04 05 15 La crise au Burundi et l’attaque de Goma : Vers la fin de la triple alliance opportuniste Kagame – Kabila – Nkurunziza ?

La
crise burundaise est d’abord essentiellement politique, mais gare aux démons du
passé !


La
contestation populaire en cours au Burundi traduit une maturité de la population
burundaise (peut être aussi de la région?) Je constate néanmoins qu’il y a une
tendance, particulièrement dans les milieux occidentaux, à vouloir analyser
cette crise sous seule dimension ethno-communautaire. C’est ce qui ressort dans
plusieurs analyses traitant de la crise burundaise. Ce qui serait une erreur et
risquerait de produire un effet contreproductif de ce que l’on recherche, par
effet de la prophétie auto-accomplissante : amener par exemple l’armée rwandaise
à intervenir au Burundi au motif qu’une ethnie est en danger. Pourtant, jusqu’à
présent, ce sont les Hutus et les Tutsis qui s’opposent à Nkurunziza. Cela me
fait penser à la campagne médiatique menée Bernard Henri Levy pour l’invasion de
la Libye et aujourd’hui, on voit dans quel état ce pays sombre.


Réduire
cette crise politique complexe à une seule dimension purement ethnique me semble
très dangereux. C’est en quelque sorte faire le jeu de certains lobbies de la
région avec l’aide de leurs relais internationaux, qui veulent orienter la crise
politique en une crise ethnique à des fins politiciennes personnelles.
Malheureusement, cette dimension de la maturité politique des Burundais ressort
très peu dans les analyses ou dans les actions menées ici et là.

 

La
posture complexe de Pierre Nkurunziza au centre de la crise


La
complexité de cette crise trouve une partie de sa racine dans la posture
particulière de la personne de « Nkurunziza ». Il est le fils des Hutu chassés
au pouvoir et contraints à l’exil en Tanzanie en 1972 après le coup d’Etat de
Micombero (Tutsi), sur la seule base de leur appartenance à l’ethnie Hutu. Les
rapports de l’ONU renseignent près de 400 000 morts. La particularité de
plusieurs de ces Hutus était d’avoir épousé des femmes Tutsi rwandais. C’est
cette génération de métis orphelins de pères, dont notamment le général
putschiste Godefroid Niyombaré, qui est actuellement au pouvoir au Burundi aux
côtés de Nkurunziza. C’est le premier degré de complexité de l’équation
burundaise.


Pierre
Nkurunziza, qui aurait subi une double victimisation du fait de son métissage,
semble être lme plus affecté et traumatisé que ses camarades ayant eu les deux
parents Hutu. Certains analystes disent qu’il fait partie de la sous-catégorie
des exilés la plus inconsolable. C’est ce qui explique son adhésion à la
rébellion du CNDD/FDD, installée en RDC, contre les régimes Tutsi, à partir de
1995 après le putsch de 1993 de Pierre Buyoya et l’assassinat de Ndadaye en 1995
par les Tutsi au Burundi.


L’autre
facteur de la complexité de cette crise est que, quoique politiquement contesté,
Nkurunziza reste tout de même populaire au Burundi, pour être parvenu à réaliser
des réformes, plutôt positives, dans le domaine socio-économique.


Pierre
Nkurunziza entretient une relation fusionnelle avec Joseph Kabila depuis 1998
quand Mzee Kabila avait chargé Joseph Kabila, alors chef d’état-major de l’armée
de terre et commandant des opérations au front de Pweto de ravitailler et
réorganiser les rebelles burundais du CNDD/FDD en armes, munitions, tenues
militaires, téléphones satellitaires, parfois en aide financière. Le quartier
général de CNDD/FDD était basé à Lubumbashi, plus précisément dans la résidence
privée de Joseph Kabila,au quartier Bel-air dans la commune de Lubumbashi,
avenue des Savonniers n° 28. A l’époque, c’est ce Pierre Nkurunziza qui
s’occupait de réceptionner toute l’aide extérieure destinée au CNDD/FDD pour
l’acheminer clandestinement au Burundi par le Lac Tanganyika. 


