15 10 13 Potentiel Gaspard-Hubert Lonsi Koko : "Le présidium a pénalisé le travail au profit du clientélisme"

La DCFD n’a pas été invitée aux concertations nationales. Comment expliquez-vous cette mise à l’écart ?

Le
choix de la majorité de personnes ayant représenté la diaspora s’est
fait, en dernier ressort, sur la base du mercantilisme et de la logique
politicienne. Dans ce contexte, seules les propositions de la DCFD ont
intéressé le présidium et non la participation de leurs auteurs. Notre
liberté de conscience a fait peur.


A vous entendre, le choix du présidium pour les délégués de la diaspora ayant participé à ce forum n’a pas été judicieux ?


Le
choix du présidium n’a pas été judicieux, car il a pénalisé le travail
au profit du clientélisme. Il a récompensé la flatterie au détriment du
mérite. C’est une façon peu orthodoxe de procéder et cela démontre le
peu de sérieux de cette organisation. Mais nous avons su faire passer
quelques propositions auxquelles nous tenions. Certaines personnes s’en
sont approprié et les ont défendues pour justifier leur utilité aux
concertations nationales.



Malgré
le travail remarquable que vous avez abattu en vue de votre
participation à ces assises, cette mise à l'écart en a surpris plus
d’un, y compris parmi les observateurs très avisés de la vie politique
congolaise. Etes-vous déçu ?


Nous ne sommes pas déçus, dès lors que certaines de nos propositions ont été reprises. En effet, quelques concertateurs, tels des messagers de la foi, des apôtres d’une cause juste, les ont portées dans les différentes commissions. Nos recommandations ont été suivies. Nous n’avons pas prêché dans le désert.


Cela suffit-il à satisfaire votre ambition ?

Il
est difficile d’être satisfait après un pareil traitement. La DCFD
constate simplement que ses propositions ont été prises en compte par
les concertateurs. C’est le cas pour l’inaliénabilité de la nationalité
congolaise d’origine, le respect des droits civils des Congolais de la
diaspora en matière d’élections, les facilités sur les plans douanier et
fiscal au profit de nos compatriotes de l’étranger en cas
d’investissement dans le territoire national, la libération des
prisonniers politiques et d’opinion, les accords en matière de formation
– dans les pays d’accueil – au profit de nos compatriotes vivant à
l’étranger en vue de leur enrôlement dans l’armée nationale congolaise,
le désengagement des officiers originaires du Kivu et leur redéploiement
dans d’autres régions, la création des juridictions d’exception en vue
des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre et crimes contre
l’Humanité.


Vos propositions ont-elles été bien défendues ?

Dans
la mesure où nous avons travaillé sur des propositions que nous avons
rassemblées dans notre cahier des charges, nous aurions été les
meilleurs avocats. On ne défend pas avec une foi inébranlable, avec une
détermination racinienne, le travail d’autrui. Le résultat est moins
satisfaisant, car les motivations n’ont pas été les mêmes. Per diem et
partage du pouvoir pour les uns, patriotisme et souhait d’un Etat de
droit pour les autres.


L’objectif assigné aux concertations nationales par le président Joseph Kabila a-t-il été atteint, selon vous ?


L’objectif
aurait été atteint si les sujets avaient été abordés en profondeur et
sans tabou. Les problématiques évoquées auraient renforcé l’unité, la
réconciliation et la cohésion nationales si les solutions
s’apparentaient aux tentatives de déstabilisation de la région du Kivu.
L’incohésion s’est amplifiée à l’issue des travaux des assises, a-t-on
constaté, car les concertateurs ne se sont pas penchés sérieusement sur
les causes originelles de la guerre. Ils ne se sont pas appesantis, dans
l’optique d’une renégociation, sur les accords régionaux et
internationaux dont quelques clauses menacent la souveraineté nationale.
La sécurisation et la pacification du pays, ainsi que la situation
socio-économique, n’ont fait que l’objet d’une énumération digne d’un
catalogue de vœux pieux. Que faire maintenant ? Seul le Parlement, réuni
en congrès, pourra consolider les conditions d’une véritable
réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan
patriotique collectif, pour la défense de la nation infiltrée, agressée
et occupée. Ainsi revient-il au président de la République d’exhorter
les parlementaires dans ce sens, de leur proposer l’adoption d’une
résolution en faveur du positionnement de la brigade onusienne
d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise,
afin d’empêcher l’occupation illégale d’une portion de la région du Kivu
et de surveiller les flux migratoires.


On évoque constamment l’hypothèse de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Qu’en pensez-vous ?

Je
suis plutôt partisan de la dissolution du Parlement et de
l’organisation dans la foulée des élections législatives et
sénatoriales, locales et provinciales dont la transparence et la
crédibilité permettront de dégager une vraie majorité en mesure de
contrôler l’exécutif. La cohabitation doit être politique et non
clientéliste. Cela renforcera le lien social et la cohésion nationale.


Selon
le Coordonnateur du mécanisme de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba,
François Muamba, les pourparlers de paix de Kampala « ne sont pas prêts
à aboutir à un accord ». Comment analysez-vous son propos ?

 
Dans mes
différentes prises de position, j’ai dénoncé le macabre tango des Grands
Lacs. Je ne peux qu’approuver les déclarations de François Muamba. Dès
lors que la mission de la brigade onusienne d’intervention consiste à
traquer et à neutraliser les forces négatives, conformément à la
résolution 2089, on ne peut que s’interroger sur la nécessité de la
poursuite des pourparlers de Kampala. Avoir accepté d’y retourner, après
leur interruption, relevait de l’inconscience. En matière de
diplomatie, notre pays a besoin d’un Talleyrand pour sauvegarder
l’intégrité du territoire. Voilà le paramètre que nos négociateurs
auraient dû avoir en tête.


Le réveil des Congolais à ces discussions n’est-il pas quelque peu tardif ?

Mieux vaut tard que
jamais. Il va falloir œuvrer avec efficacité, au-delà de nos
divergences, en activant nos réseaux en vue d’un lobbying sans faille
pour que la brigade onusienne d’intervention puisse jouer son rôle, afin
que les signataires de l’accord-cadre de Kampala respectent leurs
engagements, pour que le mécanisme de suivi sanctionne enfin ceux qui
sont en train de les violer.


Beaucoup
d’observateurs critiquent les tergiversations du Conseil de sécurité
des Nations unies sur la situation dans l’Est de la RDC, qui semblent
conforter la théorie d’un complot international. Qu’en pensez-vous ?


Lorsque
le Conseil de sécurité des Nations Unies affirme que la crise provoquée
par l’irruption de la rébellion du M23 n’a « pas de solution
militaire », et sera surmontée seulement par voie « politique », on ne
peut que s’interroger sur les motivations l’ayant poussé à approuver à
l’unanimité, le 28 mars 2013, la création d’une nouvelle force de combat
censée sécuriser le Kivu. Une telle attitude conforte l’hypothèse selon
laquelle la RD Congo est victime d’un complot international. J’ose
espérer que nous parviendrons à le déjouer. Nous devons nous battre pour
l’intégrité de notre pays.


A votre avis, faut-il ou non continuer à discuter avec la rébellion du M23 ?

A
travers moult tergiversations, les éléments du M23 ont démontré leur
mauvaise foi. Notre patience a atteint la limite de la compréhension et
de la tolérance. Pour avoir la paix, nous devons gagner la guerre. Ainsi
le feu doit-il s’abattre impitoyablement, telle la foudre, sur les
criminels qui ne pensent qu’à violer nos femmes et nos enfants, à piller
nos richesses et à s’approprier une portion de notre terre. Débout
congolais !

 

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.