07 11 14 CongoNews – La réaction musclée du Prof Mbata sur la chute de Compaoré
C-News – Comment allez-vous ? Avez-vous appris la démission et la fuite de Blaise Compaoré?
Prof Mbata -Je me porte bien et même très bien. Jai effectivement suivi la fuite de Blaise Compaoré ou son « Hégire ». Lhomme se croyait incontournable, né pour gouverner et régner pour toujours à cause de sa « rectification de la révolution », de quelques écoles, ponts, routes, hôpitaux et hôtels qui étaient la version de sa « politique de modernité » au Burkina Faso. Sourd à tous les appels, enivré par les louanges et les danses de nombreux flatteurs de sa propre majorité présidentielle, aveuglé par les fanfares militaires et les nombreux passages des troupes en revue, encensé au quotidien par des journalistes et des pasteurs pratiquant un « journalisme et un évangile de la honte » et qui lui avaient promis léternité au pouvoir, Compaoré avait perdu tout sens de lhumain et de lhumanité.
Je félicite le peuple burkinabé qui lui a fait comprendre que le costume, le pouvoir, les honneurs et les nombreuses richesses accumulées pendant les 27 ans de sa présidence navaient pas fait de lui un superman et qui la forcé de « dégager » et de libérer Kossyam, le palais présidentiel dont il nétait quun locateur. Cest une très bonne nouvelle pour la démocratie en Afrique.
C-N – Connaissez-vous le Burkina Faso et lancien Président Compaoré ?
Prof Mbata -Bien sûr que oui. Je connais le Burkina Faso. Jai visité Ouaga à plusieurs reprises. Quant à Compaoré, je le connais aussi bien. Il est arrivé au pouvoir par un coup dEtat et lassassinat de celui que lon croyait son meilleur ami, le Capitaine Thomas Sankara. Avec le soutien des occidentaux, en particulier celui de la France, et de ses nombreux tambourinaires recrutés dans toutes les couches de la société burkinabè, il était resté au pouvoir pendant 27 ans et personne navait cru même un jour avant sa chute quil allait entrer si honteusement dans lhistoire. Bonne leçon pour plusieurs dirigeants africains qui se trompent dépoques et se croient indispensables. Comme eux, il disait navoir pas de dauphin et ne voulait même pas entendre parler dun dauphin, fut-il son propre
frère François Compaoré. Il croyait que le Burkina Faso nexistait que par et pour lui. Terrible erreur comme il la appris très tardivement la semaine dernière. LHistoire sanctionne impitoyablement ceux qui se fient à eux-mêmes, aux cris des sirènes de leurs convois et aux louanges ou aux « Te Deum » de leurs thuriféraires pour gouverner par défi et naviguer dans le sens contraire. Pauvre Compaoré.
C-N – Mais, Compaoré vous connaissait-il ? Le connaissiez- vous ? Laviez-vous rencontré ?
Prof Mbata – Vous savez, ce nest pas une fierté de dire que lon était connu ou familier dun dirigeant autoritaire. Cela se ressent parfois comme une honte. Cest lheure des reniements
qui a sonné au Burkina Faso. Au Congo, elle avait sonné chez les anciens courtisans de Mobutu lors de la prise de pouvoir par Laurent-Désiré Kabila et son « groupe daventuriers » de lAFDL. Elle sonnera bientôt pour les aventuriers actuels qui sont enivrés du lait des fermes présidentielles sur le continent. Je ne sais pas si Compaoré me connaissait même si je lavais déjà rencontré lorsquil était au sommet de sa gloire. Le contraire ne me surprendrait pas. La plupart des despotes ont des oreilles, mais ils nentendent pas; ils ont des yeux mais ils ne voient pas ; ils ont des sens, mais ils ne sentent pas leur fin venir. Ils ne regardent jamais dans les yeux ceux quils sont toujours prêts à écraser. Même quand ils vous tendent la main, ils ne vous regardent pas et ne peuvent même pas vous reconnaitre la seconde qui suit. Ils opèrent comme des robots, des monstres. Je nai jamais salué de ma main un Président congolais et ne le regrette pas. Quand à Compaoré, je ne lavais pas vu à la télévision, mais je lavais salué en le regardant dans les yeux sans être hypnotisé comme cela arrive souvent à de nombreux intellectuels africains qui sapprochent de leurs présidents. Pendant près de 30 minutes, ce nest pas moi qui lécoutais, mais cest lui qui écoutait le professeur congolais parler de la vie après la présidence lors du 7eme Forum africain sur la gouvernance qui se tenait dans sa ville-capitale et je pense sans le regretter quil devait au moins me connaitre.
