Propositions pour un dialogue entre congolais (Anicat Mobe Fansiama-
Dabord un dialogue où les congolais vont
« parler Congo entre congolais » sans interférence extérieure
Ce dialogue pourrait donc sappeler « Parlons Congo entre Congolais
sans interférence extérieure ». Pour ce faire, linitiative et lorganisation
doivent venir des fils et filles du Congo. Il se tiendra ici même au Congo, à
Kinshasa ou dans une autre province du pays selon le choix des organisateurs et
des participants.
Le modérateur de ce dialogue ou concertation entre congolais devrait
être choisi parmi les dignes fils ou filles du pays reconnus pour leur impartialité
et leur sagesse avérées.
Ensuite, ce dialogue portera sur trois
aspects importants et fondamentaux de la vie nationale à savoir la vision
commune que les congolais se font du Congo, le leadership porteur de cette
vision et capable de conduire le peuple dans la réalisation ou la construction
de ce Congo et enfin les programmes et stratégies daction pour mettre en œuvre
cette vision.
En somme, ce dialogue aura comme finalité la mise en place dun nouvel
ordre politique, économique et socio-culturel de notre pays.
La vision commune
Pour ma part, la vision commune du Congo ou encore le Congo de nos
rêves devrait être fondé sur des valeurs partagées par tous et toutes. Et jen
vois quatre chacune avec un corollaire.
Un Congo qui sera bâti sur la valeur de lEgalité de tous les fils et
toutes les filles qui partagent la même nature humaine, la même dignité
humaine. En termes clairs, un Congo où aucun congolais ne sera au-dessus de
lautre à cause de son sexe, de son appartenance idéologique ou religieuse, ou
à cause de son statut socio-économique.
Ce Congo égalitaire qui ne signifie pas légalitarisme ou luniformité
impliquera le respect de chacun et de chacune dans sa différence. Aucune
différence nautorisera une quelconque domination. Bien au contraire, les
différences légitimes seront là pour permettre une complémentarité à la manière
des couleurs de larc-en-ciel.
Un Congo qui sera construit sur la valeur de la participation où
chacun et chacune pourra avoir un mot à dire à tous les niveaux : réflexion,
prise de décision, exécution, évaluation. Dune manière directe ou indirecte,
chaque citoyen pourra participer, apporter sa pierre pour lédification dune
nation prospère. Cette participation ira de pair avec le sens de
responsabilité. Il ny aura plus dun côté les responsables et de lautre des
irresponsables qui sont là à regarder les autres faire, à subir lagir des
autres, des dirigeants.
Un Congo qui sera fondé sur la valeur de liberté où chacun et chacune
pourra jouir des libertés reconnues à tous et à toutes par la constitution de
notre pays et par la déclaration universelle des droits humains. Cette liberté
sera fondamentalement la liberté du cœur vis-à-vis des trois sources
dasservissement de lhomme que sont : largent, le pouvoir et les honneurs.
Cette liberté sera la fille de la vérité car seule la vérité engendre la vraie
liberté sur tous les plans : personnel et collectif, politique, économique et
social. Vérité sur lhomme, vérité sur Dieu, vérité sur le pouvoir, vérité sur
lavoir et vérité sur le valoir.
Un Congo enfin qui sera bâti sur la valeur de la justice : justice
distributive ou sociale, justice dans lexercice du droit et justice
miséricorde qui sauve lhomme et détruit le mal. Cette justice engendrera à son
tour la vraie paix, la paix durable dont nous avons tous besoin sur toute
létendue du territoire national. Il ny a pas de paix sans justice.
