LAccord-Cadre du 24 février 2013 à Addis-Abeba: Lecture critique et prospective
Vols, pillages, violences sexuelles, assassinats des masses, déplacement des
populations, pauvreté et conditions de
vie indécentes et incompatibles avec la dignité humaine, ainsi que de nombreux
crimes imprescriptibles… émaillent depuis lors le quotidien de plusieurs
millions de congolais, en particulier à lest du pays. Avec ses six millions de
victimes directes et indirectes, la guerre qui sévit et persiste en RDC depuis
1996 est la plus meurtrière après la seconde guerre mondiale.
depuis lors à une situation de « ni guerre ni paix » entretenue
par les parrains Rwandais et Ugandais des mouvements récurrents
politico-militaires congolais de libération (AFDL, RCD, MLC, CNDP, M23…), la
RDC va daccord de paix en accord de paix, sous légide et parfois la pression
de la communauté internationale. On peut, à ce sujet, citer parmi les plus
importants, notamment, lAccord de cessez-le-feu de Lusaka le 30 juillet 1999 ; LAccord de paix entre la RDC et
Rwanda signé le 31 juillet 2002 à Prétoria en Afrique du Sud ; LAccord
entre la RDC et lUganda, signé le 6 septembre 2002 à Luanda en Angola ;
LAccord global et inclusif sur la transition en RDC, signé le 17 décembre
2002, à Sun City,en Afrique du Sud ; Le Pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement dans le Région des Grands Lacs, signé le 15
décembre 2006, à Naïrobi au Kenya ; Deux actes dengagement signés à Goma
en janvier 2008 par les groupes armés respectivement du Nord Kivu et du Sud
Kivu, à lissue de la Conférence de Goma pour la paix, la sécurité et le
développement dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, en janvier 2008 ;
LAccord de paix entre le Gouvernement et le Congrès National pour la Défense
du Peuple (CNDP), signé le 23 mars 2009, à Goma ; et enfin, lAccord-cadre
sur la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la Région, signé le
24 Février 2013, à Addis Abeba…
Accords de paix et de sécurité en RDC et dans la Région des Grands Lacs
dAfrique Centrale se réfèrent, souvent de manière explicite, aux principes de
la Charte de lONU et de lActe constitutif de lUnion africaine, notamment en
ce qui concerne la souveraineté nationale, lintégrité du territoire, la
non-ingérence dans les affaires intérieures et la non-agression, linterdiction
pour tout Etat membre de permettre lutilisation de son territoire comme base
pour lagression ou la subversion contre un autre Etat membre.
accords ont été, pour la plupart, conclus sous légide ou en présence de la
communauté internationale. Depuis 1999, lONU accompagne structurellement le
processus de la pacification de la RDC par une mission militaire permanente (MONUC
devenue MONUSCO) dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire Général des
Nations Unies. Cet accompagnement a été marqué par plus d une trentaine de
résolutions du Conseil de Sécurité, en rapport avec la paix en RDC.
dispositif a certes contribué à lamélioration de la situation sécuritaire en
RDC, mais il na pas suffi pour restaurer la paix et la stabilité, partout et à un niveau satisfaisant. Et si lon conçoit
la paix non pas seulement comme absence de guerre mais aussi comme
développement, la RDC classée en dernière place, par les deux derniers rapports
du PNUD sur lindice du développement humain, est bien loin du compte.
question qui se pose est celle de savoir pourquoi des accords de paix si
nombreux et récurrents, appuyés par les multiples résolutions du Conseil de
sécurité, ne produisent pas les effets escomptés. Cela donne limpression de
tourner en rond, et de laisser persister une situation catastrophique sur le
plan social, économique et surtout humanitaire. Plus on signe des accords de
paix, plus la paix semble séloigner.
fondamentales de la persistance dune situation globalement instable en RDC
tient au fait que la transition (2003-2006), telle quelle était conçue, ne pouvait et na
pu réaliser, à un niveau satisfaisant et suffisant, aucun des 5 objectifs
principaux quelle sétait assignés, à savoir :
réunification, la pacification, la reconstruction du Pays, la restauration de
lintégrité territoriale et le rétablissement de lautorité de lEtat sur
lensemble du territoire national ;
la réconciliation nationale ;
la formation dune armée nationale, restructurée et intégrée ;
lorganisation des élections libres et transparentes à tous les niveaux
permettant la mise en place dun régime constitutionnel démocratique ;
la mise en place des structures devant aboutir à un nouvel ordre
politique ».[1]
aucun de ces objectifs na été totalement atteint, et la transition reste à
parachever. Même les élections sont restées en cours de chemin : limitées
au niveau des institutions nationales et provinciales, elles sont encore à
organiser au niveau communal et local. La transition aurait du, donc, après les élections, sinon se poursuivre,
du moins prendre en charge et parachever les objectifs partiellement réalisés,
sous peine de voir le pays stagner et ne pas arriver à instaurer le nouvel
ordre politique et démocratique souhaité. Le pays ne peut, en effet, se
démocratiser, se stabiliser et se développer, sans une armée performante, sans
réconciliation nationale, sans restauration de lautorité de lEtat sur
lensemble du territoire, sans mise en place, jusquau niveau local, des structures politiques nouvelles, issues
des élections. Sans les élections locales, les macrostructures politiques mises
en place aux niveaux national et
provincial, sont privées et coupées de la base où se vivent et se
concrétisent, en réalité, la démocratie, la participation citoyenne, la paix,
la sécurité et le développement du pays. La promotion de la paix a la base nécessite
des leaders de proximité jouissant de la confiance de la population et, partant,
capables de gérer résoudre les conflits sociaux avant que ceux-ci ne dégénèrent en violences.
RDC cest que depuis son accession à lindépendance, ses dirigeants et son
peuple ne se sont jamais approprié leur souveraineté, cest-à-dire la capacité
de sautodéterminer et de sautogérer, de prendre en main, de manière responsable, leur destin. Les interventions
de la communauté internationale au chevet de la RDC à chaque crise majeure
confortent les dirigeants dans cette démission face à leurs responsabilités.