C-N – Comment devrait-il vous connaitre, un président qui rencontrait plusieurs milliers de personnes ?
Prof Mbata – Daccord, mais je pense que même sils rencontrent plusieurs milliers de personnes, les dirigeants devraient sintéresser davantage aux personnes qui leur disent la vérité dans leur propre intérêt et ne recherchent ni leurs pouvoirs, ni leur or ni leur argent. Compaoré devait se souvenir de moi en raison de ce qui sétait passé à Ouagadougou en octobre 2007. Il y réfléchit probablement en ce moment où il sest réfugié à Yamousoukro, près de la Basilique où il ne recevra aucun miracle pour lui permettre
de reprendre le pouvoir.
C-N – Que sétait-il donc passé à Ouaga en octobre 2007, il y a de cela 7 ans ?
Prof Mbata – Le 7eme Forum africain sur la gouvernance y avait été organisé par le PNUD et la Commission économique pour lAfrique du 24 au 26 octobre 2007. Plus de 300 participants venant de tous les pays africains y étaient conviés. Le Président Paul Kagamé du Rwanda et lancien président mozambicain Joaquim Chissano y prenaient également part. Consultant du PNUD, jétais lunique universitaire africain sélectionné pour y présenter une communication sur le respect des constitutions et la vie après la présidence en Afrique lors de la séance douverture. Pour la première fois de ma vie, je métais retrouvé à la même tribune officielle pris en sandwich entre le Président Compaoré, président de séance, et lancien président Chissano avec qui javais voyagé dans le même avion et qui devait commenter ma communication. Javais alors terminé par un conseil à tous les Présidents africains, y compris Compaoré et Kagamé qui semblaient me suivre religieusement : « Il y a une vie après la présidence qui peut même être meilleure que celle que lon menait en tant que président. Il faut alors quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne vous quitte.».
C-N – Quelle était alors la réaction de Compaoré?
Prof Mbata – Sa réaction était propre à tous les dirigeants autoritaires. Dans ses remarques comme modérateur, il rappelait quil était Président par la volonté de son peuple qui lavait très massivement élu et plusieurs fois réélu. Celui qui se croyait aimé de son peuple à cause de sa « révolution de la modernité », de la « stabilité » apportée au pays et des progrès réalisés par son gouvernement sur le plan « macroéconomique » vient dêtre contraint par le même peuple de prendre la poudre descampette comme un vulgaire bandit.
C-N – Cest même allé trop vite ?
Prof Mbata – Oui, aussi rapidement quil sétait retrouvé à la tête de lEtat, moins de trois heures après son coup dEtat. Les marches des palais peuvent être longues à grimper mais il est plus facile den descendre. Revoyons le film des évènements : alors quil lui reste encore 12 mois de mandat, il reste sourd à tout appel interne et international pour dialoguer avec son peuple et ne pas utiliser lAssemblée nationale où il dispose dune majorité pour changer larticle 37 qui lui interdit un troisième mandat. Le matin du jeudi 30 octobre 2014, il nécoute personne dautre que ses thuriféraires et tente de faire un forcing en faisant convoquer une session de lAssemblée nationale pour réviser larticle 37.
