12 11 15 « Oui » au dialogue national démocratique inclusif en RDC, mais « Non » au dialogue exclusif des partis politiques ! par Joseph Yav


Partout, deux camps s’opposent dont
celui de ceux qui sont pour la tenue des élections avant 2016, et, celui de ceux
qui optent pour un « glissement »  voire un report afin que toutes les
conditions préalables aux élections soient réunies.


Pour ce faire, des arguments de tout genre
 sont avancés par chaque camp, d’autant plus que l’intention qui anime les
protagonistes semble d’arriver à un rendez-vous électoral apaisé. Toutefois,
lorsque la tenue des élections est reportée, l’on est en droit de
s’interroger à qui profitent ce[s] report[s] ?
 


Cette interrogation met a priori en lumière la
responsabilité de nombreux acteurs dans la sphère politico-administrative  de la
RDC.


En effet, reçu mandat d’organiser des
élections crédibles afin de faciliter l’ancrage de la culture démocratique, la
CENI nous fait comprendre, à travers ses actions, qu’elle est confrontée à de
nombreux problèmes qui entraveraient la tenue des élections dans les délais
fixés. De cet argument, il ressort deux hypothèses : soit, une stratégie du
glissement, soit, un véritable report.


Par stratégie du glissement, c’est l’hypothèse
des moyens subtiles utilisés par le Gouvernement afin d’obtenir des délais
supplémentaires pour rester au pouvoir. Quant au véritable report, c’est
l’hypothèse selon laquelle le Gouvernement n’a pas de choix que d’obtenir des
délais supplémentaires afin d’organiser des élections crédibles. Ces deux
hypothèses, bien que contradictoires, sont vérifiables à certains égards.
Toutefois, dans le cadre de cette réflexion, nous ferons fi des ces hypothèses
en focalisant l’attention seulement sur le dialogue national qui laisse couler
encre et salive- si pas encore le sang ! 


II. Dialogue national  dans un pays riche
en concepts et stratagèmes politiciens ?  



Le dialogue n’est pas une invention Congolaise
car l’on peut lire dans  « The Role of Political Dialogue in Peace Building
and Statebuilding »
 qu’à travers l’histoire et dans la plupart des
sociétés, le dialogue fut usité pour résorber les conflits et que  certains
éléments de « méthodologie du dialogue » ont été et sont encore employés dans
les sociétés traditionnelles et s’appuient sur des procédures et coutumes
ancestrales. 


Le dialogue entre politiques est toutefois, et
pour des raisons évidentes, un concept plus récent puisqu’il concerne des
entités relativement nouvelles, les partis politiques. Néanmoins, dans de
nombreuses sociétés, le dialogue entre partis politiques est fondé sur des
concepts de dialogue plus anciens. Malgré l’existence de traditions similaires,
il n’existe pas de définition précise de ce qui constitue un dialogue entre
partis politiques. 


Dans son acception la plus large, ce terme
recouvre tout dialogue se déroulant entre des partis politiques. Il s’effectue
généralement dans le cadre d’espaces existants, parmi lesquels les parlements
nationaux et locaux, les commissions parlementaires et les groupes
parlementaires. Ceci étant dit, des mécanismes de dialogue entre partis
politiques peuvent également être mis spécialement en place afin de proposer aux
partis politiques un espace protégé leur permettant de communiquer ouvertement,
de résoudre les conflits, de poser les bases d’une coopération et de travailler
ensemble sur des mesures de réforme politique et des problématiques électorales
ou spécifiques aux partis (Carothers, 2006, p. 203). 


Cette interprétation du terme « mécanismes de
dialogue entre partis politiques » suppose généralement une modalité plus
formalisée et institutionnalisée de dialogue, souvent facilité ou appuyé par des
intervenants impartiaux, extérieurs aux partis politiques. 


D’autres termes ont une signification
similaire à celui de « dialogue entre partis politiques » : « dialogue
démocratique », « dialogue multi acteurs », « dialogue politique » ou encore «
dialogue entre partis ». Les différents types de mécanisme de dialogue ont de
nombreux points communs en matière de processus, de procédures, de structures ou
de règles à suivre concernant des principes et valeurs tels que l’impartialité
et le principe d’inclusivité. 


Parallèlement, le dialogue entre partis
politiques fait spécifiquement référence à un dialogue se déroulant avant tout
entre des partis politiques, alors que les autres formes de dialogue peuvent
concerner d’autres acteurs. La principale caractéristique qui différencie
le dialogue entre partis politiques des autres formes de dialogue est donc le
type de participants concernés. Cette différence a de nombreuses incidences sur
la structure, le contenu et les retombées de ce type de
dialogue. 


Depuis toujours, la RDC est le terrain de
prédilection des conflits liés aux élections. Il sied de changer la donne en
combinant  les mécanismes de compétition (les élections, par exemple) et de
coopération (tels que les processus de dialogue)  pouvant être considérés comme
des « articulations » qui permettent aux deux jambes d’avancer. Un équilibre
entre la compétition et la coopération politique, ainsi que leurs mécanismes
respectifs sont essentiels pour permettre un développement démocratique durable
et proposer de véritables choix aux citoyens en RDC. Cependant pour tout pays,
le « bon » équilibre entre compétition et coopération dépend du contexte et d’un
certain nombre de facteurs, parmi lesquels l’état de la démocratie (émergente ou
plus établie), les caractéristiques institutionnelles du pays (conception du
système électoral et politique), ainsi que le paysage politique (dominé par deux
ou plusieurs partis politiques).
Quelle est la situation en RDC
?


