29 09 14 L’Observateur – Gros plan sur le passé de l’UDPS : Voici comment Tshisekedi était trahi par ses collègues fondateurs du parti Joseph Sita N’Soni Zeno fait un témoignage

C’est dans cette optique que nous avons cherché à faire parler un pionnier de ce parti, Joseph Sita N’Soni Zeno qui a dirigé vers les années 80, l’UDPS/Benelux (Belgique/Hollande et Luxembourg). Il comptait parmi les jeunes qui ont combattu la dictature à ses moments cruels sous Mobutu. Très radicaux, ils ont résisté contre l’anéantissement du parti et ont, grâce à la direction politique rénovée de l’UDPS, pu faire face à la trahison et aux tentatives de fragilisation de ce parti.

Comment Etienne Tshisekedi a été trahi par ses collègues fondateurs presque achetés et récupérés par la grande marchine impérialiste et dictatoriale de Mobutu qui a mis les moyens pour intégrer les ténors de l’UDPS au sein du comité central  du MPR et au sein d’autres institutions et entreprises du portefeuille de l’époque. C’est de cela qu’il va nous  entretenir dans les lignes qui suivent grâce à l’interview qu’il a bien voulu nous accorder ici même à Kinshasa. Lisez plutôt.

L’Observateur : Après les accords de Gbado signés en 1987 entre les fondateurs de l’UDPS  et M. Moutu qui les intégraient dans le comité central du MPR.  Puisque Tshisekedi avait dit  qu’il abandonnait la lutte. En ce moment là qu’étaient devenus ces fondateurs ?

Joseph Sita N’Soni Zeno : Mais tous les fondateurs avaient renoncé de poursuivre la lutte contre Mobutu. C’est comme ça que les membres de la direction politique rénovée de l’UDPS avaient estimé bon de récupérer Tshisekedi. Le faire revenir au parti pour poursuivre le combat politique.

Est-ce qu’il était d’accord ?

Je te dis qu’il n’était pas d’accord. C’est comme ça qu’il nous a proposé de prendre le professeur Marcel Lihau à la direction du parti mais qui se trouvait en ce moment là aux USA. Ici je voudrai rappeler que la deuxième réunion de la direction politique rénovée de l’UDPS était convoquée spécialement pour faire revenir Tshisekedi dans le rang. C’est comme ça que nous avons ajouté  explicitement une phrase au P.V de la première réunion à laquelle Tshisekedi avait participé selon laquelle il renonçait à tous les accords de Gbadolite contresignés avec ses collègues fondateurs prétextant qu’on ne devait pas négocier avec un prisonnier qu’il était. Et par conséquent il appelait Mobutu à reprendre tout à zéro s’il le voulait bien.

C’est ce P.V que la direction politique rénovée a transformé en un mémo qu’elle avait envoyé à Mobutu  à et toutes les ambassades et organisations internationales accréditées à Kinshasa. Et après avoir pris connaissance de ce mémo, Mobutu s’est énervé et ordonna illico presto au SARM (Service spécialisé de renseignement militaire) de l’époque de procéder à l’arrestation immédiate d’Etienne Tshisekedi.

 Et que ce qui s’est passé après ?

Eh bien ce dernier était acheminé au siège du SARM où il subit un interrogatoire serré. Il lui avait été demandé s’il reconnaissait l’authenticité du P.V. Ce qu’il avoua. Et il a été décidé de la ramener chez lui sur le boulevard du 30 Juin où il était assigné à résidence surveillée jusqu’au 24  avril 1990, date de l’ouverture du Zaïre (RDC) au processus démocratique.

 Alors je ne comprends pas bien. Vous appelez Etienne Tshisekedi à se joindre à vous pour reprendre la lutte contre le régime Mobutu. Et c’est à ce moment qu’on l’arrête. Qu’était devenu le parti et comment vous avez fonctionné ?

Ecoutez, l’UDPS est un parti structuré. Tous les organes du parti fonctionnaient normalement. Les membres de la direction politique rénovée se sont constitués au collège de fondateurs de l’UDPS en suivant les consignes de Tshisekedi qui nous avait proposé le professeur Marcel Lihau pour assumer la présidence nationale du parti. Et nous avons désigné à notre niveau son adjoint, le professeur Mangala Baudouin qui se trouvait au pays en qualité de vice-président national du parti.