Au
Katanga, Nkurunziza s’est entouré des extrémistes Hutus purs et durs, avec
lesquels il a soutenu l’armée congolaise de l’époque, les FAC en RDC, au Katanga
dans la guerre contre le RCD-Goma, soutenu par l’armée patriotique rwandaise.
Lors de la fameuse bataille de Pweto en 2000 entre le RCD-Goma et l’armée
loyaliste congolaise, les FAC, Nkurunziza a commandé un bataillon du CNDD/FDD
aligné en première ligne aux côtés des unités de FAC
[1].
C’est avec ces milices, rentrées au Burundi et intégrées dans la Force de
défense nationale
, que Nkurunziza s’est appuyé pour former sa garde
présidentielle.

 

L’armée
Burundaise (Force de défense nationale) plus professionnelle que ses
voisines


Il
faut rappeler que de toutes les trois armées des pays de la CEPGL, c’est l’armée
burundaise qui est la plus professionnelle, la moins ethnicisée et la mieux
réformée (de la base au sommet) à partir 2004. Il s’agit donc d’une armée plutôt
républicaine qui évolue également sur le plan africain dans le cadre des
missions de maintien de la paix en Somalie et au Mali. Aujourd’hui, les
effectifs burundais au   sein   de l’AMISOM s’élèvent à 5.430 sur un total de
17.731 hommes, alors que la taille de son armée est de 27.230, selon les
chiffres fournis par le ministère de la Défense national burundais en
2013. 


Un
système de rotation annuelle assure la participation de tout le monde dans la
mission, sauf pour les corps spécialisés (artificiers, infirmiers, démineurs,
brancardiers, cuisiniers). Ce qui permet de créer l’esprit de corps car les
anciens ennemis, se retrouvent derrière les mêmes tranchées après avoir passé 10
ans à se tirer dessus au Burundi et en RDC. Un bataillon de 850 hommes préparés
dans un premier temps pour être envoyés en Somalie. Un contingent de près de 500
hommes est prêt à être déployé au Mali


Le
Burundi, jadis dominé par les Tutsi, les accords d’Arusha ont permis une
répartition ethnique équitable entre les Tutsis et les Hutus dans
l’administration et les institutions nationales. En effet, au Burundi, aux
termes des accords d’Arusha, la représentativité ethnique entre les Hutus (85%
de la population) et les Tutsis (14% de la population) dans l’armée et au sein
des forces de sécurité est de  50% de parts égales, tandis que 60%  contre 40%
au niveau politique et administratif. 


Ce
qui n’est  pas le cas au Rwanda où à proportion (« ethnique ») égale, les RDF
restent une armée monoethnique dominée par les Tutsi
[2].
Il y a plus de 80% des officiers et sous-officiers Tutsi au sein des RDF,
l’armée rwandaise. (Cfr les nominations de 2012 et suivantes). Or la
représentativité paritaire dans l’armée burundaise pourrait inquiéter Kagame qui
craindrait qu’à la longue, on lui impose le même modèle de représentativité
socio(‘ethnique’) dans l’armée. Au Rwanda, par exemple, la référence à la
communauté ou à l’ethnie est proscrite dans la Constitution. 


On
parle des Rwandais, il n’existe plus de couches sociales à base ethnique.
Paradoxalement, les autorités de Kigali recourent avec récurrence au concept de
« génocide des Tutsi » et continuent de stigmatiser (tous) les
Hutu comme des génocidaires, en obligeant même aux générations actuelles de
demander publiquement pardon pour les crimes commis par leurs
ascendants. 


Paul
Kagame, dans une allocution tenue le 30 Juin 2013 devant la jeunesse Rwandaise
en kinyarwanda, s’est publiquement prononcé sur la culpabilité des jeunes Hutu
du Rwanda qu’il tenait responsables des crimes commis par leurs parents
[3].
Quant à l’armée congolaise, les FARDC, sous babby-sitting international, elle
est à l’image de son infiltration et l’ombre de son impuissance devant le drame
qui se déroule actuellement à Beni.


