Le 17 janvier 1961 mourrait ‘’un brillant premier ministre congolais’’ Par Mbelu Babanya Kabudi, analyste politique  

Un documentaire intitulé ‘’Foccart, l’homme qui dirigeait
l’Afrique’’[1] essaie d’indiquer le contexte dans
lequel l’un de nos ‘’héros nationaux’’, Patrice Emery
Lumumba, a été assassiné. Nous espérons que nous serons
plusieurs à suivre ce documentaire nécessaire à la réécriture
de notre histoire. Pour cause. Il y a, depuis tout un temps, une
certaine élite africaine et congolaise, décidée à travailler,
avec l’appui de certains médias dits ‘’alternatifs’’, à
la falsification de notre histoire collective pour culpabiliser
‘’les esprits les plus faibles d’entre nous’’ afin de
leur faire porter, à eux seuls, le poids de l’échec de nos
indépendances politiques.

Dieu merci ! Un documentaire
comme celui que nous venons de mentionner vient remettre sur le
devant de la scène les intérêts géostratégiques, les luttes
d’influence et le travail en réseau mené par la CIA et
le  français Jacques Foccart. Ce documentaire a l’avantage
de faire parler des témoins de cette histoire de ‘’la
décolonisation manquée’’ ou sur mesure. Ce film reconduit
certains lieux communs. Il nous permet de revisiter  notre
histoire à nouveaux frais. Il nous réapprend que la
décolonisation était ‘’dans l’air du temps’’. Chaque
puissance du moment jouait sa carte : les USA avec la
CIA avaient intérêt à voir un pays comme le Congo se
‘’décoloniser’’, se réunifier afin qu’ils aient la
mainmise là-dessus. Le KGB tenait à voir le Congo dans son
giron. La France tenait à  se substituer à la
Belgique pour que le pays de Lumumba bascule dans son giron.
Elle a pu soutenir Tshombe contre les forces de l’ONU avant que
celles-ci n’en arrivent à vaincre ‘’les affreux’’
qu’elle soutenait avec  la bénédiction de Jacques Foccart
et du général De Gaulle.

Tuer Lumumba pour éloigner ‘’le
péril rouge’’, éliminer Tshombe pour réunifier le pays ;
tout cela participait de la stratégie US : les USA 
comme les autres pays occidentaux (dont la France) ont
toujours considéré l’enjeu congolais comme étant essentiel à
leur règne sur l’échiquier mondial.

Ces vérités essentielles sont
souvent couvertes d’un discours historique farfelu, tenu et
entretenu par des ‘’mains expertes du capital’’ pour
corrompre ‘’les esprits faibles’’ et criminaliser tous les
résistants  et patriotes qui, après Lumumba, ont compris que
l’Afrique appartient aux Africains.

Il est quand même curieux que
pendant que ‘’les mains expertes du capital’’ décrivent
Lumumba comme  étant ‘’un immature politique’’, il y
ait, dans un documentaire monté en dehors des frontières 
africaines, une voix affirmant que Lumumba fut ‘’un brillant
premier ministre’’. C’est curieux !

Souvent, quand l’assassinat de
Lumumba est appréhendé en marge des enjeux géostratégiques au
cœur desquels se trouve le Congo (RDC), il souffre d’une
certaine banalisation. Celle-ci participe d’une certaine
faiblesse des esprits soucieux de ne plus questionner l’histoire.
Et comme le Congo de Lumumba est en permanence  au cœur des
enjeux géostratégiques (mondiaux), la peur de questionner
l’histoire et de divulguer les apports des ‘’alliés de la
cause congolaise’’  fait partie du travail des ‘’mains
expertes du capital’’, soucieuses de voir, le pays de Lumumba,
servir, ad vitam aeternam, les intérêts  des pays ayant
toujours voulu avoir la RDC sous leur joug.


La vérité du Congo est simple. Ce pays regorge de matières
premières stratégiques indispensables aux industries
transnationales opérant à partir de certains pays occidentaux les
plus significatifs comme les USA, la France, la
Grande-Bretagne, etc. Que faut-il pour avoir accès à ces matières
premières stratégiques ? La guerre ou  des traités
internationaux d’interdépendance ? Jusqu’à ce jour,
‘’les grandes puissances’’, les multi et les
transnationales ont opté pour la guerre et le banditisme en
réseau ; c’est-à-dire pour l’élimination de toute
résistance, de tout patriotisme et de toute tendance à travailler
pour la nationalisation des entreprises minières congolaises.
Cette option instrumentalise les ethnies, les partis politiques,
les nègres de services et les médias. Elle instrumentalise aussi
la politique et la justice internationale[2].

La guerre et le banditisme à mains
armées sont les voies privilégiées par ‘’les grandes
puissances’’, les multi et les transnationales pour avoir accès
aux matières premières stratégiques. Tous les résistants
essayant de s’opposer à cette voie sont souvent tués quand ils
ne bénéficient pas d’un fort soutien de leurs populations.

Leur assassinat est souvent planifié
par ‘’les forces en présence’’. Elles recourent à la
manipulation de l’ONU, aux révisions constitutionnelles, à
l’achat des ‘’doyens africains’’, à
l’instrumentalisation de l’humanitaire, etc.

Malheureusement, la redécouverte de
ce mode opératoire n’est pas souvent la chose la plus partage
entre les victimes de la guerre des ‘’grandes puissances’’,
des multi et des transnationales et de leurs réseaux africains. La
preuve est que plusieurs d’entre nous n’ont pas encore suivi le
petit documentaire intitulé ‘’Le conflit au Congo. La vérité
dévoilé’’. Il n’est pas  sûr qu’ils suivront
‘’Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique’’.

Réapprendre à partir des livres et 
des documentaires de cet acabit  est encore la chose la moins
partagée dans les cercles des masses africaines. D’où la
difficulté de les voir devenir, demain, ‘’les démiurges’’
de leur propre destinée.

Dieu merci ! La lutte continue !
Internet vient à notre secours ! Créer les masses critiques
passe aussi par l’apprentissage et le désapprentissage. Les
minorités organisées en conscience n’ont pas le choix :
elles doivent contribuer à ce travail en passant par les livres et
par Internet.

[1] https://www.youtube.com/watch?v=lfSpCdo7-vY

[2] F.HARTMANN,
Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la
justice internationales, Paris, Flammarion, 2007.



 

Documentaire Foccart,
l'homme qui dirigeait l'Afrique

 

 

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