C’est grâce à ce classement que les investisseurs choisissent et
décident d’investir dans un pays.

LCT : Vous voulez améliorer le climat des
investissements ; mais le contexte n’est pas reluisant pour la RDC. Vous
avez, sans nul, doute une stratégie pour faire gagner quelques places à la RDC
dans le prochain rapport « Doing
Business   de la Banque Mondiale. Laquelle et combien de temps vous donnez
vous pour y parvenir ?

Me M : Grace aux reformes entreprises courageusement par le gouvernement du premier ministre Matata,
nous sommes certains que nous gagnerons quelques places. Mais ces reformes
doivent être poursuivies à un rythme
soutenu; Il ne faut pas faire des
réformes et s’arrêter ou fêter parce
qu’on a gagné quelques places. C’est une compétition ou tout le monde est en
mouvement. Une petite distraction suffit pour se faire éclabousser par un autre
pays. Il faut maintenir le rythme de réformes pour pouvoir progresser
continuellement dans le classement DB. Le grand chantier de la reforme de
l’administration s’il est réalisé, permettra d’atteindre les objectifs que nous
poursuivons. Il ya un pan entier qui ne suit pas c’est ca la difficulté. Mais
ce qui certain est avec la volonté et
les réformes du gouvernement, nous sommes sur d’avoir quelques places tout
prochainement.

LCT : Allez-vous continuer à attendre la
réforme de l’administration achevée pour assainir le climat des
investissements ?

Me M : Non ! La réforme de
l’administration est un processus, un grand chantier dont on parle. Il faut
qu’elle se fasse. Nous n’allons pas attendre ce chantier soit totalement
achevé. Nous n’allons pas attendre que toutes réformes se mettent en place.
Ceux qui suivent vont évoluer avec nous ; ceux qui y résistent seront
sanctionnés par leurs administrations. Vous pouvez être sur. Souvenez vous
qu’un directeur Provincial de la DGDA a déjà était sanctionné, c’est un signal
qui ne trompe pas.

LCT : Vous avez réussi à mettre sur pied
un Guichet unique pour la création d’une entreprise en RDC, peut on dire qu’il
est plus facile aujourd’hui qu’hier de créer une entreprise ? Donnez
en le modus operandi ?

Me M : Le gouvernement a mis en place un
Guichet unique avec pour objectif de
créer une entreprise en 3 jours et 3 procédures. Le directeur général du
Guichet unique qui sera opérationnel au
courant de ce mois a dors et déjà été
nommé. C’est Monsieur Amisi Herady. Les budgets sont décaissés pour lui
permettre de mettre en place cette structure. L’idée est que quand un
investisseur arrive qu’il ne prenne pas
trop de temps dans nos administrations à remplir les formalités. Avec un
Guichet Unique informatisé et en ligne, 3 jours et 3 procédures suffisent. L’idéal c’est d’arriver à la créer en 3 heures seulement.

LCT : Quelles sont ces procédures ?

Me M : Il s’agit exactement des procédures
suivantes : l’authentification des statuts, l’immatriculation du registre
de commerce et la publication de l’avis au journal officiel. Ce sont ces
éléments qui créent une  société. 

Interview recueillie par Jean Claude Bimwala et Dolstoi MUlume

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.