Les
raisons possibles de l’échec du coup d’état de Niyombaré


Comme
expliqué précédemment, l’armée burundaise, quoique républicaine, est restée très
divisée entre la Brigade spéciale de protection des institutions, unité d’élite
de l’armée assurant la garde présidentielle et le reste de l’armée. La police
est restée globalement fidèle à Nkurunziza.


Absence
de soutien des leaders régionaux : une mauvaise lecture stratégique de la
situation de la part des putschistes qui n’ont pas suffisamment eu de soutiens
extérieurs

.

Les
Etats-Unis se sont ouvertement exprimé contre un troisième mandat de Nkurunziza
mais ont condamné le putsch.
 Car,
contrairement à ses prédécesseurs, Barack Obama, juriste de formation et de
pratique, reste un légaliste et non un va-t-en-guerre.

 

Jakaya
Kikwete
,
le président Tanzanien s’est trouvé dans une situation d’embarras. Il a sans
doute dû peser de son poids pour faire échec à ce coup d’Etat qui risquait de
discréditer la Tanzanie. Pour rappel, le président burundais Cyprien Ntaryamira
avait été tué en 1994 dans l’attentat contre l’avion de Juvénal Habyarimana
alors qu’il revenait d’un sommet à Arusha, en Tanzanie. Si un deuxième président
burundais disparaissait de la scène politique à l’occasion de sa visite en
Tanzanie, cela aurait terni l’image de la Tanzanie. 


En
effet, la Tanzanie bénéficie encore de l’héritage positif de la politique
panafricaine de l’ancien président « Mwalimu » Julius Nyerere, dont le
leadership moral très développé permettait à son pays de jouir d’une influence
diplomatique appréciée partout en Afrique. Cela a permis à ses dirigeants
actuels d’opérer une excellente relecture des enjeux géopolitiques de la région,
pour sortir leur pays du repli isolationniste
[4] afin
qu’il reprenne son rayonnement diplomatique
[5] et
de prendre le leadership régional, en devenant progressivement un Etat-pivot sur
lequel se rabat l’administration Obama dans sa politique régionale, au détriment
de l’Ouganda et du Rwanda, en perte de vitesse 
[6].
Par ailleurs, la Tanzanie qui a parrainé les accords d’Arusha, était dans
l’obligation morale et diplomatique de s’opposer à un règlement de la crise par
une voie autre que politique ou diplomatique.


Ce
qui se passe au Burundi pourrait également cacher, sur le
plan géostratégique, la guerre que se livre les Grandes puissances pour
leurs propres intérêts stratégiques.


1. Dernièrement,
la Russie s’est opposée à l’ONU contre les sanctions du régime burundais suite à
l’annonce de la candidature de Nkurunziza.


2. La
Chine aurait signé un contrat d’exploitation (1 milliards de US $) du nickel
burundais. Les réserves du nickel burundais seraient estimées à 150 millions de
tonnes. Or le nickel fait parties des matières stratégiques convoitées par
toutes les puissances car essentiel à l’industrie de l’acier.


3. Le
revirement des Etats-Unis vis à vis du régime Nkurunziza serait peut être le
résultat d’un compromis – jeu à somme nulle – entre les Grands puissances qui se
seraient neutralisés sur une position commune à adopter.

 

Conséquences
(in)directes de la crise burundaise


L’afflux
des réfugiés risque d’amener d’abord d’autres tensions de cohabitation au sein
des pays d’accueil. La chasse à l’homme dans l’armée et dans les services de
renseignement, après l’échec du coup d’état, va pousser les exilés à se
réorganiser dans les pays d’accueil, particulièrement en RDC, et créer des
alliances avec les groupes locaux et d’autres rebelles dans une sorte de
solidarité et à agir de part et d’autre de la frontière. On risque d’assister à
des alliances et mésalliances des natures opportunistes qui vont se faire et se
défaire dans cette zone devenue un repaire des rebelles et milices sans
frontières.


