Le chasseur et le lion : quelle coopération culturelle pour quelles perspectives en RD.Congo? Pr. Lye M. Yoka, Institut National des Arts de Kinshasa
1. Le syndrome de lorphelin
Si
le travail de deuil, cest réconcilier le présent et le passé avec la paix, et reconnaitre le statut dancêtres aux morts
(quils soient ordinaires , héros ou martyrs),il na pas encore su réconcilier
la mémoire avec les séquelles de la traite négrière ,des campagnes
léopoldiennes, de la tragédie de Lumumba ,des rebellions à répétitions et de
ses génocides camouflés. (1)
Il
sen est suivi un certain nombre de paradoxes, dont le plus remarquable pour
moi, au cours des 50 ans dindépendance, est que nous avons été globalement
atteints du « syndrome de
lorphelin » : tous à la fois enfants-soldats,
victimes collatérales des massacres ; enfants-sorciers, à la merci des
malédictions irrationnelles ; enfants
de rue, avatars de la crise socio-économique et de lemprise de la culture informelle. Voilà pour lenvers de la médaille. Lendroit de
cette médaille, lautre face de Janus, cest quen même temps ,pendant les
mêmes 50 ans, les mêmes générations ont
démontré des capacités inouïes de survie et de résistance : nous sommes tous ainsi à la fois des enfants de …cœur, avides de paix ; enfants prodigues, flambeurs et sapeurs
dans le corps et lesprit comme pour contrevenir à la loi de la mort sans cesse
présente en nous et autour de nous; enfants prodiges, génies de linventivité,
notamment artistique comme cache-misère ou comme revendication des paradis
perdus.
2. Quête des paradis perdus
Comme
pour exorciser les paniques et faire valoir les ressources et les ressorts identitaires occultés, des tentatives ont
été menées par diverses politiques et dynamiques culturelles depuis 1960,
quelles soient dinspiration intellectuelle (Mabika Kalanda, « la remise
en question ,base de la décolonisation mentale » V.Y Mudimbe,
« Lautre face du royaume » ), religieuse (Cardinal Joseph
Malula et le rite zaïrois de la célébration eucharistique ; ainsi que les intellectuels du Centre
dEtudes des Religions Africaines – CERA) ou politique (Président Mobutu, « le recours à lAuthenticité », Joseph Kabila, « la révolution de la
modernité »), etc .
Deux moments me paraissent remarquables dans cette
quête identitaire : dabord « le recours à lAuthenticité »
prôné par le président Mobutu comme antidote à lacculturation et à la néo-colonisation mentale. Ce recours
à la mémoire et à lénergie ancestrale, tout intuitif, tout empreint de
romantisme et de nostalgie dune Afrique virginale, na cependant pas échappé
aux dérives totalitaires du culte de la personnalité et du parti unique.
Deuxième cas :
Conférence Nationale
avec comme objectif la catharsis
collective et le changement radical du système politique. Lon sait comment
cette palabre, bilan autocritique a
priori bénéfique, a ouvert la boite
de Pandore et déclenché les violences de toutes sortes à partir de 1990.
3. Les voleurs de feu
Si
lex-colonie belge nest pas arrivée à faire le deuil de la colonisation,
il en est de même, mine de rien ,de lex-métropole et de ses héritiers,
habituellement hommes et femmes de bonne foi et de bonne volonté dautant plus
quils nont pas connu la « parenthèse de feu et de sang » (Sony
Labou Tansi) de leurs pères et grands-pères colonisateurs. Nempêche : leur bonne foi et leur bonne volonté ne sont pas à labri des
épreuves de force et des rapports de domination entre ceux qui croient avoir et
ceux à qui lon fait croire quils nont pas, entre ceux qui croient savoir et
ceux à qui lon dénie encore, dans la
pratique, tout savoir et toute mémoire…
En
face des nouveaux « Noko », héritiers des ex-colonisateurs, lon voit
pourtant émerger, comme en contrepoint, de jeunes intellectuels et surtout de
jeunes artistes congolais passablement avant-gardistes et anticonformistes. Le
paradoxe veut que ces « voleurs de feu » ont maitrisé ou tentent de
maitriser avec un certain succès, le savoir et le savoir-faire des anciens
maitres, mais leur légitimité sur le plan international et parfois même
national dépend encore largement des critères externes à eux. Chéri Samba,
Freddy Tsimba, Faustin Linyekula, Bibish Mumbu, Jean Goubald, Vichois
Mwilambwe, Samy Baloji, Dieudonné Ngangura, Pie Tshibanda, Dieudonné Kabongo,
Nzey Van Musala, Mampuya, Lokwa Kanza, Denis Mpunga, Jo Munga, Clarisse Muvuba,
Phoba, Balufu Kanyinda, Ray Lema, Jean
Bofane, Pius Ngandu, Antoine Tshitungu (pour ne citer queux), ont beau prouver
combien ils sont talentueux, leur succès
continue à dépendre des réseaux étroits qui simposent ou
sinterposent à eux. Sans compter que la plupart dentre ceux que jai cités
ont choisi une carrière professionnelle en Europe, alors que la caution du
public congolais, sur place en RDC, reste à prouver…
4. « babélisation » et «
labellisation »
Cest que ces nouveaux chantres congolais de
la diversité culturelle, citoyens du monde, adeptes du nomadisme et
reconstructeurs de la tour de Babel, ont volé le feu sans parvenir à bien
éclairer les chemins de retour du pays natal. Cest quégalement les critères
et les rites de labellisation outre-mer et outre-Atlantique ne semblent
répondre quà deux sortes de grilles dapproche aux antipodes, mais de même
valeur « exotique » : dune part une sorte de tropisme sur des
œuvres à valeur et à saveur plus au moins « indigènes », quelquefois sur commande des centres
culturels étrangers établis en Afrique, à la limite du misérabilisme, du
sensationnel, de lapocalypse, de la superstition « fétichiste »… ; et, dautre part, une sorte datypisme qui ne
semble napplaudir dans les œuvres africaines que ce qui
est « excentré », ce qui
« déstructure », ce qui
« déconstruit », dautant plus
outrageusement quelles sinspirent des soi-disant « contemporains » européens
(2).