 Et quand le lider Maximo est libéré le 24 avril 1990. Qu’est-ce que la direction politique rénovée de l’UDPS attendait de lui ?

Les membres de la direction politique rénovée attendaient que Etienne Tshisekedi les confirment membres fondateurs du parti en signe de reconnaissance pour le rôle qu’ils ont joué pendant que les fondateurs l’avaient trahi et trahi la cause.

 Mais pourquoi tu dis que les fondateurs avaient trahi Tshisekedi alors qu’ils étaient ensemble à Gbado pour signer les accords avec Mobutu ?

Vous savez, quand il a renoncé à ces accords, il a  organisé un meeting au Pont Kasa-Vuvu le 17 janvier 1988 avec les membres de la direction politique rénovée, alors, aucun de ses collègues fondateurs ne s’est présenté au lieu de la manifestation alors qu’ils étaient tous invités.

 Donc, vous estimez que leur absence au meeting, était un acte de trahison ?

Mais oui, c’est un acte de trahison et d’abandon de la lutte. Il n’y a pas d’autres termes pour le qualifier. Mais voilà à notre grande surprise, après sa libération, Tshisekedi a préféré renouer avec ses collègues fondateurs traitres d’hier au lieu de réunir les membres de la direction politique rénovée qui l’avaient  pourtant sollicité pour ce faire.

 Vous étiez un peu découragé quant même ?

Non, pas du tout. Nous n’étions pas découragé, nous avons continué la lutte  mais en prenant soin d’envoyer les rapports de nos activités au professeur Lihau qui vivait aux USA en ce moment-là.

 Au vu de votre attitude, quelle était la réaction de Tshisekedi et de ses collègues fondateurs ?

Ils avaient convoqué une réunion du collège des fondateurs où ils décidèrent de faire revenir Lihau au pays. Pour qu’il participe au directoire de 5 présidents qui devaient diriger rotativement le parti.

 Maintenant qu’on ait récupéré le prof. Lihau par Tshisekedi et ses  paris, on décapitait le DRP (Direction politique rénovée) de son président. Que-ce qui s’est passé par la suite ?

Les membres de ce nouveau directoire de l’UDPS avaient chargé le professeur Lihau de mener des négociations avec nous de la DPR pour intégrer le parti. Nous avons démocratiquement accédé à cette demande. Mais certains d’entre nous avaient refusé. Ce qui amena les membres mécontents de faire enregistré la direction politique rénovée de l’UDPS comme un parti à part entière au ministère de l’Intérieur vers le début des années 2.000.

 Alors pour les membres qui n’avaient pas suivi  ce schéma, quelle est leur attitude aujourd’hui vis-à-vis du parti ?

En tout cas, selon les informations que je puis dire qu’ils s’organisent pour désigner un leader de leur courant qui est appelé à animer cette tendance au sein de l’UDPS. Ils ont besoin d’être pris en compte. C’est comme au parti socialiste de la France. François Hollande est là, mais il y a des membres qui n’acceptent pas la politique économique du président Hollande, mais qui restent membres du P.S. C’est ce courant qui se dessine au sein de l’UDPS.

 Mais pourquoi tu révèles tout cela seulement aujourd’hui. Est-ce que vous craignez la disparition brutale de Tshisekedi ou tu fais seulement un rappel de l’histoire ?

Bon, vous savez ; il y a un grand homme politique de notre pays qui a dit que l’histoire du Congo sera écrit au Congo et par des Congolais. Et l’UDPS fait partie de l’histoire de la RDC. Pour répondre à votre préoccupation, laissez-moi vous dire qu’ici je ne fais qu’un rappel de l’histoire parce que beaucoup de gens pensent que si Etienne n’est plus là, c’est le chaos. Ce qui n’est pas vrai. Parce que le parti a son histoire. Même au moment difficile de la dictature de Mobutu, les jeunes se sont quand même organisé en mettant en place une direction politique rénovée dont j’ai évoqué l’histoire. Voyez-vous. L’UDPS ne mourra pas et il est appelé à jouer une grand rôle dans ce pays.

Propos recueillis par Jean-Pierre Seke

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