Pour
la RDC, cela risque de compromettre ou influencer le processus électoral. Déjà
en 2011, il y avait des burundais qui ont traversé la frontière pour se faire
enrôler comme congolais. De son côté, le Rwanda, s’il se sent menacé, pourrait
mener des actions militaires préventives au Burundi et même en RDC dans
l’objectif de contrer les menaces en amont.

 

La
triple alliance opportuniste Kagame – Kabila – Nkurunziza au bord de
la 

rupture


Nkurunziza
est en conflit quasi ouvert avec Paul Kagame. 


Les
rapports entre les deux présidents, des amis d’hier, sont exécrables. Les deux
hommes en sont même au stade de la confrontation militaire. En effet, dans le
discours de Nkurunziza en Kirundi (langue qui ressemble au kinyarwanda) ; il
désigne un instigateur (qui n’est rien d’autre que son voisin du nord, Kagame).
Et il dit que ce qui s’est passé ne doit pas se reproduire. Il a même déclaré
que si le Rwanda ose menacer la Burundi, c’est au Rwanda que va se dérouler la
guerre.

 

La
Tanzanie a demandé au Rwanda d’ouvrir un espace de dialogue interne avec les
FDLR. Ce que le Rwanda a considéré comme un sacrilège. La Tanzanie a expulsé des
réfugiés rwandais au motif qu’ils étaient des illégau
x[7].


S’adressant
à la jeunesse rwandaise, Paul Kagame s’est permis de s’attaquer au President
Tanzanien, Kikwete, en ces mots d’abord en Kinyarwanda : « Ces gens [le
président tanzanien Jakaya Kikwete] vous venez d’entendre prendre langue avec
les Interahamwe et FDLR et exhortant des négociations … des négociations? Moi,
je n’ai même pas à discuter de ce sujet, parce que [s’exprimant ensuite en
anglais pour que Kikwete le comprenne clairement] « je vais t’attendre » [le
président tanzanien Jakaya Kikwete] à la bonne place et je vais te frapper! Il
[le président tanzanien Jakaya Kikwete] ne méritait pas ma réponse. Je ne perds
pas mon temps à lui répondre … c’est bien connu. Il y a une ligne qu’il ne faut
jamais franchir. C’est impossible …
 » qui recommande au Rwanda de négocier
avec les FDLR. 


La
réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre, le président
tanzanien a réagi avec fermeté en swahili cette fois-ci [pour que Kagame le
comprenne bien et les analystes apprécieront cette rhétorique
diplomatico-belliqueuse] en prévenant Kagame qu’il « sera frappé comme un
gamin »
[8].


La
Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) – qui regroupe l’Ouganda, le Kenya, le
Rwanda, la Tanzanie et le Burundi – est depuis 2013, cette organisation
régionale est au bord de la dislocation
[9].
Le Rwanda et la Tanzanie se livrent à une bataille à distance par RDC interposée
du fait de l’intervention des commandos tanzaniens en RDC contre le M23 soutenu
par le Rwanda / Ouganda.


En
Octobre 2014, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie ont organisé des rencontres
dans le cadre de l’EAC sans inviter la Tanzanie et le Burundi. Ces derniers ont
émis l’idée de créer une nouvelle organisation régionale à trois, avec la RDC et
menacé de quitter l’EAC. Entre-temps, la Tanzanie s’est rapprochée de l’Afrique
du Sud au sein de la SADC.


Après
la défaite militaire de la coalition M23/RDF (armée rwandaise), ayant
expérimenté à ses dépens la puissance de feu des hélicoptères sud-africains
Rooivalk, le Rwanda s’est doté des missiles sol-air chinois ; TL- 50, qui
peuvent attaquer des cibles entre 20 et 30 km à partir du sol avec une gamme
d’attaque de 50 km.. En réaction, la Tanzanie a acquis des hélicoptères de
combat Fennec. Ces hélicoptères militaires légers et polyvalents sont considérés
par les experts du monde aéronautique comme étant les plus forts de leur
catégorie qui allient classe, puissance, discrétion, forte capacité de tir et
surtout une grande furtivité. Ils sont spécialement conçus pour voler dans les
cadres des missions aériennes de reconnaissance dans le but principal de
localiser et d’attaquer des cibles d’opportunité
[10].