5. Le chasseur et le lion
Entre
les deux pôles, la critique et lanthologie des
nouveaux « explorateurs » occidentaux ont décidé une sorte
dembargo : embargo contre les arts plastiques dits
« académiques », contre les musiques populaires urbaines (profanes ou
religieuses) ; embargo contre les littératures francophones modernes et
engagées, etc. Or comme le rappelle un proverbe africain : « on
ne connaitra jamais la vraie légende du lion tant que les histoires de chasse
montreront le chasseur comme le seul héros ».
Or
il existe des expériences et des pratiques partenariales récentes qui sont
exemplaires et prometteuses en termes de regards croisés, de domestication de
la modernité à partir des matériaux du terroir ou des ustensiles de
récupération. En termes aussi de vision prophétique. Lexemple du projet
belgo-congolais « Yambi » (2005-2007) a montré, suite à une
prospection laborieuse à travers le pays et suite à des productions
professionnelles en communauté Française de Belgique, quentre le tropisme
réducteur et un peu voyeuriste, et latypisme déconstructeur, il y avait place
pour une gamme des possibilités géniales et originales. (3). Il en est de même par
ailleurs du projet « Top 100 » entre lONG congolaise, « Observatoire
des cultures urbaines en RD. Congo »
et lUniversité de Montréal
concernant lethnographie de lécoute de la musique congolaise moderne(4) :
outre des résultats de terrain inédits sur la réception de la musique populaire
en milieu kinois, notamment celui des jeunes, le projet a démontré avec succès
la part de l« investissement »
au sein des partenariats nord-sud ,
à travers des méthodes nouvelles dinvestigation de la création et de la
pratique musicales, à travers des missions détudes autant que des échanges
dinformations et de formations croisées, actuelles ; et à travers la mise
à disposition pour les chercheurs congolais des outils modernes de travail, de
numérisation, de mise en réseau et répertoriage documentaires.
6. Lire avec « 4 yeux »
Les
sages de la cité qui savent déchiffrer les signes du temps et de lespace,
mont naguère dit quil fallait 4 yeux, 4 oreilles et 4 mains pour vraiment
voir, écouter, et sentir lineffable. Pour cela il fallait non seulement être
initié à regarder pour voir, à entendre pour écouter, à toucher pour
sentir ; mais il sagissait de simmerger dans limaginaire de
lartiste-mage pour recréer à sa suite la magie…
Les
sémiologues, eux, mont appris deux choses essentielles : le signe est
polysémique, et la quête de sens est tributaire du contexte. Sémiologie de la
signification ou sémiologie de la communication, elle est au carrefour des
grilles de lecture diverses. Cest dire combien on ne peut lire les arts
africains (et congolais en particulier) quavec le concours de différentes
disciplines et avec une certaine connivence enracinée du sujet pensant et de
lobjet visé : lanthropologie seule, avec ses nostalgies ethnologiques
bon teint ne peut se satisfaire si elle ne sadjoint les prédicats de la
sociologie ou de la philosophie, autant que dapproches post-coloniales et post-modernes apprivoisées.
La sociologie seule, avec ses querelles décoles et ses sauts dans
linconnu ; la critique dart
seule, avec ses questions toujours pendantes sur la relativité ; la philosophie, avec ses tendances touche-à-tout,
ne peuvent se satisfaire si les enquêtes de terrain ne valident. Les enquêtes de terrain elles mêmes, risquent dêtre indigentes à cause des
« angles de vue » ou des « illusions doptique »,ou encore
des « partis pris » propres à lenquêteur déterministe et étranger, à
cause de la présence intimidante pour lenquêté souvent néophyte, du micro ou
de la camera, à cause enfin de la longue tradition de la censure et du silence
dans nos pays africains.
