11 10 13 RFI – Aubin Minaku: « le président Kabila partira après les prochaines élections » en RDC
RFI : Que répondez-vous à ceux qui disent que ces concertations
nationales, cétait de la poudre aux yeux ?
Aubin Minaku : La réponse est simple : ils ne pouvaient que
dire cela, parce quils nont pas pris part aux travaux. Tous ceux qui ont pris
part aux travaux, les délégués, les experts, les observateurs nationaux comme
étrangers, et finalement, même les membres permanents du Conseil de sécurité, se
sont rendu compte que les concertations ont été sérieuses. Les délégués ont
débattu en toute liberté. Ce sont des résolutions fondamentales qui ont été
adoptées. Reste maintenant leur mise en œuvre à partir du discours du président
de la République devant le Congrès.
Officiellement, ces concertations réunissaient le pouvoir et
lopposition. Mais les deux principaux opposants, Etienne Tshisekedi (UDPS) et
Vital Kamerhe (UNC), ont boycotté ces rencontres. Alors, le jeu nest-il pas
faussé depuis le début ?
Les concertations nationales ne concernaient pas que la majorité et
lopposition. Il y a la société civile, les chefs coutumiers, les experts, etc.
Jajouterais quen réalité, lUDPS évolue en parallèle avec le cadre
institutionnel, parce que le chef de lUDPS se considère comme le président de
la République, cest une situation insolite. Cependant, les élus de lUDPS à
lAssemblée nationale – une bonne vingtaine – ont pris part aux travaux de
concertation nationale.
Vous évoquez les dissidents de lUDPS qui ont participé à ces
concertations, mais depuis vingt ans on compte des centaines de dissidents de ce
parti, ce qui nempêche pas Etienne Tshisekedi de rassembler des millions de
voix à chaque nouvelle élection. Est-ce que son absence ne nuit pas à la
crédibilité de ces concertations ?
Il a été absent aux élections de 2006 proclamées crédibles par tous. Donc, ce
nest pas sa présence qui crédibilise, même sil est vrai quil a obtenu des
voix pendant les dernières élections de 2011. Mais la crédibilité des
concertations nationales, on la voit à travers le sérieux des recommandations
issues de ces concertations. La République ne peut pas être lesclave dun parti
politique.
A lissue de ces concertations, les délégués ont fait de nombreuses
recommandations en faveur de louverture démocratique. Le président Kabila leur
a répondu quil présentera bientôt des mesures importantes. Pouvez-vous nous en
donner des exemples ?
Je nose pas devancer le président de la République dans ses prérogatives
constitutionnelles, mais en tout cas il a clairement dit que louverture
politique prônée par lui depuis sa prestation de serment, il va davantage la
mettre en œuvre.
Avec la nomination dun nouveau Premier ministre ?
Le Premier ministre émane de la majorité. Ce nest pas une affaire de Premier
ministre tout seul ou dautres institutions. Lessentiel, cest que rapidement
les recommandations soient mises en œuvre.
Mais si le prochain Premier ministre émane de la majorité, est-ce que
ce sera un Premier ministre douverture ?
Nécessairement, le prochain Premier ministre devra gérer un gouvernement où
lon retrouverait des membres de lopposition. Cest cela aussi,
louverture.
Vous parlez ouverture, vous parlez consensus, cela peut-il être
loccasion de changer la Constitution ?
La Constitution congolaise est claire, il faut la respecter. Et le président
de la République la toujours dit. Et si dans cette Constitution, les dirigeants
estiment quil y a nécessité dune révision dans lintérêt de la République sur
la base de la même Constitution, ce ne doit pas être un tabou. Mais si la
Constitution prévoit quelques dispositions intangibles, on ne touche pas aux
dispositions intangibles. Donc pour moi, la révision de la Constitution, ce
nest pas un tabou, mais il sagit dune révision des dispositions révisables.
On ne touche pas aux dispositions intangibles.
Parmi les dispositions intangibles, il y a larticle 220, qui
interdit au président Kabila de se présenter en 2016 pour un troisième mandat. A
vous écouter, on ne touche pas à larticle 220 ?
Cest une disposition intangible ! On ne touche pas à cette disposition. Ca
signifie quil y a respect des deux mandats non renouvelables. Cest clair.
Donc, si on ne touche pas à larticle 220, est-ce que ça veut dire
que le président Kabila partira en 2016 ?
Le président de la République partira après les prochaines élections. Parce
que selon la Constitution congolaise, une institution libère les fonctions quand
il y a un autre qui a été élu de façon démocratique. Le jour où on organisera
les élections présidentielles dans cette République, et que ce sera gagné par
quelquun dautre, celui-là remplacera Kabila.
Mais vous savez bien quil y a des figures de la majorité
présidentielle, comme Evariste Boshab, qui se prononce en faveur de la révision
de la Constitution. Visiblement, vous nêtes pas daccord avec elle
?
Je suis quand même secrétaire général de la majorité présidentielle et je ne
sais pas sil y a un organe de la majorité présidentielle qui réclame une
révision constitutionnelle pour prolonger le mandat. Je sais quil y a des
écrits scientifiques. Chacun a le droit de sexprimer, mais il ny a aucun
organe de la majorité présidentielle qui sest prononcé dans ce
sens-là.