 

Kagame
derrière l’attaque de Goma, en représailles au soutien de Kabila à
Nkurunziza ?


Kabila
reste un allié politique opportuniste de Nkurunziza mais ce dernier s’en méfie
du fait de sa proximité avec Kagame. Si la tension monte entre Nkurunziza et
Kagame, Joseph Kabila pourrait jouer soit au médiateur ou à l’arbitre. Dans ce
dernier cas, son choix déséquilibrerait et nuiraient gravement les rapports
triangulaires plutôt symétriques entre les trois présidents, alliés
opportunistes jusque-là.


Selon
une source militaire proche de Kabila, l’attaque de l’aéroport de Goma serait
une action commando ponctuelle menée par le Rwanda qui n’aurait pas apprécié le
soutien de Kabila à Nkurunziza. Déjà, lors d’une précédente analyse, DESC a fait
état d’un possible soutien militaire de la Garde républicaine congolaise à la
police burundaise, restée loyale à Nkurunziza
[11].


En
réalité, selon une autre source de la Garde républicaine, « 
le
soutien militaire apporté par Kabila à Nkurunziza était discret mais efficace.
Les troupes congolaises n’ont pas participé directement aux combats. Ils ont par
contre traversée la frontière afin de renforcer les éléments armés fidèles à
Pierre Nkurunziza qui gardaient la péninsule stratégique de Gatumba. C’est grâce
à ces troupes fidèles disponibles que Nkurunziza a pu résister au putsch  et
défaire les mutins de fidèles à Godefroid Niyombare qui seront encerclé, isolé
et mis en déroute durant l’attaque de la RTNB, la radio nationale burundaise. Ce
qui a causé leur défaite par manque de munitions et de troupes suffisantes pour
tenir les objectifs qu’ils contrôlaient ou protéger leur QG
« .

 

Nyombare
na pas intégré la donne Kabila lors de sont putsch manquer,ce vraiment un
apprentis -sorcier ou un débutant.


Cette
source de renseignement militaire FARDC nous livre les détails suivants à propos
de l’attaque de l’aéroport de Goma : « Des hommes armés, venus du Rwanda,
infiltrés depuis la zone boisée frontalière de Murambi en territoire de
Nyrangongo, ont attaqué l’aéroport de Goma vers 1h jusqu’à 5h du matin avec
objectif de détruire les avions de combats sukhoi-25 k (6 exemplaires) et les
hélicoptères de combats Mi-24/35hind et Mi-8/17 hip (8 exemplaires), soit le 1/3
de la capacité de la forces aérienne congolaise. Leur deuxième cible était le
dépôt de munitions de la task-force de la Garde républicaine, situé dans la
partie sud de l’aéroport de Goma ». Mais les deux objectifs n’ont pas été
atteints. Grâce à la vigilance de la GR, les assaillants ont était repoussé et
ils sont en débandade. Il y a des opérations de ratissage menées par les FARDC
et la Garde républicaine à travers la ville de Goma pour retrouver les
fuyards 
».


Et
la source de préciser : « Ce n’est pas à proprement parlé une attaque
massive, mais plutôt une opération commando de sabotage dans le but d’affaiblir
la capacité militaire congolaise car les avons de combat sukhoi-25
[12],
basés à Goma peuvent frapper Kigali à tout moment, et le Rwanda n’a pas de
répondant car ses missiles sol-air sont encore en assemblage en Chine. Kagame
est très mécontent de président car ce dernier aurait donné un coup de pouce
discret à Nkunrunziza pour reprendre le pouvoir après le putsch de Niyombaré,
alors 
 que
kagame veut absolument la tête de Nkurunziza 
».


Comme
nous l’avons démontré, le danger de l’instrumentalisation des violences
ethniques ne viendrait pas du Burundi mais de l’extérieur, probablement du
régime rwandais dont le modèle politique Burundais, à la belge,
inquiète.

