23 10 15 – ‘’JOKA’’ est ‘’un soldat’’ au service d’une cause. Par Mbelu Babanya Kabudi, analyste géopolitique

Habituellement, il est rare qu’une question impliquant le Congo-Kinshasa au plan africain ou international soit récupérée et intégrée dans le débat politique interne. Et certains problèmes non résolus historiquement ne font presque pas du débat politique pour des solutions éventuelles sur le court et le moyen terme.
Plusieurs rapports de l’ONU ont formulé des recommandations dont la mise en application traîne jusqu’à ce jour. Les rapports (économiques) Lutundula et Bakandeja ont disparu de la circulation et les politiciens congolais n’en parlent presque plus. Comment un pays peut-il se construire sur des bases solides s’il accumule plusieurs questions d’une grande importance nationale (et internationale) sans réponse ?
Au Congo-Kinshasa, le débat politique, quand il est permis, tourne autour de certaines questions d’actualité n’ayant pas une très grande incidence sur le devenir collectif. Discuter sur le temps long des questions d’une certaine importance politique, culturelle, sociale et économique est un fait rarissime.
En plus des rapports évoqués, pensons au barème salarial de Mbudi, à la gratuité de l’enseignement, à l’ouverture des portes de prison pour arrêter ‘’les Kulunas’’ en cravate, des fosses communes, etc. ; toutes ces questions sont rapidement oubliées après qu’elles aient été tout simplement évoquées.

Il en va de même de la question de ‘’la congolité’’ de certains belligérants ‘’reconvertis’’ en hommes (et femmes politiques). Cette question a fait long feu. Non pas par ce qu’elle portait des marques de xénophobie. Non. Tout simplement parce que certains parrains de ‘’la guerre de libération’’ menée par l’AFDL et ses alliés ne voulaient pas tout simplement que cette question puisse être abordée. Mais grâce à une brouille dans le camp des ‘’alliés’’ et ‘’créatures’’ de Paul Kagame, cette question finira par être abordée. Le 02 janvier 2008, dans une interview accordée à la radio Bwiza FM, Laurent Nkunda aborda la question de son origine ainsi que de celle de  ‘’Joseph Kabila’’ (JOKA). A cette question: "Pouvez-vous affirmer ou infirmer l’information selon laquelle il y aurait des officiers et des soldats rwandais au sein du CNDP et des FARDC ? " Nkunda répond: "Et bien ! Si vous attendez par soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour dans le Front Patriotique Rwandais le FPR et en suite dans l’Armée Patriotique Rwandaise l’APR du général Paul Kagamé, alors le peuple congolais a un sérieux problème à résoudre, car son propre Président élu au suffrage universel direct à plus de 58 % des voix, je cite Joseph Kabila, est non seulement d’origine Tutsie comme moi, mais il est aussi un ancien soldat du FPR comme moi. Cherchez donc l’erreur !"
Excluons le fait que ‘’Joseph Kabila’’ n’a jamais été élu par les Congolais(es). Il a été imposé par des forces extérieures ayant juré de faire main basse sur les terres, les forêts, les savanes et les eaux congolaises en subventionnant ‘’les élections-pièges-à-cons’’ en 2006 comme l’attestent les documents cités par Charles Onana dans son livre[1]. Pour le reste, les institutions congolaises issues de ces ‘’élections’’ n’ont jamais organisé en leur sein des débats ni sur les origines de ‘’Joseph Kabila’’ ni sur leur infiltration par des éléments étrangers ayant acquis frauduleusement la nationalité congolaise.

Olivier Kamitatu a initié le débat sur la double nationalité au moment où il a présidé ‘’l’assemblée nationale’’ et il ne l’a pas conclu.

Pourquoi revenons-nous sur cette ‘’révélation de Nkunda’’ devenue aujourd’hui secret de polichinelle ? C’est pour soutenir que plusieurs d’entre nous n’avons jamais suffisamment compris ce qui se trame contre le Congo-Kinshasa depuis la guerre de l’AFDL jusqu’à ce jour. Nous avons succombé aux pièges de manque de rigueur dans les analyses et les débats politiques, dans l’identification des acteurs apparents et des acteurs majeurs de la descente de notre pays aux enfers ; les pièges de l’ignorance, de la cupidité, de la peur (de la mort) et de la vénalité nous ont enfermés dans un processus vicié et vicieux dont nous peinons à nous débarrasser aujourd’hui.
Il y a plus. Les révélations du Pasteur Mtikila sur les plans du Tutsi Power et du rôle que joue ‘’Joseph Kabila’’ dans l’expansion de l’empire Hima-Tutsi n’ont pas influencé le débat politique congolais en interne.

A Kinshasa, il est encore et toujours question des élections, de la CENI, du dialogue, de G7, de Moïse Katumbi, etc. Pourtant, les élites tanzaniennes ce sont suffisamment expliquées sur cette question après la mort du Pasteur Mtikila[2].

Sept ans après Nkunda et plusieurs autres témoins congolais et étrangers, les élites tanzaniennes viennent enfoncer le clou. Ne pas donc prendre en compte le fait que ‘’JOKA’’ est ‘’un soldat’’ au service d’une cause qui le dépasse a faussé et pourrait encore fausser notre lecture de ce qu’il a comme approche de la politique et de tout ce qu’elle implique : un moyen, un canal pour servir la cause de l’expansion de l’empire Hima-Tutsi au service des multinationales. ‘’JOKA’’ a enrichi ce canal en lui apportant les moyens pécuniers, militaires et policiers en marge de ses tambourinaires politicards.

A ce point nommé, renverser les rapports de force pourrait exiger des moyens équivalents portés par les masses populaires. Il y a là comme un appel à la naissance d’une alliance civico-militaire à travers tout le pays (à commencer par Kinshasa) à souhaiter. Comment rendre les policiers et les militaires (non encore gagnés à la cause que sert ‘’la kabilie’’) capables de mener des relations de fraternité et de solidarité avec les masses populaires pour stopper l’empire Hima-Tutsi dans sa folie meurtrière au cœur des Grands Lacs africains. Cette alliance devrait se ‘’panafricaniser’’ pour éviter une recolonisation perpétuelle de l’Afrique des Grands Lacs.
Comment réussir une mobilisation citoyenne et une alliance civico-militaire face au ‘’soldat JOKA’’ et ses mentors (Kagame et Museveni) ? Ces questions devraient préoccuper les élites organiques et structurantes soucieux de résoudre prioritairement la question de la direction au Congo-Kinshasa. Il leur appartient de travailler à la relecture de l’histoire avec les masses populaires et à l’enrichissement du débat public dans leur quête de la réappropriation du processus politique au cœur de l’Afrique.

La tâche est encore titanesque.

[1] C. Onana, Europe, Crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent, Paris, Duboiris, 2012.
[2] Kigali Evening Post: The assassination of Rev. Christopher Mtikila is another indication that the Tutsi-Hima Empire is live in Tanzania

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