Invasion du FPR : des conséquences sans précédents ; une guerre régionale se pointe à l'horizon.

De cette agression est résulté :

un double génocide celui des Tutsi et
celui des hutus vivant au Rwanda ;

le massacre des milliers des
Banyamurenge, des tutsi et des hutus qui vivaient en République
démocratique du Congo (RDC) ;

une continuation du génocide des hutus
qui ont cherché refuge en République Démocratique du Congo;

un génocide contre la population
congolaise vivant dans le Nord et le Sud de la province du Kivu (plus
de 5 millions de pertes de vies humaines) ;

l’exode et les massacres des milliers
des tutsis congolais qui vivaient paisiblement en RDC ;

l’exode et les massacres des
tutsi-banyamurenge congolais qui vivaient paisiblement au Congo;

l’exode et les massacres des
populations hutus congolais qui vivaient paisiblement en RDC,

d’autres violations des droits de
l’homme tel que viols, exécutions sommaires, disparitions,
emprisonnements arbitraires, etc, etc.

Une analyse de ce qui se passe
actuellement au Rwanda, en RDC, dans la région des grands lacs, dans
la région des États de l’Afrique de l’Est et dans la région
des États du SADC (South African Development Community) nous indique
qu’une guerre régionale de grande envergure risque d’éclater
dans la région des grands lacs et plus précisément au Rwanda, en
RDC, en Tanzanie et en Uganda.

D’un côté les pays du SADC (Angola,
Botswana, DRC, Iles Maurice, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie,
Seychelles, South Africa, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe)
faisant partie du pacte de défense mutuelle des pays du SADC
viendraient en rescousse de la Tanzanie et de la République
Démocratique du Congo.

De l’autre côté, les pays de
l’Afrique de l’Est (Burundi, Comores, Ethiopie, Djibouti, Kenya,
Rwanda, Seychelles, Somalie, Sudan du Sud et l’Uganda) faisant
partie de « East African Standby Forces » viendraient au rescousse
de l’Uganda et du Rwanda.

Cette hypothèse explique le récent
marathon des pays de l’Afrique de l’Est à mettre sur pied une
armée prête à être déployée d’ici décembre 2014. Force est
de constater que la Tanzanie qui au début faisait partie de
l’initiative de création d’une brigande des forces
d’intervention des pays de l’Afrique de l’Est qui est devenu «
East African Standby Forces » n’est plus membre de cette force.

Quand le FPR a attaqué le Rwanda en
1990, il n’avait jamais prévu que près de 3 millions de la
population rwandaise y compris l’effectif de toute une armée du
pays, pouvait se réfugier en République du Congo.

Cette vague de masse des réfugiés fut
un casse -tête et un handicap majeure au plan hégémonique du
FPR-Inkotanyi, de non seulement asseoir leur régime au Rwanda mais
aussi en République Démocratique du Congo.

Après la prise du pouvoir à Kigali,
le FPR avait trois priorités principales :

le renversement du régime du Président
Mobutu Sese Seko ;

l’élimination et l’anéantissement
des ex-FAR (forces armées rwandaises), de tous les réfugiés hutus
vivant au Congo ainsi que des peuples hutus du Kivu de nationalité
congolaise ;

la prise du pouvoir au Congo par les
Tutsi avec l’appui du Rwanda et de l’Uganda.

Le FPR-Inkotanyi a réussi son premier
objectif à savoir celui de renverser le régime du Président Mobutu
Sese Seko. Cet objectif s’est accompli par une guerre meurtrière
qu’on a appelé la première guerre du Congo de 1996 – 1997.

Rappelons ici que l’ancien président
du RDC, Mobutu Sese Seko a été renversé le 20 mai 1997 par les
troupes rebelles de l’ AFDL (Alliance des forces démocratiques de
libération du Zaïre) de Laurent-Désiré Kabila soutenu
militairement par le Rwanda et l’Uganda.

Vraisemblablement, jusqu’à date du
moins, le régime du FPR a échoué la réalisation de ses deux
autres objectifs à savoir l’élimination et l’anéantissement
des ex-FAR et des hutus au Congo et la prise du pouvoir au Congo par
un groupe des Tutsi.

