LETTTRE OUVERTE d'un Missionnaikre Xavérien à JKK, par Luigi Lo Stocco

 

 

Et
c’est à cette occasion que je vous adresse cette lettre ouverte au nom
de tant d’habitants de ce grand pays qu’est la République Démocratique
du Congo, en général, mais en particulier des habitants du Maniema et du
Sud Kivu,  pour m’entretenir avec vous et , s’il m’est consenti, de
prendre un peu de votre temps et vous présenter nos craintes et surtout
les peurs et perplexités de beaucoup d’amis, frères et sœurs qui
implorent d’être aidés à sortir de la boue de la misère. Car c’est ce
même peuple qui le jour de la chute de la dictature de Mobutu et la
prise de pouvoir de votre Père avait bien espérer à des lendemains
meilleurs.

Nous
vous demandons alors, en dépit de vos innombrables occupations et
devoirs, de nous lire et, si possible, de nous donner aussi une réponse
qui puisse nous faire espérer à des aubes différentes et prospères. 
C’est au nom des  populations du Kivu et du Maniema, que je vous fait
parvenir leurs cris et leurs pleurs. Au cours de plus 40 ans  je les ai
bien servies et aimées, en vivant au milieu d’eux, et aujourd’hui  me
demandent de vous contacter car ils rêvent continuellement de voir des
« responsables de la nation » plus proche d’eux et de leurs nombreux
problèmes.

Mon cher Président Kabila,

Je
ne suis pas congolais, mais je me sens congolais cent pour cent, ayant
séjourné au Congo au cours de 40 ans, dans les régions du Kivu et du
Maniema, au moment où la guerre faisait ses victimes et se dégâts. Je
suis un missionnaire catholique, et, là où j’ai travaillé, j’ai essayé
toujours de prêcher et en même temps témoigner sans compromis les 
véritables valeurs de l’homme, créé à l’image de Dieu.

En
ces jours vous avez visité le très cher chef lieu du Maniema, la ville
de Kindu, et je ne sais pas si vous avez eu le temps de jeter un coup
d’œil sur les véritables problématiques d’ordre social et humanitaire
que la région tout entière est en train  de vivre et dont fait
terriblement fatigue d’en sortir. Et pourtant c’est une région qui a
tant de possibilités, qui bien encadrées peuvent servir la nation toute
entière.

Mais
qui sont le bénéficiaires de cette région, se demandent beaucoup de
gens de Kindu ? Pas la population qui, encore aujourd’hui vit dans la
pauvreté, et parfois dans la misère, sans dispensaires et médicaments,
sans courant électrique et eau potable, sans hôpitaux et écoles
convenables  pour la formation de leurs enfants et de la jeunesse.

Mon cher Président Kabila,

Les
Régions du Maniema er du Sud Kivu, sont  des régions très riches. Leur 
sous-sol est riche en métaux précieux. Saramabila, Kamituga, Luguswa,
etc.  sont des lieux où les gens, surtout la jeunesse, continuent à
rêver pour s’enrichir très facilement, mais aussi ils sont des milieux,
et vous le savez très bien,  de tant de dangers de tout genre. La
politique et votre « service présidentiel » ont fait très peu pour ces
gens et pour ces lieux et pourtant, tout le monde en parle, et les taxes
payées par ceux exploiteurs de fortune, assez consistantes, continuent
à  remplir les poches de certains intouchables.

La
République Démocratique du Congo n’est pas seulement la ville, mais
aussi la campagne. C’est la campagne qui donne la nourriture et qui fait
vivre la ville. Oui, trop peu a était fait pour le développement de  la
campagne. Parfois on a la nette impression que la campagne est
délaissée e discriminée par la politique

Dans
le temps je m’occupais du Bureau Diocésain du Développement du Diocèse
de Kasongo, et j’avais essayé avec nos pauvres moyens financiers et de
personnels de faire front a certaines problématiques de cette vaste
zone : telles que l’aménagement des sources  d’eau potable, l’entretien
de certains tronçons de routes, le soutien d’un bon nombre de ILD
(Initiatives Locales de Développement), l’alphabétisation des femmes
avec la création de foyers sociaux, la scolarisation des enfants, et la
lutte contre le « Bwaki » (=Kwashiorkor).

