« Suffit-il qu'Obama interpelle les pays voisins du Congo pour y amener une paix durable ? »(Kambale Musavuli, porte-parole de Friends of the Congo),

La semaine dernière, Président Kikwete a appelé le Rwanda et l'Ouganda à
engager un dialogue avec leurs groupes de milices respectifs présents en RDC,
au lieu de constamment utiliser la présence de ces rebelles comme prétexte
rationnel aux interventions répétées au Congo.

Lundi 1er juillet 2013, pendant sa visite officielle en Tanzanie, répondant à
une question d'un journaliste congolais, Président Obama réitère: « Les pays entourant le Congo doivent s'engager à cesser de
supporter financièrement les groupes armés qui empiètent sur l'intégrité
territoriale et la souveraineté du Congo».

La réponse du Président Obama est fascinante à plusieurs égards. D'abord, en
dépit de 16 années d'intervention des alliés américains en RDC à savoir : le
Rwanda et l'Ouganda, déclenchant la mort de millions de Congolais, le Président
Obama s'est gardé de mentionner explicitement ces pays et a choisi d'y
substituer l'euphémisme « les voisins du Congo ». De plus, tandis que les
États-Unis ont reconnu à plusieurs reprises que ses États alliés, le Rwanda et
l'Ouganda, supportent financièrement des groupes armés au Congo, ils continuent
à armer, former, financer et fournir les couvertures diplomatique et politique
nécessaires à ces deux pays.

Pour mieux dire, Philippe Bolopion de Human Rights Watch observe: « Ainsi,
comment arrive-t-on à s'échapper d'une bavure telle que celle d'avoir armé une
force rebelle qui attaque les soldats de la paix de l'ONU, violent des femmes
et recrutent des enfants? En ayant des amis puissants. Et cela, le Rwanda en a.
Né de la culpabilité de l'inaction de l'administration Clinton face au génocide
rwandais et de la reconnaissance de l'utilisation relativement efficace de
l'aide au développement par le Rwanda, les États-Unis ont prouvé qu'ils sont
parmi les alliés les plus loyaux de Kigali

Lorsque les États-Unis demandent à leurs alliés de cesser de financer des
groupes armés au Congo, il serait plus cohérent que les Américains eux-mêmes
cessent de financer le Rwanda et l'Ouganda tant que ces derniers continuent à
supporter financièrement le conflit en RDC. Dans les faits, la loi américaine
exige de l'administration Obama d'adopter une telle ligne de conduite. La Section 105 de la  Public Law 109-456 – loi que le
Président Obama a instaurée lorsqu'il était Sénateur et que Hillary Clinton et
John Kerry ont appuyée – autorise le Secrétaire d'État à retenir l'aide fournie
aux États voisins du Congo si ces derniers en venaient à déstabiliser le pays.
L'administration Obama tarde encore à mettre cette loi entièrement en oeuvre.

La pression sur le Rwanda et l'Ouganda est de plus en plus élevée eu égard à
leur appui à des groupes rebelles au Congo. À la lumière de deux rapports du Groupe d'experts de l'ONU publiés en 2012,
le gouvernement des États-Unis affirme que: « Il y a un ensemble de preuves crédibles qui corroborent les découvertes
clefs du Groupe d'experts des Nations unies – incluant la preuve de supports
militaire et logistique significatifs, ainsi que de conseils opérationnels et
politiques de la part du gouvernement rwandais au M23
».

La réponse de l'administration Obama face à ces rapports a été la suspension du
financement militaire étranger fourni à une académie militaire rwandaise à la
hauteur de 200,000$ US et un appel téléphonique du Président Barack Obama à
Paul Kagame pour discuter du rôle du Rwanda dans la déstabilisation du Congo.
Malheureusement, non seulement ces actions n'ont pas suffi à arrêter les
voisins du Congo dans leur agression, mais elles sont nettement insuffisantes
face au niveau de souffrance quotidien auquel le peuple congolais est confronté
dû aux meurtres brutaux perpétrés par les groupes de milices.

Un changement clé nécessaire à la politique américaine face à la région des
Grands-Lacs africains doit être de cesser de supporter ses alliés qui
alimentent le conflit en RDC. Comme il a fait lors de son voyage de 2009 au
Ghana, le Président Obama réitère ceci durant son discours de Cape Town : « Nous sommes intéressés à investir, non pas
dans les hommes forts, mais bien dans les institutions fortes
». Cependant,
le support continuel du gouvernement américain des hommes forts au Rwanda, en
Ouganda et en RDC, est en opposition totale avec la déclaration du Président
Obama à Cape Town.

Un second changement clé requis à la politique américaine est que les
américains supportent réellement les institutions fortes et la démocratie tant
au Congo que dans la région. Le manque de démocratie et d'institutions
démocratiques, ainsi que la militarisation de l'espace politique dans la région
a été un catalyseur majeur de l'instabilité en RDC, en Ouganda et au Rwanda.
Les changements structurels de la politique étrangère américaine exposés sont
des pré-requis essentiels pour engendrer la paix et la stabilité au Congo et
dans la région des Grands Lacs africains.

Malgré les millions de Congolais qui ont péri au cours des 17 dernières années
dans ce que les Nations unies disent être le conflit le plus meurtrier dans le
monde depuis la
Deuxième Guerre mondiale, il est peu de dire que la réponse
des leaders mondiaux et des États-Unis en particulier face à ce qui est
probablement la plus grande tragédie humaine à l'aube du 21e siècle a été
terne.

Adopté récemment, « L'Accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération
pour la République
démocratique du Congo et la région » en est un exemple. Cet accord n'arrive pas
à désigner le Rwanda et l'Ouganda comme responsables de leurs actes, manque d’un
élément important sur la justice, n'inclut pas le peuple congolais dans
l'élaboration de cet accord, déduit par erreur que la légitimation du pillage
du Congo par le Rwanda et l'Ouganda sous des apparences d'intégration
commerciale et économique apportera la stabilité dans la région des Grands
Lacs.

Le fait que l'action ait abouti à ce que des pays agresseurs tels que le Rwanda
et l'Ouganda aient pu être tenu pour responsables à un niveau aussi minime, est
le résultat d'une pression globale des citoyens ordinaires sur les leaders
mondiaux. Nous n'avons cessé de constater le rôle constructif qu'une pression
mondiale peut jouer dans le rétablissement de la paix au Congo. Récemment, la
fuite d'un rapport du Groupe d'experts de l'ONU sur la RDC s’appuyant sur des documents
pour établir une diminution du support des milices rwandaises et ougandaises au
Congo est un signe clair que la pression sur les États-Unis et ses alliés, le
Rwanda et l'Ouganda, doit être supportée et intensifiée.

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