Par
ailleurs les artistes congolais en particulier, ont été tellement confrontés
depuis les années ‘80 , à de multiples expériences à travers le
monde que leurs œuvres portent nécessairement la marque enrichie de la
diversité protéiforme et de la polysémie. La chorégraphie de Faustin Linyekula,
avec la concrescence de gestes et de discours superposés, juxtaposés,
interposés, est-ce encore de la danse contemporaine ? La sculpture de Freddy Tsimba, avec ses
magies de forge et de monumentalisme, est-ce encore de lart plastique ? Lartiste Vichois Mwilambwe, avec ses scènes
d « installations » et
de « performances » psychodramatiques et cathartiques, est-ce encore
de la peinture ? Samy Baloji, avec ses photos-gravures et des
vidéos-photos aux regards incisifs, translucides qui apprivoisent tout, les
ombres et les lumières dhier et daujourdhui, est-ce encore de la
photographie ? Lokwa Kanza, avec
des airs butinés ici et là à partir dinspirations inédites, est-ce encore de
la rumba ? Lécrivaine Bibish Mumbu ou lécrivain Fiston Mwanza Nasser ,
avec leurs récist-chroniques atypiques, et .des anecdotes
entremêlées, avec leurs dialogues à lemporte-pièce, est-ce encore du
roman ? Nest-ce pas ce quon
entend aujourdhui par « cumul-art »…
7. Regarder lAfrique à partir de
lAfrique
1°) Depuis les années 70, il ya comme une épreuve
de force épistémologique et une convocation des arts comme science, comme
discipline. Cest la raison dêtre des instituts darts comme lInstitut
National des Arts, lAcadémie des Beaux-Arts, lInstitut Supérieur des Arts et
Métiers, lInstitut des Bâtiments Travaux Publiques, ou lInstitut dArchitecture et Urbanisme, à Kinshasa. Or, les expériences de ces
instituts prouvent que derrière le
concept de « discipline » se dressent du coup dénormes défis actuels
comme celui de regarder lAfrique à partir de lAfrique, et denraciner les recherches et les pratiques
tout en les ouvrant aux souffles de la modernité. Comme celui d induire, avec le concours des décideurs et des
opérateurs culturels, une politique
culturelle innovante et cohérente, avec comme priorités : professionnaliser
les métiers dart et de culture, reconnaître et promouvoir les savoirs et les
savoir-faire populaires, promouvoir des industries culturelles créatives,
financer et autofinancer la culture, protéger la propriété intellectuelle,
activer la «diplomatie
culturelle », inverser la tendance entre le « centre » en
ex-métropole, et la
« périphérie » au sud…
Deux
exemples me semblent éclairants par rapport à cette vision à inverser. Dabord
celui du Festival International du Livre et du Film « Etonnants
Voyageurs », manifestation fort
médiatisée, qui sest tenue pour la première fois en Afrique centrale (à
Brazzaville, du 13 au 17 février 2013), mais qui a laissé plus dun Congolais
sur sa soif . Et pour cause !
Certes le thème a été attractif, à
savoir « LAfrique qui
vient », autrement dit, « une nouvelle Afrique qui entend
prendre sa place dans le siècle qui commence, une Afrique qui met à mal nos
discours convenus. Une Afrique dont les
artistes, les écrivains, les poètes nous
dessinent les contours »(5) ; le programme a été
tout aussi alléchant, notamment
avec le privilège et lespace particuliers accordés
aux deux Congo de dialoguer et de sévaluer devant témoins, mais à travers leurs écrivains en principe représentatifs du génie des deux rives. Or la
parole na été accordée quaux seuls représentants congolais de la diaspora
pour évoquer finalement des villes de
Kinshasa et de Brazzaville quils navaient plus fréquentées depuis une dizaine
dannées, si pas plus ! En plus Alain Mabanckou et Michel Le Bris,
Directeurs du Festival, ont animé une conférence, en véritables magisters
ex-cathedra, au cours de laquelle, il a été question de
« littérature-monde », une façon de dénier catégoriquement (et même
prétentieusement) toute forme
dexistence de quelque « littérature nationale »,
et donc de faire valoir indirectement le « centre » par rapport à la
« périphérie »(6). Sur la même veine on peut épingler lautre
Festival « nomade », CONNECTION KIN, du KVS (Koninklijke Vlaamse
Schouwburg), cest-à-dire le Théâtre Royal Flamand de Belgique : bel idéal
que celui de « créer un espace libre et ouvert où la générosité a toute sa
place », avec une brochette multidisciplinaire constituée essentiellement
des arts visuels, du film et de la littérature. Seulement voilà : initié
en 2005 et à défaut sans doute dun
espace néerlandophone en bonne et due
forme comme lont fait les autres concurrentes, la coopération française
ou
Wallonie-Bruxelles
flamande est en quête dune raison dexister en RD.Congo ; et à ce titre,
le KVS semble sêtre engagé dans les mêmes sillons et les mêmes réseaux, avec
comme points focaux lInstitut Français
et le Centre Wallonie-Bruxelles, et accessoirement quelques autres lieux
périphériques typiquement nationaux. On
ne peut pas dire honnêtement que les milieux culturels et artistiques de
Kinshasa soient activement et massivement impliqués, en commençant par les
autorités publiques et les institutions publiques de formation, de conservation
et de diffusion culturelles. Finalement,
tous comptes faits, cest encore
une fois la diaspora qui est mise en vedette, sans que lon se pose la question
de limpact, et du field-back, en termes dhéritages techniques, de ressourcement et denracinement féconds,
de regards croisés, de renforcement des
capacités ou déchanges institutionnalisés…
Et surtout en termes de
durabilité de cette initiative ‘import-export, « à guichet plus ou
moins ouvert », selon les expressions
dun dramaturge kinois…Et avec
des sélections et des choix à lemporte-pièce…
2°) Regarder lAfrique à partir de lAfrique,
cest briser le cercle vicieux du « centre » et de « la périphérie ».
