16/05/13 Jeune Afrique – Antoine Gabriel Kyungu : "En RDC, trop de pouvoirs sont concentrés à Kinshasa"

 

 Au perchoir de l'assemblée
provinciale du Katanga depuis 2006, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza,
74 ans, préside l'Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), un
parti qu'il a créé en 2001 et qui compte aujourd'hui 15 députés
provinciaux et 8 au Parlement congolais. Celui que ses militants appellent la
sentinelle du Katanga est désormais considéré dans tout le pays comme le
porte-étendard du fédéralisme. Une démarche dans laquelle ses détracteurs
voient une résurgence des velléités sécessionnistes.

 

Jeune Afrique
: Pourquoi réclamez-vous un système fédéral pour le pays ?

 

Antoine Gabriel Kyungu wa
Kumwanza
: Nous sommes convaincus que seul le fédéralisme peut nous
permettre d'administrer convenablement la RDC,
qui est un sous-continent à elle seule, et d'assurer la redistribution des
richesses nationales d'une manière équitable.

 

En plus de cinquante ans
d'indépendance, nous avons expérimenté l'unitarisme en appliquant parfois la
centralisation à outrance, et n'avons connu que des échecs. Nous ne pouvons
plus continuer à prétendre que concentrer trop de pouvoirs à Kinshasa
permettrait le développement du pays. Un adage dit : « qui trop embrasse
mal étreint »…

 

Existe-t-il selon vous une
corrélation entre les actions du mouvement sécessionniste Kata Katanga et
l'insatisfaction des populations qui ne profitent pas suffisamment des
ressources de leur province ?

 

Je vous renvoie à la concertation
du Grand Karavia Hôtel du 29 mars, au cours de laquelle les Katangais se
sont exprimés à travers les notables locaux et les représentants de la société
civile : les gens se sentent rejetés et oubliés. Cela provoque des
frustrations. Mais je condamne la méthode utilisée par ces milices pour faire
entendre leur voix.

 

Certains pensent qu'entre
fédéralisme et sécession il n'y a qu'un pas, et n'hésitent pas à vous désigner
comme le principal soutien des Kata Katanga…

 

Les miliciens se disent
indépendantistes. Nous, nous ne sommes pas pour l'indépendance : nous sommes
pour un système fédéral dans un Congo qui reste uni. Je ne soutiens donc pas
les Kata Katanga, dès lors que leur action se traduit par une
effusion de sang, des massacres, des viols, des vols, etc. C'est une chose de
comprendre leur combat, c'en est une autre de le soutenir. Nous fustigeons la
méthode, mais nous considérons que c'est leur droit de dire : « Nous
voulons l'indépendance de notre province. » Reste que cette revendication
doit s'exprimer d'une manière pacifique, sans recourir aux armes.

 

Et quels sont vos rapports
avec le gouverneur Moïse Katumbi ?

 

Nous ne pouvons pas voir les choses
toujours de la même manière, mais le courant passe. Lorsque nous constatons
qu'une situation risque de compliquer les relations entre les deux institutions
[gouvernement provincial et assemblée provinciale, NDLR], nous nous concertons
pour éviter les crocs-en-jambe.

 

Joseph Kabila arrive à la
fin de son dernier mandat en 2016. Comptez-vous vous présenter à la prochaine
présidentielle ?

 

Il ne faut pas brûler les étapes.
Je réserve ma réponse pour le moment opportun. Aujourd'hui, je ne vois rien qui
puisse me détourner de Joseph Kabila, que je soutiens à 100 %.

 

 

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