Ngalamulume Tshiebue, Grégoire – Projets de développement agricole, dynamiques paysannes et sécurité alimentaire : essai d'analyse transversale et systémique de la rencontre entre les actions globales et les initiatives locales au Kasaï occidental/RDCongo

 Cette recherche essaie de comprendre comment les diverses logiques
d’acteurs se confrontent dans le cadre d’une intervention
de développement en milieu rural et pourquoi certaines actions
parviennent à influer positivement sur l’amélioration des conditions
de vie des masses paysannes alors que d’autres piétinent.
L’observation attentive du tissu associatif ouest-kasaïen révèle
la mobilisation des populations paysannes, qui essaient d’assurer
des conditions de reproduction de la vie villageoise, leur survie,
voire l’amélioration de leurs conditions de vie, en s’organisant
en diverses structures. Ces dynamiques deviennent et constituent
un véritable acteur dans l’arène du développement du Kasaï
occidental. Elles apparaissent comme porteuses d’une voie paysanne
de développement, plus sécurisante, durable, viable, juste
et équitable. Vu leur nombre et les défis auxquels elles sont
confrontées, une lutte efficace contre la pauvreté et les inégalités
ne peut pointer à l’horizon que si ces dynamiques deviennent et
constituent la priorité, le fondement et la base de toute
politique de développement.
Les données recueillies sur terrain permettent de confirmer le
caractère préoccupant de la situation alimentaire et nutritionnelle
de la majorité des populations du Kasaï occidental. Une série de
facteurs touchant tant aux caractéristiques physiques et
sociales du milieu qu’à l’organisation et la gestion de la chose
publique et l’économie des ménages en sont à la base. La
recherche formule une proposition de politique en vue de la
relance agricole.
A partir de l’analyse comparative de deux cas de projets dans le
milieu d’étude, la recherche aboutit à la conclusion que
les résultats d’une intervention de développement sont largement
tributaires des méthodologies utilisées. Certaines approches
méprisent les acteurs locaux et privilégient les systèmes de
pensée et d’action importés. Le renforcement des dynamiques paysannes
s’en trouve du coup biaisé et compromis. A cause de cela, le monde
paysan se retrouve à la croisée des chemins, ayant perdu
sa tradition et incapable de maîtriser la modernité.
Pour remédier à cette situation, la recherche propose le recours à
la régulation conjointe, au sens de la palabre africaine
à travers une démarche d’intervention selon la séquence «
Identifier-Préparer-Appuyer (IPA) ». Celle-ci encourage les parties
prenantes à consacrer un temps relativement suffisant à la
préparation de l’action à travers les échanges, les discussions,
les analyses, les formations, les négociations. De cette manière,
des bases solides pour l’action sont jetées lui donnant
plus de chances de se dérouler convenablement à un rythme
suffisamment maîtrisé par les communautés locales qui se l’approprient.

En plaçant ainsi le paysan et l’ordre local au centre de l’action
et en prenant en compte les stratégies et les pratiques
paysannes de sécurisation alimentaire, on peut parvenir au
renforcement des dynamiques paysannes et à la réalisation de la
« sécurité alimentaire populaire (SAP) » qui est au centre de la
demande universelle de développement, celle de sécurité.

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