Avant midi, sans demander une quelconque autorisation de manifester et sans même faire une simple déclaration comme on le ferait à Kinshasa, Brazzaville, Bujumbura ou Kigali, plusieurs milliers de Burkinabès se jettent dans les rues de Ouaga en direction du siège de lAssemblée nationale pour interdire aux Députés de siéger. Plusieurs Députés de la majorité présidentielle qui passaient leur temps à applaudir Compaoré et ses ministres et sapprêtaient à voter la révision de larticle 37 sont sauvagement battus à lHémicycle qui est pillé, ce qui rend impossible la session du Parlement. Quelques temps après, le Ministre de communications et médias, porte-parole du gouvernement et le « perroquet national burkinabè » annonce le retrait du projet de loi de révision constitutionnelle pendant que les manifestants sen prennent à ses biens dans sa ville natale. Après lHémicycle, ils se dirigent vers Kossyam, le palais présidentiel, et demandent à son locataire de dégager sans préavis. Les éléments de la garde présidentielle qui auraient dû mettre la main sur la gâchette et tirer à bout portant comme ce serait le cas dans plusieurs capitales africaines sortent par contre sans armes et les mains en lair pour dialoguer avec le peuple et lassurer que larmée et la police étaient de son côté comme étant larmée et la police du peuple et non celles dun homme. En quelques heures seulement, Compaoré qui était encore Président la veille et même le matin cesse de lêtre et est forcé de fuir le pays. Au même moment disparaissaient dans la nature tous ceux qui lui conseillaient de réviser la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
C-N -Quelle comparaison faites-vous entre le fameux article 37 de la Constitution du Burkina Faso à la base du départ de Compaoré et larticle 220 de la Constitution de la RDC ?
Prof Mbata – Larticle 37 de la Constitution burkinabè prévoit que le Président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de 5 ans. Il est rééligible une seule fois. Cet article correspond à larticle 70 de la Constitution de la RDC. Cependant, sous la Constitution du Burkina Faso, le nombre et la durée des mandats présidentiels ne sont pas des matières verrouillées comme sous la Constitution de la RDC. Les seules matières verrouillées (Article 165) sont la nature et la forme républicaine du gouvernement, le système multipartiste et lintégrité du territoire. Au Burkina Faso, toute révision constitutionnelle est faite par référendum à moins quelle nait été approuvée par lAssemblée nationale à la majorité des 3/4. Quant à la Constitution de la RDC, comme je lai souligné à plusieurs reprises sans être contredit par un seul juriste de la Majorité présidentielle au Congo qui a fait croire le contraire à son autorité morale, cette constitution ne permet ni révision de larticle 220 ni référendum sur les matières verrouillées. Ce qui explique que le Président en fonction devra impérativement dégager en 2016 et que cela nest pas négociable car si les politiciens peuvent négocier entre eux et se faire des compromis, avec qui va négocier le peuple souverain qui avait approuvé à plus de 80% cette constitution par referendum ? Le Président RD congolais ne peut donc pas recourir au Parlement sous prétexte quil y a une majorité pour se donner un troisième mandat pour la simple raison que cet article ne peut en aucun cas être révisé.
Il ne peut pas non plus convoquer le peuple au référendum même sur base dune pétition dun milliard de congolais qui nexistent pas encore tout simplement parce que le référendum est prévu sous le Titre VII qui traite de la révision constitutionnelle et qu il ne peut donc concerner les matières exclues de toute révision comme le nombre et la durée des mandats présidentiels.
C-N – Interrogé sur la situation au Burkina Faso par Radio Okapi, le Porte-Parole de la MP, Luzanga Shamandevu, avait répondu : « La situation que traverse actuellement le Burkina Faso ne concerne que les Burkinabès et non la RDC», ce qui revient à dire que les Burkinabès ne sont pas de Congolais.
Prof Mbata – Je ne suis pas sûr que la personne que vous citez et dautres comme notre « perroquet national » ou les chantres et danseurs de « Kabila Désir » croient réellement en ce quils disent et en tant que patriote congolais jai à plusieurs reprises conseillé au Président de se méfier de nombreux flatteurs ou encore de cette multitude doiseaux de divers plumages qui envahissent régulièrement la basse-cour de la ferme présidentielle. Cest vrai que les Burkinabès ne sont pas des Congolais. Toujours est-il que la situation au Burkina Faso nétait pas différente de celle en RDC où la MP veut amener son autorité morale à changer la Constitution pour se donner un troisième mandat. Comme au Burkina Faso, au Congo, au Burundi, ou au Rwanda, les arguments sont les mêmes : préserver la stabilité et la sécurité, parachever la révolution et la modernisation.