Les Congolais sont habitués à attribuer exclusivement à un complot
international la cause de leurs malheurs et à penser que les solutions doivent
venir de lextérieur. Limplication de la communauté internationale pour des
raisons humanitaires dans les crises majeures du pays depuis son accession
a lindépendance, favorise cette attitude de démission des dirigeants. Aussi
est-ce accessoirement quils se sentent concernés et responsables de
lapplication des accords de paix quils signent.
dailleurs souvent conclus sur fond dun quiproquo : alors que,
conformément à sa charte, la communauté internationale cherche à promouvoir la
paix et le bien-être du peuple
congolais, les dirigeants politiques
congolais visent, avant tout, le pouvoir
et les privilèges y afférents. Depuis la chute de Mobutu en 1997,
lexercice du pouvoir a permis aux seigneurs de guerre de tous bords, de se
positionner afin déchapper aux poursuites judiciaires pour les crimes quils
ont commis dans leur lutte violente pour accéder au pouvoir.
accords de partage de pouvoir et de prime à la violence et au crime comme moyen dy parvenir. Une paix sans justice,
sur fond dimpunité et de prime au crime et à la violence, est toujours un leurre. Cela a malheureusement fini par faire
jurisprudence dans la région des Grands Lacs dAfrique Centrale, où de nombreux
seigneurs de guerre ont été blanchis par laccès au pouvoir et occupent des
mandats politiques de haut rang. De nombreux rapports de l ONU, en particulier
le Rapport Mapping, rendu public le 1
octobre 2010, ont documente les crimes commis et leurs présumés commanditaires,
sans que justice sensuive.
les accords de paix en RDC et dans la Région, et qui sont pour une énième fois
repris dans lAccord-cadre du 24 février dernier, avec des mécanismes
similaires de suivi, seront-ils cette fois ci respectés ? Quels sont les
éléments nouveaux qui permettraient de le penser ? Dores de déjà, lon peut estimer que si aucune autre
disposition nintervient, lAccord cadre semble voué à un échec programmé. Nous
y reviendrons dans la suite de lexposé.
sont donc les chances de la mise ne œuvre de lAccord cadre ? Nous
essaierons de répondre à cette question en nous limitant à une analyse
critique de lAccord-cadre lui-même. Il sagira de sinterroger pour savoir
si cette fois-ci sera la bonne pour
résoudre le problème de la persistance et de la récurrence des violences et de
linstabilité à lest de la RDC. .
allons-nous dabord analyser
succinctement la structure et le contenu de lAccord. Ensuite, nous en
esquisserons une lecture critique, avant de proposer quelques conclusions sur
les conditions de lapplicabilité de lAccord.
DE LACCORD : STRUCTURE ET CONTENU
lAccord comprend cinq parties :
introduction : La situation sécuritaire de fait en RDC et ses
conséquences dévastatrices (§§1-3).
lAccord cadre : satteler aux causes profondes du conflit et mettre fin
aux cycles de violences récurrents (§4).
linsécurité, interpellation et
engagements des pays qui en sont responsables (§5)
mécanismes du suivi (§§6-8)
du respect de la souveraineté de la RDC dans lapplication de lAccord (§ 10).
peu en détails
La situation sécuritaire de fait en RDC et ses conséquences dévastatrices
(§§1-3).
importants enregistrés en RDC dans le processus de la pacification et de la
stabilisation…Le second met un bémol à laffirmation précédente, en parlant des cycles de conflit récurrents et des violences persistantes dans
lest de la RDC de la part des groupes armés tant nationaux quétrangers.
Le troisième paragraphe enfonce le clou en soulignant les conséquences dévastatrices de cette violence accompagnée de
violences sexuelles et de graves violations des droits de lhomme utilisés
régulièrement et quotidiennement comme des armes de guerre…du nombre des personnes déplacées qui figure
parmi les plus élevés du monde et qui tourne autour de deux millions de
personnes.
causes profondes et mettre fin aux cycles de violence récurrents (§4).
le quatrième paragraphe annonce que laccord
va profiter de la crise récente pour satteler aux causes profondes du
conflit et mettre un terme aux cycles de violences récurrents en
interpelant le gouvernement de la RDC, les Etats de la région, la communauté
internationale, le CIRGL et la SADEC.
causes de linsécurité, interpellation
et engagements des pays qui en sont responsables (§5)
renouvelé de la RDC
renouvelé de la RDC à opérer six réformes institutionnelles nécessaires pour
mettre fin à linsécurité et aux violences récurrentes. Les six réformes
portent sur les forces de sécurité, la consolidation de lautorité de lEtat à
lest du pays pour empêcher les groupes armés de déstabiliser les pays voisins,
la décentralisation, le développement économique y compris les infrastructures
et la fourniture des services sociaux de base, la réforme structurelle des institutions de lEtat, y compris la réforme des
finances, et enfin la réconciliation nationale et la démocratisation.
des pays de la Région des Grands Lacs
renouvelé de pays de la Région des Grands Lacs à respecter et huit principes généraux du droit international, qui conditionnent la
paix en RDC : Ces principes portent sur la non ingérence dans les affaires
intérieures des autres pays, la non assistance aux groupes armés, le respect de la souveraineté et de
lintégrité territoriale des Etats voisins, le renforcement de la coopération
régionale et lapprofondissement de lintégration économique notamment en ce
qui concerne lexploitation des ressources naturelles, respect des
préoccupations et de des intérêts légitimes des pays voisins en matière de
sécurité, ne pas héberger ou protéger les personnes accusées de crimes
imprescriptibles, faciliter ladministration de la justice et faciliter la
coopération judiciaire dans le région.
