28.08.13 L'Avenir – En Afrique. Au commencement était la danse

Le continent noir abrite une grande variété de cultures dont chacune
se caractérise par son langage, ses traditions et ses formes
artistiques, voire sa danse. Cette dernière est marquée par une
sensualité, une sensibilité, une réflexion sur la signification profonde
de l’œuvre, une signification cachée et l’importance du mythe de la
cosmologie.

 Mais, la danse africaine ne vise pas la représentation, ni
l’imitation, moins encore la figuration mais plutôt la signification et
la symbolique.

En Afrique, les événements sont considérés comme
étant l’affaire de tous. Même s’ils affectent plus particulièrement tel
individu ou telle famille. Tout le monde veut s’y mettre.

Les
danses en Afrique sont multiples et diverses, correspondant à la
diversité et la multiplicité des régions, ethnies et pays. Chaque pays
s’appuie sur une gestuelle, une rythmique différente, une mimique, pour
exprimer des choses aussi essentielles que le sens de la vie. Elles sont
la manifestation de l’âme, elles peuvent rendre compte de toutes les
situations personnelles ou collectives. Elles s’efforcent d’offrir à
l’homme, la grande réconciliation de la tête et du corps, de la pensée
et de l’instinct, par la libération du geste et l’abandon au rythme.

En
d’autres termes, les danses en Afrique constituent une démarche qui
conduit l’homme au plus profond de lui-même, à la découverte de ses
qualités latentes, à l’épanouissement de sa personnalité, à la fois sur
le plan physique, sexuel, intellectuel, social, thérapeutique et
spirituel.

L’auteur Babette dans son mémoire intitulé : La danse
africaine : phénomène ou mode de vie ?, a affirmé que « L’idée des
danses d’Afrique est une réalité. Le chemin parcouru est bien là. Elles
ont leurs propres histoires, leurs propres cultures, leurs propres
personnalités, leurs courants, leurs conflits, leurs rivalités.

Elles
ont trouvé leurs marques d’abord en Afrique, puis en Occident et
ensuite à travers le Monde. Elles sont en train de devenir un véritable
concept, bien plus qu’un phénomène de mode, Elles perdurent et
s’inscrivent dans l’histoire culturelle et artistique des peuples, pour
devenir un patrimoine mondial en plein mouvement et en pleine évolution.
Qui aurait pu dire au début du siècle que la rencontre des Noirs
d’Afrique et des blancs d’Europe, tous immigrés en Amérique du Nord
allait donner le Jazz ? (…) ».

A chaque moment, elles sont
utilisées pour raconter, communiquer ou plus simplement pour vivre,
elles sont une composante majeure de la vie sociale. Les danses en
Afrique sont un élément essentiel du patrimoine culturel. Elles sont
l’expression vivante de sa philosophie et la mémoire de son évolution de
tout un peuple.

Elles témoignent d’une connaissance et sont
chargées de transmettre. Elles révèlent une grande diversité d’un
continent, une richesse inestimable sur le plan symbolique, mystique et
spirituel.

Elles constituent à la fois une histoire symbolique,
une forme de méditation, un art de spectacle, un passe-temps distrayant,
un jeu, un sport, un art de vivre, une manière d’exprimer intensément
les rapports de l’homme avec la nature, la société, un langage
universel, un dialogue des civilisations, une thérapie. Aussi, une
initiation de la jeunesse à la vie sexuelle,…

Avec plus de force
que le geste, plus d’éloquence que la parole, plus de richesse que
l’écriture parce qu’elles expriment ce que l’être ressent au plus
profond de lui-même, ces danses sont l’expression de la vie et de ses
émotions permanentes : joie, amour, tristesse, espoir,…

Il ne
peut y avoir de danses en Afrique sans émotion. Elles content
l’inexprimable, elles sont le lien entre le corps, la terre, la tête et
le ciel. Le grand Léopold Sédar Senghor l’a dit à son époque : « En
Afrique au commencement, de toutes choses, était la danse. Si le verbe
l’a suivi, c’est mieux ; mais ce n’est pas le verbe parlé, mais le verbe
chanté, rythmé. Danser, chanter, porter des masques constituent l’art
total, un rituel pour entrer en relation avec l’indicible et créer le
visible ».

Onassis Mutombo

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