BARBARA KANAM: " C'EST AVEC PLAISIR ET PASSION QUE JE CHANTE "
Barbara Kanam, la "Diva africaine" |
Bon nombre de personnes considèrent que vous êtes lune des plus belles voix féminines de la musique africaine. Comment réagissez-vous à ce compliment ?
Cest beaucoup dhonneur. Cette marque de sympathie me fait énormément plaisir et me va droit au cœur. Cela me donne envie de travailler encore plus et de continuer à leur donner du bonheur. Je dis merci.
Pourquoi êtes-vous devenue chanteuse ?
Cest un pur hasard. Je ne me destinais pas à devenir chanteuse, mais plutôt à travailler dans le monde des affaires ou dans ladministration. Jai eu une enfance normale et jai fait une excellente scolarité. Mais comme on dit, lhomme propose et Dieu dispose. Je suis donc devenue chanteuse. Aujourdhui, je ne le regrette pas. Bien au contraire. Jestime que la musique est lun des plus beaux métiers du monde. Cest avec plaisir et passion que je chante. La chanson ma donné le moyen daller vers les autres, de les rencontrer et déchanger avec eux. Cest trop génial !
Comment lêtes-vous devenue ?
Dans les années 1991-92, je me trouvais à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour y poursuivre mes études universitaires. Le sort a fait que je fréquente une Eglise au sein de laquelle on me propose de diriger la chorale. Je deviens soliste de cette chorale. Je nai jamais fait une école de musique ni chanté auparavant. Mise à part lhabitude quon a de chanter chez soi, sans se rendre compte quon a un don ou on possède un talent. Cest au travers de cette chorale que jai réalisé que javais un don pour la musique. Jai donc décidé, en ce moment là, darrêter mes études. A linsu de mes parents. Avec ma bourse étudiante, jai acheté ma première guitare. Autodidacte, jai commencé à jouer à la guitare et à chanter à lEglise. Cest ainsi que les portes de la musique se sont ouvertes à moi. Jai commencé à faire quelques tournées en Afrique centrale, notamment en RDC, à Kinshasa et Lubumbashi. En Côte dIvoire, ma rencontre avec Dodo Koné, qui était à lépoque le manager dAlpha Blondy, a sonné le début de ma carrière. A Abidjan, je faisais partie de la chorale « Grâce » de Cocody et je chantais régulièrement à lEglise. Dodo Koné était venu assister à lune de mes prestations. Emerveillé, il ma conseillé de faire carrière dans la musique. Mais jétais très sceptique, et étant de nature timide, javais peur, car je ne me voyais pas devenir chanteuse professionnelle. Embrasser un métier qui est assez dur ne correspondait pas à mon idéal. Aujourdhui, je peux dire que cest beaucoup de bonheur. Je chante depuis bientôt 13 ans et je suis ravie. Mais il faut noter aussi que je travaille beaucoup et avec discipline. Finalement, au fond de moi, je pense que je suis une passionnée de musique. Jaime ce métier et jai envie de faire plaisir aux gens, leur donner du bonheur, du rêve…Franchement, je ne regrette pas davoir choisi cette voie qui me procure beaucoup de joie.
Barbara Kanam est votre nom propre ?
Je mappelle Mutund Barbara Kanam. Mutund est mon nom de famille ; Barbara est mon prénom occidental ; Kanam est mon prénom africain, celui de ma grand-mère paternel.
Combien dalbums avez-vous à votre actif ?
Jen ai trois : Mokili (1999), Teti (2003) et Karibu (2009). Je prépare un nouvel album, Zawadi, qui sortira vers fin octobre de cette année. Cest un joyau ; cest quelque chose de très précieux ; cest un cadeau que je voudrais offrir au monde, et particulièrement à lAfrique.
Ecrivez-vous vous-même les textes de vos chansons ?
Jécris moi-même les textes de la plupart de mes chansons. De temps en temps, si jai besoin dun conseil ou dune aide, je fais appel à certaines personnes. Et cela marrive souvent.
Quelles sont vos sources dinspiration ?
Mon quotidien, ma vie de femme, lactualité dans mon pays ou dans le monde, cest-à-dire ce qui sy passe de bon ou de mauvais. Dans mes chansons, je parle damour, de paix, des choses qui me révoltent, despoir, des rêves de gens, de la jeunesse…
Vous avez collaboré avec beaucoup dartistes africains et dailleurs. Lequel vous a le plus marqué ?