la communauté internationale
5c :Engagement (renouvelé) de la communauté internationale
Le Conseil de sécurité resterait saisi de limportance dun soutien à la
stabilité à long terme de la République démocratique du Congo et de la région
des Grands Lacs;
• Un engagement renouvelé des
partenaires bilatéraux à demeurer mobilisés dans leur soutien à la République
démocratique du Congo et la région, y compris avec les moyens appropriés pour
assurer la durabilité de ces actions sur le long terme; et dappuyer la mise en
œuvre des protocoles et des projets prioritaires du Pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs;
• Un engagement renouvelé à travailler
à la revitalisation de la CEPGL et à soutenir la mise en œuvre de son objectif
de développement économique et dintégration régionale;
• Une revue stratégique de la Mission
de stabilisation de lOrganisation des Nations Unies en République démocratique
du Congo (MONUSCO) afin de renforcer son appui au gouvernement pour faire face
aux enjeux dordre sécuritaire et favoriser lexpansion de lautorité de
lEtat;
• La nomination dun Envoyé spécial des
Nations Unies pour soutenir les efforts pour trouver des solutions durables avec
un plan à plusieurs volets qui permettra la convergence de toutes les
initiatives en cours ».
Mécanisme régional
mécanisme régional du suivi de laccord, sous la tutelle dun envoyé Spécial des Nations Unies
et de 11+4 pays, avec les bons offices de lONU et de lUA et de la SADC, dans
le respect de la souveraineté de la RDC. Parmi ces pays figurent le Rwanda et
lUganda ainsi que dautres pays de la sous région, que plusieurs rapports des
experts de lONU considèrent comme auteurs directs ou indirects de la déstabilisation
de la RDC.
sein du gouvernement, sous laccompagnement et la supervision de lONU, de lUA, de la CIGRL et
de la SADC..et dautres partenaires bilatéraux et multilatéraux.
mécanisme national du suivi de lAccord, à mettre en place par le Président de
la RDC au sein du gouvernement. Ce mécanisme est soumis à la supervision, au
contrôle régulier et au soutien des
Nations Unies, de lUnion Africaine, de la Banque mondiale, de la Banque
Africaine du développement et dautres partenaires bilatéraux et multilatéraux…
RDC dans lapplication de lAccord (§ 10).
Lapplication de lAccord se fera dans le respect de la souveraineté de la RDC.
critique de chacun des cinq points de lAccord-cadre
1-4) :Qualification défectueuse de la situation de fait et du problème à
résoudre
paragraphes, sont destinés à la fois à faire avaler la pilule amère à la RDC et
à ménager les Etats accusés dentretenir linsécurité et la déstabilisation. A force de vouloir ménager tout le
monde et daboutir à un Accord consensuel, on sest efforcé de présenter de
manière positive une véritable
catastrophe humanitaire. . Cela aboutit à une qualification des faits à la fois
édulcorée, insuffisante et contradictoire, prélude à des solutions inadéquates
tout aussi paradoxales et générales. En effet, un diagnostic défectueux ne peut
donner lieu à une thérapie adéquate.
§1 dimportants progrès réalisés par la RDC dans le processus de la pacification et de la
stabilisation, est tout de suite contredite au § 2 par le constat de cycles de conflit récurrents et des
violences persistantes dans lest de la RDC de la part des groupes armés tant
nationaux quétrangers. Le troisième paragraphe enfonce le clou en
soulignant les conséquences
dévastatrices de cette violence accompagnée de violences sexuelles et de graves
violations des droits de lhomme utilisés régulièrement et quotidiennement
comme des armes de guerre…du
nombre des personnes déplacées qui figure parmi les plus élevés du monde et qui
tourne autour de deux millions de personnes.
Bien plus, ce constat amer nest pas
suivi et complété par létablissement des responsabilités, lidentification, le
dénombrement et la localisation précise
des auteurs des crimes dénoncés et la proposition des sanctions. Alors que les
rapports antérieurs des experts de lONU ont identifié les auteurs et les
responsables de linsécurité et de linstabilité dans lest de la RDC, laccord
dAddis Abeba les passe sous silence. Il évite ainsi de devoir envisager ou
évoquer lexigence de justice…et de réparation, pourtant indispensables pour la
restauration dune paix durable.
LAccord cite en termes imprécis les groupes armés nationaux et étrangers sans
préciser leur nationalité pourtant connue, ni leur modus operandi qui inclut le
pillage des ressources naturelles et
lutilisation du viol et des violences sexuelles comme arme de guerre. Surtout,
laccord passe sous silence les motivations idéologiques et politiques de ces groupes armés, les ramifications
internationales ou transnationales de certains dentre eux. Il omet de mentionner les réseaux maffieux
étatiques et non étatiques, nationaux et étrangers, qui tirent profit de la situation de « ni
guerre ni paix » à lest de la RDC.
Laccord semble ignorer la part dexaction et de violence dont sont coupables
et responsables les forces armées régulières et les agents de lEtat congolais.
Bref, le rapport évoque en termes généraux une situation humanitaire grave et
persistante, sans en expliciter les causes. Son diagnostic semble superficiel
et défectueux, se limitant aux effets et ignorant les causes profondes,
pourtant connues et souvent dénoncées par les rapports des experts de lONU. Et
ce, en contradiction avec les objectifs que se fixe lAccord en son § 4.
relatifs à des réformes institutionnelles correspondant aux fonctions et aux
missions régaliennes de tout Etat.
texte, semble, en filigrane, épingler la RDC comme une des causes, sinon
comme la principale cause, de son
insécurité et de sa déstabilisation, ainsi que de celles de toute la région. Par voie de conséquence, la RDC se voit unilatéralement imposer par
laccord, des réformes institutionnelles relevant de sa souveraineté et
correspondant au cahier des charges du
M23 et des parrains rwandais et ougandais de celui-ci.
problème du double point de vue du droit international et de la justice.
du droit, il sagit ici dune violation flagrante de la souveraineté
nationale de la RDC, souveraineté garantie par la Charte de lONU, qui, en
son article 2, §§ 2 et 7, stipule
notamment :
le principe de légalité souveraine de tous ses Membres.
nautorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent
essentiellement de la compétence nationale dun Etat ni noblige les Membres à
soumettre des affaires de ce genre à une procédure de règlement aux termes de
la présente Charte ; toutefois ce principe ne porte en rien atteinte à
lapplication des mesures de coercition prévues au chapitre VII ».
régaliennes de lEtat congolais, notamment : la réforme des forces de
sécurité, de larmée et de la police, les réformes politiques, la
décentralisation, les réformes économiques, les infrastructures et des services
sociaux, la réconciliation nationale , la tolérance et la démocratisation.