Faut-il toujours se résigner à penser que toute forme de triomphe artistique et
littéraire passe par Paris ou New York ? Lécrivain kinois Zamenga
Batukezanga na pas eu besoin de lonction métropolitaine pour être lu par des
milliers de jeunes enthousiastes dans une ville, Kinshasa, de 2 à 3 millions de lecteurs potentiels. Les Editions Hemar que dirige le professeur Kadima-Nzuji et qui couvrent les deux Congo nont pas eu à recourir aux bonnes grâces de
Paris ou de Bruxelles pour éditer à grand tirage et avoir pignon sur rue en 5 ans dexistence. Et cela grâce
notamment aux contributions littéraires de lAssociation des Ecrivains de Fleuve Congo.
3°)
Regarder lAfrique à partir de lAfrique nexclut pas lintégration de nos
structures et initiatives propres dans des réseaux dhomologues hors dAfrique.
Mais toujours dans un dialogue équitable, même si les rapports de force sont instables. Il faut à lAfrique des solidarités
nouvelles, horizontales, pour des
convivialités, des rationalités et des
stratégies pressantes, présentes, porteuses.
4°) Finalement, quapportent donc les arts et le
génie africains à lEurope, à lOccident ? Dabord…la mauvaise conscience, au sein dune mondialisation rouleau-compresseur,
à fractures prononcées, à double vitesse,
mais enrobée dans des fanfreluches en dentelles et de nouvelles évangiles
paganisées pour adeptes crédules et néo- colonisés. Ensuite, ils apportent une définition et une pratique de lart, non plus comme du
luxe, non plus comme « émotion nègre et naïve » ; mais comme
nouvelles rationalités, nouvelles esthétiques et nouvelles oralités
urbaines ; comme restitution de la parole naguère confisquée. Il nous faut
donc des approches herméneutiques dialectiques, dialogiques, intersubjectives,
transdisciplinaires, mais néanmoins conniventes avec lœuvre. Comme le note le
sociologue français Gilles
Lipovetsky : « la modernité inaugurale a remporté la bataille de la
quantité ; ce nest plus ce qui va nous faire gagner des parts de marché.
Cest la qualité qui doit être notre but
constant. (…) La créativité en général et esthétique en particulier doit
mobiliser toutes nos énergies et nos entreprises. Et cette orientation, primordiale
pour notre avenir, doit commencer dès lécole. Cest lune des grandes voies
pour relever les défis de lunivers globalisé » (dans LExpress, 29 mai 2013, p. 34)
Cest
pour moi une autre façon, je le répète, davoir
4 yeux, 4 oreilles et 4 mains, et savoir lire au grand jour les signes
du temps et de lespace. Il y a là plus quune question de
professionnels ; mais une question dinitiés et d « ayants
–droits », selon lexpression dAchille Mbembe…
NOTES
1°) Lye M. YOKA, « A quand le travail de
deuil ? », dans Combats pour la
culture, Editions Hemar,
Brazzaville, 2012, pp. 42-56
2°)
lire par exemple Lye M. YOKA, « Benda Bilili : éloge de la
commisération », dans Le Potentiel,
26/02/2013
3°) Lye M. YOKA, « ‘Yambi, la fête
congolaise au pluriel », dans Combats
pour la culture, Hemar Editions, Brazzaville, 2012, pp.237-243
4°) lire Bob W. WHITE et Lye M. YOKA, Musique populaire et société à
Kinshasa . Une ethnographie de lécoute, LHarmattan, Paris, 2010
5°) Prospectus du Festival « Etonnants
Voyageurs », 2013
6°) Argument du Document de présentation du
Congrès international des Ecrivains francophones à Lubumbashi, du 24 au 26
septembre 2012 (en marge du XIV° Sommet de
RD.Congo) : « Par son enrichissement radical des imaginaires, la
littérature pourrait proposer lUTOPIE prospective dune Afrique impliquée dans
un monde global, et cela sans cesser de remettre en cause une histoire
triomphaliste et univoque telle quimposée par lOccident. (…)
Les
écritures contemporaines demeurent les lieux dinscription dun autre
devenir face au manque dimagination des projets politiques.