L’Eglise
Catholique a fait beaucoup  et continue à faire beaucoup, même si
parfois son action de promotion humaine est mal vue et mal entendue. Le
Pape François ne fait que nous répéter sans cesse qu’il nous faut sortir
de nos églises et aller vers les périphéries, là où se jouent les
avenirs de l’humanité.   

Mon cher Président Kabila,

Le
Congo est un grand pays, qui dispose en son sein des richesses énormes
de tout genre. Le Bon Dieu nous a fait don de tout cela pour le bien
être de tous, et pas seulement d’un groupe de personnes, qui pensent de
gouverner éternellement et qui pensent à leurs intérêts personnels. La
terre et les bien de cette terre sont là pour tous, pour que l’homme et
la femme congolais vivent heureusement et dignement.

Mais qu’est-ce que nous avons fait de ces bien ? A qui profitent tous ces biens ?

Le
Congo (RDC) avait fait ses choix en disant « non » à la dictature et en
choisissant le chemin de la Démocratie, faisant du peuple la raison
principale et prioritaire de la lutte sociale et du pouvoir. La
décision qu’a donnée dernièrement   la Cour constitutionnelle sur la
fin de votre mandat, continue à nous faire réagir, notamment par les
conflits qui existent dans la classe politique du pays et par les
multiples  divergences d’interprétations de la Constitution qui
permanent et qui très souvent, en ces derniers temps, subissent
violences de tout genre.

Mais
pourquoi vouloir éliminer l’opposition politique ? N’a-t-elle pas le
droit d’exister dans la société congolaise ? Eliminer les opposants,
c’est éliminer la démocratie.

Le
peuple congolais a besoin de paix et de bien-être. Le peuple congolais a
besoin de vivre dignement avec la scolarisation gratuite de leurs
enfants, un habitat convenable bien structuré (eau potable, électricité,
moyen de communication adéquats), des soins sanitaires gratuits, un
adéquat  réseau routier,  etc. Cette liste pourrait bien continuer à
l’infini, elle suffit à nous rappeler qu’il est temps de prendre des
distances, de penser à un changement radical et profond  qui oblige les
différentes baronnies de s’écarter définitivement et de faire place à
des forces nouvelles. Le pays n’est une vache à moudre.

 

Mon cher Président Kabila,

Nous 
nous excusons  beaucoup pour avoir abusé de votre temps et de votre
patience. Nous avons  laissé parler notre cœur, pour l’amour que nous
tous nous  portons envers ce grand et immense pays, si beau et si
extraordinaire et vers nos frères et sœurs de  ce grand peuple qui
malgré la précarité du quotidien espère toujours un avenir meilleur.

Mais
nous tous  le savons très bien : la patience a des limites. Et alors
nous nous demandons jusqu’à quand demeurer encore ainsi ? Jusqu’à quand
notre jeunesse continuera à porter cette lourde croix sur leurs propres
épaules ? Jusqu’à quand ?  Le temps est arrivé pour bien respecter vos
responsabilités, et nous placer aux centre de toute l’action politique
du pays. 

Votre
grandeur, alors,  mon cher Président, se jouera à partir de votre
service envers chacun de nous,  en obéissant à la charte
constitutionnelle et en sachant que la différence politique fait grandir
davantage le s pays.

Tout
en vous souhaitant un bonne lecture, tout en souhaitant bonheur et
longue vie au peuple congolais, veuillez agréer, mon cher Président, nos
sincères et fraternelle salutations. Nous implorons sur vous, sur votre
famille et sur toute la Nation Congolaise l’abondance de grâces et la
bénédictions de Dieu, notre Père, très miséricordieux.

 

Lenola (LT – Italie) : 10 aout 2016

Au nom de tant d’amis et frères et sœurs qui habitent le Sud Kivu et le Maniema

P. Luigi Lo Stocco

Des Missionnaires Xavériens

kakaluigi@gmail.com

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