Si la situation au Burkina Faso navait rien à avoir avec celle de la RDC, on devrait demander déjà à Mr Luzanga Shamandevu pourquoi la MP avait envoyé une importante délégation de ses communicateurs qui serait dirigée par lAmbassadeur Atundu, lancien patron des services de sécurité de Mobutu, et qui serait actuellement bloquée à Ouaga en attente dune évacuation. Je me demande aussi comment lautorité morale de la MP peut faire confiance à des hommes qui avaient disparu dans la nature après le départ de Mobutu et qui navaient pas réussi à sauver son régime après lavoir mal conseillé.
C-N -Vous admettez au moins que les Congolais ne sont pas des Burkinabès?
Prof Mbata – Je nen disconviens pas. Les Burkinabès aussi pensent quils ne sont pas des Congolais et ils ne veulent même pas être identifiés aux Congolais comme lexprime la pancarte quils ont fait circuler lors des manifestations de Ouaga et sur laquelle on peut lire: « Blaise Compaoré, si tu veux un 3ieme mandat, va au Congo- Kinshasa, là où les peuple(s) sont des idiot(s) manipulé(s) par les pasteur(s) et la musique pas ici. (Nous) Nous somme(s) (un) peuple fort ».
C-N – Ne pensez-vous pas quil sagit dune injure à lendroit du peuple congolais?
Prof Mbata – Cest effectivement révoltant. Déjà, aucun de pays voisins na le moindre respect pour nous. Nous sommes effectivement un pays merveilleux où on peut dormir païen et se réveiller prophète ou pasteur le lendemain ; un pays où il y a une église, un pasteur, un orchestre, et un musicien à chaque coin de rue ; un pays où des personnes sans aucune formation reconnue peuvent se voir attribuer de grandes responsabilités publiques ; un pays où un petit diplôme suffit pour se présenter comme un économiste maîtrisant la macroéconomie, où nimporte quel griot intellectuel devient analyste politique et où nimporte qui devient juriste et tout juriste ou même des personnes qui ont été refusées à luniversité se présentent comme des constitutionnalistes.
Je considère plutôt comme un défi ce message du peuple burkinabè au peuple congolais. Cest à nous de prouver le contraire aux Burkinabès, aux autres peuples dAfrique et du monde en nous opposant pacifiquement mais farouchement à toute tentative de déverrouillage du nombre des mandats présidentiels prescrit à lArticle 220 et en faisant de sorte qu il n y ait aucune prolongation du mandat présidentiel devant expirer le 19 décembre 2016. Sils peuvent réserver aux chantres de la révision ou du changement de la Constitution le même sort ou un sort beaucoup plus détestable que celui qui vient de leur être réservé au Burkina Faso, les Congolais auront réussi leur pari. Par contre, sils laissent passer ce que le peuple du Burkina Faso na pas su toléré, les Congolais auront donné raison à ces Burkinabès qui les ont qualifiés de « peuple des idiots, manipulé par les pasteurs et la musique » et qui feraient mieux de recevoir Compaoré pour son troisième mandat. Jespère que nous allons leur prouver le contraire et leur démontrer que nous sommes un peuple plus grand et plus fort.
C-N – Pensez-vous quil y a toujours une vie après la présidence même pour Compaoré ?
Prof Mbata – Bien sûr. Compaoré vit déjà sa vie après la présidence en Côte divoire où il est malheureusement considéré comme le « virus dEbola ». Il risque den être ainsi pour ceux qui suivront ses pas partout où ils auront cru trouver refuge.
Ils seront autant détestés que les chauves-souris considérées comme lun des véhicules de la maladie, reniées à la fois par les oiseaux parce que les chauves-souris volent certes mais ne pondent pas des oeufs et par les autres animaux parce quelles sont aussi des mammifères, mais ne volent pas comme eux. La qualité de la vie après la présidence dépend de la manière dont on la quittée. Si vous quittez le pouvoir avant que le pouvoir ne vous quitte, cest sûr quil y aura une meilleure vie après la présidence. Mais si le pouvoir vous quitte avant comme dans le cas de Compaoré, on devient tout malheureux.
Voyez comment en un seul jour, Compaoré a annulé au stylo rouge à lencre indélébile tout le bien quil aurait fait pendant ses 27 ans de présidence pour entrer dans lhistoire comme un piètre dirigeant, un despote qui mettaient les habits dun démocrate avant dêtre dénudé en plein jour.