Le leadership
En ce qui concerne le leadership. Jestime quau cours de ce dialogue,
les congolais devraient élaborer le portrait-robot des leaders dont nous avons
besoin pour nous conduire dans la construction de ce Congo de nos rêves. Les
hommes et les femmes qui doivent exercer le leadership dans notre pays
devraient répondre à un profil sur lequel tous nous sommes daccord. Et pour ce
faire, je propose quon se réfère au profil décrit par le politologue
camerounais Samuel Eboua que je paraphrase en ces termes : « le nouveau Congo a besoin dhommes et de femmes daction pénétrés de
lintérêt supérieur de lEtat, des hommes et des femmes intègres, compétents,
travailleurs, meneurs dhommes, des hommes et des femmes tolérants,
rassembleurs, mais intraitables lorsquil sagit de défendre lintérêt général,
des hommes et des femmes capables de réaliser beaucoup avec peu de moyens. Il
sagit dhommes et de femmes qui naiment pas le pouvoir pour le pouvoir, mais
pour qui ce dernier ne constitue quun instrument leur permettant de réaliser
leur idéal au profit de la communauté nationale, et qui sont capables de sen
dessaisir dès lors que, pour une raison ou une autre, ils estiment ne pas être
en mesure de réaliser cet idéal…
Ces hommes et ces femmes, bien
que rares, ne sont pas complètement absents du Congo actuel.
Il suffit de les dépister et de
les responsabiliser » (EBOUA S., Interrogations sur lAfrique noire,
Editions LHarmattan, Paris 1999, p. 177).
Un leadership déquipe où les gens sauront travailler ensemble pour le
bien de lensemble de la communauté, dans le respect des compétences des uns et
des autres.
Ces leaders seront porteurs de la vision commune et auront donné dans
leur vie familiale, socio-politique et professionnelle des signes de
réalisation de cette vision à un niveau microsocial.
Les axes prioritaires daction
Enfin, en ce qui concerne les programmes et stratégies daction, les
congolais réunis en dialogue pourront baliser le chemin en proposant les axes
prioritaires et les grands principes fondamentaux qui doivent guider le choix
des actions prioritaires à mener pour la construction du nouveau Congo. Actions
déducation civique et patriotique, actions visant la construction dune armée
républicaine et dune police qui protège le peuple, actions visant la mise en
place dune politique de lemploi et des salaires équitables permettant de
vaincre la pauvreté, bref, actions damélioration du vécu quotidien du
congolais.
Au terme dun tel dialogue, le peuple congolais unanime pourrait faire
lévaluation de ce qui se passe dans notre pays et confronter cela avec la
vision et prendre les décisions qui simposent pour un temps de transition en
route pour lavènement de ce nouveau Congo. Les personnes qui dirigeront ce temps
de transition ne seront pas candidates aux élections de 2016 qui devront, pour
une fois, être vraiment congolaises parce que organisées et financées par les
congolais eux-mêmes, et donner une légitimité vraiment congolaise aux
dirigeants élus, à tous les niveaux : local, provincial et national.
Organisation et déroulement du
dialogue
Ce dialogue pourrait réunir tout au plus 200 personnes choisies parmi
les membres des partis politiques du pouvoir et de lopposition, de la société
civile et des forces vives de la nation. Il pourra durer tout au plus un mois et
se tenir dans les conditions matérielles et financières réunies par les congolais
eux-mêmes.
Pour faire participer le plus grand nombre des fils et filles du pays,
on pourrait envisager dorganiser dans toutes les provinces du pays, au même
moment, une rencontre de travail réunissant une centaine de personnes
représentant toutes les couches de la population. Au cours de cette rencontre,
les participants travailleraient sur les trois points évoqués ci-dessus. Après
ce travail en province, on inviterait les représentants de chaque province à
Kinshasa ou dans une autre ville du pays pour une mise en commun de toutes les
idées et on pourrait arriver ainsi à une vision commune. A ces délégués des
provinces, on ajoutera quelques experts dans les domaines économiques et
politiques.
En conclusion
Voilà quelques idées que je voulais partager avec les amis autour de
ce dialogue dont on parle tant. Il est évident que si lon va à ce dialogue
avec lidée de créer un gouvernement dunion nationale en vue daccéder à la
mangeoire, on ne sera pas sorti de lauberge et ce sera du déjà vu, du déjà
fait.
Fait à Kinshasa, le 8 juin 2013
José MPUNDU
Prêtre de larchidiocèse de
Kinshasa / Tél. : +243997030932 ou
+243818133765
E-mail : josempundu@ic.cd ou jose_mpundu2001@yahoo.fr