La question est de savoir ce quon peut attendre de la littérature, dans monde
en pleine mondialisation, désormais décentré. »
Le chasseur et le lion : quelle coopération culturelle pour quelles perspectives en RD.Congo? Pr. Lye M. Yoka, Institut National des Arts de Kinshasa
1. Le syndrome de lorphelin
Si
le travail de deuil, cest réconcilier le présent et le passé avec la paix, et reconnaitre le statut dancêtres aux morts
(quils soient ordinaires , héros ou martyrs),il na pas encore su réconcilier
la mémoire avec les séquelles de la traite négrière ,des campagnes
léopoldiennes, de la tragédie de Lumumba ,des rebellions à répétitions et de
ses génocides camouflés. (1)
Il
sen est suivi un certain nombre de paradoxes, dont le plus remarquable pour
moi, au cours des 50 ans dindépendance, est que nous avons été globalement
atteints du « syndrome de
lorphelin » : tous à la fois enfants-soldats,
victimes collatérales des massacres ; enfants-sorciers, à la merci des
malédictions irrationnelles ; enfants
de rue, avatars de la crise socio-économique et de lemprise de la culture informelle. Voilà pour lenvers de la médaille. Lendroit de
cette médaille, lautre face de Janus, cest quen même temps ,pendant les
mêmes 50 ans, les mêmes générations ont
démontré des capacités inouïes de survie et de résistance : nous sommes tous ainsi à la fois des enfants de …cœur, avides de paix ; enfants prodigues, flambeurs et sapeurs
dans le corps et lesprit comme pour contrevenir à la loi de la mort sans cesse
présente en nous et autour de nous; enfants prodiges, génies de linventivité,
notamment artistique comme cache-misère ou comme revendication des paradis
perdus.
2. Quête des paradis perdus
Comme
pour exorciser les paniques et faire valoir les ressources et les ressorts identitaires occultés, des tentatives ont
été menées par diverses politiques et dynamiques culturelles depuis 1960,
quelles soient dinspiration intellectuelle (Mabika Kalanda, « la remise
en question ,base de la décolonisation mentale » V.Y Mudimbe,
« Lautre face du royaume » ), religieuse (Cardinal Joseph
Malula et le rite zaïrois de la célébration eucharistique ; ainsi que les intellectuels du Centre
dEtudes des Religions Africaines – CERA) ou politique (Président Mobutu, « le recours à lAuthenticité », Joseph Kabila, « la révolution de la
modernité »), etc .
Deux moments me paraissent remarquables dans cette
quête identitaire : dabord « le recours à lAuthenticité »
prôné par le président Mobutu comme antidote à lacculturation et à la néo-colonisation mentale. Ce recours
à la mémoire et à lénergie ancestrale, tout intuitif, tout empreint de
romantisme et de nostalgie dune Afrique virginale, na cependant pas échappé
aux dérives totalitaires du culte de la personnalité et du parti unique.
Deuxième cas :
Conférence Nationale
avec comme objectif la catharsis
collective et le changement radical du système politique. Lon sait comment
cette palabre, bilan autocritique a
priori bénéfique, a ouvert la boite
de Pandore et déclenché les violences de toutes sortes à partir de 1990.
3. Les voleurs de feu
Si
lex-colonie belge nest pas arrivée à faire le deuil de la colonisation,
il en est de même, mine de rien ,de lex-métropole et de ses héritiers,
habituellement hommes et femmes de bonne foi et de bonne volonté dautant plus
quils nont pas connu la « parenthèse de feu et de sang » (Sony
Labou Tansi) de leurs pères et grands-pères colonisateurs. Nempêche : leur bonne foi et leur bonne volonté ne sont pas à labri des
épreuves de force et des rapports de domination entre ceux qui croient avoir et
ceux à qui lon fait croire quils nont pas, entre ceux qui croient savoir et
ceux à qui lon dénie encore, dans la
pratique, tout savoir et toute mémoire…
En
face des nouveaux « Noko », héritiers des ex-colonisateurs, lon voit
pourtant émerger, comme en contrepoint, de jeunes intellectuels et surtout de
jeunes artistes congolais passablement avant-gardistes et anticonformistes. Le
paradoxe veut que ces « voleurs de feu » ont maitrisé ou tentent de
maitriser avec un certain succès, le savoir et le savoir-faire des anciens
maitres, mais leur légitimité sur le plan international et parfois même
national dépend encore largement des critères externes à eux. Chéri Samba,
Freddy Tsimba, Faustin Linyekula, Bibish Mumbu, Jean Goubald, Vichois
Mwilambwe, Samy Baloji, Dieudonné Ngangura, Pie Tshibanda, Dieudonné Kabongo,
Nzey Van Musala, Mampuya, Lokwa Kanza, Denis Mpunga, Jo Munga, Clarisse Muvuba,
Phoba, Balufu Kanyinda, Ray Lema, Jean
Bofane, Pius Ngandu, Antoine Tshitungu (pour ne citer queux), ont beau prouver
combien ils sont talentueux, leur succès
continue à dépendre des réseaux étroits qui simposent ou
sinterposent à eux. Sans compter que la plupart dentre ceux que jai cités
ont choisi une carrière professionnelle en Europe, alors que la caution du
public congolais, sur place en RDC, reste à prouver…
4. « babélisation » et «
labellisation »
Cest que ces nouveaux chantres congolais de
la diversité culturelle, citoyens du monde, adeptes du nomadisme et
reconstructeurs de la tour de Babel, ont volé le feu sans parvenir à bien
éclairer les chemins de retour du pays natal. Cest quégalement les critères
et les rites de labellisation outre-mer et outre-Atlantique ne semblent
répondre quà deux sortes de grilles dapproche aux antipodes, mais de même
valeur « exotique » : dune part une sorte de tropisme sur des
œuvres à valeur et à saveur plus au moins « indigènes », quelquefois sur commande des centres
culturels étrangers établis en Afrique, à la limite du misérabilisme, du
sensationnel, de lapocalypse, de la superstition « fétichiste »… ; et, dautre part, une sorte datypisme qui ne
semble napplaudir dans les œuvres africaines que ce qui
est « excentré », ce qui
« déstructure », ce qui
« déconstruit », dautant plus
outrageusement quelles sinspirent des soi-disant « contemporains » européens
(2).