Par
ailleurs, le Rwanda est bien conscient que s’il franchit la ligne rouge, il
risque de rencontrer la Tanzanie (Jakaya Kikwete) sur son chemin. Il y a des
signes de fissure au sein de l’EAC (Rwanda, Ouganda, Kenya) vs (Tanzanie et
Ouganda). On risque d’avoir un remake de la Guerre à distance entre le Rwanda et
la Tanzanie qui se délocaliserait de la RDC (M23), vers le Burundi, pourquoi pas
vers le Rwanda comme l’a déclaré Nkurunziza en Kirundi.

 

Conclusion

Le
dénouement de la crise au Burundi et dans la région dépendra en premier lieu de
la maturité des Africains et en particuliers des Hutus et des Tutsi (car c’est
eux qui sont concernés dans le cas présent). Ils ne doivent pas tomber dans le
piège du principe de Cesar « diviser pour le régner » que
pourraient leur tendre les dirigeants de la région.

La
crise burundaise aura un impact positif ou négatif dans la sous-région suivant
son dénouement :


1. Si
Nkurunziza parvient à se maintenir au pouvoir cela pourrait conforter les
présidents de la région de l’Afrique médiane (Rwanda quoique opposé à
Nkurunziza, RDC, Ougande, Congo Brazza…).


2. Nkurunziza
retire sans candidature, ce qui reste encore possible si la communauté
internationale fait pression sur lui, mais difficile et que les élections libres
et démocratiques aient eu lieu au Burundi, cela va compliquer les équations des
présidents voisins qui tenteront de se maintenir au pouvoir. 


Le
dénouement de cette crise dépend de la maturité du peuple Burundais et de
l’implication positive des puissances régionales. En effet, comme pour la
résolution de la crise congolaise avec le M23, face à l’hésitation de la
communauté internationale au sein de laquelle les Grandes puissances jouent
chacune à son agenda personnel, je pense que la position des puissances
régionales
 (RSA, Tanzanie, …) pourra être déterminante dans la résolution de
cette crise. Par le passé, l’Afrique du Sud sous Mandela et la Tanzanie ont
été très actives dans la résolution de la crise burundaise.
Leur
implication pourrait influencer l’issue de cette crise.

 

Autant
le 21 Octobre 1993, l’assassinat, par l’armée à prédominance tutsie,
de Melchior Ndadaye, premier président Hutu démocratiquement élu au
Burundi avait été le déclencheur de la crise des Grands-Lacs et modifié la donne
géopolitique régionale. De même, 20 ans plus tard, l’épilogue de la crise
burundaise pourrait impulser une nouvelle dynamique démocratique (alternance
pacifique au pouvoir) dans la région ou entrainer la région dans un nouveau
cycle d’instabilité qui risque de détruire tous les efforts de stabilisation
consentis par la communauté internationale. En ce sens, le Burundi est le
pays-pilote ou le microcosme des enjeux régionaux à venir et mérite l’attention
soutenue de la communauté internationale.


Une
leçon positive à tirer dans ces contestations au Burundi est la maturité du
peuple burundais, qui n’est pas encore tombé dans le piège ethno-communautariste
de 1993 car il s’agit d’une contestation citoyenne. Et il appartient aux à la
société civile, à la presse, aux médias, aux ONG et autres acteurs
internationaux d’encourager et de sensibiliser le peuple burundais à tenir bon
et à éviter d’être rattrapé par ses démons du passé, par la tentation de
basculer dans un conflit ethnique qui aura des effets dévastateurs pour les
régions de la CEPGL et de l’EAC! Car les actions et la mobilisation ne doivent
pas se limiter uniquement à faire la pression sur le régime, amis à accompagner
le peuple burundais dans sa résistance.


