29 10 13 France 24 et AFP — Nord-Kivu : "L'offensive de l'armée congolaise face au M23 n'est pas une surprise"
Quatre jours de
combats, quatre jours davancée des forces armées de la République
démocratique du Congo (FARDC) dans la province riche et instable du Nord-Kivu,
située dans lest de la RDC. Après Kibumba, l'armée congolaise, épaulée par les
casques bleus de lONU, a pris dimanche 27 octobre le contrôle de Kiwanja et
Rutshuru, deux places fortes de la rébellion du M23. Les rebelles se sont
retirés de ces zones, parfois sans combattre. Ils ne contrôlent plus que
quelques centaines de kilomètres carrés limitrophes de l'Ouganda et du
Rwanda.
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Le
M23 a demandé dimanche la
cessation immédiate des hostilités et menacé de retirer ses délégués des
pourparlers de paix de Kampala, en Ouganda, actuellement suspendus. Lundi, le
ministre de la Défense de la RDC, Alexandre Luba Ntambo, a quant à lui appelé
les rebelles du M23 à se rendre, affirmant que l'armée congolaise ne reculerait
devant rien pour défendre le territoire national.
Cette
situation inquiète la communauté internationale. Lenvoyé spécial américain pour
la région des Grands Lacs, Russell Feingold, a parlé lundi dune "poudrière" qui
menace de provoquer une guerre régionale. Paris appelle "les pays voisins à
s'abstenir de tout soutien aux groupes armés" et "demande le désarmement et la
démobilisation du M23".
Comment
expliquer ce soudain revirement de situation après des mois de conflit ? Cette
avancée des troupes congolaises est-elle décisive ? Éléments de réponse avec
Thierry Vircoulon, directeur du programme Afrique centrale à International Crisis
Group.
FRANCE
24 : Comment expliquer le recul des rebelles du M23 ? Ont-ils été "lâchés" par
Kigali, accusé par l'ONU et Kinshasa de les soutenir militairement
?
Thierry
Vircoulon : Dune
part, larmée congolaise a bénéficié de renforts en moyens et en hommes envoyés
par Kinshasa. Ensuite, la contribution de la brigade dintervention rapide de la
Monusco, en soutien de larmée congolaise, nest pas négligeable. Le troisième
facteur, cest peut-être, je dis bien peut-être, une diminution de lappui du
Rwanda.
Tous
les regards sont maintenant tournés vers Kigali. Soit Kigali lâche militairement
le M23, alors le recul des rebelles sera net. Soit on revient au scénario de la
fin du mois daoût, lorsque le Rwanda a apporté son soutien au M23 tout en se
plaignant de la chute dobus sur son
sol.
Cette
avancée de larmée congolaise peut-elle être décisive et laisser entrevoir un
retour de la paix au Nord-Kivu ?
Nous
ne sommes quau début dune offensive, il faudra attendre quelques jours avant
de tirer les premières conclusions. Soit le M23 est défait militairement, soit
il se réorganise – il en a les moyens – et peut renverser le rapport de
force.
Pour
le moment, Kinshasa veut une victoire militaire sur le terrain. On comprend sans
peine pourquoi le M23 est lennemi numéro 1 du gouvernement congolais. Cest lui
qui a pris Goma et défait larmée congolaise [en novembre 2012]. Le M23 est vu
comme le bras armé de Kigali mais cest larbre qui cache la forêt : il y a une
vingtaine de groupes armés dans lest de la RDC.
La
violence a repris le dessus sur le dialogue dans la province du Nord-Kivu, dans
lest de la RDC. Que vont devenir les négociations de Kampala ?
Ce
qui est clair, cest que larmée congolaise a fait une avancée sur le terrain.
Rutshuru était véritablement une place forte du M23. Sur le plan stratégique, la
zone contrôlée par le M23 se réduit considérablement. Le mouvement se retrouve
maintenant acculé à la frontière rwandaise.
Loffensive
de larmée congolaise contre les rebelles du M23 nest pas vraiment une
surprise. Elle avait été annoncée il y a déjà plusieurs semaines. [Le président
congolais] Joseph Kabila avait dit que si les pourparlers de paix échouaient à
Kampala, les FARDC reprendraient leur offensive. Avant même davoir débuté, les
négociations étaient déjà ensablées. Kampala est mort-né et vis-à-vis de son
opinion publique, Joseph Kabila voulait une victoire
militaire.