Bien plus, invitée à sabstenir de toute
ingérence dans les affaires intérieures des Etat, elle ne devrait pas pousser
et engager dautres Etats à en faire autant, tout en affirmant le contraire.
Laccompagnement et la supervision de la mise en œuvre des engagements de la
RDC par 11+4 pays renforcent le
sentiment de la mise sous tutelle du pays et de son infantilisation. Même si
cela procède de bons sentiments dingérence humanitaire, il contribue a
renforcer la démission des dirigeants face a la responsabilité première qui
leur incombe dans la sécurisation, la stabilisation et la pacification du pays.
de vue de la justice, lAccord de paix na pu échapper à lapplication
sélective des principes généraux quil affirme et au recours à deux poids deux
mesures. Alors que cest la RDC est la seule à connaître des cycles de
violences et une insécurité récurrentes causées par les groupes armés nationaux et étrangers, lAccord lui
demande de sengager à empêcher les groupes armés de déstabiliser ses voisins.
En outre, alors que le Rwanda et lUganda ploient sous une dictature féroce et
pratiquent lintolérance, lexclusion et lethnisme, cest à la RDC, seule,
quil est demandé de promouvoir la tolérance, la réconciliation nationale et la
démocratisation.
de souligner ici que tant que Rwanda et lUganda nauront pas organisé chez eux
la réconciliation nationale et la démocratisation, leurs conflits
interethniques cycliques et récurrents
continueront à pousser leurs citoyens à chercher refuge en RDC, à y importer
leurs antagonismes interethniques et à y
entretenir un climat dinsécurité.
évoque les groupes armés nationaux et étrangers sans les identifier alors que
leur identité nest un mystère pour personne. Or, cette précision constitue un élément essentiel dans
la détermination des causes de linsécurité ainsi que des stratégies pour les éradiquer. Cette
carence conduit, en particulier, à traiter
de la situation dinsécurité persistante à lest de la RDC comme dun problème
purement congolais auquel il suffirait dapporter une solution congolaise.
LAccord cadre peut ensuite faire la part belle au Rwanda et à lUganda et
transformer leur statut dagresseur et de pyromane en celui darbitre et de
pompier !
des groupes armés permet de mieux concevoir et déterminer les solutions au
problème de linsécurité ) lest de la
RDC. Ainsi pour résoudre le problème des groupes armés étrangers ugandais ( les
LRA et les ADF/NALU actifs dans le Nord Kivu et lIturi), et rwandais (FDLR,
Interahamwe, présents principalement dans le Nord Kivu et le Sud Kivu), il faut
absolument quintervienne dans leurs pays dorigine un processus de
réconciliation nationale et la démocratisation qui favoriserait leur rapatriement.
Et pour les priver de la possibilité de
participer à toute déstabilisation de leurs pays dorigine, il faudrait les installer loin de la frontière
ou leur chercher un autre pays dasile. Quant aux éleveurs nomades Mbororo qui
occupent une partie du Bas Uélé et du Haut Uélé, leur retour dans leurs pays
dorigine (le Tchad, la Centrafrique et le Niger) devrait être négocié :
il requiert limplication de ces derniers dans la mise en place des conditions
daccueil et dinsertion de leurs ressortissants. Ces solutions pourraient
inclure lexamen de la possibilité de trouver un pays dasile à ceux dentre
eux qui ne souhaitent pas regagner leur patrie.
des groupes armés étrangers qui déstabilisent lest de la RDC relève dune
action à caractère sous régional ou régional qui dépasse la responsabilité et
la compétence de la seule RDC. Même si en tant que victime la RDC a le devoir
de prendre linitiative de la recherche
des solutions, elle ne peut porter seule cette responsabilité. Elle ne peut
accepter dêtre, à la fois, la victime et le bourreau, ni de se laisser imputer
la responsabilité exclusive de linsécurité et de linstabilité dans la région.
groupes armés nationaux qui souvent
naissent de labsence dun Etat capable de
sécuriser, dorganiser et dencadrer les populations, ils devraient faire
lobjet dune attention et dun traitement politiques spécifiques. Il sagit de
leur proposer des solutions de désarmement, de démobilisation et de réinsertion
sociale. Ceci suppose lexistence dun Etat organisé et structuré, fonctionnant
conformément à la loi et aux règles de la gouvernance.
question de la persistance et de la récurrence de linsécurité et de
linstabilité à lest de la RDC ne peut être traitée et résolue de lextérieur,
par un processus exogène dicté au peuple et aux dirigeants congolais. Les
intellectuels et les dirigeants congolais qui justifient une telle démarche
travaillent à laffaiblissement de lEtat congolais et participent au processus
de linfantilisation et de la mise sous tutelle de la RDC. Ils entretiennent
une des raisons fondamentales de linstabilité, de la stagnation et de
linsécurité en RDC, à savoir une crise de leadership et la démission de lEtat congolais. En effet, depuis laccession de la RDC à
lindépendance, le pays nest pas arrivé à assumer et à sapproprier sa
souveraineté. Les dirigeants congolais ont pris lhabitude de sinféoder à
létranger, sacrifiant ainsi le droit du peuple à lautodétermination et à
lautogestion et livrant le pays à
lexploitation et à la domination étrangères au prix de lhypothèque de son
développement et des intérêts vitaux des populations. La préoccupation de se maintenir
au pouvoir et de jouir des privilèges y afférents, devrait céder la pas au souci prioritaire et
primordial de lintérêt général, de la
pérennité et de la survie du pays et du peuple. En effet, on ne peut ni
pacifier durablement, ni libérer effectivement, ni développer authentiquement un peuple, sans
lui et malgré lui.