C-N – Au regard des évènements du Burkina Faso, puisque vous êtes en route vers le pays de Barack Obama, que pensez-vous du message quil avait adressé aux chefs dEtat africains lors du sommet USA-Afrique pour respecter les limites constitutionnelles de leurs mandats et de nombreuses réactions qui avaient suivi ?
Prof Mbata – Barack Obama navait dit que ce que nous navons cessé de répéter depuis plusieurs années sans être compris et malgré les menaces et même des promesses dargent et de postes de responsabilité pour acheter nos consciences
et nos intelligences et faire de nous des garçons de course ou des porte-parole du pouvoir comme cela est déjà arrivé à plusieurs dentre nous. En appelant au calme au Burkina Faso, les Etats-Unis ne faisaient que se moquer de Compaoré qui avait assisté au sommet et croyait à une blague quand Obama leur demandait de respecter la Constitution. Certains dirigeants africains étaient revenus dans leurs pays en prétendant que le respect de la limitation du nombre de mandats présidentiels était une imposition américaine figurant dans des constitutions étrangères qui nous étaient imposées et qui sont du reste considérées comme « sataniques » par des pasteurs corrompus au service du pouvoir. Le peuple burkinabè vient de démontrer à Compaoré que le constitutionnalisme et lEtat de droit sont aussi africains. Dans tous les cas, Compaoré na pas fui parce quon lui a envoyé des parachutistes français ou des marines américains. Cest le peuplé burkinabè avec des mains nues bravant les chars et les canons de la puissante garde présidentielle qui la fait partir après avoir marché sur le siège du parlement et le palais présidentiel sans informer au préalable le tambourinaire du pouvoir que Compaoré avait fait élire comme Maire de la Ville de Ouaga et qui a disparu également dans la nature.
C-N – Un message aux artisans des violations des constitutions et aux artisans de la monarchie présidentielle en Afrique?
Prof Mbata – Il nest pas normal que lon se dise constitutionnaliste et même juriste si en échange du pouvoir et de largent on devrait investir toute son intelligence pour chercher les voies et moyens de violer la constitution de son pays et de justifier toutes les violations constitutionnelles et toutes les fraudes à la constitution. Il est vrai que malgré certains démentis politiciens, la RDC est considérée comme étant la capitale mondiale du vol et du viol. Alors que voler nest déjà pas bon, on adorerait à présent le viol, y compris le viol des lois et de la constitution.
Pourtant, et ce nest pas Dr Mukwege qui me contredira, pendant quon est surpris en flagrant délit de viol de sa propre mère tout comme du viol de la « mère de la nation » quest la constitution, on ne peut pas se permettre de convoquer le peuple pour se justifier en disant : « soyez calmes et ne vous mêlez pas de mes affaires parce que ‘violer sa propre mère, cest aussi la respecter ».
C-N – Pour terminer avez-vous un conseil à donner à dautres Chefs dEtat africains qui veulent tripatouiller leurs constitutions et se pérenniser au pouvoir ?
Prof Mbata – Le même conseil que javais donné à Compaoré chez lui à Ouagadougou en 2007: Madame et Messieurs, respectez la constitution et laissez le pouvoir avant que le pouvoir ne vous quitte car il y a une vie après la présidence. Vous nêtes que des locataires des palais présidentiels quil faudra dégager lorsque le bail arrive à son terme. Le moment venu, ne nous inventez pas des « histoires », ne faites pas faire des livres ni fabriquer des prophéties, ne commandez pas non plus des pétitions. Faites un grand discours de remerciement à votre peuple en lui précisant ce que vous auriez accompli et aussi en demandant pardon pour vos nombreuses promesses non tenues et le tort que vous avez fait à vos compatriotes. Je suis sûr que ce peuple vous sera reconnaissant
et vous pardonnera tout en vous assurant une vie heureuse après la présidence. Le contraire serait un suicide politique.
Cest votre propre vie, votre propre histoire. Cessez découter les thuriféraires et les tambourinaires intellectuels, religieux, civils ou militaires de votre pouvoir qui vous abandonneront le moment venu. A bon entendeur, salut.