5. Le chasseur et le lion
Entre
les deux pôles, la critique et lanthologie des
nouveaux « explorateurs » occidentaux ont décidé une sorte
dembargo : embargo contre les arts plastiques dits
« académiques », contre les musiques populaires urbaines (profanes ou
religieuses) ; embargo contre les littératures francophones modernes et
engagées, etc. Or comme le rappelle un proverbe africain : « on
ne connaitra jamais la vraie légende du lion tant que les histoires de chasse
montreront le chasseur comme le seul héros ».
Or
il existe des expériences et des pratiques partenariales récentes qui sont
exemplaires et prometteuses en termes de regards croisés, de domestication de
la modernité à partir des matériaux du terroir ou des ustensiles de
récupération. En termes aussi de vision prophétique. Lexemple du projet
belgo-congolais « Yambi » (2005-2007) a montré, suite à une
prospection laborieuse à travers le pays et suite à des productions
professionnelles en communauté Française de Belgique, quentre le tropisme
réducteur et un peu voyeuriste, et latypisme déconstructeur, il y avait place
pour une gamme des possibilités géniales et originales. (3). Il en est de même par
ailleurs du projet « Top 100 » entre lONG congolaise, « Observatoire
des cultures urbaines en RD. Congo »
et lUniversité de Montréal
concernant lethnographie de lécoute de la musique congolaise moderne(4) :
outre des résultats de terrain inédits sur la réception de la musique populaire
en milieu kinois, notamment celui des jeunes, le projet a démontré avec succès
la part de l« investissement »
au sein des partenariats nord-sud ,
à travers des méthodes nouvelles dinvestigation de la création et de la
pratique musicales, à travers des missions détudes autant que des échanges
dinformations et de formations croisées, actuelles ; et à travers la mise
à disposition pour les chercheurs congolais des outils modernes de travail, de
numérisation, de mise en réseau et répertoriage documentaires.
6. Lire avec « 4 yeux »
Les
sages de la cité qui savent déchiffrer les signes du temps et de lespace,
mont naguère dit quil fallait 4 yeux, 4 oreilles et 4 mains pour vraiment
voir, écouter, et sentir lineffable. Pour cela il fallait non seulement être
initié à regarder pour voir, à entendre pour écouter, à toucher pour
sentir ; mais il sagissait de simmerger dans limaginaire de
lartiste-mage pour recréer à sa suite la magie…
Les
sémiologues, eux, mont appris deux choses essentielles : le signe est
polysémique, et la quête de sens est tributaire du contexte. Sémiologie de la
signification ou sémiologie de la communication, elle est au carrefour des
grilles de lecture diverses. Cest dire combien on ne peut lire les arts
africains (et congolais en particulier) quavec le concours de différentes
disciplines et avec une certaine connivence enracinée du sujet pensant et de
lobjet visé : lanthropologie seule, avec ses nostalgies ethnologiques
bon teint ne peut se satisfaire si elle ne sadjoint les prédicats de la
sociologie ou de la philosophie, autant que dapproches post-coloniales et post-modernes apprivoisées.
La sociologie seule, avec ses querelles décoles et ses sauts dans
linconnu ; la critique dart
seule, avec ses questions toujours pendantes sur la relativité ; la philosophie, avec ses tendances touche-à-tout,
ne peuvent se satisfaire si les enquêtes de terrain ne valident. Les enquêtes de terrain elles mêmes, risquent dêtre indigentes à cause des
« angles de vue » ou des « illusions doptique »,ou encore
des « partis pris » propres à lenquêteur déterministe et étranger, à
cause de la présence intimidante pour lenquêté souvent néophyte, du micro ou
de la camera, à cause enfin de la longue tradition de la censure et du silence
dans nos pays africains.