Chacun dentre eux a sa particularité. Chaque collaboration a été pour moi un enrichissement, autant sur le plan musical que sur le plan déchange. Mais sil y a une collaboration qui ma beaucoup marqué, cest celle avec la jamaïcaine Nyanda de The Brick&Lace. Cest de la musique américaine. Pouvoir associer la musique américaine à la musique de chez nous, du lingala, jai trouvé cela très enrichissant et surtout positif.
Quelle musique écoutez-vous ?
Je suis très ouverte. Jécoute un peu de tout : la rumba, la salsa, du gospel… Pour parler de la musique congolaise, je dirai que je suis très nostalgique. Jaime beaucoup la vieille musique, car cest de la vraie musique. Jécoute beaucoup Franco, Tabu Ley, Mpongo Love, Abeti Massikini… Sur le plan international, jécoute Aretha Franklin, Withney Houston…
Vous chantez depuis treize ans et vous avez déjà remporté de nombreux prix. Etes-vous une chanteuse comblée ?
Oui (rires), je suis comblée. Jai eu quand même un beau parcours jusquà présent. Jai eu beaucoup de chance. Jai rencontré des gens au moment où il fallait. Aujourdhui, je suis connu sur le plan international. La Côte dIvoire a été pour moi un bon tremplin. Le fait dy avoir débuté ma carrière ma beaucoup aidé. Cela ma permis davoir une ouverture sur le plan musical. Jai subi quand même pas mal dinfluence. Jai vécu en RDC, mon pays natal, entre Lubumbashi et Kinshasa, en Afrique du Sud, en Côte dIvoire…Il y a du métissage musical dans ce que je fais. Ce mélange de style ma permis datteindre beaucoup de gens de différentes confessions religieuses et de différentes nationalités. Je suis très heureuse quand jentends un Burkinabé, un Béninois, un Hollandais… chanter « Teti », dans ma langue natale ! Je me dis que finalement, jai quand même fait quelque chose. Le travail paie. Je suis comblée certes, mais il faut que je continue. On na jamais fini dapprendre. Il faut saméliorer davantage, chercher lexcellence. Pour aller loin. Telle est mon ambition. Je veux faire de la bonne musique pour atteindre un plus grand nombre de personnes. Et cela demande beaucoup dénergie, de courage et d humilité.
Vous comptez rendre hommage à certaines grandes voix féminines de la RDC. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Les gens semblent oublier que nous avons eu de grandes voix féminines en RDC. Jai envie de leur rendre hommage ; les faire revivre au travers dun album qui sortira lannée prochaine.
Qui sont ces grandes voix féminines?
Il y en a eu beaucoup ! Cette fois-ci, jai sélectionné quelques unes, notamment Lucie Eyenga, Abeti Massikini et Mpongo Love. Je ferai aussi un clin dœil à Tshala Muana. Peut-être prochainement, si Dieu men donne les moyens, jen chanterai encore dautres.
Que représente la musique pour vous ?
La musique, cest quelque chose dintemporel. Même si vous disparaissez, vos œuvres restent. Pour moi, cest le plus beau ministère. Cest pourquoi, cest un faux débat de vouloir établir une différence entre la musique religieuse et la musique dite profane. Nous sommes tous des ministres de bonnes paroles, en quelque sorte. La musique, quelle quelle soit, est le meilleur moyen de donner du bonheur aux gens. Elle réunit toutes les générations ; toutes les personnes qui ne sont pas du même pays et surtout ne parlant pas la même langue ; grâce à la musique, on arrive à oublier le poids de ses soucis et à se souvenir de beaucoup de choses… La musique est lune des plus belles choses qui existent au monde. Et je suis très heureuse de faire ce métier et de pouvoir compter parmi les chantres de lamour et de la paix.
Vous semblez être partout. Où vivez-vous ?
(Rires). Je suis une citoyenne du monde. Je vis un peu partout où on moffre un coin. Je marrête et je minstalle. Je nai aucun mal à madapter. Jai des résidences dans plusieurs pays, notamment en France et en Afrique, qui est mon grand pays. LAfrique, cest ma terre. Ce nest pas un hasard si on mappelle aujourdhui la Diva africaine.
Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France
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