Mais qu’est ce qui a empêché le
FPR-Inkotanyi de réaliser ses deux autres objectifs? Les raisons
sont multiples mais nous allons en mentionner quelques unes :

La résistance héroïque des ex-FAR
qui se sont réorganisées en FDLR (Forces démocratiques de
libération du Rwanda) pour d’abord se défendre et défendre les
rescapées hutus du génocide du FPR commis contre la population hutu
au Congo;

Le réveil des peuples congolais et la
réalisation que leur pays risquait de tomber entre les mais des
tutsi rwandais et ugandais;

L’intervention principalement des
forces armées de l’Angola, du Zimbabwe, de la Namibie et à
moindre mesure du Tchad lors de la deuxième guerre du Congo de
1998-2002 :

Le fait que la plupart des pays du SADC
notamment la Tanzanie et l’Afrique du Sud ont compris les visés
hégémoniques des tutsis du Rwanda et de l’Uganda d’établir un
empire hima-tutsi dans la grande région des grands lacs.

Revenons un peu à l’histoire récente
pour comprendre ce qui se passe maintenant et qui risque de se
produire dans un proche avenir: Kabila réalise les visés
hégémoniques de Kagame et de Museveni d’établir une empire
hima-tutsi dans la région des grands lacs

Quand Laurent Désiré Kabila prend le
pouvoir en 1997, la plupart de ses officiers supérieurs sont des
tutsi rwandais ou ugandais qui l’ont apporté au pouvoir.

Citons le cas du Général James
Kabarere, un rwandais qui était chef de camp de Kagame lors de
l’invasion du Rwanda en 1990, et qui a combattu à côté de
Laurent Désiré Kabila pendant la première guerre du Congo
1996-1997, pour enfin devenir le Chef d’État Major de l’armée
en République Démocratique du Congo.

Le Président Laurent Désiré Kabila
n’a pas tardé à comprendre les visés hégémoniques de Kagame et
de Museveni d’établir un empire hima-tutsi dans la région des
grands lacs.

Il a ainsi réalisé le danger que
représentait les officiers tutsi rwandais ou ugandais qui étaient à
la tête de l’armée et des services de renseignement et de
sécurité militaires dans l’armée congolaise.

En juillet 1998, le général James
Kabarebe a été limogé et le président Kabila a annoncé qu’ «
il mettait fin à la présence des militaires rwandais qui nous ont
assisté pendant la période de libération» du Congo.
(http://www1.rfi.fr/actufr/articles/079/article_44913.asp.)

Entre parenthèse signalons que le
général James Kabarebe qui était chef d’état major de l’armée
congolaise en 1997, après son limosage suivi de son retour au
Rwanda, il a été chef d’état major de l’armée rwandaise
depuis 2002 et il fut nommé Ministre de la défense des forces
armées rwandaises depuis le 10 avril 2010 par le président Kagame.

Il faut être stupide pour ne pas
comprendre les visées hégémoniques des tutsi d'établir un empire
hima-tutsi en Uganda, au Rwanda, au Congo et dans la grande région
des grands lacs en général.

Rappelons que Kagame l'actuel président
du Rwanda fut le chef des services secrets militaires dans l’armée
ugandaise avant d’envahir le Rwanda en 1990.

Le limogage du général James Kabarebe
et la décision de mettre fin à la présence des militaires rwandais
sur le sol du Congo a déclenché la deuxième guerre du Congo par
les rebelles tutsi soutenu par le Rwanda et l’Uganda.

En effet, en 1998, le général James
Kabarere organisera les attaques des rebelles tutsis commandités par
Kigali et dirigées contre les forces armées de la République
Démocratique du Congo (FARDC).

La deuxième guerre du Congo qui avait
comme objectif de mettre les tutsi au pouvoir, a pris officiellement
fin le 30 juin 2001 avec la mise en place d’un gouvernement de
transition, sans atteindre son objectif de mettre les tutsi au
pouvoir à Kinshasa.

Qu’est ce qui a fait échec à cet
objectif? Il y a plusieurs raisons, mais la raison principale c’est
l’intervention militaire des armées de l’Angola, de la Namibie,
du Zimbabwe et du Tchad au Congo pour secourir le régime de Kabila
qui risquait de tomber entre les mains des rebelles tutsi.