La
question c’est de savoir jusqu’à quand Nkurunziza va résister à la contestation
populaire et à la pression internationale. Sa chute, inéluctable, aura
inévitablement des répercussions dans la région de l’Afrique médiane, mais dans
un sens dont il est difficile de prédire à ce stade, avec précisions. Tout reste
possible dans cette juxtaposition de conjonctures opportunistes aux variables
multiples. Il suffit que les événements évoluent dans un sens ou dans l’autre
pour entraîner la crise dans l’enlisement ou dans la résolution. Une chose est
certaine, Nkurunziza ne jouit plus suffisamment de légitimité et son départ
(pacifique) pourrrait amorcer un début de changement positif dans la région.
Cependant, une chose est certaine, si la région bascule dans violence, ce seront
encore les populations civiles de la région qui vont payer le prix. C’est
pourquoi elles doivent refuser d’être les dindons de la farce de leurs
dirigeants.

 

Jean-Jacques
Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC

 

[1] http://desc-wondo.org/loccupation-duvira-par-larmee-burundaise-a-quoi-jouent-kabila-nkurunziza-et-la-monusco-jj-wondo/.

[2] http://desc-wondo.org/le-vrai-visage-du-fpr-l-armee-sans-frontieres-de-kagame-desc/.

[3] http://desc-wondo.org/desempare-le-m23-veut-pousser-le-rwanda-et-la-tanzanie-a-lescalade-militaire/.

[4] Le
passage réussi du président Jakaya Kikwete à la tête de l’Union africaine en
2008 a permis d’oeuvrer pour la promotion de la paix et de la stabilité en
Afrique. Il a contribué aux règlements de la crise électorale au Kenya et réduit
les tensions rwando-congolaises en 2009. On lui doit aussi le débarquement
militaire réussi des troupes tanzaniennes en mars 2008 à Anjouan aux Comores
contre le colonel Mohamed Bacar, le rétablissement de l’état de droit en
Mauritanie, son implication au dialogue inter-burundais ayant désamorcé à temps
la tension politique ainsi que son soutien à la mise en place de la MINUAD au
Darfour où participe un contingent tanzanien depuis 2009. La Tanzanie s’est
enfin montrée active sur les crises en RDC et à Madagascar ainsi que sur le
dossier zimbabwéen.

[5] Charles
Onyangbo-Obbo, « Pourquoi la Tanzanie est sexy », Courriel International, 30
juin 2013.

[6] «
Kikwete, le joker des américains : la Tanzanie au centre de gravité géopolitique
des Grands Lacs? » 
DESC-WONDO,
22 juin 2013. 
http://desc-wondo.org/kikwete-le-joker-des-grands-lacs-la-tanzanie-au-centre-de-gravite-geopolitique-de-la-region-des-grands-lacs-jean-jacques-wondo/.

[7] http://desc-wondo.org/guerre-au-kivu-ca-vole-tres-bas-entre-dar-es-salam-et-kigali/.

[8] http://desc-wondo.org/desempare-le-m23-veut-pousser-le-rwanda-et-la-tanzanie-a-lescalade-militaire/.

[9] Le
Burundi et la Tanzanie soupçonnent les trois autres membres de l’EAC d’avoir un
agenda caché et de les isoler. Les présidents du Rwanda, de l’Ouganda et du
Kenya s’étaient réunis à plusieurs reprises en octobre et début novembre 2013 en
l’absence de leurs homologues tanzanien et burundais pour accélérer la
construction de vastes infrastructures régionales, dont un chemin de fer et un
oléoduc reliant leurs trois capitales. 
http://www.dailymaverick.co.za/article/2013-11-05-analysis-how-did-tanzania-become-the-loneliest-kid-on-the-east-african-bloc/#.VW7AE1K3G7Q :
How did Tanzania become the loneliest kid on the East African bloc?, Daily
Maverick, 05 Nov 2013.

[10] http://desc-wondo.org/guerre-imminente-dans-les-grands-lacs-une-inquietante-course-aux-armements-dans-la-region-jj-wondo/.

[11] http://desc-wondo.org/burundi-vers-le-retour-imprevisible-de-buyoya-au-pouvoir-joseph-kabila-inquiet-jj-wondo/.

[12] Ces
avions, comme nous l’avions mentionné dans notre r ouvrage
,
Les armées au Congo-Kinshasa…, p.287
,
peuvent opérer avec autonomie dans un rayon d’action de 500 Km.

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