Par
ailleurs les artistes congolais en particulier, ont été tellement confrontés
depuis les années ‘80 , à de multiples expériences à travers le
monde que leurs œuvres portent nécessairement la marque enrichie de la
diversité protéiforme et de la polysémie. La chorégraphie de Faustin Linyekula,
avec la concrescence de gestes et de discours superposés, juxtaposés,
interposés, est-ce encore de la danse contemporaine ? La sculpture de Freddy Tsimba, avec ses
magies de forge et de monumentalisme, est-ce encore de lart plastique ? Lartiste Vichois Mwilambwe, avec ses scènes
d « installations » et
de « performances » psychodramatiques et cathartiques, est-ce encore
de la peinture ? Samy Baloji, avec ses photos-gravures et des
vidéos-photos aux regards incisifs, translucides qui apprivoisent tout, les
ombres et les lumières dhier et daujourdhui, est-ce encore de la
photographie ? Lokwa Kanza, avec
des airs butinés ici et là à partir dinspirations inédites, est-ce encore de
la rumba ? Lécrivaine Bibish Mumbu ou lécrivain Fiston Mwanza Nasser ,
avec leurs récist-chroniques atypiques, et .des anecdotes
entremêlées, avec leurs dialogues à lemporte-pièce, est-ce encore du
roman ? Nest-ce pas ce quon
entend aujourdhui par « cumul-art »…
7. Regarder lAfrique à partir de
lAfrique
1°) Depuis les années 70, il ya comme une épreuve
de force épistémologique et une convocation des arts comme science, comme
discipline. Cest la raison dêtre des instituts darts comme lInstitut
National des Arts, lAcadémie des Beaux-Arts, lInstitut Supérieur des Arts et
Métiers, lInstitut des Bâtiments Travaux Publiques, ou lInstitut dArchitecture et Urbanisme, à Kinshasa. Or, les expériences de ces
instituts prouvent que derrière le
concept de « discipline » se dressent du coup dénormes défis actuels
comme celui de regarder lAfrique à partir de lAfrique, et denraciner les recherches et les pratiques
tout en les ouvrant aux souffles de la modernité. Comme celui d induire, avec le concours des décideurs et des
opérateurs culturels, une politique
culturelle innovante et cohérente, avec comme priorités : professionnaliser
les métiers dart et de culture, reconnaître et promouvoir les savoirs et les
savoir-faire populaires, promouvoir des industries culturelles créatives,
financer et autofinancer la culture, protéger la propriété intellectuelle,
activer la «diplomatie
culturelle », inverser la tendance entre le « centre » en
ex-métropole, et la
« périphérie » au sud…
Deux
exemples me semblent éclairants par rapport à cette vision à inverser. Dabord
celui du Festival International du Livre et du Film « Etonnants
Voyageurs », manifestation fort
médiatisée, qui sest tenue pour la première fois en Afrique centrale (à
Brazzaville, du 13 au 17 février 2013), mais qui a laissé plus dun Congolais
sur sa soif . Et pour cause !
Certes le thème a été attractif, à
savoir « LAfrique qui
vient », autrement dit, « une nouvelle Afrique qui entend
prendre sa place dans le siècle qui commence, une Afrique qui met à mal nos
discours convenus. Une Afrique dont les
artistes, les écrivains, les poètes nous
dessinent les contours »(5) ; le programme a été
tout aussi alléchant, notamment
avec le privilège et lespace particuliers accordés
aux deux Congo de dialoguer et de sévaluer devant témoins, mais à travers leurs écrivains en principe représentatifs du génie des deux rives. Or la
parole na été accordée quaux seuls représentants congolais de la diaspora
pour évoquer finalement des villes de
Kinshasa et de Brazzaville quils navaient plus fréquentées depuis une dizaine
dannées, si pas plus ! En plus Alain Mabanckou et Michel Le Bris,
Directeurs du Festival, ont animé une conférence, en véritables magisters
ex-cathedra, au cours de laquelle, il a été question de
« littérature-monde », une façon de dénier catégoriquement (et même
prétentieusement) toute forme
dexistence de quelque « littérature nationale »,
et donc de faire valoir indirectement le « centre » par rapport à la
« périphérie »(6). Sur la même veine on peut épingler lautre
Festival « nomade », CONNECTION KIN, du KVS (Koninklijke Vlaamse
Schouwburg), cest-à-dire le Théâtre Royal Flamand de Belgique : bel idéal
que celui de « créer un espace libre et ouvert où la générosité a toute sa
place », avec une brochette multidisciplinaire constituée essentiellement
des arts visuels, du film et de la littérature. Seulement voilà : initié
en 2005 et à défaut sans doute dun
espace néerlandophone en bonne et due
forme comme lont fait les autres concurrentes, la coopération française
ou
Wallonie-Bruxelles
flamande est en quête dune raison dexister en RD.Congo ; et à ce titre,
le KVS semble sêtre engagé dans les mêmes sillons et les mêmes réseaux, avec
comme points focaux lInstitut Français
et le Centre Wallonie-Bruxelles, et accessoirement quelques autres lieux
périphériques typiquement nationaux. On
ne peut pas dire honnêtement que les milieux culturels et artistiques de
Kinshasa soient activement et massivement impliqués, en commençant par les
autorités publiques et les institutions publiques de formation, de conservation
et de diffusion culturelles. Finalement,
tous comptes faits, cest encore
une fois la diaspora qui est mise en vedette, sans que lon se pose la question
de limpact, et du field-back, en termes dhéritages techniques, de ressourcement et denracinement féconds,
de regards croisés, de renforcement des
capacités ou déchanges institutionnalisés…
Et surtout en termes de
durabilité de cette initiative ‘import-export, « à guichet plus ou
moins ouvert », selon les expressions
dun dramaturge kinois…Et avec
des sélections et des choix à lemporte-pièce…
2°) Regarder lAfrique à partir de lAfrique,
cest briser le cercle vicieux du « centre » et de « la périphérie ».