III. Plaidoirie pour un dialogue national
en RDC basé sur des principes d’impartialité et d’inclusivité



Fort de l’expérience du passé de table
ronde, conclave, conférence nationale souveraine, concertation
nationale
, etc… le dialogue national sera d’autant plus efficace
lorsqu’il renforce les institutions démocratiques et politiques au lieu de les
miner. 


La RDC a donc besoin d’un dialogue politique
pacifique et inclusif, qui est  l’expression même de la démocratie que nous
qualifions de DIALOGUE DEMOCRATIQUE.


Son objectif sera de trouver des
solutions pratiques et pacifiques aux problèmes, ainsi qu’à un niveau plus
approfondi, de traiter des moteurs du conflit et de la réconciliation, de
parvenir à un consensus ou à une cohésion plus larges à l’échelle nationale
e
t de proposer une vision commune pour
l’avenir. 


On part du principe que le dialogue politique
est un mécanisme essentiel à la promotion d’une démocratie sans violence. Le
dialogue inclusif est, par nature, une activité démocratique. Un dialogue
politique pacifique est donc l’expression même de la démocratie. Bien mis en
œuvre, il contribue également à promouvoir les pratiques démocratiques en
permettant à toutes les composantes de la société de faire entendre leur voix.
Un tel dialogue ne s’oppose pas au renforcement des institutions. 


Cependant, bien souvent, les institutions
d’État ne fonctionnent pas correctement parce qu’elles ont été mises à mal par
des partis pris politiques, la corruption et l’inefficacité. Dans ces contextes,
le dialogue démocratique a pour mission de renforcer la légitimité des
institutions en parvenant à un consensus sur leur bon fonctionnement et en
instaurant la confiance dans celui-ci.


Encourageons donc  un dialogue inclusif en
RDC en évitant la politique des clubs d’amis, dictatures des chefs et partis
politiques. Un dialogue entre tous les acteurs des sphères politique, économique
et sociale a plus de chances d’avoir des retombées positives si les accords qui
en découlent sont jugés légitimes sur le plan démocratique. 


En s’assurant que le dialogue ne se déroule
pas uniquement entre élites politiques et en encourageant un véritable dialogue
inclusif, il est possible de créer cette légitimité démocratique. Dans le monde
d’aujourd’hui, il est impossible de parvenir à l’inclusion et à une véritable
participation à la prise de décisions (deux caractéristiques essentielles de la
démocratie) sans tenir largement compte de la gouvernance participative et des
multiples aspects de la diversité (de genre, ethnie, culture, langue ou
religion). Par exemple, l’écart entre les hommes et les femmes en matière de
participation à la vie politique s’est effectivement réduit, mais il reste
encore une marge très importante d’amélioration. 


Par conséquent, le dialogue national qui
pointe à l’horizon doit avoir pour objectif la participation et le bénéfice des
femmes autant que des hommes,  des jeunes autant que des vieux et tendre la main
aux différents groupes de la société sans discrimination ou parti pris. Le
principe d’inclusivité est un principe démocratique important et doit faire
l’objet d’une attention permanente tout au long du dialogue national.
C’est d’autant plus important qu’il est parfois difficile à concilier
avec la réalité : certains groupes de la société ne participent pas à la vie
politique et, même lorsque c’est le cas, ils ne sont généralement pas en mesure
d’atteindre les niveaux les plus élevés d’autorité et de pouvoir au sein des
partis politiques et des institutions. 


Toutefois, il n’est peut-être pas réaliste de
croire à un dialogue impliquant « tout le monde, tout le temps » mais les
processus de dialogue devraient au minimum inclure les membres des partis, les
parlementaires,  les acteurs de la société qui sont concernés par le problème
que le dialogue est censé régler, ainsi que tous ceux qui peuvent aider à
trouver une solution.


Un dialogue inclusif peut nécessiter de faire
appel à tous les acteurs de toutes tendances politiques, indépendamment de leur
idéologie, de leur taille ou de leur popularité. Enfin, le principe
d’inclusivité peut également englober une collaboration avec des acteurs non
partisans, comme la société civile. Plus leurs délégués seront représentatifs,
plus le dialogue qui s’engage aura de succès et de légitimité
démocratique. 


IV. Que conclure ?


Sans parti pris,  et comme d’autres, l’on
pourrait aisément soutenir que l’organisation  des élections  pose problème
actuellement. Ainsi, entre stratégie du glissement et report, aucun choix à
faire. Le choix qui s’impose, c’est le consensus autour de la question et
bien d’autres qui concerne notre res publica. 


Tous les acteurs politiques ainsi que les
représentants de la société civile doivent se concerter pour discuter afin de
trouver la solution qui assumerait la réalité sociopolitique de ce géant
africain que nous tous avons la charge de voir debout ! 


Prof. Dr.  Joseph Yav Katshung ∗


Professeur à la Faculté de Droit de
l’Université de Lubumbashi en RDC et Avocat au Barreau de Lubumbashi,
propriétaire du Cabinet « YAV & ASSOCIATES » [ www.yavassociates.com ]. Il est en outre
Chercheur et Consultant auprès de plusieurs institutions et organisations
internationales, régionales et nationales. Il préside le CONTROLE CITOYEN. Il
est auteur de plusieurs livres , articles scientifiques et avis en français et
anglais.  


Email 1: joseyav@gmail.com  

Fax : +1 501 638 4935 /Phone : +243 81 761
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Dr. Joseph
Yav
———————-
– Avocat / Attorney at Law
– Consultant

Professor (University of Lubumbashi:DRC)
 
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