LUNC signe officiellement un protocole daccord avec le NDI Par Jean Pierre Mbelu, analyste géopolitique
Rester attentif à ce qui se passe en RDC avant ‘les échéances électorales de 2016 est important pour éviter des surprises. Le 18 avril 2014[1], lUNC, le parti cher à Vital Kamerhe, a signé un protocole daccord avec le NDI (le National Democratic Institute for International Affairs). Sur la première page de cet accord, nous lisons ce qui suit : « NDI a pour mission de soutenir et de promouvoir la démocratie dans le monde à travers la participation des citoyens, louverture et la responsabilisation des gouvernements. Pour y parvenir, il travaille principalement avec les partis politiques pour le renforcement de leurs capacités. » Une très bonne intention ! Cest sur elle quest bâti le programme TOMIKOTISA initié par le NDI. « Dans le cadre de son nouveau programme TOMIKOTISA, financé par lUSAID, NDI a initié plusieurs consultations avec les partis politiques pour œuvrer ensemble à promouvoir la participation politique des femmes et des jeunes, à améliorer la gestion et lorganisation interne (communication, sensibilisation, recherche sur lopinion publique, formation, analyse stratégique, etc.) des partis politiques congolais, ainsi quà favoriser une meilleure interaction avec la population », pouvons-nous encore lire sur cette première page.
Questionner ces bonnes intentions serait un exercice recommandable aux patriotes congolais. Comment une ONG dun pays où lapathie citoyenne à lendroit de la res publica est la chose la mieux partagée peut faire croire aux partis politiques congolais quelle peut, exceptionnellement, en RDC, travailler à lavènement de la démocratie et de la participation citoyenne ? Quels sont les pays du monde où, au cours de lhistoire, le NDI a travaillé à la démocratisation des institutions publiques ? Il est possible que lUNC soit un peu plus informée que nous sur cette question. Elle pourrait nous instruire.
Néanmoins, à notre connaissance, presque partout où les Instituts américains chargés de la formation aux droits de lhomme et à la démocratie ont œuvré, ils y ont semé la mort et la désolation avant dimposer des gouvernants à leur solde. En lisant le protocole daccord signé entre lUNC et le NDI, ceux et celles dentre nous qui ont encore des doutes sur la catastrophe vers laquelle court la RDC peuvent sadonner à cet exercice simple : aller sur les sites des médias alternatifs tels que Le Grand Soir, InvestigAction ou Voltaire et taper dans ‘rechercher NDI ; et prendre le temps de lire la moisson darticles quils trouveront.
En 1991, cest à un média dominant que se confiait un responsable dun noyau coordonnant tous ces Instituts américains. Allen Weinstein, responsable du NED , disait ceci au Washington post : « Beaucoup de ce que nous faisons aujourdhui a été fait de manière occulte par la CIA, il y a 25 ans. » Et « la NED opère depuis son noyau central à travers un réseau dinstituts, dont plusieurs ont eu une intense activité au Venezuela depuis 1997, quand la marée chaviste apparu comme inexorable. Les principaux sont lInstitut Républicain International (dirigé par McCain), lInstitut National Démocrate pour les Affaires Internationales (NDI dirigé par Albright), le Centre pour lEntreprise Privée Internationale, émanant de la Chambre de Commerce des Etats-Unis, et le Centre Etasunien pour la Solidarité Ouvrière Internationale (…). »[2] La NED ne jouit daucune indépendance à lendroit des pouvoirs publics américains. Elle est en grande partie financée par largent du contribuable américain en plus des apports de dessous de table émanant de la CIA, de la NSA et du secteur privé US.
A travers le protocole daccord signé entre lUNC et le NDI, lalignement du parti de Vital Kamerhe sur les vues de Washington nest plus à démontrer. Or, la guerre de basse intensité menée contre la RDC est une guerre anglo-saxonne. Ce sont donc les mêmes qui, hier, ont travaillé avec le trio de la mort (Museveni-Kagame-Kabila), aujourdhui et demain, vont travailler avec lUNC et les autres partis politiques participant au programme TOMIKOTISA. En quelque sorte, ces partis politiques ne luttent pas pour une alternative au pouvoir fantoche de Kinshasa, mais pour une alternance à même de perpétuer le statu quo. Cest-à-dire lenrichissement dune petite élite compradore et la mise du pays en coupe réglée par les multi et transnationales. A quel prix veulent-ils arriver à cette alternance ? En livrant les masses populaires congolaises à la mort comme chaire à canon au cours des manifestations liées à certaines questions politiques de lheure. Tel est le modus operandi de tous ces Instituts US, faces visibles de la CIA.
Il se pourrait que lUNC nous surprenne positivement comme Raul Capote[3] au Cuba. Ce cubain avait réussi à jouer un rôle dagent double de la CIA et à éviter à son pays ‘un coup dEtat doux. Néanmoins, parler de cet accord permet à plusieurs dentre nous dêtre avertis et de rester éveillés. Pour cause. Tous ces Instituts liés à la CIA travaillent sur le long terme avant de voir certains de leurs projets aboutir. Habitués au travail sur le cours terme, plusieurs compatriotes non-avertis risquent de nouer des pactes avec ‘le diable aux dépens de la souveraineté et de lindépendance réelles du Congo. Cest vrai, au vu de cet accord et de la participation des partis politiques congolais au programme TOMIKOTISA, il y a lieu de dire que pour les compatriotes comptant encore sur les élections de 2016, les dés sont déjà pipés. Si le Congo avait, en effet, un gouvernement responsable, il mettrait lUSAID et le NDI hors détat dagir. Malheureusement !
Dans ces conditions, le front de la résistance et du patriotisme doit redoubler de vigilance et mûrir ses actions. Il devrait chercher à atteindre ‘une marée chaviste au Congo. Les USA ont leurs intérêts au Congo. Ils utiliseront tous les moyens et toutes les méthodes possibles et imaginables pour les conserver. Si les patriotes résistants congolais narrivent pas à créer un leadership responsable capable de défendre les intérêts des Congolais(es) dans leur propre pays, se plaindre ne sera daucune utilité. Il faut à tout prix trouver une solution au problème dun leadership congolais responsable.
[2] A. BORON, Des origines extérieures de la sédition au Venezuela. Agences et instruments ‘made in USA de la sédition au Venezuela, dans Le Grand Soir du 06 mars 2014. Lire aussi le chapitre 14 de C. ONANA, Menaces sur le Soudant et révélations sur le procureur Ocampo. Al-Bachir & Darfour. La contre-enquête, Paris, Duboiris, 2010.