des engagements : question des rapports réels de forces
huit engagements renouvelés des pays de
la Région portent sur le respect des principes
du droit international concernant la non ingérence dans les affaires
intérieures des autres Etats, le respect de la souveraineté nationale et de lintégrité
du territoire, la coopération judiciaire etc.
principes, les Etats de la Région y ont
déjà souscrit non seulement de par leur
adhésion aux organisations internationales ou régionales telles que lONU, l
UA, la CIRGL , mais aussi par la signature de nombreux accords de paix
avec la RDC. On naurait donc pas du
leur demander de sengager à les respecter, car cela est supposé acquis.
question qui se pose est celle de savoir pourquoi ils se permettent dy déroger
dans leurs relations et leur politique envers la RDC, même lorsque des accords
dans ce sens existent et ont été signés. La réponse se trouve dans une des pratiques
courantes dans les relations internationales. La société internationale est
fondée sur le principe de la souveraineté nationale. Formellement, tous les
gouvernements jouissent dune voix égale dans le concert des nations.
Conformément à larticle 2 de la Charte de lONU, ils sont libres dagir de
manière indépendante dans les domaines de leur politique interne ou de leurs
relations extérieures. Mais dans la pratique, la capacité des Etats à exercer
cette souveraineté varie considérablement en fonction des rapports réels de
force sur le terrain.
diffèrent les uns des autres par la nature et la grandeur de leur territoire,
par leur position géographique, par leur importance démographique, par
limportance de leur force militaire, et par leur capacité daccéder aux
ressources naturelles, par leur
gouvernance et leur cohésion nationale.
internationale présente également une forte hétérogénéité économique et
sociale, de la plus grande opulence à la
pauvreté la plus extrême. Ces disparités napparaissent pas seulement dans les
comparaisons entre les Etats, mais à lintérieur des sociétés nationales. Elles
exacerbent les conflits entre les gouvernements, entre les nationalités et les
communautés ethniques qui se disputent la répartition des ressources
économiques/ Elles déterminent des conceptions différentes de la politique
internationale, rendant impossible ce minimum de convergence nécessaire à
linstauration dun ordre stable et légitime.
marque la politique intérieure et extérieure des Etats. Cest ainsi que le parlement rwandais propage
lidée fausse selon laquelle le Kivu a toujours appartenu au Rwanda et soutient
quil incombe à ce dernier dassurer la protection des
« rwandophones » qui seraient persécutés en RDC. Or ces derniers sont
et se reconnaissent congolais et ne se sentent aucunement concernés par les
propos et les visées expansionnistes et hégémoniques de Kigali. Ils ne
confondent pas nationalité et le fait de parler une langue. En de nombreux
endroits de la frontière congolaise, des congolais ont en partage la même
langue que leurs voisins des pays limitrophes, sans que cela prête à une
quelconque confusion de nationalité ou à une exploitation subversive et cynique.
politique extérieure dun Etat est toujours le reflet et le prolongement de sa
politique intérieure. La RDC devrait en prendre la mesure. En effet, il nya pas
de dissuasion diplomatique, sans dissuasion militaire. Il nya pas de
diplomatie de puissance ou même dinfluence, sans cohésion sociale interne et
consensus national solides. Il ny a pas de cohésion nationale sans une juste
redistribution des richesses nationales. Les dirigeants politiques ne peuvent
attendre ou exiger des sacrifices à un peuple auquel ils nassurent pas un
minimum de bien-être socio économique ou quils excluent du partage des
richesses pays.
faiblesse de la RDC est donc avant tout
interne. Tant que lEtat congolais sera faible, ses voisins ne se sentiront pas
en devoir de le respecter et dhonorer leurs engagements à son égard. Cest ce
qui sest passé avec tous les accords de paix antérieurement signés et qui
risque de se passer avec laccord cadre de 24 février 2013. Négocier en
position de faiblesse cest sexposer à la capitulation, sinon tout simplement,
à la trahison.
améliorant sa gouvernance que la RDC peut devenir un Etat capable de gérer et résoudre
ses problèmes internes. Cest à cette condition quil peut espérer modifier
les rapports de forces dans la région et jouer effectivement le rôle qui lui
revient de moteur de paix, de
stabilité et de développement, à lintérieur comme à lextérieur.
nest pas juste de contraindre la RDC à
partager ses ressources naturelles avec ses voisins. La politique extérieure
et commerciale relève de la souveraineté des Etats. Quil faille, dans ce
domaine comme dans dautres, tenir
compte des déterminismes géographiques et faire montre de pragmatisme et de réalisme, simpose. Mais il faut respecter le titre de propriété de la RDC sur son sol et son sous-sol et éviter de chercher
à abuser des faiblesses et de difficultés temporaires du pays pour ignorer et violer ses droits et
sa souveraineté. Du reste, lexistence de la CEPGL qui profitait
principalement au Rwanda et au Burundi en instaurant entre eux et la RDC une
zone de libre échange, ne les a pas empêchés dagresser la RDC et de continuer
à la piller…Il appartient donc à la RDC de concevoir et de mettre en œuvre un plan dexploitation et de
commercialisation de ses ressources naturelles et de définir, en conséquence,
sa politique de coopération avec les autres Etats de la région et du monde. Aucun
pays ne peut, en effet, vivre en autarcie. Et gouverner cest prévoir.
limites et des insuffisances des mécanismes du suivi
mécanismes interne et externe du suivi de lapplication de lAccord cadre
prévoient la nomination dun envoyé spécial des Nations Unies, laccompagnement
et la supervision de cette application par les 11+4 et par les institutions
financières internationales…Il est prévu également la révision et le
renforcement du mandat de la MONUSCO, présente en RDC depuis 1999 !
