RD Congo/Rwanda : le loup sort enfin du bois Par Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)
La main du diable
Le gouvernement congolais, les organisations humaines, la société civile et les institutions onusiennes ont sans arrêt dénoncé la main manipulatrice du président rwandais, Paul Kagamé, dans la déstabilisation de la région du Kivu. Les éléments des forces de défense du Rwanda ont toujours opéré dans lEst de la République Démocratique du Congo.
Ils lont fait officiellement à travers lopération « Umoja wetu »[3] et, officieusement, par le biais de toutes les actions armées menées par CNDP[4], le M23[5] et dautres milices hostiles au pouvoir en place à Kinshasa. Les marionnettes comme Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda, Jules Mutebusi et tant dautres ont chaque fois agi à la demande de lhomme fort de Kigali.
La fin de lalibi
La neutralisation des éléments du M23 par la Munusco et les FARDC devait en principe permettre la pacification de la région du Kivu. Encore faut-il enlever au Rwanda le seul alibi qui lui permet de singérer dans les affaires intérieures congolaises, en vue de lannexion dune grande partie du Kivu. Effectivement, comme par hasard, laffrontement direct entre les FARDC et les FRD se déroulent au moment où loption a été prise de désarmer les éléments des FDRL[6].
Cette fois-ci, il nest plus question de mener, contre les éléments des FDLR, des opérations semblables à « Kimia I et II »[7], ainsi quà « Amani leo »[8]. Dune part, leur rapatriement vers le Rwanda enlèvera tout prétexte à Paul Kagamé dans le soutien aux différents groupuscules armés qui sévissent dans le Kivu. Dautre part, le président rwandais sera contraint dinitier une réconciliation inter-rwandaise afin déviter une catastrophe humanitaire, qui risquerait daboutir à limplosion de pays, sans pour autant empêcher la fin de son régime politique.
Les conséquences de cet affrontement
Laffrontement directe entre les forces armées congolaises et rwandaises confirme de facto les mauvaises intentions ayant toujours animé le président Paul Kagamé. Comment peut-on continuer à œuvrer dans les institutions régionales avec un voisin qui, pour mettre à exécution son agenda caché, viole sciemment les conclusions de laccord-cadre dAddis-Abeba ?
Le pot-aux-roses étant maintenant découvert, on devra avoir le courage de mettre définitivement fin à lhypocrisie qui est à lorigine du génocide congolais. Kinshasa devra tirer toutes les conséquences possibles, quant à la coopération diplomatique et aux échanges commerciaux entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Jolpress
Notes :
[1] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[2] Les Forces rwandaises de défense.
[3] Une opération militaire conjointe entre les armées nationales rwandaises et congolaises
[4] Le Congrès national pour la défense du peuple, créé et dirigé par le criminel Laurent Nkunda. Après lassigné de ce dernier à résidence à Kigali par le Rwanda en novembre 2008, Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), la remplacé et a accepté dorienter le mouvement vers la paix. En mars 2009, le CNDP sest converti en parti politique et 3 000 à 4 000 de ses combattants ont intégré larmée congolaise.
[5] Le mouvement du 23 mars était un groupe créé suite à la guerre du Kivu. Il était composé danciens rebelles du CNDP qui avaient réintégré larmée nationale congolaise à lissue dun accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Ils se sont ensuite mutinés en avril 2012.
[6] Forces démocratiques de libération du Rwanda représentent un groupe armé formé en 2000 en République Démocratique du Congo. Opposées au président Paul Kagamé ayant remplacé lArmée de libération du Rwanda. Elles compteraient dans leurs rangs des responsables du génocide rwandais.
[7] Les opérations « Kimia I et II » avaient été menés avant lannée 2010 dans les provinces du Nord Kivu et du Sud-Kivu comme objectif la destruction de tous les sanctuaires » des FDLR, ces rebelles rwandais installés dans lEst de la République Démocratique du Congo depuis 1994 et à qui lattribution les exactions contre les populations congolaises ainsi que lexploitation illégale des ressources naturelles de la région.
[8] Lopération « Amani leo », qui signifie en swahili « La paix aujourdhui », visait notamment la traque des rebelles hutus rwandais en vue de leur éradication par des actions pointues menées par des unités conjointes FARDC-Monuc sur le terrain.