La deuxième guerre du Congo a laissé
un bilan de pertes de vie humaines de plus de cinq millions de
personnes congolais et rwandais confondus

La fin de la deuxième guerre du Congo
n’a pas mis fin aux combats dans la région du Kivu. Au contraire,
nous avons assisté à une multiplication des groupes de rebelles
luttant pour des intérêts divers et complexes. Certains groupes
luttant pour des objectifs politiques, d’autres luttant pour des
intérêts économiques ou le contrôle du pouvoir local.

Mais en ce qui concerne les groupes
rebelles composés des tutsi, ils ne pouvaient pas abandonner la
lutte armée tant qu’ils n’auront pas mis au pouvoir à Kinshasa
un régime des tutsi du même modèle que des régimes en place au
Rwanda et en Uganda.

Plus les guerres perduraient au Congo,
plus certains pays dont les pays du SADC comprenaient de mieux en
mieux les vrais raisons de ces conflits au Congo notamment les visées
expansionnistes du Rwanda et de l’Uganda et le contrôle de la
région par l’influence anglo-saxonne des États-Unis, de
l’Angleterre et de l’Israël.

C’est dans ce cadre qu’en date du
25 mai 2013, lors de la 50ème célébration de la création de
l’Organisation de l’Unité Africaine, le Président de la
Tanzanie Jakaya Kikwete a exhorté les pays du Rwanda et de l’Uganda
d’engager des dialogues directs avec respectivement les FDLR et le
ADF-NALU en vue d’une paix durable dans la région des grands lacs.

Les déclarations du Président
Tanzanien Jakaya Kikwete ont assombri les relations entre le Rwanda
et l’Uganda jusqu’à ce que le Président du Rwanda Paul Kagame,
en date du 30 juin 2013 lors d’une réunion avec les jeunes,
déclare qu’il va attendre et frapper le Président Tanzanien
Jakaya Kikwete au moment opportun (I will Just Wait For You At the
Right Place And I will Hit You), une déclaration qui encore une fois
confirme l’arrogance et la brutalité du régime de Kigali.

La réponse de la Tanzanie ne s’est
pas fait attendre. En date du 12 juillet 2013, le ministre des
affaires étrangère de la Tanzanie déclarait que Kagame sera frappé
comme un petit garçon « will be whipped like a small boy »

La rébellion du M23 soutenue et
composée en grande partie des tutsi rwandais a été active dans la
province du Nord-Kivu (Est de la RDC) d’avril 2012 jusqu’à sa
défaite militaire en novembre 2013.

Cette défaite a été possible grâce
à l’ offensive de l’armée congolaise soutenue par la brigade
d’intervention de l’ONU au Congo composé principalement des
troupes venant de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud et du Malawi.

S’agit-il ici d’un premier coup de
gifle que la Tanzanie a asséné au Rwanda ? Le développement des
événements dans la région ne va pas tarder de nous le dire.

En avril 2013 comme le rapporte le
journal Afrique Renouveau du mois d’août 2013, le M23 a adressé à
la Tanzanie une lettre ouverte qualifiant la décision de la Tanzanie
de participer à la brigade d’intervention de « dangereuse
aventure ».

La lettre, signée par Bertrand
Bisimwa, le dirigeant politique du M23, appelait la Tanzanie à se
retirer de la brigade. Le même journal rapporte que Bisimwa a écrit
une lettre similaire à l’Afrique du Sud, dont la contribution à
la brigade d’intervention s’élève à 1 000 soldats bien
équipés. Tant l’Afrique du Sud que la Tanzanie ont fait fi de ces
menaces.

L’issue que va prendre la résolution
du problème des FDLR et des réfugiés rwandais vivant au Nord Kivu
va déterminer oui ou non le déclenchement d’une guerre régionale
dans la région des grands lacs.

Sauf que, à voir les arrestations des
officiels supérieurs de ces derniers jours au Rwanda, il y a lieu de
spéculer qu’un coup d’État est possible au Rwanda et que dans
un tel scénario, la question des FDLR, des réfugiés et de
l’opposition vivant à l’étranger pourrait prendre une autre
tournure.

_____________

IKAZE IWACU

Jotham Rwamiheto

Montréal, Canada  

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.