ce sujet affirmer que la communauté internationale ne peut valablement et efficacement se substituer au
leadership congolais. Et les soldats étrangers ne viendront pas mourir pour la
RDC, si les congolais eux-mêmes ne sont pas disposés à mourir pour la défense de la souveraineté et de lintégrité
du territoire de leur propre pays. Les Congolais et surtout leurs dirigeants
ont à redécouvrir et à cultiver le sens sacré, du patriotisme, de la dignité,
de lhonneur et de la vraie souveraineté qui correspond à la capacité de
sautodéterminer et de sautogérer. Car la force dun homme ou dun peuple est
avant tout spirituelle et morale.
cinquante après laccession du pays à lindépendance, les Congolais devraient
renoncer à pérenniser la mentalité anachronique dassisté perpétuel et assumer
leur souveraineté.
devrait donc satteler à créer les conditions endogènes dune gouvernance lui
permettant de se doter de toutes les ressources nécessaires à lexercice de sa
souveraineté, tant à lintérieur quà lextérieur. Aucun facteur étranger ne
pourra suppléer durablement ou se substituer au déficit actuel dans ce domaine.
par sa position géographique, limportance de ses ressources naturelles
potentielles, sa démographie et sa superficie, la RDC est le pays de la Région
qui jouit de la capacité naturelle de sécuriser et de stabiliser ses voisins.
leadership et lhégémonie actuels des autres pays de la sous-région sont donc
conjoncturels. Ils ne correspondent pas au déterminisme géographique et ne
peuvent générer que des équilibres géopolitiques et géostratégiques fragiles,
précaires et éphémères. Tant que la RDC jouait le rôle qui lui revient
naturellement de leader dans la région,
la paix et la stabilité ont été au rendez-vous. La modification de cette donne
à la fin du règne sans partage de Mobutu a créé un déséquilibre géopolitique et
géostratégique qui, à son tour, a ouvert
la voie à linstabilité et linsécurité récurrentes que lon connait
aujourdhui.
voisins et, en particulier, lUganda et le Rwanda nont pas résisté à la
tentation de profiter de la déliquescence de lEtat en RDC pour faire main
basse sur ses ressources naturelles et tenter de sarroger une portion de son
territoire. Très vite, les envahisseurs transformèrent la guerre
dagression en entreprise commerciale. Ils créèrent un réseau maffieux destiné
à piller les ressources naturelles de la RDC. Le Rwanda et lOuganda trouvèrent
dans ce commerce les moyens non seulement de financer la guerre et de se
procurer les armes et les munitions, mais aussi de voler, de vendre et dexporter dimportantes quantités de minerais
extraits de la RDC, notamment, lor, le coltan, la cassitérite, le diamant
ainsi que dautres ressources naturelles telles que le bois, la faune, la flore etc.
2001, S/2002/1146, du 16 octobre 2002 ; S/2003/1027 du 23 octobre
2003 ; S/2005/30 du 25 janvier 2005, et S/2008/773 du 12 décembre 2008,du
Conseil de Sécurité des Nations Unies fournissent des données sur cette
invasion, sur les pillages perpétrés par les envahisseurs, sur limplication
dans ce conflit et ce pillage, des réseaux internationaux étatiques et non-étatiques liés à la corruption, au trafic
des armes, à la contrefaçon de largent et même au terrorisme. Ces rapports de lONU citent de nombreuses
entreprises américaines, européennes voire asiatiques… qui tirèrent profit du
pillage des ressources naturelles de la RDC.
au processus de démocratisation qui a abouti à la mise en place des
institutions nationales et provinciales congolaises issues des élections. Cest
eux qui, profitant de la mondialisation et du libéralisme sauvage quelle
induit, ainsi que de la faiblesse de lEtat congolais, entretiennent
linsécurité à lombre de laquelle ils peuvent poursuivre lexploitation
illégale et le pillage des ressources naturelles et, en particulier, des
matières première stratégiques dont regorge la RDC.
les Etats demeurent les acteurs essentiels de la régionalisation des conflits,
il sied de souligner limportance des réseaux commerciaux transnationaux, qui sarticulent aux
économies de guerre afin dalimenter des groupes armés et de créer des situations
de « ni guerre ni paix » propices aux affaires et au trafic maffieux
des matières premières stratégiques[2].
souveraineté et de lintégrité du territoire de la RDC, la communauté
internationale, via lAccord-cadre, prend acte de cet état de fait et
lentérine. Elle va jusquà imposer à la
RDC le partage de ses ressources naturelles. Et pour comble, elle associe à la
supervision et au contrôle des mécanismes du suivi de lAccord cadre, les pays
voisins accusés par les experts de lONU, de soutenir les mouvements politico militaires qui déstabilisent la RDC et de se livrer à lexploitation
illégale et au pillage des ressources minières de celle-ci. Ce faisant, la communauté internationale cède à un
immédiatisme contraire au droit ainsi
quà la logique du déterminisme géographique et au sens de lhistoire. Elle
risque ainsi de contribuer à créer chez les Congolais, un sentiment dinjustice
et de frustration de nature conflictogène et belligène, déjà actuellement, mais surtout à moyen et à long termes.
LES CONDITIONS DE LAPPLICABILITE DE LACCORD-CADRE
de ses contradictions internes, lAccord cadre semble voué à léchec à linstar
des arrangements diplomatiques antérieurs dont elle ne fait que reprendre les
termes et répéter les principes. Sa qualification défectueuse des faits aboutit
à des pistes de solutions inadéquates, imprécises et répétitives qui se sont
avérées inefficaces dans un passé récent. Nayant pas pu établir les causes
réelles et précises de la persistance et de la récurrence des violences et de
linsécurité dans la région ni les responsabilités, lAccord cadre na été en
mesure de formuler que des propositions vagues, générales et répétitives, qui
semblent consacrer le statu quo.
