03 02 15 l’Humanité – Périls en RDC. A quand une armée commune pour l’Afrique ? Par Guy Samuel Nyoumsi, Vice-président du Cran (Conseil Représentatif des Associations Noires) et président de SAF (Solidarité Africaine de France)

Cette donnée permet d'éclairer les événements qu'a traversés ce «
pays-continent » de 2.345.409 km² au cours de son histoire. La République
Démocratique du Congo est au coeur de l’histoire et de la géographie du
continent.

 En effet, c'est au royaume du Kongo que s'installent les Portugais, dès la
fin du 15e siècle, pour y instaurer l'esclavage, qui va se répandre ensuite en
Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest. Après cette première période
d'exploitation, se met en place une deuxième vague coloniale, et c'est autour
du Kongo, une nouvelle fois, que s'organise la fameuse conférence de Berlin, en
1885, dont le vrai nom est la "Kongo konferenz", dénomination
qu'utilisent à juste titre les Allemands.

 C'est au Congo qu'a lieu le plus célèbre des
assassinats politiques, celui de Patrice Lumumba,
 mis à mort (comme la plupart des nouveau leaders politiques souverainistes
et panafricains des années 1960) par des opposants soutenus par les anciennes
puissances coloniales qui sont  hostiles à sa nouvelle politique étrangère,
orientée vers l'URSS. L’élimination physique ou politique des leaders
indépendantistes africains a ainsi dénaturé les indépendances africaines.
Certains auteurs n’hésitent pas à parler de confiscation des indépendances en
Afrique.

 Aujourd'hui, la RDC est le théâtre d'une
guerre qui se trouve être à la fois la plus meurtrière depuis 1945 (environ 6 à
8 millions de morts, sans parler des centaines de milliers de femmes violées),
et sans doute aussi la moins médiatique.
 C'est également la plus
grande opération de maintien de la paix de l'histoire de l'ONU en Afrique avec
un contingent de 20.000 militaires. C’est aussi l’une des opérations les plus
coûteuse pour les Nations Unies. Mais en raison des crises économiques
(restriction des budgets militaires) et d’un changement de culture dû aux
prises de risques, les puissances occidentales ne veulent plus exposer leurs
armées aux risques militaires, comme ce fut le cas lors de la  Révolution
de Saint-Domingue (Haiti) ou de la guerre d’Algérie.

 On envoie donc des unités de commandement qui recrutent et forment des
mercenaires religieux, politiques, intellectuels qui ont pour mission de
conquérir les zones stratégiques des territoires convoités. Ainsi, le risque
inhérent à la guerre,à la mort, sera supporté par la population locale et par
les mercenaires.

 Dans cette nouvelle guerre, il arrive parfois que les mercenaires
s’émancipent des unités de commandement et deviennent une menace militaire et
politique sur une zone très étendue. Ils tentent alors de s’autofinancer en
commercialisant les matières premières. A la différence des pirates lors des
conquêtes maritimes du 15e au 19e siècle, ils opèrent sur terre et non sur mer.
C'est ce qui se passe au Congo, avec le soutien plus ou moins discret de
certaines multinationales, décidées à tirer leur épingle du jeu et en
s'approvisionnant à faible coût en matières premières.

 Face à ces périls, la Renaissance Africaine exige que l'on sorte de tous
les mécanismes d'appauvrissement savamment construits depuis les razzias
esclavagistes pour concevoir des mécanismes nouveaux, ayant pour objectif final
de permettre au plus grand nombre d’Africains d'accéder à la prospérité
matérielle. C'est ce que devrait faire l'aide internationale, mais un rapport récent
publié en juillet 2014 par «www.healthpovertyaction.org» qui est  un consortium de chercheurs britanniques et africains a
démontré que l'aide apportée à l'Afrique est six fois moins importante que la
valeur des flux qui sortent du continent. En d'autres termes, hier comme
aujourd'hui, le monde n'aide pas l'Afrique, le monde exploite l'Afrique.

 Pour assurer l'autonomie du continent, il est primordial que l’Afrique
assure la sécurité de ses frontières terrestres, maritimes et aériennes . Cela
est encore plus vrai au Congo, où les seigneurs de guerre vont et viennent,
pillant et tuant, ceci implique plus de quatorze nations depuis vingt ans. Un
Congo fort est nécessaire pour une Afrique forte. Et vice versa.

  Des solutions existent. Les pays européens, pour
répondre à la menace du nazisme et du communisme, ont mutualisé leur force
militaire en créant l'OTAN avec les Etats-Unis.

Les pays africains pourraient tout autant s'inspirer de ce modèle qui n’est
pas protégé par un brevet en créant ainsi une armée africaine composée d’un
million de militaires et d’une force spéciale mobile pour répondre à la menace
de ces mercenaires à la solde des étrangers, qui sont  les ennemis de
l’Afrique.

 L’Année 2015 marque les 100 ans du traité de
Versailles, il serait judicieux  pour les pays africains de décloisonner
les territoires et penser à une souveraineté commune telle que le soutenait
Nkwamé Nkrouma.

 

 

 

 

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