Faut-il toujours se résigner à penser que toute forme de triomphe artistique et
littéraire passe par Paris ou New York ? Lécrivain kinois Zamenga
Batukezanga na pas eu besoin de lonction métropolitaine pour être lu par des
milliers de jeunes enthousiastes dans une ville, Kinshasa, de 2 à 3 millions de lecteurs potentiels. Les Editions Hemar que dirige le professeur Kadima-Nzuji et qui couvrent les deux Congo nont pas eu à recourir aux bonnes grâces de
Paris ou de Bruxelles pour éditer à grand tirage et avoir pignon sur rue en 5 ans dexistence. Et cela grâce
notamment aux contributions littéraires de lAssociation des Ecrivains de Fleuve Congo.
3°)
Regarder lAfrique à partir de lAfrique nexclut pas lintégration de nos
structures et initiatives propres dans des réseaux dhomologues hors dAfrique.
Mais toujours dans un dialogue équitable, même si les rapports de force sont instables. Il faut à lAfrique des solidarités
nouvelles, horizontales, pour des
convivialités, des rationalités et des
stratégies pressantes, présentes, porteuses.
4°) Finalement, quapportent donc les arts et le
génie africains à lEurope, à lOccident ? Dabord…la mauvaise conscience, au sein dune mondialisation rouleau-compresseur,
à fractures prononcées, à double vitesse,
mais enrobée dans des fanfreluches en dentelles et de nouvelles évangiles
paganisées pour adeptes crédules et néo- colonisés. Ensuite, ils apportent une définition et une pratique de lart, non plus comme du
luxe, non plus comme « émotion nègre et naïve » ; mais comme
nouvelles rationalités, nouvelles esthétiques et nouvelles oralités
urbaines ; comme restitution de la parole naguère confisquée. Il nous faut
donc des approches herméneutiques dialectiques, dialogiques, intersubjectives,
transdisciplinaires, mais néanmoins conniventes avec lœuvre. Comme le note le
sociologue français Gilles
Lipovetsky : « la modernité inaugurale a remporté la bataille de la
quantité ; ce nest plus ce qui va nous faire gagner des parts de marché.
Cest la qualité qui doit être notre but
constant. (…) La créativité en général et esthétique en particulier doit
mobiliser toutes nos énergies et nos entreprises. Et cette orientation, primordiale
pour notre avenir, doit commencer dès lécole. Cest lune des grandes voies
pour relever les défis de lunivers globalisé » (dans LExpress, 29 mai 2013, p. 34)
Cest
pour moi une autre façon, je le répète, davoir
4 yeux, 4 oreilles et 4 mains, et savoir lire au grand jour les signes
du temps et de lespace. Il y a là plus quune question de
professionnels ; mais une question dinitiés et d « ayants
–droits », selon lexpression dAchille Mbembe…
NOTES
1°) Lye M. YOKA, « A quand le travail de
deuil ? », dans Combats pour la
culture, Editions Hemar,
Brazzaville, 2012, pp. 42-56
2°)
lire par exemple Lye M. YOKA, « Benda Bilili : éloge de la
commisération », dans Le Potentiel,
26/02/2013
3°) Lye M. YOKA, « ‘Yambi, la fête
congolaise au pluriel », dans Combats
pour la culture, Hemar Editions, Brazzaville, 2012, pp.237-243
4°) lire Bob W. WHITE et Lye M. YOKA, Musique populaire et société à
Kinshasa . Une ethnographie de lécoute, LHarmattan, Paris, 2010
5°) Prospectus du Festival « Etonnants
Voyageurs », 2013
6°) Argument du Document de présentation du
Congrès international des Ecrivains francophones à Lubumbashi, du 24 au 26
septembre 2012 (en marge du XIV° Sommet de
RD.Congo) : « Par son enrichissement radical des imaginaires, la
littérature pourrait proposer lUTOPIE prospective dune Afrique impliquée dans
un monde global, et cela sans cesser de remettre en cause une histoire
triomphaliste et univoque telle quimposée par lOccident. (…)
Les
écritures contemporaines demeurent les lieux dinscription dun autre
devenir face au manque dimagination des projets politiques.
La question est de savoir ce quon peut attendre de la littérature, dans monde
en pleine mondialisation, désormais décentré. »
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