dénombrés, ni localisés. Lon sait quils sont plus dune vingtaine répartis
sur les Uélés et lIturi dans la province Orientale, sur le Nord Kivu, le Sud
Kivu et le Maniéma, et sur le nord du Katanga…soit un territoire sétendant sur
plus de 500.000 km², avec une population denviron 20 millions dâmes (près du
tiers de la population congolaise totale). Cela représente près du quart de la
superficie totale de la RDC, où subsistent des zones de non-droit. Sur cet
immense territoire, seuls les centres urbains sont plus moins sécurisés. Ils
ont vu, en quelques années, leur population augmenter démesurément par la
migration des populations fuyant linsécurité des milieux ruraux,
sporadiquement écumés par les bandes armées de tous bords, surtout aux abords
des nombreux puits miniers. Malheureusement des soldats et des officiers de
larmée régulière ainsi que certains dirigeants politiques figurent parmi les fauteurs
dinsécurité et les pêcheurs en eaux troubles…Ils opèrent à lombre de labsence de
lEtat, et à la faveur de la corruption
et de limpunité qui gangrènent ladministration publique.
suivi que préconise lAccord-cadre, il
semble parallèle au rôle de la MONUSCO et du représentant du Secrétaire général
de lONU. Et surtout il ne peut se
substituer à lEtat congolais qui a déjà démontré ses limites et ses
insuffisances dans la gouvernance et dans sa capacité à restaurer la paix et la
stabilité.
politique[3],
lEtat congolais déstructuré ne semble
donc pas en mesure de sacquitter efficacement des engagements auxquels il souscrit dans lAccord.
Lapplicabilité de lAccord sen trouve amoindrie. Quant aux Etats de la sous
Région dont certains sont accusés de soutenir les mouvements politico-militaires
qui déstabilisent la région, ils nont pas été capables dhonorer les
engagements du pacte signé en décembre 2006 dans le cadre de la CIGRL. Les
groupes armés étrangers qui écument lest
de la RDC sont composés des Ugandais pour la LRA et lADF/NALU et Rwandais pour
les FDLR qui regagneraient leur pays sil sy organisait la réconciliation
nationale et la démocratie. La
persistance et la récurrence des violences et de linstabilité dans lest de la
RDC semblent mieux servir les intérêts et leurs visées hégémoniques et
économiques du Rwanda et de lOuganda. Aussi lAccord-cadre en lui-même
semble-t-il voué à léchec. Les frontières de la RDC sont devenues une passoire : leur
porosité laisse passer nimporte quel groupe daventuriers étrangers en mal
despace vital ou de ressources vitales. Les éleveurs Mbororo en font partie.
dehors de ce cadre mort-né, les voies et moyens de réaliser les conditions de la restauration dune paix durable à lest
de la RDC. La politique extérieure dun pays étant le reflet et le prolongement
de sa politique intérieure, cest aux conditions intérieures quil faut
accorder priorité dans la solution du problème de la paix à lest de la
RDC. Il sagit ni plus ni moins que de
refonder lEtat, de restaurer ses fondamentaux. Et cela ne peut se faire
par un coup de baguette magique : il faut une vision globale de la
gouvernance dont la mise en œuvre doit sinscrire dans la durée. Car avant
dêtre une organisation et une structure, la démocratie est une culture et une
mentalité qui sacquièrent par léducation civique et le développement de la
conscience citoyenne. La crise de leadership en RDC senracine dans ce déficit
de culture politique et de mentalité démocratique, qui sacquièrent par
léducation civique[4].
durable en RDC. Il sagit de :
lhomme), doté en suffisance, des moyens financiers, idéologiques,
structurels, juridiques et humains de sa politique. Pour cela, la RDC a besoin
dun leadership politique citoyen et responsable ; dune justice
indépendant, capable de lutter efficacement contre les abus de pouvoir, la corruption, limpunité, la
prime à la violence et les inégalités
sociales ; dune armée républicaine, professionnelle et dissuasive ;
et enfin, dune administration publique stable, apolitique et efficiente. Cela
permettra de restaurer lautorité de lEtat sur toute létendue de la
République et de sécuriser les citoyens et leurs biens.
la justice internationale dans la région, condition indispensable à une paix
durable. Une justice capable de lutter efficacement contre la criminalité
transfrontalière. Il est impératif, en RDC comme dans la région, de
tourner la page de la belligérance, des
crimes imprescriptibles et de la prime à la violence comme moyen de règlement des différends entre les Etats et mode de gestion
des relations interétatiques dans la région. La justice à restaurer comporte
une quadruple fonction : elle est, certes, répressive, mais surtout et
dabord, pédagogique, thérapeutique et
préventive. Il sagit déduquer à la paix et à la non violence et de mettre fin au système de limpunité qui a élu
domicile dans la région. A ce sujet, la mise en place dun Tribunal spécial
pour la RDC et pour la région serait souhaitable. Le Rapport Mapping qui a été
rendu public le 1 Octobre 2010, ainsi que les nombreux rapports des experts de
lONU sur la situation sécuritaire de la Région, fournissent des pistes
dinvestigation judiciaire, exploitables à cet égard.
contre la pauvreté et la précarité par une justice distributive[5], par
léducation pour tous[6] et par
la relance de lagriculture en vue de la souveraineté alimentaire, base de tout
développement. La démocratie, la paix et la stabilité politique nont, en
effet, pas de pires ennemis que la pauvreté[7] et
lignorance.[8]
le processus électoral en organisant,
avant la fin de la législature en cours, les élections communales et locales. Cela
permettrait de mettre fin à larchitecture actuelle dune démocratie pyramidale
renversée, en déséquilibre sur son
sommet et sans base. La RDC pourrait ainsi soffrir la possibilité de faire
émerger un leadership de proximité, en complicité avec le peuple et effectivement
comptable devant la population dans la gestion du pays. Il ne peut y avoir de vraie démocratie participative
sans ces leaders politiques du terrain qui organisent et gèrent le quotidien
collectif à la base et les enjeux du développement communautaire sous le
contrôle des électeurs. Cest la
condition préalable à une décentralisation de nature non seulement à rapprocher
les administrés des administrateurs, mais aussi et surtout à assurer la
participation citoyenne essentielle à toute vraie démocratie.
de la paix et de la stabilité politique passe par le dialogue permanent et inclusif
entre les dirigeants et le peuple dialogue qui est le poumon par lequel respire
la démocratie (gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple).
Cest, en même temps, le gage de la
légitimité du pouvoir et de la cohésion nationale. Car on peut décréter la légalité, mais la légitimité,
elle, se négocie, toujours et en permanence, entre le peuple souverain et ses
dirigeants. Aucune solution militaire ne pourra suffire pour instaurer une
paix durable et la stabilité en RDC. Le problème de gouvernance ne se résout
jamais valablement par des solutions militaires.
régénération de lEtat congolais et renforcer lunité et la cohésion de la nation.
partie du problème à résoudre, le recours volontaire à la facilitation par les
organisations internationales semble simposer si lon veut donner au dialogue
intercongolais la chance de réussir et daboutir.
autres dispositions devraient accompagner et compléter les cinq précédentes ;
population et lidentification des
nationaux, condition pour la planification du développement du pays et de
lencadrement politique et de la gestion
administrative des populations
laccélération des négociations
politiques en vue du rapatriement des groupes armés étrangers. Leurs pays
dorigine devraient, par la réconciliation nationale et la démocratisation,
créer les conditions politiques et sociales du retour de leurs ressortissants
au bercail. Ainsi lOuganda récupérerait les LRA et les ADF/NALU ; le
Rwanda, les FDLR ; le Niger, la Centrafrique et le Tchad, leurs Mbororo respectifs. Un mécanisme daide à trouver un pays dasile pour ceux
dentre eux qui ne désirent pas regagner leur patrie pourrait être envisagé
avec lassistance du HCR de lONU.
paix et à la sécurité, tant sur le plan national quinternational ».
Et comme la écrit le pape Paul VI, « le développement est le nouveau nom de la paix[9] ».
Tant que la RDC continuera à figurer à la dernière place dans
le classement international de lindice
du développement humain, elle ne pourra connaître de paix durable.
Démocratique du Congo, II, 1.
BADIE et S. TORLOTTI (sous la direction de -), LEtat du monde 2008,
Paris, La découverte 2008, p. 108. Les auteurs précisent : « La
transnationalisation de léconomie préexistait souvent au conflit. Toutes les
études historiques sur lindustrie du diamant en Sierra Léone ou sur le secteur
minier au Kivu (RDC) soulignent que les phénomènes miliciens existent dès la
période coloniale et se sont développés après, à la mesure de léconomie
informelle que de telles ressources autorisaient, bien avant léclatement des
violences armées. Les guerres civiles conduisent ainsi non une destruction de ces réseaux
transnationaux, mais à leur militarisation et au changement didentité des principaux bénéficiaires. Lexportation
illégale du coltan, comme celle du bois, avait commencé bien avant le conflit
dans lest du Zaïre ; mais leurs acteurs nétaient pas alors, les élites
militaires de Kampala ou de Kigali » (comme actuellement).
programme de gouvernement approuvé par lAssemblée nationale, le premier ministre avait prévu pour les cinq ans de sa
législature, un budget global de 45 milliards de dollars US soit une moyenne
de 9 milliards de dollars US par an. Le
budget voté pour lexercice en cours atteint à peine 7 milliards. Avec des
moyens financiers aussi dérisoires, quelle réforme institutionnelle peut
réussir la RDC ?
de la RDC en son article 45 stipule :
« Les pouvoirs publics ont le devoir de promouvoir et dassurer par lenseignement, léducation et la diffusion,
le respect des droits de lhomme, des libertés fondamentales et des devoirs du
citoyen énoncés dans la présente Constitution.
devoir dassurer la diffusion et lenseignement de la Constitution, de la
Déclaration Universelle des droits de lhomme, de la Charte africaine des
droits de lhomme et des peuples, ainsi que de toutes les conventions
régionales et internationales relative aux droits de lhomme et de au
droit international humanitaire dument
ratifiées.
dintégrer les droits de la personne humaine dans touts les programmes de
formation des forces armées, de la police et des services de sécurité ».
de la RDC en on article 58 stipule : « Tous
les Congolais ont le droit de jouir
des richesses nationales ; ‘LEtat
a le devoir de les redistribuer équitablement et de garantir le droit au développement ».
Il faudrait instaurer dans barème
des services publics de lEtat une
tension salariale ne dépassant pas 20. Actuellement, le salaire mensuel dun
ministre national équivaut à celui de 200 enseignants du primaire ou
120 soldats… Et celui dun
parlementaire, à celui de 120 enseignants du primaire ou 120 soldats.
de la RDC en son article 43 §5 stipule : « Lenseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics ».Et dajouter à larticle 44 : « Léradication de lanalphabétisme est
un devoir national pour la réalisation duquel le Gouvernement doit élaborer un
programme spécifique ». Notons que daprès les statistiques
officielles du Ministère congolais de lenseignement primaire, secondaire et
professionnel, trois millions et demi des enfants entre 6 et 12 ans ne sont pas
scolarisés, et sept millions trois cent soixante cinq mille enfants entre 6 et
17 ans (âge de lenseignement primaire et secondaire) ne sont pas scolarisés.
statistiques officielles contenues dans le programme du gouvernement actuel, 71% de la population congolaise vivent
en dessous du seuil de la pauvreté (avec moins dun dollar par jour et par personne)!
danalphabètes en RDC est estimé à plus de dix huit millions de personnes.
Pape dajouter : « Combattre la misère et lutter contre linjustice,
cest promouvoir, avec le mieux-être, le progrès humain et spirituel de tous,
et donc le bien comme de lhumanité. La
paix de se réduit pas à une absence de guerre, fruit de léquilibre toujours
précaire des forces. Elle se construit jour après jour, dans la poursuite d un
ordre voulu par Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les
hommes ». (cf. Encyclique du Pape Jean XXIII, Pacem
in terris, n° 55, 1963).